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Elle établit que c'était lui aussi qui commandait à Georges de faire contribuer particulièrement les acquéreurs de domaines nationaux, et ceux qui ne se déclareraient pas les ennemis de leur pays, ou de les faire assassiner.

Elle prouve enfin qu'on versait dans une caisse, dont Georges était le directeur général, tout ce qui n'etait pas soustrait par les brigands chargés des expéditions.

COUCHERY.

Il a été employé à Paris dans Tes bureaux du général Moncey.

Il en a été éloigné sous prétexte de correspondance avec Pichegru, très-lié avec son frère, ex-député.

Sa correspondance était bien avec son frère, mais il paraît aussi que ce qu'elle renfermait intéressait quelquefois Pichegru. Il a écrit à Londres depuis la paix.

C'est Lajolais qui était chargé de sa lettre.

Il a envoyé un aperçu de ce qui s'est passé en France depuis la rupture.

Le général Lajolais lui avait dit qu'il était envoyé par Pichegru à Paris, pour savoir si le général Moreau était toujours dans les dispositions qu'il avait manifestées à David.

Il savait ce qui s'était passé.

Il connaissait la dénonciation de Pichegru par Moreau.

Il avait assez de sens pour voir que tout accord entre Pichegru et Moreau ne pouvait exister que pour le malheur de son pays.

Cependant Lajolais de retour, étant venu chez lui, il l'embrasse lorsqu'il annonce que Pichegru doit être le même soir à Paris.

Il le reçoit le lendemain dans sa maison, presqu'en même tems que Raoul Gaillard, dit Saint Vincent, home couvert de crimes, un des agens principaux de la conspiration.

Raoul apportait, il est vrai, un billet de Pichegru à Lajolais; mais qui lui avait dit que Lajolais était chez lui?

Qui lui avait donné son adresse?

Si Pichegru savait déjà où demeurait Couchery, il fallait qu'il fût bien sûr de ses dispositions, pour envoyer Raoul Gaillard à son domicile.

S'il l'ignorait, c'est donc qne Raoul Gaillard était déjà en relation avec Couchery.

Ce qui le fait présumer, c'est que ce fut cet homme qui lui donna un rendez-vous pour le jour suivant, entre sept et huit heures du soir, dans un caffé à côté de l'hôtel de Bourdeaux, rue de Grenelle Saint Honoré, afin d'y voir Pichegru.

C'est que ce fut le même homme qui vint le prendre au Café où il était rendu avec Lajolais, pour le conduire à un

fiacre, où se trouvait Pichegru avec deux autres individus, dont un était Georges,

-S'il n'eût pas été dévoué à la conspiration, on ne l'eût pas mené le même soir rue de Carême prenant, dans la demeure: de Georges.

S'il ne l'eût pas été, pourquoi Pichegru lui aurait-il remis dix louis en le quittant?

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Arrêté comme un des agens de la conspiration, il n'a pư contester qu'il était retourné plusieurs fois chez Georges avec Lajolais;

Qu'il avait été instruit d'entrevues qui avaient eu lieu clandestinement entre Pichegru et Morean.

Qu'il avait connu les révélations de Querelle.

Que néanmoins un jour lui et Lajolais avaient accompagné Pichegru chez le général Moreau, pourqu'ils eussent une conférence.

Il a été obligé d'avouer qu'il avait été avec Lajolais, Pichegru chez Rolland.

Que le jour même de l'arrestation de Lajolais, il avait été chez lui;

Que sachant qu'il avait un rendez-vous avec Fresnières, il avoit été au lieu convenu pour l'instruire, et que Fresnières lui avoit appris en échange l'arrestation de Moreau.

Il n'a pu disconvenir que Pichegru avait craint qu'il n'y eût pas trop de sûreté pour lui de rester chez Lajolais;

Qu'il l'avait prié de tâcher de lui trouver un autre asyle. Il a déclaré qu'étant ani de Janson, ancien maire de Besançon il l'avait vu;

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Qu'il lui avait demandé si son frère et Pichegru venant à Paris, il voudrait les recevoir;

Que Janson avait répondu que c'était bien délicat, à cause

de la proscription;

Qu'il avait insisté;

Que Janson avait résisté.

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Qu'il avait observé qu'il faudrait d'ailleurs faire des dépenses et qu'il n'en était pas en état ;

Qu'il lui avait répondu qu'il ne pensait pas qu'on voulût Jui être à charge.

Qu'il avait paru consentir;

Que sur le compte par lui rendu à Pichegru de cette con. versation, il lui avait remis cent louis qu'il avait portés à Janson.

Qu'il s'était occupé avec Janson des moyens de tout ar

ranger.

Que le moyen le plus prompt suivant eux, avait été de conduire Noyers, et de lui taire son nom.

Qu'on avait acheté quelques meubles, et que quelques jours après le lundi gras), il avait pris une voiture avec Lajolais,

et qu'ils avaient conduit Pichegru chez cette demoiselle sous le nom Prevot.

Interrogé s'il avait été souvent vair Pichegru chez la demoiselle Gilles;

Il a répondu qu'il y était retourné le lendemain.

Qu'il y avoit été quatre fois.

Il a ajouté que la demoiselle Gilles n'avait réellement su que c'était Pichegru que le jour de sa sortie.

Tous ces faits avoués et d'ailleurs justifiés, ne sont-ils pas autant de preuves de sa culpabilité ?

Il mangeoit habituellement chez Lajolais, avec Pichegru, et on se fut bien gardé de l'y inviter, si on eût dû craindre son indiscrétion.

De son propre aveu outre Raoul Gaillard, il y a vu Po lignac (Jules) qui ne pouvait se trouver à Paris que pour conspirer.

Il y a vu aussi l'ex-marquis de Rivière, qui ne pouvait être yenu avec de meilleures intentions.

L'ex-marquis de Rivière, avec lequel Pichegru sortait sou yent, quand il logeait chez la demoiselle Gilles.

¡Enfin pendant que tout se méditait, il a reçu de Francfort une lettre signée Rodolphe, contenant pour 12 mille livres de lettres de change.

Le paquet renfermait aussi une lettre de son frère, qui lui disait d'employer 50 louis pour lui, et de tenir le reste en ré

serve.

Rien ne pouvait être plus clair.

Il était si persuadé de la destination criminelle de l'envoi, qu'aussitôt la découverte de la conspiration et l'arrestation de Lajolais, il s'empressa de brûler les effets qui lui restaient.

Au lieu de se borner à déclarer qu'il avait bien à peu près connu que Georges et ses agens devaient agir contre le Pre mier Consul, il eût pu s'expliquer nettement sur toutes les parties du plan,

C'est évidemment la crainte qu'on ne révélât ce qui le con cerne qui l'a empêché de dévoiler tout ce qui regarde les au

tres.

Il soutient qu'il est innocent, que la situation malheureuse de Pichegru, ami de son frère, l'a intéressé, qu'il ne l'a vu, ainsi que Lajolais, que par sentiment d'amitié et que sa con duite dans les bureaux du général Moncey a été pure,

ROLLAND,

Il a été entrepreneur général des vivres.

Il a connu Pichegru à l'armée.

Il avait vu chez lui Lajolais.

Il avait aussi connu Moreau à l'armée, et savait qu'il avait aénoncé Pichegru en l'an 5, comme coupable de trahison,

Lajolais dans ses différens voyages à Paris n'avait pas mana qué de l'aller voir.

Vers la fin de l'an 11, Lajolais lui dit qu'il partait pour Strasbourg, et qu'il ne tarderait point à voir Pichegru.

Il lui fit espérer que lui-même le verrait aussi bientôt.

Il lui assura que la réconciliation de cet ex-général et Mo reau était scellée.

Après le départ de Lajolais, il fut chez le général Moreau, et lui témoigna la satisfaction qu'il avait d'avoir appris sa récon ciliation avec Pichegru.

Lajolais de retour à Paris, alla le voir le 6 Pluviose dernier. Il lui parla de Pichegru. qui dit des choses honnêtes de sa part, et l'assura qu'il jouissait d'une bonne santé.

Une personne qui survint l'empêcha d'en dire davantage. Lajolais retourna chez lui le 9, lui apprit que Pichegru était à Paris, et lui annonça qu'il aurait beaucoup de plaisir à le voir.

L'air mystérieux avec lequel Lajolais lui apprit cette nouvelle, eût dû lui faire une forte impression.

Il se borna à lui répondre qu'il éprouverait une grande jouis sance en l'embrassant.

Le lendemain il eut encore la visite de Lajolais. Il lui tés moigna de l'étonnement de ne pas voir Pichegru l'accompa gner. Lajolais lui répondit que Pichegru ne pouvait pas encore se montrer, et qu'il l'avait chargé de le prier de lui procurer, pour quelques jours, un logement où il ne fût pas exposé à être connu.

Qu'il l'avait aussi chargé de le prier de devenir intermédiaire entre lui et Moreau, pour les choses qu'ils auraient à se com❤ muniquer.

Du 12 au 14 Rolland a été chez le général Moreau pour lui faire part de cette conversation. Moreau lui dit qu'il logerait volontiers lui-même Pichegru, s'il n'avait à craindre que ses domestiques ne le reconnussent.

En sortant de chez Moreau, il alla rue Culture Sainte Catherine, pour rendre compte à Lajolais de cette entrevue, et il lui dit que ne pouvant procurer à Pichegru un logement chez un étranger, il était libre de disposer d'un lit chez lui.

Lajolais instruisit Pichegru de cette offre.

Le 15, il prévint Rolland de son acceptation. Le soir même, il l'amena chez lui.

Couchery le jeune les accompagnait.

Aussitôt qu'ils furent retirés, Pichegru ne lui dissimula pas que c'était la nuit qu'il avait marché pour arriver à Paris, dans la crainte d'être reconnu.

Il le pria de voir Moreau le lendemain, et de lui demander un rendez-vous pour le soir,

fit la commission.

Moreau promit de recevoir Pichegru, et envoya son sécrétaire le chercher.

: Ils montèrent dans le cabriolet de Rolland, et se rendirent à la maison de ce général.

Pichegru, de retour, lui dit qu'il avait vu les Princes en Angleterre, et qu'il avait été chargé de faire des ouvertures à Moreau, qu'ils avaient causé de cet objet ensemble, et qu'ils p'étaient point tombé d'accord.

Il le pria de voir Moreau le lendemain, et de lui demander déterminément s'il voulait conduire un mouvement royaliste, et, dans l'hypothèse où ses gens agiraient, s'il voulait s'engager à remettre en des mains légitimes l'autorité dont il se trouverait investi.

Il alla réellement le lendemain faire cette ouverture crimiDelle à Moreau, qui lui dit qu'il avait déjà répondu à Pichegru, que si on voulait agir dans un sens qui paroissait pouvoir réussir il fallait que les consuls et gouverneur de Paris disparussent, et qu'alors il croyait avoir un parti assez fort pour obtenir l'autorité.

. Malgré cette réponse, qui ne pouvait laisser aucun doute sur l'existence d'une conspiration dont il devait être convaincu d'ailleurs par la présence de Pichegru à Paris, et par sa réconeiliation avec Moreau, il n'a pas cessé de voir ces deux hommes, il n'a pas cessé non plus de voir Lajolais, qu'il avait su aussi avoir été dénoncé par Moreau, et dont le rôle d'intermédiaire avait dû lui faire naître de violens soupçons.

Arrêté le 25 et conduit au ministère de la police, il a avoué avoir logé Pichegru; mais il n'a pas donné les renseignemens qu'il dépendait de lui d'administrer.

Ce n'est que le 29, qu'il s'est clairement expliqué, et qu'il a rendu compte de tous les faits qui viennent d'être exposés, sauf quelques nuances que son intérêt personnel lui commandait d'ajouter.

Confronté avec Pichegru et Moreau, il a persisté..

- Il prétend avoir été douloureusement affecté de ce que Pichegru l'a chargé de la mission qu'il a accomplie près de Moreau.

Il prétend l'avoir été encore plus, après l'avoir remplie, et s'être servi d'un stratagême pour tâcher d'éloigner Pichegru, et pour faire cesser tous rapports.

LAJOLAIS.

Le général Moreau, dans sa lettre au eitoyen Barthelemy, membre du directoire exécutif, datée de Strasbourg, 19 fructidor, an 5, après avoir dénoncé la trahison de Pichegru, avait dit.

Je soupçonne la famille Lajolais d'être dans cette intrigue. Ces expressions avaient fait prendre des mesures sévères contre Lajolais.

Cependant, on le voit s'empresser de remplacer David, et de

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