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celui enfin dont l'imagination saintement exaltée au seul nom d'honneur, de patrie, de vertu, enfante des ouvrages passionnés qui en perpétuent la leçon, l'exemple et l'amour.

Et elle a nommé l'agronome, le commerçant, le maire, le juge-de-paix, le savant, le publiciste, l'homme de lettres; elle a nommé le député, le magistrat, le jurisconsulte, tous les hommes en un mot aussi honorables par la philantropie de leur cœur que par l'étendue de leur savoir et l'éclat de leurs talens.

Elle marchera d'accord avec le conseil central d'agriculture, heureuse alliance qui à elle seule répond du succès de cette entreprise.

Toutes les lois, les décisions sur l'agriculture, trouveront place dans son recueil, qui sera à cet égard plus utile aux hommes qui ont besoin de les consulter souvent, pour lesquels une recherche est la perte d'un tems précieux; que ces livres où elles se perdent au milieu d'une foule d'autres lois, d'autres décisions.

Elle publiera tous les encouragemens distribués par une sage administration;

Les découvertes qui intéressent l'agriculture de tous les pays, plus particulièrement encore celles qui intéressent notre département;

Elle publiera avec empressement les simples notes de l'agriculteur modeste;

Les mémoires qui tendent à éclairer les cultivateurs qui, dénués de principes et de règles, rejettent sans examen tout ce qui s'écarte de leur routine le plus souvent défectueuse;

Elle saisira ces expériences qui instruisent et dont les succès constans sont en état de convaincre même les plus incrédules;

Son travail consistera à instruire par son exemple, à exciter dans le pays le goût pour un art précieux, à étudier par une pratique de tous les jours ce qui peut contribuer à le rendre florissant, à le faire prospérer;

L'horticulture, sœur de l'agriculture, une des branches importantes de l'économie domestique, soit par la multiplicité, soit par l'étendue de ses ramifications, soit par l'utilité, la variété ou l'agrément de ses produits, trouvera également place dans ses Annales, et elle cherchera les moyens de distraire l'agriculteur, et de rendre parfois, s'il est possible, ses publications plus piquantes ;

Elle puisera à toutes les sources.

La Société d'agriculture de St-Quentin espère devoir à un bienfaiteur de l'humanité, à ses nobles travaux, de former plus tard un de ces instituts agricoles, où les cultivateurs communiqueront entre eux par des réunions, par la lecture et la publication de leurs observations, feront arriver l'agriculture et toutes les parties qui s'y rattachent au plus haut degré de perfection et de prospérité, où des jeunes gens de 16 à 18 ans, appartenant aux familles les plus aisées, viendront étudier l'art agricole et compléter ainsi leur éducation, où ils acquerront les qualités nécessaires pour être bons fermiers, exempts des préjugés qui retardent les progrès de la science; et

on dira un jour de notre département: il est aussi avancé dans la pratique de culture que dans la pratique des autres arts.

Enfin, avant d'aborder un sujet qu'elle regarde comme devant être si fécond en résultats, la Société d'agriculture fait un dernier appel aux vrais citoyens et emprunte en terminant l'éloge le plus pur comme le plus vrai du travail.

Tandis que le laboureur déchire le sein de la terre pour la rendre plus légère, plus mobile et plus productive, tandis que d'une main savante il lance dans les guérêts une semence qu'ils lui rendront avec usure, ou qu'il fait tomber sous le tranchant de sa faux, de riches, de nombreux épis, que des hommes adroits autant que courageux, dans leur demeure embrasée, transforment le minéral et le fer brut en un fleuve de feux qui, coulant à grands flots dans des moules artistement préparés, reçoivent toutes les formes que d'habiles découvertes veulent leur donner;

Tandis que les troupeaux abandonnent leurs toisons, que, par un art admirable, ses fils se transforment en un tissu plus souple et plus solide;

Que la vie physique de l'homme s'améliore; que le commerce apprenne à mettre les produits du sol et de l'industrie à la portée des besoins qui les réclament; que les beaux-arts qui sont un besoin du cœur achèvent d'adoucir les mœurs; que l'homme apprenne à connaître ces joies de l'esprit, ces joies de la pensée qui ne peuvent être surpassées que par celles de la conscience; que la terre embellie se couvre des plus riantes parures;

que le génie de l'homme achève l'ouvrage de la création, que tout se meuve, que tout s'agite; qu'au milieu de ces laboureurs, de ces ouvriers, de ces commerçans, de ces peintres, de ces écrivains, créateurs de tous les genres de richesses on aperçoive la propriété, divinité bienfaisante, qui, des couronnes à la main, encourage toutes les industries, les récompense au moment même du travail et montre à tous les hommes dans l'avenir, quelques jours avant le tombeau, un repos plein d'indépendance, de contentement et de dignité.

N'oublions jamais que de même que le feu épure le fer, le travail épure le cœur de l'homme, et devient comme un exercice habituel de la vertu. Le travail a des récompenses pour toutes les positions sociales; et tandis que l'écrivain, le publiciste ne savent plus comment contenir l'ivresse et l'enthousiasme qui se sont emparés de leur âme, l'ouvrier, content de lui-même, fait entendre, au milieu de ses travaux, de rustiques chansons pour l'homme laborieux, les plaisirs sont faciles. Puissance honorée parmi nous, puissance conservatrice, et créatrice, le travail légitime toutes les positions. Se rendre, par le travail, plus habile et plus utile, c'est la plus noble des ambitions; car elle est sans mécompte, sans illusion et sans regret. Travaillons tous au bien général; oui, tous :

Travaillons, prenons de la peine,
C'est le fonds qui manque le moins.

SUR LES QUESTIONS SUIVANTES, PROPOSÉES PAR LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES, ARTS, BELLES-LETTRES ET AGRICULTURE DE SAINT-QUENTIN:

Pourquoi les lins du département de l'Aisne sont-ils inférieurs, pour les fils fins, à ceux du département du Nord ?

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MESSIEURS,

La question qui va m'occuper, beaucoup plus dans l'intention de répondre à l'honneur que me fit votre Société en daignant m'admettre en son sein, que dans l'espoir de l'emporter sur de redoutables rivaux, méritait effectivement toute votre attention.

(1) La société a mis au concours ces deux questions de la plus haute importance pour le département de l'Aisne, pour la culture d'une plante qui couvre annuellement une grande étendue de terres de l'arrondissement de Laon et de l'arrondissement de St-Quentin. Jamais concours n'a plus honoré les concurrens qui sont entrés en lice; la Société eut l'embarras du choix. Deux mémoires, plus particulièrement se disputèrent le prix. La médaille d'or fut décernée celui de M. Adolphe Rogé, de Cambrai, et il fut publié aux frais de la société. Le second, aussi remarquable par la profondeur des idées que par la manière dont il était écrit, obtint une mention honorable, et la Société regretta alors de ne pouvoir lui donner toute publicité. Aujourd'hui elle le place en tête de ses Annales: c'est celui qu'on va lire.

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