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L'ÉTAB ABLISSEMENT des Sociétés des sciences, arts et agriculture, a trouvé comme tant d'autres ses partisans et ses détracteurs; mais l'expérience ne permet plus de contester aujourd'hui l'heureuse influence de ces sociétés sur tous les genres d'industrie qui sont du ressort de leurs études; et c'est de tous les moyens d'exciter, d'entretenir le zèle, l'activité des populations laborieuses des villes, des populations laborieuses des campagnes, si méritantes, et parfois si négligées, le plus efficace et peut-être le plus fécond; c'est, en un mot, ainsi que l'a parfaitement exprimé un ministre éclairé, M. Siméon, à elles qu'est réservé le pouvoir de composer le dernier anneau qui unit la pratique à la théorie et de former le lien de la science avec son application.

Pendant long-tems, le département de l'Aisne a semblé destiné à ne jamais réunir un de ces foyers de lumières, qui, ramenant tout à un même centre, savent ensuite inoculer, pour ainsi dire, dans toutes les parties du corps social, ces bienfaisantes découvertes, qui tendent sans ce sse

à accroître le bien-être des nations, à améliorer leur état intérieur; mais il est sorti du sein de sa ville la plus industrieuse :

Depuis plusieurs années, les belles-lettres, les sciences, les arts et l'agriculture ont trouvé à StQuentin un refuge.

Depuis plusieurs années aussi, avec de bien faibles moyens pécuniaires, une réunion d'hommes sincèrement attachés à leur pays, a su parler de paix, d'ordre et de travail, a cherché à inspirer le goût du premier, du plus tranquille des arts, a répété sans cesse que la richesse des nations est tout entière dans l'agriculture; elle a dit avec un philosophe :

La culture des terres fait la force intérieure de la patrie, elle y attire les richesses du dehors, toute puissance qui vient d'ailleurs que de la terre, est artificielle et précaire, soit dans le moral, soit dans le physique; l'industrie et le commerce qui ne s'exercent pas en premier lieu sur l'agriculture d'un pays, sont au pouvoir des nations étrangères, qui peuvent ou les disputer par émulation, ou les ôter par envie, soit en établissant la même industrie chez elles, soit en supprimant l'exportation de leurs matières en nature, ou l'importation de ces matières en œuvre; mais un état bien défriché, bien cultivé, produit les hommes par les fruits de la terre et les richesses par les hommes. Ce ne sont plus les dents du Dragon qu'il sème pour enfanter des soldats qui se détruisent, c'est le lait de Junon qui peuple le ciel d'une multitude innombrable d'étoiles. »

Elle a, en distribuant des encouragemens mérités, préludé à l'influence qu'elle espérait plus tard pouvoir plus directement exercer.

Aujourd'hui qu'elle a la certitude d'une protection spéciale de la part du gouvernement, à l'aide de la presse, elle veut contribuer, autant qu'il est en elle, à faire en sorte que le département de l'Aisne marche l'égal du département du Nord en ce qui concerne l'agriculture.

Elle veut, par des publications raisonnées et marquées du sceau de l'expérience, vaincre entièrement la méfiance de quelques cultivateurs pour le nouveau système de culture; elle veut propager de plus en plus l'art d'alterner, de multiplier d'abondantes récoltes, éclairer en ne cessant de parler de l'avantage des assolemens, s'attacher à découvrir les plantes qui conviennent à notre sol, à en faire adopter la culture, à les propager; elle veut exciter le zèle des agriculteurs, méditer l'éducation des animaux domestiques susceptibles de tant d'améliorations, donner s'il est possible à cette branche de l'économie rurale l'impulsion dont elle a besoin pour arriver à des perfectionnemens désirés; elle veut encourager les croisemens entre notre espèce bovine et les races perfectionnées de cette espèce qui se recommande aux soins de l'homme par des secours et des produits si désirés, qu'on peut la considérer comme l'une des sources les plus fécondes des richesses rurales; elle veut chercher à étendre le nombre des bêtes à laine; elle veut examiner avec la plus scrupuleuse attention les machines nouvelles, le

perfectionnement des instrumens aratoires déjà connus; apprendre les innovations qui présenteront des avantages marqués appliqués au système nouveau d'agronomie.

Pour soutenir un travail qui doit avoir la plus grande portée, elle n'a pas en vain compté sur la coopération la plus active de ses Membres correspondans d'agriculture; sur la coopération de celui qui, préférant l'honneur qui revient des choses utiles à l'éclat qui revient des choses agréables, consume sa vie à perfectionner les méthodes dont la pénible application multiplie les produits de la terre; qui, indifférent aux vains et bruyans amusemens, vit confiné au milieu des champs dont il n'obtient qu'à la sueur de son front le pain qui nourrit les hommes; qui, heureux vainqueur de stérilités crues invincibles par la paresse ou l'avarice, goûte la double joie d'ajouter aux richesses de son pays et d'enlever des victimes à la misère; de celui qui, intermédiaire indispensable entre l'homme qui produit et l'homme qui consomme, satisfait aux intérêts de l'un et de l'autre ; de celui qui, fatigué d'une ennuyeuse oisiveté, épie vertueusement les occasions d'en sortir pour honorer sa vie et servir ses semblables; de celui qui veille en père sur les intérêts de ses concitoyens, qui remplit une mission de paix; de celui qui, bravant les longs ennuis, les désagréables privations et les périls effrayans d'une navigation lointaine va étudier les mœurs et les lois des nations les plus éloignées pour en rapporter à son pays des monumens qui l'intéressent ou l'instruisent; de

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