Page images
PDF
EPUB

coaguler l'albumine contenue dans la chair musculaire ou répandue à la superficie des morceaux, et de la rendre ainsi bien moins altérable. Lorsque l'on veut consommer cette viande, il est convenable de la faire cuire à l'étouffée.

Par les deux procédés ci-dessus décrits, on peut obtenir de cent parties de viande fraîche environ vingt-sept parties en poids de chair desséchée, ou seulement vingt et une si on l'a pesée sans être désossée, puisque les os forment du cinquième au quart du poids total.

Cuisson des squelettes incomplètement décharnés.

On construit une chambre voûtée en briques très-cuites, réunies par des joints minces en mortier de chaux et ciment; un encadrement et une porte ou obturateur en fonte la ferment hermétiquement à l'aide de boulons à clavettes. Après qu'on y a entassé le plus grand nombre possible de carcasses charnues, on ouvre le robinet d'un tuyau en communication avec une chaudière, afin d'y introduire un jet de vapeur en quantité suffisante pour produire une pression constante de deux ou trois pieds d'eau; en moins de trois heures, la coction est terminée et l'on peut diriger, à l'aide de robinets, la vapeur dans une seconde chambre disposée comme celle-ci.

Les chairs adhérentes aux ossemens s'en détachent alors avec La plus grande facilité, surtout avant que le refroidissement soit complètement effectué; l'eau, condensée sur les parties d'animaux dépecées, entraîne les parties solubles à cette température, notamment de la gélatine et la graisse rendue fluide. Cette dernière substance est facile à séparer puisqu'elle acquiert de la consistance en refroidissant et qu'elle surnage : on peut l'épurer ensuite, comme nous l'avons indiqué dans le chapitre précédent. Quant au liquide gélatineux, il est trèsconvenable pour animaliser les alimens des animaux domestiques et notamment des porcs.

Conversion des tendons et rognures de peaux en
colle-forte.

La fabrication de la colle-forte est une de celles qui peuvent très-facilement être mises à la portée des gens de campagne, et dont les produits sont consommés dans presque toutes les localités.

On fait tremper dans un lait de chaux (formé d'un kilogramme de chaux vive éteinte en bouillie et délayée dans cinquante kilogrammes d'eau environ) les matières premières ci-dessus désignées; aussitôt qu'on les a extraites de l'animal, ou même desséchées, suivant les procédés décrits dans les deux premiers chapitres, on renouvelle le lait de chaux tous les huit jours pendant un mois, et ensuite une fois par mois en hiver et deux fois en été. En préparant le lait de chaux plus faible de moitié, c'est-à-dire dans la proportion d'un de chaux pour cent d'eau, on peut prolonger leur conservation de cette manière jusqu'au moment de la saison favorable, et même pendant plus d'une année, si l'on veut attendre qu'on en ait amassé une quantité un peu considérable pour se livrer à leur traitement; toutefois, le deuxième mois ces matières sont prêtes à être mises en œuvre. Lorsqu'on veut commencer la fabrication, on vide les vases (baquets, tonneaux, fosses glaisées ou cimentées, etc.) de toute l'eau de chaux qu'ils contiennent, après l'avoir agitée pour mettre la chaux en suspension; on enlève les matières animales dans des mannes en osier, et on les lave le plus exactement possible, soit en les agitant dans plusieurs eaux claires, soit, et mieux encore, en les exposant à un courant d'eau vive, et les retournant de temps à autre pendant vingt-quatre ou trente-six heures.

On les étend ensuite à l'air sur le pavé ou sur un pré ras, en conches aussi minces que possible, et on les retourne une fois ou deux en douze heures, pendant deux ou trois jours.

Cette dernière opération a pour but de carbonater les portions. de chaux eugagées dans les matières animales, et d'empêcher ainsi qu'elles ne réagissent pendant la coction de la colle, et

n'altèrent une partie de la gélatine en la rendant soluble à froid. Alors on procède à la cuisson en emplissant comble une chaudière avec ces substances, y ajoutant de l'eau jusque près des bords supérieurs et faisant chauffer à petit feu d'abord, puis soutenant ensuite à la température de l'ébullition; les matières s'affaissent peu à peu, et finissent par entrer en totalité dans la chaudière; on les soulève de temps à aatre, pour éviter qu'elles ne s'attachent au fond (un faux fond en tôle, sontenu sur des pieds d'un à deux pouces, et percé de trous comme une écumoire, est fort utile pour éviter cet inconvénient). Dès que presque tous les lambeaux ont changé de forme, et sont en partie dissous dans le liquide, on éteint le feu, on met un balai de bouleau devant le tuyau du robinet, puis on soutire au clair dans une chaudière maintenue chaude par des corps non conducteurs qui l'enveloppent (des chiffons de laine, de la cendre ou de la poussière de charbon); un second dépôt s'opère dans ce vase, et lorsque le liquide n'est plus trop chaux pour qu'on y tienne le doigt plongé, on tire encore au clair; on passe au tamis, en emplissant avec ce liquide gélatineux des caisses de trois à quatre pouces de haut, disposées dans un endroit frais et dallé, ou carrelé en pente, afin qu'on y opère facilement des lavages.

Au bout de dix à dix-huit heures, suivant la température de l'air extérieur, la colle est prise en gelée consistante; on l'extrait des caisses en passant une lame de couteau mince et mouillée autour de ses parois latérales et un fil de cuivre tendu, entre deux montans verticaux, au fond, puis retournant la caisse sur une table mouillée.

Il reste sur celle-ci un pain rectangulaire de gelée, on le divise en plaques de quatre à huit lignes d'épaisseur, au moyen d'un fil de cuivre tendu sur une monture de scie, et guidé par les entailles de règles graduées en divisions égales

Ces plaques, posées sur des filets ou des canevas en toile tendus dans un châssis, et disposés en étages dans un bâtiment. aéré ou séchoir, sont retournées de temps à autre ; elles se des

sèchent peu à pen et forment la colle-forte, dont les usages sont bien connus des menuisiers, ébénistes, apprêteurs d'étoffes, chapeliers, fabricans de papiers, peintres, etc.

On continue d'épuiser les marcs restés non dissous en remplissant la chaudière d'eau bouillante jusqu'à la hauteur qu'ils occupent, portant toute la masse à l'ébullition, qu'on soutient pendant trois heures environ : au bout de ce temps, on soutire le liquide; celui-ci peut quelquefois être traité comme la première solution, et donner de la colle-forte de deuxième qualité. Pour s'en assurer, on en prend dans la chaudière une très-petite quantité (plein une demi-coquille d'oeuf ou une cuillère à bouche); on l'expose pendant un quart-d'heure à l'air, et si, au bout de ce temps, le liquide est pris en gelée consistante, on soutire et on traite, comme la première fois, la solution contenue dans la chaudière.

On achève alors le lavage du marc en versant par-dessus de l'eau bouillante aux trois-quarts de la hauteur de la chaudière, portant à l'ébullition pendant environ deux heures, et soutirant tout le liquide qui peut s'écouler par le robinet. On enlève alors le résidu solide de la chaudière, et on le soumet, soit à l'action d'une forte presse, soit dans des sacs en grosse toile, sous un plateau de bois chargé de pavés ou autre corps pesant. Tout le liquide soutiré et celui obtenu par expression sont employés à dissoudre une nouvelle quantité de substances animales préparées, et recommençant une opération, comme nous l'avons dit ci-dessus. Tous les ustensiles doivent être soigneusement lavés chaque fois que l'on s'en est servi.

Les marcs dont on a extrait ainsi le plus possible de gélatine sont ensuite divisés avec de la terre et répandus pour servir d'engrais; on peut obtenir de la gelée ou de la gélatine alimentaire par l'opération que nous venons de décrire, faite avec le plus grand soin, en employant des matières premières fraîches extraites des moutons, bœufs, vaches, veaux, chèvres, agneaux, lapins, etc. (celles qui proviennent des chevaux recèlent une matière huileuse, et développent un goût désagréable ).

Relativement à cette dernière préparation, il convient de laver les substances aérées avec deux ou trois fois leur poids d'eau bouillante, avant de les faire dissoudre dans la chaudière.

Il est très facile de préparer en petit la colle-forte, la gelée et la gélatine par le procédé ci-dessus décrit: on substitue, dans ce cas, à la chaudière un chaudron ou une grande marmite; l'opération reste d'ailleurs entièrement la même.

Des Os considérés comme engrais.

L'absence des fabriques, en certaines localités, et le manque de moyens économiques de transport peuvent laisser des os sans emploi, nous rappellerons que ceux-ci, réduits en poudre grossière, forment presque pour tous les terrains un très-bon engrais, dont l'action utile persiste, pendant deux à quatre années, suivant les influences atmosphériques.

L'emploi des os dans l'agriculture n'exige pas d'autre préparation qu'un broiement en poudre grossière: on peut opérer celui-ci, soit à la main, soit à l'aide de machines, par l'un des moyens indiqués plus loin pour extraire à la vapeur la gélatine des os, avec cette différence que l'on n'est pas obligé d'apporter les mêmes soins de propreté, et que l'échauffement par des coups répétés n'est pas à craindre.

Après avoir indiqué la manière de choisir et composer les os destinés à la préparation de la gélatine, M. Payen achève un travail parfait en son genre, et qu'on ne saurait trop publier, reproduire, surtout dans les campagnes, par l'état officiel des douanes d'après les valeurs adoptées par la commission d'enquête nommée en 1825.

Nous achèverons aussi notre rapport en donnant à connaître cet état.

Laines brutes et lavées, bourre et déchet..
Peaux brutes, grandes et petites.

Pelleteries pour fourrures.

...

[ocr errors]
[ocr errors]

14,117,115 fr.

[ocr errors]

18,874,828

1,617,399

Poils de lièvres, lapins, porcs, sangliers, vaches.

A reporter

10,277,245

44,886,587

« PreviousContinue »