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M. Vidal pense que la Société a le droit de pétitionner, et que sa pétition ferait plus d'effet que celle des cultiva

teurs.

M. Desains dit que rien n'empêche que la Société et les cultivateurs de l'arrondissement présentent chacun leur pétition.

M. Quénescourt répond qu'un corps ne peut présenter de pétition. Il croit d'ailleurs que la commission de la chambre se procurera elle-même tous les renseignemens nécessaires.

M. le président pose les questions à décider :

Faut-il demander le maintien des droits à l'entrée des bestiaux?

A qui enverra-t-on la délibération?

M. Quénescourt soutient que la Société, d'après ses statuts, doit s'interdire une pétition sur un sujet d'économie politique.

M. Gavet répond que l'absence de garanties dont se plaint l'agriculture vient de ce qu'on s'est toujours demandé qui avait caractère pour réclamer, tandis que le commerce, moins scrupuleux, s'est plaint hautement chaque fois qu'il a été menacé. Avez-vous intérêt? réclamez aussi.

On passe à la délibération :

Prendra-t-on une décision sur la question?

Décidé affirmativement à l'unanimité.

La Société adopte-t-elle la proposition du maintien des droits?

Décidé affirmativement à l'unanimité.

Transmettra-t-on la délibération à la commission de la chambre des députés?

Décidé affirmativement à l'unanimité.

Transmettra-t-on la délibération au conseil d'agri

culture?

Décidé affirmativement à l'unanimité.

La Société rédigera-t-elle une pétition qu'elle fera présenter à la signature des cultivateurs de l'arrondissement?

La Société décide qu'il ne sera point rédigé de pétition en son nom; mais que, sur la demande des membres correspondans, elle rédigera pour les cultivateurs une pétition qu'ils pourront signer.

Elle décide qu'une commission de cinq membres, deux résidans et trois correspondans, sera chargée de rédiger un projet de délibération et la pétition.

On passe à la question des droits sur les laines.

M. Fouquier-d'Hérouël demande que la question des droits à l'importation des laines soit résolue par la même délibération, comme étant connexe à celle sur les bestiaux, quoique la loi ne soit pas encore présentée à cet égard.

Il propose ensuite de réclamer près du gouvernement, pour que le principe de l'éligibilité soit admis dans la composition du conseil d'agriculture.

La discussion est ouverte sur la première question.

M. Fouquier-d'Hérouël dit que l'impôt sur les laines a été autrefois un droit fixe, aujourd'hui le droit est de 30 pour cent de la valeur; mais l'estimation faite par la douane est arbitraire et souvent trop faible; il serait préférable qu'on revînt au droit fixe.

M. Théry soutient que le droit proportionnel est préférable au droit fixe, en ce que le droit proportionnel protége à l'intérieur la propagation des laines fines, et contribue à l'amélioration de la race ovine et des lainages déjà si heureusement commencée, tandis que le droit fixe, au contraire, empêcherait toute amélioration nouvelle et tenderajt à faire rétrograder celles déjà obtenues.

La question mise aux voix, la Société décide à l'unanimité qu'elle demandera le maintien du droit actuel, et que le projet de pétition exprimera le même vou.

La discussion est ouverte sur la proposition de demander que le principe de l'élection soit appliqué à la composition du conseil d'agriculture.

-Personne ne demandant la parole, il est passé à la délibération. La Société décide que le projet de la commission émettra le vœu que le conseil d'agriculture soit composé par l'élection et indiquera les principaux modes qu'elle croira praticables.

La pétition exprimera les mêmes vœux.

M. Gavet demande que le discours d'ouverture prononcé par M. le président, et la délibération, soient insérés au prochain numéro des Annales agricoles.

Un membre répond que la rédaction des Annales agricoles appartient à la section d'agriculture, qui peut prendre à son gré les documens existant dans les archives. On passe à l'ordre du jour.

M. le président demande si la commission devra soumettre son travail à la Société.

La Société décide affirmativement.

Le scrutin est ouvert pour la nomination de la commission. Il est entendu que cette nomination, d'après les usages de la Société, aura lieu à la simple majorité.

Résultat du Scrutin.

MM. Fouquier-d'llérouël, Théry, Delvigne, Gavet et Desains, ayant réuni la majorité, sont nommés membres de la commission.

La Société se réunira sans nouvelle convention jeudi à midi précis, pour entendre le rapport de la commission. La séance est levée à deux heures et demie.

SÉANCE DU JEUDI 31 JANVIER 1833.

Présidence de M. Girard.

La séance est ouverte à midi.

Le procès-verbal de la présente séance est lu et adopté après quelques légères rectifications.

M. le président donne connaissance à l'assemblée d'une lettre de M. Dollé, membre du conseil-général, qui annonce que le conseil a voté une subvention de 1,000 fr., alloués à la Société pour être employés en encouragemens à l'agriculture.

M. Gavet, rapporteur de la commission nommée dans la précédente séance, donne lecture du projet de délibération et du projet de pétition dressés par cette commission.

projet de délibération.

Le samedi, 26 janvier 1833, la Société d'agriculture de St-Quentin, convoquée pour la séance trimestrielle, après avoir entendu le discours de M. Girard, président, la lecture d'une lettre de M. le ministre du commerce, qui demande à la Société de soumettre ses vues et ses observations au conseil d'agriculture, notamment en ce qui concerne les droits d'entrée sur les laines étrangères et le tarif des primes d'exportation des lainages; après avoir également entendu les propositions de plusieurs de ses membres, s'ê

tre livrée à une discussion approfondie, et avoir mûrement délibéré sur le tout, estime :

1°. Que la diminution proposée sur les droits d'entrée des bestiaux étrangers par le projet de loi présenté à la chambre doit être repoussée comme très-préjudiciable aux intérêts de l'agriculture;

2°. Que les mêmes intérêts réclament le maintien de la législation qui régit les laines ;

3°. Que les droits et l'intérêt de l'agriculture l'autorisent à demander que le principe de l'élection soit admis dans la nomination des conseils d'agriculture.

Comptant sur les dispositions favorables de la loi du 17 mai 1826, dont la protection assurait une vente avantageuse à leurs bestiaux, les cultivateurs ont commencé à en augmenter le nombre. Accroissant ainsi la masse de leurs engrais, ils sont parvenus à supprimer une forte partie de leurs jachères; mais ces progrès ne peuvent continuer qu'à l'abri des mêmes lois qui leur ont donné la première impulsion. Si de longues prohibitions ont à peine suffi pour assurer l'avenir de l'industrie manufacturière, l'agriculture a bien plus de sujet de craindre un brusque changement de la législation qui la régit. Les bestiaux ne peuvent s'élever avec la même rapidité que se fabriquent les tissus; il faut cinq ou six ans pour avoir des bœufs propres à être livrés à la boucherie, trois à quatre ans pour les moutons : ce n'est donc qu'avec le temps que l'agriculture peut accroître ses produits, et s'élever au niveau des besoins de la consommation. Ses produits limités, quant à leur masse, par la marche lente de la nature, le sont également, quant à la baisse de leurs prix, par les conditions auxquelles les soumettent la législation et l'état du pays. En effet, d'un côté, par suite de la division des propriétés, la terre, en France,

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