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Le conseil aurait aussi bien désiré pouvoir accorder un secours au sieur Paris (Auguste), inventeur de la charrue picarde, qui depuis long-temps s'est occupé de la construction des instrumens aratoires, en a perfectionné plusieurs, entr'autres l'extirpateur ou herse à fers, et, après de longues recherches et des essais multipliés et coûteux, est parvenu à trouver le mécanisme qui forme la base de sa découverte, et permet de se servir avantageusement de sa charrue; mais la somme de six cents francs, mise à la disposition de l'assemblée, devant avoir un emploi dont elle ne peut s'écarter, elle ne peut en employer aucune partie pour encouragemens : elle regrette d'autant plus de ne pouvoir allouer aucune gratification au sieur Paris, que cet homme paraît d'un génie fort inventif, qu'il s'occupe en ce moment de la confection de nouveaux instrumens aratoires, et que n'ayant d'autres ressources que son travail journalier, il est à craindre qu'il ne puisse continuer ses découvertes. Dans cette position, l'assemblée s'adresse avec confiance à son excellence le Ministre du commerce et des travaux publics, et espère de sa bienveillance pour l'agriculture, qu'il voudra bien accorder au sicur Paris (Auguste) un secours suffisant pour lui donner les moyens de confectionner et d'améliorer les divers instrumens dont il s'occupe.

M. le préfet, après avoir fait connaître qu'il partageait totalement l'opinion de l'assemblée sur les avantages que pourrait obtenir l'agriculture, si le gouvernement accordait au sieur Paris (Auguste) un secours qui lui donnât les moyens de se livrer à son génie inventif, et s'être chargé de transmettre cette demande au ministère et de l'appuyer de tous ses efforts, a annoncé que le sieur Detrand, propriétaire à Laon, demandait à soumettre à

l'examen du conseil un modèle de semoir qu'il avait inventé, et de suite il a donné l'ordre de l'introduire au milieu de

l'assemblée.

Examen fait de ce modèle, le conseil a reconnu qu'il devait répandre le grain en lignes parallèles, et qu'au moyen des petits godets qui reçoivent successivement la semence, elle se trouverait placée à la distance qu'on jugerait convenable; que ces godets étant fixés sur une pièce de bois traversée par l'essieu, le grain se trouvait beaucoup plus près de la terre, que dans la plupart des autres semoirs, et que par conséquent il n'y avait point à craindre d'accumulation de semence au moment où on arrête le semoir pour retourner.

L'assemblée, après avoir vu fonctionner ce modèle et l'avoir examiné attentivement, a pensé que cet instrument pourrait être fort utile pour l'ensemencement de toutes les plantes sarclées, mais que, pour porter sur cette machine un jugement définitif, il faudrait qu'elle fût exécutée dans les proportions qu'elle doit avoir et soumise à quelques expériences.

Le sieur Detrand ayant déclaré qu'il était tout disposé à remettre son modèle à l'ouvrier qui voudrait confectionner cette machine, le conseil renouvelle, auprès de son excellence le Ministre du commerce et des travaux publics, la demande d'un secours en faveur du sieur Paris, qui serait alors chargé de faire un semoir calqué sur le modèle présenté par le sieur Detrand, et tout porte à croire qu'apportant à cette machine les perfectionnemens que lui suggérerait son esprit inventif, il finirait par fournir aux cultivateurs un semoir qui leur serait fort utile.

Le conseil a ensuite examiné l'importante question des laines qui, suivant l'annonce faite par le Ministre, doit être

soumise, dans la session prochaine, à la discussion des chambres. M. Belly de Bussy a donné lecture d'un rapport sur cette matière, qui a réuni l'assentiment de tous les membres de l'assemblée; en conséquence elle a décidé que ce rapport serait transcrit à la suite de la délibération, et que le ministère serait supplié de conserver les droits qui existent sur les laines à leur entrée en France, leur suppression ou leur diminution devant causer à l'agriculture des pertes considérables.

Un membre ayant alors appelé l'attention du conseil sur l'état dans lequel se trouvent les chemins vicinaux, une discussion longue et approfondie s'est engagée sur cet objet, et il a été généralement reconnu que, sur presque tous les points du département, la détérioration des routes de traverse était portée à tel point que, pendant une partie de l'année, il était impossible d'y passer avec des voitures chargées; que dans la plupart des communes on ne faisait jamais raccommoder les chemins; qu'il était du reste fort difficile à beaucoup de maires de faire exécuter les lois sur cette matière, car une des principales causes de la détérioration des chemins provient des haies épaisses et des arbres de bordures qui interceptent l'action du soleil et s'opposent à ce que la route puisse sécher; de sorte que presque partout la première mesure à prendre serait de faire émonder les haies et couper les arbres qu'elles contiennent, ce que ne peuvent faire les maires des communes rurales, sans s'exposer à la haine et souvent aux vengeances de leurs administrés. Dans cette position, il faudrait qu'un agent de l'autorité parcourût les communes, ordonnât d'émonder les haies, d'abattre les arbres qui sont trop près de la voie publique, fixât les travaux de remblai et d'aplanissement et généralement tout ce qu'il faudrait

faire pour l'entretien des routes; alors le maire n'hésiterait plus à faire exécuter ces travaux, et les chemins seraient entretenus en bon état. En conséquence, le conseil demande qu'il soit établi dans chaque arrondissement un commissaire-voyer, sur les fonds du département, dont les fonctions consisteraient à parcourir les campagnes et à faire exécuter les lois rendues pour l'entretien des chemins.

M. Fouquier-d'Hérouël ayant alors demandé la parole, a appelé l'attention de l'assemblée sur l'organisation du conseil central d'agriculture et des comités correspondans; il a dit que ces réunions, formées pour accélérer les progrès de l'agriculture, faire connaître aux cultivateurs les améliorations qui pouvaient leur être utiles, et rendre compte au gouvernement des besoins et des intérêts de l'industrie agricole, n'avaient encore produit aucun résultat ; qu'il était impossible qu'il en fût autrement, puisque l'autorité n'avait donné aucune suite à la création des comités correspondans; qu'ils n'avaient jamais été rassemblés, et que les réunions du conseil central avaient eu lieu à des intervalles trop éloignés pour qu'elles puissent être utiles; en effet, ce conseil, formé d'après l'ordonnance du 30 novembre 1828, a tenu sa première séance le 18 février 1830, la seconde le 29 février 1832, et la troisième le 2 mai 1833.

Il faudrait, ainsi que cela a été demandé dans la délibération du 29 février 1832, que les réunions fussent plus fréquentes et surtout qu'elles eussent toujours lieu à la même époque, afin que les cultivateurs pussent long-temps d'avance faire leurs dispositions pour assister aux séances; il faudrait aussi, et cela est de la plus grande importance, que ces assemblées fussent soumises à un renouvellement périodique, et que les cultivateurs nommassent directement les membres du conseil central et des comités cor

respondans cette nomination pourrait avoir lieu tous les trois ans, par des assemblées composées de notables cultivateurs dont la liste serait adressée par MM. les souspréfets, ainsi qu'ils le font pour la liste des notables commerçans appelés, suivant l'ordonnance du 15 juin 1832, à nommer les membres des chambres de commerce.

L'assemblée, après avoir entendu plusieurs de ses membres, a reconnu que les comités correspondans, formés dans chaque arrondissement, n'étaient d'aucune utilité; qu'il vaudrait mieux les supprimer et augmenter le nombre des membres du conseil central; qu'il est de toute nécessité de réorganiser complétement ce conseil, formé en 1829, et de le soumettre à un renouvellement périodique; qu'il faudrait surtout qu'il se réunit plus fréquemment, et que ses assemblées eussent lieu à des époques fixes; que le mode d'élection proposé serait fort difficile à exécuter, et qu'il valait beaucoup mieux confier la désignation des membres du conseil central d'agriculture au choix de M. le préfet en conséquence, elle a décidé qu'il serait demandé à S. Exc. le Ministre du commerce et des travaux publics d'ordonner, pour le département de l'Aisne :

1°. Que les comités correspondans d'agriculture, formés dans chaque arrondissement, seront supprimés ;

2°. Que le conseil central d'agriculture sera composé de vingt-quatre membres, choisis par M. le préfet, dans tous les arrondissemens, proportionnellement à leur importance et à leur population;

3°. Que cette année, et ensuite de trois ans en trois ans, ce conseil sera renouvelé en entier; qu'il sera présidé par M. le préfet, et qu'à chaque renouvellement, il choisira dans son sein un vice-président et un secrétaire;

4°. Que le 20 septembre de chaque année, ce conseil

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