ÉPHÉMÉRIDES COLONIALES ET ÉTRANGÈRES POUR L'ANNÉE 1903 FRANCE Algérie. Décret nommant M. Jonnart gouverneur général en remplacement de M. P. Revoil (5 mai 1903). L'escorte de M. Jonnart ayant été assaillie sous les murs de Figuig (31 mai), le général O'Connor bombarde cette ville (8 jn) qui se soumet (11 jo). Héroïque défense d'un détachement assailli par les Berabers à Hassi R'zell (16 jt). Le poste de Taghit résiste à toutes les attaques des Berabers (17-20 a1). Afrique occle. Loi autorisant un emprunt de 65 millions (10 j' 1903). Congo français. Décret de réorganisation judiciaire (17 mars 1903). Madagascar. Décret réglementant l'immigration (13 mai 1903). Indo-Chine. Ouverture du chemin de fer d'Hanoï à Nam Dinh (8 jr 1903). - Décret supprimant le conseil général de Tahiti (19 mai 1903). ALLEMAGNE Élections au Reichstag (16 j" 1903). Sont élus centre 99, socialistes 83, conservateurs 71, nationaux-libéraux 52, Polonais 17, antisémites 9, Alsaciens 9, agrariens 7. Les socialistes gagnent 25 sièges. Le général d'Einem est nommé ministre de la guerre en remplacement du général de Gossler (13 j'). Prusse. Élections au Landtag (20 nov.). Sont élus sur 433 membres : conservateurs 147, centre 97, nationaux-libéraux 79, conservateurs libres 53, parti populaire 23, Polonais 13. Aucun socialiste n'est élu (suffrage restreint). Sud-Ouest africain. Révolte des Herreros (déc. 1903). AUTRICHE-HONGRIE Mort de Ladislas Rieger, homme d'État et patriote tchèque (3 mars 1903). Mort de M. de Kallay, ministre des finances communes et de Bosnie (13 j'). Ordre du jour de Chlopy, où François-Joseph déclare qu'il ne permettra pas de toucher à l'unité de l'armée commune (17 sept.). Hongrie. Le cabinet libéral Khuen Hedervary succède au cabinet de Szell, de même nuance (27 juin 1903). Par suite de l'obstruction parlementaire, le cabinet libéral Tisza remplace le cabinet Khuen Hedervery (30 oct.). BULGARIE Mort de Karavelof, ancien premier ministre (6 fév. 1903). Le cabinet de concentration Petrof succède au cabinet Danef (19 mai). DANEMARK Élections législatives. Sont élus gauche réformiste 74, socialistes 16, droite 12, gauche modérée 11 (16 juin 1903). ESPAGNE Mort de M. Sagasta, homme d'État, chef du parti libéral (5 jer 1903). Élections législatives. Sont élus: conservateurs 232, libéraux 70, républicains 28, démocrates 11, carlistes 7, catalanistes 7 (26 av.). Le cabinet conservateur Villaverde succède au cabinet Silvela de même nuance (20 j'). Le cabinet conservateur Maura remplace le cabinet Villaverde (5 déc.). GRANDE-BRETAGNE La Chambre des communes, par 317 voix contre 20, vote le bill portant réglementation de la question des terres en Irlande (21 jt 1903). Mort de lord Salisbury, ancien premier ministre conservateur (22 a'). M. Chamberlain, ministre des colonies, donne sa démission pour provoquer un mouvement en faveur du protectionnisme (17 sep.). Convention d'arbitrage franco-anglaise (14 oct.).. Nigeria. Occupation de Kano par les Anglais (3 fév. 1903). Occupation de Sokoto, dernier état indépendant en Nigeria (15 mars). - Défaite de la colonne anglaise Plunkett par le mullah à Gumburru (17 av. 1903). Échec de la colonne Gough à Oual-Oual (21 av.). Canada. Décision d'arbitrage rendue à Londres et réglant en faveur des États-Unis contre le Canada la question des frontières de l'Alaska (20 oct. 1903). Le Parlement fédéral vote la construction d'un 2e chemin de fer transcontinental (oct.). Australie. La ville de Bomballa est choisie comme capitale (15 oct. 1903). Élections législatives. Sont élus : ministeriels 27, antiministériels 26, parti ouvrier 29. Ce dernier gagne 13 sièges (16 déc.). GRÈCE Le cabinet Theotokis succède au cabinet Delyannis (28 j" 1903). Le cabinet de concentration Ralli remplace le cabinet Theotokis (12 j'). Le cabinet Theotokis succède au cabinet Ralli (18 déc.). (A suivre.) NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES ET COLONIALES AFRIQUE Algérie Situation au Sud-Oranais. — Une accalmie relative règne depuis quelque temps dans la région de Figuig et des oasis voisines. Si des attaques. isolées se produisent encore, on ne signale par contre la présence d'aucune bande. De plus, certaines tribus insoumises, ont fait des offres de soumission. Il y a environ un mois, 1.250 tentes des Doui Menia, soit les 3/4 des dissidents de cette tribu, ont adressé leur soumission et obtenu l'aman du chef de poste de Colomb, nouveau poste établi près du ksar de Béchar. Vers la même époque, les Oulad Déjrir, tout en restant sur la réserve, ont manifesté des intentions pacifiques. Le protocole franco-marocain de 1901 a fait rentrer dans notre sphère les Doui Menia et les Oulad Djerid qui habitent la région de l'oued Guir. D'un autre côté, les Beni Guil, que l'on rencontre sur toute la frontière algérienne de Marnia à Figuig, tantôt bataillant, tantôt trafiquant, ont pris contact avec les autorités militaires par l'intermédiaire de l'amel de Figuig. Leurs délegués ont pris la direction d'Aïn Sefra où ils vont se rencontrer avec le général Lyautey pour solliciter l'aman. Au sud de Béchar, les Aït Khebbach, qui participèrent à la harka des tribus Berabers contre Taghit au mois d'août dernier, sont en pourparlers avec notre poste de Beni Abbès pour reprendre les relations commerciales. Les pertes sérieuses subies par ces tribus à l'attaque de nos convois et de nos postes leur ont sans doute ôté l'envie de recommencer. du La multiplication de nos défenses, leur renforcement, une plus grande mobilité donnée à nos détachements, la prolongation bien tardive télégraphe, qui vient d'atteindre Taghit, la construction du chemin de fer, enfin poursuivie, de Beni-Ounif à Ben-Zireg, point qui sera atteint à la fin de l'année, ont donné à réfléchir aux tribus qui ont compris que notre méthode d'occupation progressive et patiente était permanente. En bons musulmans, ils ont compris qu'il fallait se résigner à ce qu'ils ne pouvaient empêcher. Au moment même où la nécessité d'avoir une suite de vues dans la mise en application du programme arrêté pour l'organisation défensive du SudOranais se faisait sentir, le général O'Connor a été relevé de ses fonctions. Connaissant admirablement le pays où il avait fait un séjour prolongé comme colonel du 2e chasseurs d'Afrique, général commandant la brigade de Tlemcen, puis la division d'Oran, le général O'Connor était bien l'homme de la situation et son départ est une perte pour l'Algérie. Sahara Touareg. - Les reconnaissances effectuées au pays des Touareg Hoggar et sur les territoires voisins, en 1902 par le 1 Cottenest, puis par le It Guillo Lohan, en mai 1903 par le et Laperrine, ont été poursuivies peu après par le I Besset. On se rappelle qu'après la défaite des Hoggar à Tit (7 mai 1902) par le 1 Cottenest, la tranquillité avait été à peu près rétablie dans cette partie du Sahara. Deux partis s'étaient formés parmi les Hoggar. L'un, d'allures pacifiques, sous un nouveau chef, Moussa ag Amastane, se rapprochait des Français et envoyait des caravanes à In Salah. L'autre, demeurait hostile, avec l'ancien amenokal, Tissi ag Chikat, un des massacreurs de la mission Flatters. Mais bientôt ce dernier dut fuir et se réfugier chez les Touareg Azdjer. C'est alors, dit M. Terrier, dans le Bulletin du Comité de l'Afrique française, qu'une nouvelle exploration fut tentée. Le l' Besset, qui au mois de janvier 1903 avait réussi à raccorder In Salah à Amguid, un des points de l'itinéraire Flatters, fit au mois de juin une 2e reconnaissance et parvint à se raccorder cette fois à l'itinéraire de la mission Foureau-Lamy. La venue de Tissi chez les Azdjer avait eu pour résultat de déterminer ceux-ci à prendre une attitude hostile. Occupant les points d'eau, les routes des caravanes entre Ouargla et Ghadamès, ils envoyaient des maraudeurs jusque dans le Tademaït. C'est alors qu'une tournée de police fut décidée et exécutée de deux côtés à la fois. D'Ouargla, le capitaine Pein se dirigea avec son goum sur Tarat, en passant par Timassinine et Aïn el Hadjad. D'In Salah, le capitaine Métois envoyait le lt Besset dans la même direction par Amguid et Afera. Ce dernier rencontrait le 14 juillet, à In Tifernin, l'avantgarde d'un nouveau rezzou et la dispersait, puis, après avoir poussé jusqu'à Hassi Tikhammar, point de l'itinéraire Foureau-Lamy, revenait à In Salah. Cette tournée effectuée par la grande chaleur, au grand étonnement des Touareg, eut un retentissement considérable. Peu après, les Ifoghas de l'Adrar envoyaient leur soumission à In Salah, à la suite d'une sommation à eux adressée par le capitaine Métois d'avoir à restituer un certain nombre de chameaux volés. La pacification de l'Adrar assure désormais la tranquillité dans ces régions que les caravanes traverseront à nouveau quand elles sauront qu'elles peuvent le faire avec sécurité. Sénégal: Commerce. En 1902, le commerce total du Sénégal n'a été que de 61.432.000 fr., alors qu'il avait atteint 102.279.000 fr. en 1901. Il est vrai qu'en 1897, le total n'avait été que de 50.316.000 fr. L'état sanitaire a apporté une gêne considérable dans les transactions, ralenties en outre par l'insuffisance de la récolte des arachides. Les importations du Sénégal, en 1902, ont été de 38.205.000 fr. contre 64.073.000 fr. en 1901 et 29.179.000 fr. en 1897. Les exportations ont été de 25.562.000 fr. en 1902, contre 38.205.000 fr. en 1901 et 21.136.000 fr. en 1897. La diminution des importations porte surtout sur les tissus de coton (dont les stocks accumulés en 1901 étaient considérables), le riz, les machines et ouvrages en métaux, la verroteric. Les exportations du pays consistent surtout en arachides (110 millions de kilog.), gommes, caoutchouc, amandes de palme, dents d'éléphant, or brut de Galam (34.529 grammes). Presque toutes ces exportations, sont en diminution, notamment pour les arachides, en baisse de 13.000 tonnes. Région du Tchad : Situation M. Alfred Fourneau, administrateur en chef des pays et protectorats du Tchad, a fait, en juillet 1903, une tournée au Kanem et, de Bir Alali, il a rejoint le lac Tchad à Bol. Après avoir navigué 15 jours dans les bahars de l'archipel sur le Léon-Blot, il est rentré à Fort-Lamy, où il a été rejoint par ce bateau. L'archipel du Tchad, dit le Bin du Comité de l'Afrique française, s'étend de plus en plus vers l'ouest, les îles se soudent chaque année à la côte du Kanem. Du côté du Quadaï, une ligne de postes protège l'est du Chari (2o région). Dans la 1re région, le secteur du Gribingui (Fort Crampel) est en voie d'organisation sérieuse. Dans le secteur de Krébedjé (Fort Sibut), le portage est très difficile pour ravitailler le Chari; les travaux de la route de ravitaillement avancent peu, faute de main-d'œuvre. Le cercle de Laï (moyen Logone) se développe; cette région, autrefois prospère, a été dévastée par la guerre, les razzias et la traite. Laï compte actuellement 3 à 4 mille indigènes, presque tous Kirdys; dans l'ouest, on trouve des Foulbès et des Haoussas. Le pays est riche en mil, haricots, pistaches, cabris, chevaux, boeufs, caoutchouc; l'ivoire est rare. Le poste de Laï a été confié au It Faure, qui s'est surtout attaché à pacifier le pays. Par l'intermédiaire des chefs indigènes, un léger impôt est perçu pour ravitailler le poste; pour les riverains du Logone, appauvris par les razzias baguirmiennes ou foulbés, on a remplacé l'impôt par des prestations. La 2e région, limitée au nord par la frontière allemande, le Chari, de Korbol à Fort-Archambault, et à l'est par le Bakaré, pourrait devenir prospère. Le Baguirmi et le Kanem sont encore trop peu connus pour qu'on puisse escompter leurs ressources. La grosse source de dépenses pour la région Chari-Tchad est toujours la question-de ravitaillement. Aussi suit-on avec attention les tentatives de raccordement entre le Logone et le MayoKebbi par la voie du Toubouri. Le succès de la mission Lenfant permet d'entrevoir une nouvelle voie d'accès plus pratique que celle qui passe par l'Oubangui. Congo français: Commerce en 1902. Le commerce du Congo français s'est élevé en 1902, à 14.115.000 fr. en diminution de 1.191.000 fr. sur 1901, ainsi que nous l'avons déjà publié. Cette diminution porte en totalité sur les importations qui, de 7.985.000 fr. en 1901, sont tombées à 5.687.000 fr. en 1902. Au contraire, les exportations ont augmenté, passant de 7.321.000 fr. en 1901 à 8.428.000 fr. en 1902. Il y a lieu de faire remarquer cependant, dit la Quinzaine coloniale, que les chiffres fournis par le ministère des colonies pour 1901 ne concordent pas avec ceux donnés il y a un an. D'après ceux-ci l'année 1902 se présenterait en meilleure posture que ne l'indiquent les dernières statistiques. Cavalerie indigène. Le décret du 6 octobre 1902, relatif à l'organisation des troupes du Congo français, a créé un escadron de cavalerie indigène, mais insuffisamment doté au point de vue des cadres. D'autre part les détachements à fournir ont démontré que l'effectif était trop peu nombreux, ce qui n'a rien de surprenant en raison de l'étendue de la colonie. Pour remédier à cet inconvénient un décret du 6 décembre 1903 vient d'accroître cet effectif en créant 2 sous-officiers du cadre français, 4 emplois de maréchal |