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que dans le cahier des charges de toutes les adjudications faites par l'État on insérât l'obligation d'employer une forte proportion de main-d'œuvre nationale. Il est heureux assurément, pour la Tunisie, de voir se développer son réseau de chemins de fer, mais nous regrettons qu'Italiens et Arabes soient presque seuls à travailler à la construction de l'importante ligne du Kef.

Il faut appeler l'attention sur une mesure qui pourrait entraver considérablement la colonisation. C'est l'obligation qu'on veut imposer aux Français habitant la Tunisie de faire 2 années de service militaire. Sous le régime actuel, on n'exige qu'une année et c'est suffisant pour instruire des recrues dont l'activité, l'énergie et l'instruction sont très supérieures à la moyenne. D'autre part, si l'on songe que les populations qui habitent la Tunisie : Arabes, Italiens, Juifs, etc., ne font que peu ou pas de service militaire, il est aisé de se rendre compte des inconvénients qu'aurait le service militaire de 2 ans frappant nos seuls compatriotes. L'adoption d'une pareille mesure ne procurerait que quelques centaines d'hommes de plus au corps d'occupation et priverait peut-être la Tunisie de beaucoup de colons, ses véritables défenseurs en cas de guerre.

Madagascar: Travaux topographiques. L'année 1903 a été fructueuse pour ces travaux que de nombreux officiers du corps expéditionnaire ont exécutés. Pour la géodésie, on a continué la chaîne de triangles côtière du sud, de Mananjary à Fort-Dauphin, complétant ainsi le réseau géodésique déjà achevé; on a achevé une transversale de Fianarantsoa à Mananjary. Cette nouvelle triangulation se rattache au nord, par Mananjary, à l'extrémité de la portion de la chaîne déjà exécutée, et se soude au sud à la chaîne centrale. Ces travaux géodésiques ont permis de fixer le tracé de la côte est et ont fait constater l'exactitude des travaux précédemment faits.

Des officiers topographes ont fait des levés très sérieux au 1/100.000e dans la province de Fianarantsoa. De même au nord de Tamatave. D'autre part, le lever régulier au 1/500.000 a été considérablement augmenté autour de Tananarive. A ces travaux topographiques réguliers, il faut joindre ceux dus à l'initiative personnelle d'officiers, d'administrateurs et de civils, particulièrement ceux du colonel Blondlat (Fort-Dauphin), de M. Morin (Mananjary), de la Cie Lyonnaise (Morondava), du capitaine Mouneyres, directeur du service des mines, etc. Tous montrent un louable empressement à adresser au bureau topographique les documents dont ils disposent.

La cartographie s'est également très enrichie en 1903; une nouvelle carte au 1/500.000€ est actuellement à l'impression. De même un atlas général est en chantier, et la gravure en est faite par des Malgaches. Ajoutons une carte des étapes éditée par le bureau topographique et près de 300 cartes pour les publications officielles de la colonie, ainsi que des dessins de toute sorte complétés par les officiers, les administrateurs et les explorateurs, d'études et de descriptions très précieuses et très intéressantes.

Population européenne.

Le nouveau recensement de la population de Madagascar, effectué sur les ordres du gouverneur général, à la fin de 1903,

a fait ressortir les intéressants résultats suivants : population européenne, non compris les militaires et les fonctionnaires, 9.310, dont 6.880 Français, 1.271 sujets britanniques, 459 Grecs, 212 Italiens, 110 Norvégiens, 97 Anglais, 52 Allemands, et le reste de nationalités diverses.

Cette population se répartit entre les diverses professions, parmi lesquelles le commerce comprend 1.190 chefs et employés de grands établissements, 514 épiciers, 322 débitants, 66 hôteliers et restaurateurs, 82 commissionnaires en marchandises. L'agriculture comprend 429 personnes; les industries du bâtiment comprennent: 150 maçons et tailleurs de pierres, 203 menuisiers et charpentiers, 45 entrepreneurs, 147 prospecteurs.

De plus, la presque totalité des commerçants et agriculteurs s'occupent aussi d'industries aurifères concurremment avec le commerce et l'exploitation agricole. 259 ouvriers travaillent le fer, soit comme mécaniciens, soit comme forgerons. On compte en outre 45 horlogers et bijoutiers, 76 pâtissiers et boulangers, 65 tailleurs, couturiers et modistes, 46 professeurs libres et 40 entrepreneurs de transports.

On voit que sept ans à peine après la conquête, la race européenne qui, en 1896, comptait environ 1000 individus, est parvenue à s'implanter fortement, et que les Français forment la grosse majorité.

:

Afrique australe anglaise Commerce français. En 1902, il a été importé dans l'Afrique du sud et les ports des colonies de Natal et du Cap pour 1.135.000.000 fr. de marchandises (contre 774.292.000 fr. en 1901). Alors que la part de l'Angleterre est de 731 millions dans ce total, la France n'a trouvé moyen de vendre, en 1902, que pour 6.492.000 fr. contre 5.380.000, en 1901, dans ces régions, c'est-à-dire de prendre rang seulement après les colonies anglaises, les États-Unis, l'Allemagne, la Belgique, la Suède et la Norvège, la Hollande. Les articles que la France vend en Afrique australe sont surtout le chocolat, les conserves de fruits, les flanelles, les lainages, la parfumerie, les savons, les pommes de terre, les sardines, les conserves, les spiritueux. La proportion des produits français dans les importations totales n'est que de 0,57 0/0. Mais beaucoup de produits français pénètrent en Afrique australe après être passés par Londres, où ils sont dénationalisés.

Le commerce et l'industrie française ne devraient pas rester indifférents à la reprise des affaires au Transvaal; au moment où l'on recommence à extraire l'or de ce pays, il faut que la France reprenne sa place au milieu de toutes les nations qui cherchent à prendre position sur le marché sudafricain.

Une exposition industrielle internationale s'ouvrira au Cap en novembre 1904.

Rhodesia: Coton. On sait les efforts qui sont faits en France depuis quelque temps pour propager la culture du coton dans diverses parties de l'Afrique occidentale. Les Anglais et les Allemands imitent nos efforts dans

leurs possessions. Nous signalerons les tentatives faites par les Anglais dans l'Afrique australe. On vient, en effet, de commencer, dans la Rhodésia, des essais de culture du coton. 14 hectares ont été plantés dans les environs de Salisbury. Le climat semble favorable et la saison des pluies ne paraît pas devoir être préjudiciable à cette plante. La Cie des chemins de fer de Rhodésia, qui bientôt va atteindre les rives du Zambèze, s'est engagée à fournir les wagons nécessaires à l'exportation et à établir un tarif très bas. 161 nouveaux hectares doivent être plantés cette année, afin de donner à cet essai de culture culture cotonnière une plus grande ampleur.

Il est bon de rappeler à ce propos que sur une production globale de 16 millions de balles de coton (la balle ayant 2.270 kilogr. en moyenne) 11 millions proviennent des États-Unis, 3 de l'Inde, 1 de l'Égypte, 1 de différents pays.

Afrique centrale britannique: Nouvelle colonie. Le 1er avril 1904, le domaine des potentats nègres, qui formait autrefois le royaume du Zambèze (ancien Monomotapa) et qui, depuis le 14 mai 1891 constituait le protectorat de l'Afrique centrale anglaise (British central african protectorate), est devenu partie intégrante de l'empire britannique. Le régime du protectorat a été aboli, et ce territoire, en devenant colonie de la couronne, sous le nom de British central Africa, passe de l'administration du « Foreign Office » à celle du Colonial Office »>.

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Le protectorat, constitué en 1891, s'étendait sur la région du Nyassaland, et comprenait environ 500.000 milles carrés. Au début, le Nyassaland protégé fut administré par un commissaire impérial relevant du ministère anglais des affaires étrangères.

La Cie à charte de la « South Africa » réussit bientôt à se faire adjuger les deux tiers de cette région, c'est-à-dire la partie située au nord du Zambèze, qui est devenue la Rhodésia du nord. Le Foreign Office ne conserva plus alors l'administration que de 150.000 milles carrés s'étendant vers le sud, à partir de la pointe du lac Tanganika et comprenant les deux tiers du lac Nyassa. Sir Harry Johnston, qui fut envoyé ensuite dans l'Ouganda, fut le premier administrateur de ce protectorat.

Sous l'habile direction du Foreign Office, la région prospéra. Le commerce des esclaves y fut supprimé et n'y fut pas remplacé, comme au sud du Zambèze, par l'exploitation territoriale et l'imposition de taxes trop lourdes. Aussi, dit le Temps, l'Afrique centrale anglaise n'a-t-elle point été troublée par des révoltes d'indigènes, comme celle des Matabélés, qui fut fort grave. Lorsque le chemin de fer du Cap au Caire atteindra la nouvelle colonie britannique, celle-ci prendra sans doute une importance considérable.

Afrique orientale allemande : Situation et chemins de fer.- L'Afrique orientale allemande, qui a deux fois la surface de l'Allemagne, comprend une zone littorale malsaine et peu habitée et, dans l'intérieur, des hauts plateaux salubres et peuplés. L'Usambará oriental, au faible relief, a le climat

tropical de la steppe et renferme des plantations de café. L'Usambara occidental, plus élevé, a une température plus fraîche et des pluies suffisantes. L'agriculture européenne peut y être pratiquée. On y cultive les céréales et les pommes de terre. Le massif voisin de Sudpare est couvert de forêts vierges, qui alternent avec les prairies. Dans la région du Kilimandjaro, la seule culture intéressante est celle des bananiers, mais les indigènes n'en récoltent que le nécessaire. Le poste militaire de Moschi et les stations de missionnaires peuvent être ravitaillés par le chemin de fer de l'Ouganda. Les monts Uguru et Cluguru conviennent surtout aux cultures tropicales. L'Uhehe, situé de 1.000 à 1.600 m. d'altitude, entre le Rufidji, le Ruhaha et l'Ulanga, à 300 ou 400 kilom. du littoral, est, par son climat, l'abondance de ses eaux, ses belles prairies, ses forêts et sa fertilité, très convenable à la colonisation allemande. Les céréales et les pommes de terre y viennent parfaitement et l'on peut y élever les porcs et le gros bétail. L'expérience a été faite par la station catholique d'Iringa. Mais, l'impossibilité de remonter le Rufidji et l'Ulanga, à cause de leurs bancs de sable mouvants, empêche ce pays excellent d'être accessible pratiquement. Un projet d'immigration boër dans cette région est resté en suspens. Le Kondeland, au nord du lac Nyassa, est favorable aussi aux plantations et à la colonisation. Les montagnes y atteignent au moins 2.500 m. La mission berlinoise qui possède des stations dans cette région en vante les cultures et le bétail. On peut gagner le port de Chinde par le Nyassa et le Chiré-Zambèze. Les rapides du Chiré sont tournés par un petit chemin de fer en territoire anglais. Quelques Boërs se sont établis récemment au Kondeland pour y cultiver le tabac et le coton et y élever le poney basouto.

Pour permettre aux colons de se diriger vers les régions colonisables, des voies ferrées de pénétration sont indispensables. On parle notamment d'un chemin de fer de Dar-es-Salam à Mrogoro (230 kilom.), devant être achevé en 5 ans au plus. Il serait à voie de 0m, 75 et ne coûterait que 18.750.000 marks. La question doit être soumise au Reichstag de l'Empire. D'autre part, une société coloniale allemande propose, au lieu d'atteindre Mrogoro, qui est au nord des monts Uluguru, de gagner, par la vallée de Taua, l'intérieur du massif où sont les contrées fertiles. Si la ligne à construire doit être l'amorce d'un chemin de fer destiné à relier plus tard la côte au lac Tanganika, la Société coloniale propose de prolonger la voie existante, de Tanga à Korogoué, par Mgera, Irangi et Tabora. Une convention relative au prolongement de la ligne de Korogoué à Momba a été conclue à Stettin avec la maison Lenz. Un délai de 20 mois lui est accordé à partir de septembre 1903. Un crédit de 1.800.000 marks est prévu à cet effet pour 1904. Une partie des terrassements et des ponts en pierre est déjà terminée. A fin décembre, on comptait 37 Européens et 2.500 noirs sur les chantiers.

Budget.

Le budget de l'Afrique orientale allemande pour 1904 a été fixé à 9.636.000 marks, soit 1.175.000 de plus qu'en 1903. La subvention de l'État est de 6.180.000 m. 1.800.000 m. sont affectés au chemin de fer Museha-Ko-.

rogoué, 200.000 à l'amélioration du port de Dar-es-Salam, 100.000 à la construction de routes, etc.

Télégraphes. La ligne télégraphique de Dar-es-Salam vers l'intérieur s'arrête actuellement à Toura. La commission du budget a refusé les 300.000 marks demandés pour la prolonger jusqu'à Tabora. On a commencé, en janvier, la ligne télégraphique de Dar-es-Salam à Tanga.

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Turkestan: Colonisation russe. Les territoires du Syr-Daria, du Ferghana et de Samarkand, sont de plus en plus envahis par une forte immigration de paysans et de petits bourgeois russes. Cette immigration, dont le début remonte à plus de 40 ans, n'a cessé de progresser dans ces derniers temps.

C'est le général Kolpakovski qui, après la conquête moscovite, voulut peupler de petits agriculteurs les vallées de l'Alataou, dans le Semiretché. En 1898, cette province comptait 32 villages, peuplés de 32.000 colons russes, sur un total de 700.000 habitants et pour une étendue de 353.000 verstes carrées. Les terrains libres sont utilisés par les indigènes nomades.

Par suite de mesures administratives bien conçues, un nouvel essor a été donné à la colonisation du territoire transcapsien. De nombreux villages de colons russes se sont fondés, à partir de 1889, sur les frontières de la Perse et de l'Afghanistan.

Dans la province de Syr Daria, les premiers colons sont venus dès 1876, mais la colonisation n'a été organisée régulièrement qu'en 1883. Il y a là, aujourd'hui, 19.000 colons, dont beaucoup sont des Allemands venus de la province de Stavropol; leurs pères auraient quitté la région de Dusseldorf, il y a un siècle, pour aller s'installer en Russie.

Dans les autres parties du Turkestan, il y a encore peu de villages russes. Il n'y en a que quelques-uns dans la province de Samarkand et dans le Ferghana. Cette dernière région est pourtant dotée d'excellents terrains, mais il faudrait des travaux d'irrigation pour en permettre la mise en valeur.

La construction du chemin de fer d'Orenbourg à Tachkent, qui doit être achevée à la fin de 1904, à travers la steppe, permettra la transformation de cette région. La voie ferrée favorisera l'émigration des paysans, qui trouveront, notamment dans les districts de Kazalinsk et de Pérovsk, des plaines très fertiles.

Tibet: Expedition anglaise (XXXIX, 123). Après un séjour prolongé dans la vallée de Chumbi (1), où elle avait pénétré par Gnatong et le défilé de Jelep-La, la colonne anglaise, qui souffrit beaucoup du froid, reprit sa marche sous les ordres du général Macdonald. Partie de Tuna le 31 mars, elle arrivait aux sources chaudes, près de Guru, lorsqu'elle rencontra un fort groupe de Tibétains armés et abrités derrière une muraille barrant la route. La colonne anglaise était forte de 850 fantassins, 150 hommes d'infanterie (1) Voir Rev. Fr. janvier 1904, la carte du Tibet.

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