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rures », la syllabe tse indiquant que la localité est sur le rivage de la mer. Antoung veut dire le « calme de l'Orient »; Ta-Chi-Sao, le grand pont de pierre; Kiou-Lien-Tcheng, le bourg de la neuvième série ; Niou-Tchouang, le village du boeuf, etc. »>

Ajoutons encore la signification de quelques mots que l'on rencontre fréquemment en Mandchourie. Ainsi miao veut dire tombeau ; ling, col; kiao, pont; lao, île (shima, en japonais); ti, terre; tien, ciel (ce qui est autour de la terre); pé, nord; nan, sud. Nan-chan, qui fut la clef de la position russe de Kinchéou, en avant de Port-Arthur, signifie donc simplement: la montagne du sud. Han et Tsan sont deux noms de dynastie.

Grâce à ces quelques explications nos lecteurs pourront sans doute se retrouver plus facilement pour suivre la marche des armées ennemies. Dans la carte que nous plaçons sous leurs yeux, il a fallu choisir entre des désignations parfois diverses; nous avons adopté, en principe, celles qui ont été consacrées par l'usage le plus fréquent.

C. R.

EXPLORATEURS ET VOYAGEURS

AFRIQUE

M. A. Chevalier (XXIX, p. 179), chef de la mission scientifique du Chari-Tchad, a été reçu le 30 avril à la Sorbonne par la Société de géographie de Paris. La Revue a fait connaître, à maintes reprises, les détails de ce voyage d'après les lettres envoyées par M. Chevalier. Nous nous contenterons donc de reproduire les conclusions du récit qu'a fait le chef de la mission concernant les pays qu'il a parcourus.

« Cet empire soudanais a pour notre avenir colonial une valeur incontestable. Les peuples du Soudan, bien supérieurs aux autres noirs, ont un état social tel qu'on peut le considérer comme une demi-civilisation. Ils sont dociles, désireux de se créer une certaine sorte de bienêtre, presque tous attachés au sol qu'ils ont conquis sur la forêt.

L'exploration scientifique et méthodique du Soudan, que nous avons pour notre part déjà poursuivie sur un parcours de 15.000 kilomètres, XXIX (Juin 1904.) No 306.

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est assez avancée pour nous faire entrevoir les principales ressources naturelles dont le commerce et l'industrie de notre patrie pourront tirer un jour le parti désirable. Au sud, dans la zone de transition qui s'étend vers la forêt vierge, se trouvent les lianes à caoutchouc de grande taille ainsi que ces petites plantes brûlées annuellement dont nous avons signalé l'abondance et la valeur. On peut y cultiver aussi les arbres fournissant la kola, si recherchée des noirs, ainsi que les caféiers qui y croissent déjà à l'état sauvage. Lá zone moyenne est la plus peuplée ét la plus intéressante. C'est le pays des grandes cultures et des champs admirablement entretenus. C'est de là que nous pourrons peut-être tirer un jour une partie du coton nécessaire à notre industrie nationale. Cette question, à l'étude de laquelle nous nous sommes particulièrement attachés, a déjà sollicité l'attention de nos grands planteurs et tisseurs français. Enfin, les steppes du nord où vivent les autruches et où se rencontrent les acacias donnant la gomme árabique, sont par excellence des pays de pâturages et de peuples pasteurs.

En résumé, la France possède un grand empire soudanais avec des populations dont l'état social á marché dans le même sens au contact de l'Islam, dont les besoins sont analogues et dont l'avenir sera sans doute le même. Dans chacune des trois zones de cet empire, les ressources naturelles sont de tous points identiques, depuis les rives de l'Atlantique jusqu'aux confins du bassin du Nil. La partie du Soudan que nous venons de parcourir et d'étudier est la dernière conquise; elle est naturellement celle dont l'évolution est le moins avancée. C'est aussi celle où la traite des esclaves et les guerres incessantes ont accumulé le plus de ruines. C'est donc là qu'il faudra la plus longue période d'incubation et d'administration prévoyante avant que nous puissions en tirer le moindre parti. Pendant cette période, l'agriculture presque anéantie se reconstituera, de nouveaux villages s'édifieront plus stables et plus confortables, les régions désertes se repeupleront graduellement, des marchés indigènes se créeront, les peuples pasteurs échangeront les produits de leurs troupeaux contre les céréales des peuples cultivateurs. Enfin les caravaniers du Baguirmi et du Ouadaï, protégés par notre pavillon, abandonneront les vieilles routes allant par le Bornou ou le Darfour aux comptoirs étrangers de la Bénoué et du Nil pour fréquenter les nouveaux chemins français allant vers nos comptoirs coloniaux de la Sangha et de l'Oubang ui. >>

RÉGIONS POLAIRES

Des diverses expéditions envoyées au pôle sud vers la même époque, l'expédition écossaise dirigée par M. William S. Bruce est revenue la dernière. Elle n'était en effet de retour à Buenos-Aires que le 15 décembre 1903. Son but, comme celui que poursuivaient les expéditions allemande, anglaise, norvégienne, était de se livrer à des expériences scientifiques et océanographiques.

Partie de la Clyde le 2 novembre 1902, l'expédition arriva à PortStanley, dans les îles Malouines, dans les premiers jours de janvier 1903, et se dirigea de là vers la mer de Weddell le 26 du même mois. La mission a beaucoup accru nos connaissances sur toutes les mers qui s'étendent au sud des South Orkneys et des South Sandwich. Durant une croisière qui dura 51 jours, le vapeur de l'expédition, le Scotia, longeant d'abord vers l'est le rebord de la banquise, avant de trouver une ouverture, atteignit le 22 février 70° 21′ S. par 17° 0. Gr. Le 21 mars, elle rallia les Orkneys et prit ses quartiers d'hiver dans l'une d'elles, l'ile Laurie.

L'itinéraire nautique de l'expédition s'étend sur 5.000 milles marins. M. Bruce reconnut l'existence d'une mer profonde de plus de 4.500 mètres en moyenne, ainsi que l'avait déjà signalé Ross, d'après un sondage isolé, pris plus à l'est. Au point extrême atteint au sud, on trouva 4.650 mètres. L'expédition a visité ou levé, dans le groupe des Orkneys, qui n'avait pas été abordé depuis Weddell en 1823, les îles Saddle, Laurie, Coronation. L'archipel se compose d'iles très montagneuses, couvertes de neiges et de glaciers. Les travaux topographiques ont été malheureusement contrariés par l'état brumeux de l'atmosphère et de très grandes variations dans la température. On a établi dans l'ile Laurie un observatoire météorologique et magnétique qui a commencé à fonctionner pendant l'hiver austral de 1903. Cinq hommes de l'expédition y ont été laissés, avec M. R. C. Mossman, pour continuer les travaux scientifiques.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES ET COLONIALES

AFRIQUE

Sud-Oranais: Situation (XXIX, p. 244).

La pacification semble gagner de plus en plus du terrain sur la frontière du Sud-Oranais. Un certain nombre de tentes appartenant aux Ouled-Nehar-Gheraba, aux Amour et aux Ouled-Djérir, ont fait leur soumission à Aïn-Sefra et à Colomb; mais il reste encore à compter avec les Beraber qui ne désarment pas. Un rezzou de ces derniers a enlevé, le 22 avril, plusieurs centaines de chameaux aux Doui-Menia ralliés. A cette nouvelle, le ct Pierron lança à leur poursuite un goum qui reprit 300 chameaux. Malgré cela, les Beraber revinrent attaquer le goum, tuèrent 6 de ses hommes et reprirent 30 chameaux. Le commandant Pierron parvint cependant à les rattraper sur la rive droite de l'Oued Guir et leur reprit les chameaux.

Une nouvelle compagnie saharienne vient d'être créée à Beni-Abbès, par décret du 22 avril 1904. On sait que précédemment 3 compagnies sahariennes avaient été établies par décret du 1er avril 1902 au Gourara, au Touat et au Tidikelt. La 4e compagnie, qui vient d'être créée, sera chargée d'occuper la vallée de la Saoura et servira à couvrir, par le nord, les oasis sahariennes. Cette compagnie est établie sur le modèle des précédentes. Cependant, afin de limiter les dépenses, elle ne comprendra que des cavaliers montés à cheval ou à mehari, avec quelques hommes à pied chargés du service de l'artillerie et des travaux intérieurs. La force d'infanterie nécessaire sera fournie par le maintien, à Beni-Abbès, d'un peloton de 100 tirailleurs.

L'organisation de défense du sud reportée sur la ligne du Béchar, permettra de diminuer les effectifs établis dans les postes de l'oued Zousfana et rendra plus facile la circulation des convois. On sait que des postes ont déjà été établis à Bou-Aïech, Ben-Zireg et Colomb (Tagda-Béchar); un poste situé plus au nord, vers le chott Tigri, défendra les cols dangereux du djebel Grouz. Enfin, les travaux du chemin de fer sont activement poussés de BeniOunif à Béchar et la locomotive atteindra probablement, en octobre, la station intermédiaire de Ben-Zireg.

Par suite de la sécurité relative qui existe dans ces régions, le commerce tend à prendre une activité nouvelle. Beni-Ounif, qui n'était tout d'abord qu'un poste militaire, a vu s'établir sous ses murs ces mercantis qui suivent toujours les corps de troupes. Un marché s'est formé à l'ombre des murs du ksar et une petite ville indigène a pris naissance comme par enchantement. Les caravanes commencent à arriver à Beni-Ounif où, grâce au chemin de fer, les indigènes peuvent arriver à se ravitailler avec beaucoup plus de facilités que par la voie de Fez.

Jonction de l'Algérie et du Soudan.

Un détachement dirigé par

le ct Laperrine, parti d'In-Zis, au sud du Touat, et un autre commandé

par le capitaine Théveniaut, parti de Tombouctou, se sont rencontrés le 16 avril au puits de Timiamoun, entre Teleya et Timisao, et à 120 kilomètres environ de ce dernier point. Le 19 avril, ces détachements se sont séparés, le ct Laperrine pour gagner le Touat par Hoggar, le capitaine Théveniaut pour rentrer à Tombouctou par un itinéraire nouveau.

Le chef d'escadron de cavalerie Laperrine est commandant militaire supérieur des oasis sahariennes. Quant au capitaine Théveniaut, il appartient à l'infanterie coloniale et est détaché à l'état-major particulier du Soudan.

La rencontre en plein Sahara des détachements partis de deux grandes colonies encore séparées par l'immensité du désert est un fait très important. Il aurait été accompli depuis longtemps sans les hésitations et les pusillanimités du gouvernement de la métropole, trop souvent effrayé par la possibilité d'une complication quelconque. Il est donc aujourd'hui démontré qu'une communiction régulière pourra être établie, quand on voudra, entre l'Algérie et le Soudan. Il suffira pour cela de l'établissement de quelques postes aux principaux points d'eau, passages obligatoires de tous ceux qui circulent au Sahara, et de quelques détachements légers de méharistes. Les Touareg, les seuls ennemis dangereux, sont aujourd'hui soumis ou tranquilles; ils ne sont donc plus à craindre. Il suffira d'ailleurs de les intéresser au maintien de la tranquillité pour assurer le passage des caravanes.

Une conséquence de la jonction de l'Algérie et du Soudan devra être le prompt établissement entre ces deux colonies d'un télégraphe. Ce télégraphe sera probablement sans fil, comme moins coûteux à établir et plus à l'abri des avaries. On aura alors, avec l'établissement du câble Brest-Dakar, les communications assurées entre les deux importants groupes coloniaux de l'Afrique du nord et de l'Afrique occidentale.

Soudan français: Chemin de fer et navigation 'du Niger. On annonce que les travaux de la ligne du chemin de fer de Kayes au Niger sont sur le point d'être terminés et que le tronçon de Kayes à Bamako pourra être inauguré dans les premiers jours de juillet 1904. Il faudra alors assurer la navigation sur le Niger.

La colonie du Sénégal va commander, dans ce but, des chaloupes automobiles, à fond plat, ayant 6m 50 de tirant d'eau, et qui remonteront, trois fois par mois, le Niger de Bamako au lac Dhébo et à Kabara (à quelques kilomètres de Tombouctou). Le parcours comporte 822 kilomètres, à raison de 150 à 160 kilomètres par jour; il nécessitera un voyage de cinq jours pour la descente et de sept jours pour la montée du fleuve.

Les chaloupes, à roues et à hélices, et munies de moteurs très puissants, seront chauffées soit avec du bois, soit au moyen d'alcool fabriqué sur les bords du Niger en distillant un ajonc herbacé, le « bourgou», qui donne un rendement de 5 litres d'excellent alcool pour 100 kilogs de bourgou.

Au début de l'exploitation de la ligne, cinq de ces nouvelles chaloupes seront mises en service,

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