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Algérie Reprise des chemins de fer. Les chemins de fer algériens, qui forment un ensemble modeste de 3.000 kilomètres, égal au plus petit des réseaux exploités en France, sont répartis entre cinq administrations. Les lignes de chaque réseau sont enchevêtrées dans celles des réseaux voisins au lieu de former un tout homogène, de sorte que la marchandise circulant d'une ligne à l'autre est grevée de frais accessoires élevés et soumise à des délais de transport considérables.

Le développement économique de l'Algérie exigerait l'exécution d'importants travaux complémentaires, que les compagnies n'ont pas intérêt à effectuer. La plupart de celles-ci sont rémunérées de leurs dépenses d'exploitation d'après un barème forfaitaire dressé de telle façon qu'elles n'ont pas avantage à accroître leur trafic.

L'Algérie, maîtresse de ses ressources financières depuis 1900, consacre tous ses efforts à l'extension de son outillage économique et à l'accroissement du peuplement français. Elle construit des routes, elle développe ses ports et les ouvrages hydrauliques, elle crée de nouveaux villages, elle agrandit les anciens centres; mais il est une chose qui lui est interdite: c'est d'améliorer le système de transport de ses produits. Il n'y a pas, à l'heure actuelle, d'œuvre plus utile ni plus pressante à accomplir que la refonte du régime des chemins de fer.

L'État ne voulant pas augmenter ses charges, et les compagnies menacées du rachat n'osant rien entreprendre, il fallait, pour sortir de cette situation difficile, déléguer au gouverneur général l'administration des chemins de fer, comme on lui avait déjà délégué il y a sept ans l'administration des routes, des ports et des ouvrages hydrauliques. Ce serait donner ainsi à la colonie la possibilité d'étudier, de préparer et de réaliser à ses frais l'unification des réseaux et des tarifs qu'elle sollicite vainement depuis si longtemps. C'est ce qu'a proposé le gouvernement par le projet de convention qu'il avait soumis à l'approbation du Parlement, C'est ce qu'a accepté la Chambre des députés. C'est ce que le Sénat a également voté sans modification (8 juillet). Le projet est donc devenu loi à l'heure actuelle.

Cette loi du 23 juillet 1904 (Officiel du 26) décide qu'à partir du 1er janvier 1905 le gouverneur général exercera les pouvoirs du ministre des travaux publics pour tout ce qui concerne la construction et l'exploitation des chemins de fer. Le réseau d'État restera exploité tel qu'il l'est actuellement. Les avances de l'État aux compagnies de chemins de fer seront remplacées par une subvention annuelle au budget de l'Algérie, fixée à 18 millions jusqu'en 1908. Elle décroitra ensuite graduellement jusqu'en 1946, époque où elle prendra fin. Lorsque les produits nets excéderont les charges, un partage de l'excédent aura lieu entre la métropole et la colonie.

Médaille coloniale et combats du Sud-Oranais. Un décret du 16 juillet 1904, en conférant la médaille coloniale pour les opérations du Sud-Oranais et au Sahara depuis 2 ans, récapitule en quelque sorte les combats livrés depuis cette époque. Nous en reproduisons ci-dessous le libellé.

Le droit à l'obtention de la médaille coloniale avec l'agrafe « Algérie » est acquis aux militaires et indigènes, aux fonctionnaires civils et aux goumiers qui ont pris part, d'une manière effective, aux opérations suivantes et qui, en outre, ont séjourné, à la même époque, pendant plus de deux mois dans la zone saharienne située au sud de la ligne Benoud-Duveyrier-Figuig : affaires des 31 mai (col de Zénaga) et 8 juin 1903 (bombardement de Zénaga (Figuig).

Le droit à l'obtention de la médaille coloniale avec l'agrafe « Sahara » est acquis aux militaires européens et indigènes, aux fonctionnaires civils et aux goumiers qui ont pris une part effective aux opérations suivantes :

1o Combat du 30 mars 1903, aux environs de Ksar-el-Azoudj;

2o Opérations effectuées dans la région du Béchar, sous la direction du colonel d'Eu (du 16 juin au 3 juillet 1903) et reconnaissance dirigée dans les ksours du Nord par le capitaine de Susbielle (du 21 juin au 3 juillet 1903); 3o Reconnaissance effectuée par le lieutenant Guillo-Lohan, des affaires indigènes (annexe d'In-Salah), au pays des Touareg-Hoggar (du 30 septembre au 17 décembre 1902);

4o Défense de Taghit (du 17 au 20 août 1903);

5o Combat de Hassi-R'Zell (Saoura), 16 juillet 1903;

6o Opération dirigée par le capitaine Regnault, du service des affaires indigènes, ehef de l'annexe de Beni-Abbès (du 21 au 27 juillet 1903) et combat de Noukhila (25 juillet 1903);

7o Combat d'El-Moungar (Sud-Oranais) (2 septembre 1903) (échelon commandé par le capitaine Vauchez, du 2e rég. étranger);

8° Combat de l'oued Cheggnet Souid (26 juillet 1903) et Hassi-El-Kheroua (27 juillet 1903) dans le Sud-Oranais.

Guinée française: Situation économique. D'après le rapport général de l'administration de la Guinée française pour 1902, rapport qui n'a le défaut que d'être publié un peu tardivement, les recettes de la colonie, évaluées à 3.430.000 fr., ont atteint 4.960.000 fr. C'est surtout à l'impôt de capitation qu'est due cette augmentation, car il a dépassé 2 millions 1/2 comme rendement.

Le commerce général, en 1902, a été de 25 millions de francs, contre 16 1/2 en 1901. En retranchant les importations destinées à la conduite d'eau et au chemin de fer, l'augmentation due uniquement au commerce local ressort à 5.560.000 fr. Le caoutchouc est toujours le produit le plus notable et sa qualité lui a fait dépasser le cours du para, considéré pourtant comme de première qualité. L'exportation des arachides, sésames et palmistes est aussi en grand progrès.

Les importations proviennent surtout de France (2.970.000 fr.) et d'Angleterre (2.437.000 fr.). L'Allemagne n'envoie en Guinée française que pour 330.000 fr., Sierra-Leone pour 222.000 fr., les États-Unis pour 206.000 fr., les autres colonies françaises pour 98.000 fr. Les exportations les plus notables sont dirigées vers l'Angleterre (5.170.000 fr.) qui reçoit surtout du

caoutchouc; l'Allemagne vient ensuite (2.885.000 fr.), puis la France (2.052.000 fr.), enfin Sierra-Leone (557.000 fr.) et les autres colonies françaises (152.000 fr.).

En 1902, on a élargi et prolongé la jetée de Konakry; on a construit une caserne et une prison, agrandi les ateliers de l'imprimerie, achevé l'hôpital Ballay, construit le boulevard maritime, etc. La route de Konakry au Niger, commencée en 1895, a été achevée et la colonie possède ainsi plus de 600 kilomètres de routes, faisant communiquer Konakry avec les principaux comptoirs du Niger, du Tankisso et du Milo. On a terminé aussi la conduite d'eau amenant à Konakry les eaux du Lamékouré. La première section du chemin de fer est également achevée.

Caoutchouc. L'exportation du caoutchouc a été un des produits les plus rémunérateurs et les plus réguliers de la Guinée française, variant de 829.000 kilos, en 1890, année la plus faible depuis 14 ans, à 1.467.000 k. en 1903, année la plus forte. De 1890 à 1896 l'exportation a oscillé autour de 1 million, plutôt en dessous qu'en dessus. Depuis 1897 elle est toujours restée au-dessus de ce chiffre. Les résultats des 4 dernières années ont d'ailleurs été les suivants : 1900, 1.464.000 k. (année la plus forte après 1903); 1901, 1.038.000 k.; 1902, 1.154.000 k.; 1903, 1.467.000 k. La statistique ajoute, qu'en 1903, sur 1.467 tonnes, 70 provenaient de la haute Côte d'Ivoire; mais elle ne fait pas connaître le chiffre non moins élevé de tonnes exportées par l'intérieur vers le Soudan.

Le caoutchouc de la Guinée atteignait, en 1900, le prix de 7 fr. 50 sur les marchés européens, avec déduction de 1/3 comme tare. Aujourd'hui le prix dépasse souvent 10 francs, sans déduction, grâce aux mesures énergiques prises par l'administration pour empêcher les fraudes des noirs qui introduisaient dans les boules de caoutchouc des matières étrangères. Sans ces mesures protectrices, la crise qui sévit sur le caoutchouc en 1901 aurait pu amener la ruine de ce commerce en Guinée. On assure que certaines régions du Fouta-Djallon contiennent 50 % de lianes à caoutchouc comme végétation; ce serait là une belle réserve pour l'avenir de la colonie.

Soumission des Coniaguis. Les Coniaguis, qui s'étaient révoltés contre les chefs indigènes que la France voulait leur imposer, et qui avaient massacré près d'Ytiou (16 avril 1902), le 1 Moncorgé et sa petite troupe forte de 26 tirailleurs, viennent de faire leur soumission.

En avril 1904, une colonne de répression dirigée par le c' Delsort, avait été envoyée contre les Coniaguis. Elle a eu un officier tué, le It Boureau, mais est arrivée le 9 avril à Ythiou. Tous les villages hostiles ont été détruits et des promenades militaires ont eu lieu aux alentours. Le 12, les Coniaguis, qui s'étaient réfugiés dans les bois, sont venus demander à se soumettre. Les conditions seront réglées par le poste de Youkounkoun.

Le vieux chef Allouthène a été tué dans le bois sacré d'Ythiou. 1.800 fusils ont été remis par les indigènes soumis.

Le pays des Coniaguis, limitrophe du Sénégal et de la Guinée, est un pla

teau de 1.200 kilomètres de superficie. Le sol est très fertile, mais les Conia guis, qui sont avant tout pasteurs, ne le cultivent que pour en avoir du mil. Le bétail est la principale richesse du pays. Les indigènes, qui appartiennent à la race mandé, sont bien constitués, vigoureux et braves. Très paresseux, le Coniagui est chasseur et se sert très adroitement d'un gros fusil à silex et surtout de son arc et de ses flèches. Hommes et femmes s'habillent d'une simple loque entre les jambes. Les villages qui se ressemblent tous, ont une forme rectangulaire. Les cases se suivent sur deux rangées parallèles ; elles sont petites et servent de logement à une seule personne. Les femmes occupent une rangée, les hommes l'autre, celle de l'extérieur. Ce riche pays, qui a fait l'objet de bien des convoitises, a toujours su résister aux envahisseurs.

Transvaal: Mort de Krüger. L'homme, qui en sa qualité de président de la République Sud-Africaine, fut le champion le plus irréductible de l'indépendance des Boers, Paul Krüger, est mort en exil à Clarens (Suisse), le 14 juillet dernier, à l'âge de 79 ans. On n'eût jamais dit, à voir ce corps lourd, cette face rude et renfermée, cette démarche pesante et embarrassée, qu'on se trouvait en présence d'un homme qui tiendra dans l'histoire une place élevée parmi les grands hommes d'État de notre époque. S'il avait l'aspect d'un paysan endimanché, il en avait aussi la finesse naturelle, la patience, l'énergie et la volonté ferme d'atteindre le but poursuivi. Il avait le tempérament d'un Romain de la période héroïque de l'ancienne Rome; il en avait aussi les qualités et les vertus. Soutenu par sa foi invincible en la Providence, un patriotisme au-dessus de toutes les défaillances, il fut l'incarnation même de la politique des Boers depuis un demi-siècle; aussi sa vie est-elle en quelque sorte l'histoire même du peuple qui le plaça à sa tête.

Né dans le district de Colesberg (territoire du Cap), le 10 octobre 1825, Paul Krüger mena, dans son enfance, la rude existence de tous les jeunes Boers. Il n'avait pas 10 ans lorsqu'il prit part, avec tous les siens, au grand trek qui amena sur les bords de l'Orange et du Vaal les descendants des colons hollandais qui ne pouvaient subir la domination anglaise substituée à celle de la Hollande depuis les traités de 1815. Il prit une part active à toutes les luttes des Boers contre les indigènes qui accompagnèrent l'établissement des deux républiques de l'Orange et du Transvaal. L'indépendance de cette dernière ayant été escamotée par les Anglais en 1877, Krüger fut un de ceux qui jouèrent un rôle prépondérant dans le rétablissement de la république du Transvaal, opéré après la défaite des Anglais à Majuba (1881).

Élu président en 1882 et sans cesse réélu depuis, il entrevit longtemps à l'avance la lutte ardente que l'Angleterre se préparait à soutenir contre un pays qui avait le tort de renfermer de puissantes mines d'or. Il s'y prépara aussi, et, le moment venu, se lança hardiment dans la mêlée, qu'il eût été plus politique cependant d'éviter. On sait le reste. Après la prise de Prétoria par les Anglais, Krüger s'embarqua pour l'Europe qu'il espérait intéresser à sa cause. Accueilli triomphalement en France, il fut arrêté net dans ses XXIX (Août 1904.) N° 308.

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démarches par le refus de Guillaume II de le recevoir. Depuis lors il résidait à Hilversum en Hollande et passait l'hiver à Menton.

La presse anglaise, qui l'avait vilipendé pendant la guerre et traité comme un aventurier sans foi ni loi, ne lui ménageant pas les épithètes les plus malveillantes, a réparé ses torts, en rendant enfin à sa mémoire un hommage qu'il n'avait jamais cessé de mériter pendant toute sa vie.

Les derniers prisonniers boers. Deux années sont écoulées depuis que la paix est rétablie au Transvaal et il y a encore des Boers qui n'ont pu revoir leur patrie. Le gros des prisonniers de guerre et des internés boers aux Indes, à Ceylan, à Ste-Hélène, aux Bermudes, fut rapatrié lentement. Mais les Anglais exigeant de tous ces détenus la prestation du serment de fidélité avant de les rapatrier, un certain nombre se refusa à le prêter. C'est ainsi qu'un an après la paix. il y avait encore aux Indes 6 à 700 prisonniers boers qui refusaient obstinément le serment. L'Angleterre, fort embarrassée de ces bouches inutiles, se décida, à bout d'arguments, à leur envoyer quelques-uns de leurs anciens généraux pour les amener à composition. Ceux-ci parvinrent, mais non sans peine, à les convaincre qu'ils feraient œuvre plus utile, pour leur race, dans l'Afrique du Sud que dans un camp anglais, et les déterminèrent à prêter serment. Ils furent donc rapatriés à la fin de 1903.

On croyait que c'était tout erreur! Il en restait encore 7. Ces 7 irréductibles étaient internés depuis la guerre dans les îles Bermudes. Malgré tous les efforts tentés par le gouvernement anglais, ils refusaient de prêter le serment d'allégeance au roi d'Angleterre. L'hiver dernier, on leur dépêcha le général Pretorius, pour leur montrer que leur intérêt était de céder, qu'ils restaient les seuls à refuser le serment. Le général échoua dans sa mission. Le gouvernement britannique prit une mesure radicale. Les 7 Boers furent expulsés de leur cantonnement. Sans abri, ils campèrent dans la principale rue d'Hamilton, la capitale de l'ile. Mais la police menaçant de les arrêter comme vagabonds, ils se résignèrent à prêter le serment qu'on leur demandait. Quelques jours plus tard, on les embarquait pour l'Europe! Ils sont arrivés à Liverpool pour prendre passage sur le premier paquebot en partance pour l'Afrique du Sud.

Soudan égyptien : Le rapport de lord Cromer. Le récent rapport de lord Cromer sur le Soudan égyptien mérite d'être analysé. Il constate tout d'abord que, d'après sir R. Wingate, la population du Soudan égyptien, qui était de 8.825.000 habitants avant la révolte mahdiste, est tombée aujourd'hui à 1.870.000 habitants. 3.451.000 seraient morts de maladie et 3.203.000 à la guerre, ce qui fait au total une perte de 75 0/0 en 24 ans. Certaines régions, comme celles des rivières Rahad et Dinder, où l'on avait dénombré 800 villages en 1882, n'ont plus un seul habitant. Plusieurs tribus ont été complètement exterminées par les Baggara du mahdi. Lord Cromer voudrait donc repeupler le Soudan, non pas avec des nègres des États-Unis comme l'a proposé l'Américain Leigh Hunt, mais par un déplacement du surplus de la popu

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