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EXPLORATEURS ET VOYAGEURS

AFRIQUE

Le major anglais Powell-Cotton a fait, à la Société de Géographie de Londres, le récit du beau voyage qu'il a accompli de Mombasa au Nil. Parti de Mombasa le 22 février 1902, il prit d'abord le chemin de fer de l'Ouganda jusqu'à Stony-Athi. Puis il se rendit, par Mbirri ou Fort Hall, au mont Kenia où il arriva à l'altitude de 2.865 m. Traversant ensuite le désert de Laikipia, il arriva au lac Baringo. Les monts Marmanet forment la crète de partage entre les affluents du Gouaso Nyoro et le bassin du lac Baringo. Les eaux de ce lac sont très claires. Le lac possède un groupe d'iles qui renferment des eaux thermales sulfureuses. Des bandes d'éléphants fréquentent ces parages, ainsi que de nombreux crocodiles. Le niveau du lac baisse sans cesse.

M. Powell-Cotton traversa le plateau de Gouachengechou pour atteindre le mont Sirgoit. Il visita les ruines de constructions circulaires de 30 à 45 mètres de diamètre faites en roches non taillées signalées déjà Far M. Hollis. Sur les flancs du mont Elgon, le voyageur vit des grottes habitées par des indigènes Wongabouney. Ces demeures souterraines ont un aspect très irrégulier: les roches les plus dures sont restées dans leur état primitif; seules les pierres plus tendres ont été taillées. Ces cavernes ont été construites de main d'homme, mais non par les indigènes actuels qui sont absolument incapables de produire un pareil travail.

L'expédition traversa ensuite la rivière Kiboko, qui n'est jamais à sec. Entre cette rivière et le mont Debasien s'élèvent des montagnes coniques dont une possède au sommet un curieux monolithe. Le lac Kagate, signalé sur certaines cartes, n'a pas été trouvé.

Au pied du mont Moroto, dans la vallée de la Lea, la mission rencontra les Tepeth, qui habitent les sommets des montagnes. M. PowellCotton a recherché en vain les sources de la Tarach à l'est du Mourosaka; il a constaté que les eaux du pays vont à la Tourqwel.

La Tarach fut trouvée à l'ouest de la montagne en question. Elle était à sec et les indigènes affirment qu'à 4 jours de là, cette rivière se perd dans le marécage Loarding, dont le trop-plein se déverse dans une rivière qui va elle-même au lac Rodolphe. Le premier affluent du Nil

rencontré par M. Powell-Cotton fut le Kedef ou Kedepo, large de 60 à 180 m., mais qui était asséché. Le Nil fut atteint par la mission à son confluent avec l'Assoua. Passant à Nimoulé, le major remonta le Nil jusqu'à Ouadelaï, se rendit à la station belge de Mahagi, située à 5 lieues du lac Albert et dont il constata la situation florissante, revint à Ouadelaï, descendit le bateau à Nimoulé, puis continua à pied, par une marche des plus pénibles, jusqu'à Gondokoro, d'où un steamer du gouvernement soudanais le conduisit à Khartoum. Là se termina cette exploration qui avait duré 20 mois.

RÉGIONS POLAIRES

L'expédition antarctique écossaise de la « Scotia », commandée par M. Bruce, est rentrée en Écosse le 21 juillet dernier, après une absence de 2 ans.

L'expédition avait quitté les îles Falkland le 26 janvier 1903 et avait, durant la fin de l'été austral, exécuté une croisière océanographique dans la mer de Weddell, entre le 60° et le 70° de lat. S.

Le 26 mars, elle revenait hiverner aux Orcades du Sud et n'en pouvait repartir que le 23 novembre. La « Scotia » alla alors se ravitailler à Buenos-Ayres et reprit, au début de 1904, la route du pôle Antarctique. Cette campagne fut consacrée à une nouvelle exploration dans la mer de Weddell et le navire put pénétrer jusqu'au 74° 1' lat. S., par 22o long. O. Gr. Après avoir été bloquée en cet endroit durant une semaine, l'expédition suivit, sur une distance de 100 milles, une barrière de glace que M. Bruce pense être la côte du continent antarctique, lequel, dans cette région, serait à 600 milles au nord de la position. qu'on lui attribuait. Après avoir traversé la fosse de Ross, les Écossais se dirigèrent vers l'ile Gough, au nord; ils y débarquèrent, puis gagnèrent le Cap de Bonne-Espérance et enfin l'Europe.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES ET COLONIALES

AFRIQUE

Maroc Commerce et navigation de Tanger en 1902. De tous les ports du Maroc, peu nombreux d'ailleurs, ouverts au commerce européen, celui de Tanger est le principal. Il peut donc être considéré comme l'indicateur général du mouvement commercial entre l'Europe et l'empire du Maghreb.

Le commerce général du port de Tanger, a été, en 1902, de 9.272.000 fr. aux importations et de 8 214.000 fr. aux exportations. Les importations proviennent surtout de France (3.826.000 fr.), Grande-Bretagne (2.599.000 fr.), Allemagne (1.019.000 fr.), Espagne (735.000 fr.) et Autriche-Hongrie (721.000 fr.) Les exportations sont dirigées notamment sur l'Espagne (4.291.000 fr.), la Grande-Bretagne (1.726.000 fr.), l'Egypte (1.303.000 fr.), la France (642.000 fr.) etc. Le mouvement général du port de Tanger est passé de 16.144.000 fr. en 1900 à 17.187.000 fr. en 1902.

Le total des échanges avec la France a presque doublé en 2 ans. L'augmentation de nos ventes à Tanger a porté surtout sur la soie, les tissus de soie, de laine et de coton, les vins, les carreaux de ciment, les farines, les verres à vitres, le papier, le tabac, etc. Par contre, nos sucres sont délaissés de plus en plus au profit de ceux de l'Autriche. Il est à remarquer que nos ventes sont au Maroc, 6 fois égales à nos achats.

Pour l'Espagne, nous constatons, au contraire, que ses ventes sont presque 6 fois inférieures à ses achats à Tanger. L'Espagne tire du Maroc des produits alimentaires (boeufs, volailles, œufs) et y écoule des vins, des fruits, de l'huile d'olive, des carreaux en ciment, des meubles, etc. Le 3e rang, dans le trafic de Tanger, appartient à l'Angleterre qui y occupait autrefois la première place. On y note pour 1902 une diminution de 1.253.000 fr., supportée exclusivement par ses tissus de coton. L'Autriche-Hongrie vient ensuite et progresse sans arrêt, avec ses importations de sucre, de tabac, de bois, de tissus, etc. L'Italie, la Belgique et les Pays-Bas sont en progrès, mais avec des chiffres encore faibles.

La grande quantité de carreaux de ciment et de verres à vitres introduits à Tanger en 1902 a pour cause le développement des constructions dans cette ville, dû à l'initiative européenne. Ces travaux, dirigés autrefois par des ar chitectes espagnols et anglais, ont été, en 1902, confiés en grande majorité à des Français.

Le mouvement de la navigation du port de Tanger, en 1902, a été, tant å l'entrée qu'à la sortie, de 2.546 navires jaugeant 1.019.000 tonnes. Le pavillon anglais tient la tête du mouvement avec 311.708 t. et 634 navires. Mais le pavillon espagnol est représenté par un nombre beaucoup plus grand de navires (1.378), bien que son tonnage n'occupe que le second rang (307.8881.1. Le pavillon français est 3 avec 238 navires et 164.884 t., puis vient le pavillon allemand (148 navires et 148.006 t.). Les autres pavillons se classent

ainsi autrichiens (45.522 t.), hollandais, italien, norvégien, danois, portugais, suédois.

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La Francese trouve doncen assez bonne posture dans le trafic par mer avec le Maroc, elle doit tendre aujourd'hui à y occuper une place prépondérante. Soudan français: Occupation d'Araouan. Le général Perreaux, commandant supérieur des troupes de l'Afrique occidentale française, est arrivé à Tombouctou le 19 août, en tournée d'inspection. Il s'est rendu compte que la situation politique du 1er territoire militaire était très satisfaisante et permettait une nouvelle répartition des troupes. Beaucoup de petits postes ont été supprimés pour ne conserver que les trois centres principaux du territoire Tombouctou, Gao et Dori, qui verront leurs garnisons de tirailleurs sénégalais fortement renforcés.

Le général Perreaux s'est beaucoup occupé, dit le Temps, de la question de jonction de l'Algérie et du Soudan, à l'ordre du jour depuis la rencontre du 17 avril, au puits de Timiaouine, du c1 Lapérine, parti d'In-Salah, et du capitaine Théveniaut, parti de Tombouctou. Il a donc décidé l'occupation pacifique d'Arouan, point très important du Sahara occidental, situé à environ 280 kilomètres au nord de Tombouctou: 70 hommes y tiendront garnison dès les premiers jours d'octobre.

Araouan est le lieu de passage forcé des caravanes qui se dirigent sur Tombouctou, qu'elles viennent de l'Oued-Noun ou du Tendouf, de l'Oued-Draa, du Tafilet ou de Rhadamès. Chaque année, Araouan, dont le voyageur Lenz a trouvé le climat extrêmement pénible, mais qui est le point d'eau le plus riche du Sahara, voit passer des milliers de chameaux, dont la plus grande partie vient des salines de Taodéni. Les Bérabichs, qui ont le monopole du transport du sel de l'« Azalaï » à Tombouctou, se plaignent d'avoir, outre les droits de douane à Arouan, à payer cette année des redevances à des émissaires de Bou-Amama, le fameux agitateur marocain, envoyés à Taodéni pour percevoir un nouvel impôt sur le sel. L'occupation pacifique d'Araouan, peutêtre quelques tournées de police débarrasseront la région de ces exactions et assureront la sécurité des caravanes si nombreuses qui circulent entre Tombouctou et l'Afrique du Nord.

L'occupation de Teleyet, dans les mêmes conditions, ne saurait tarder.

Le commandant supérieur détient le record de la vitesse pour le voyage de Saint-Louis à Tombouctou. Parti de Saint-Louis au moment des hautes eaux, il ne lui a pas fallu plus de 4 jours pour arriver à Kayes; 2 jours de chemin de fer menaient à Kati et à Bammako, qui ne sont qu'à un jour de Koulikoro. Enfin, il a pu venir en 6 jours en chalands de Koulikoro à Tombouctou.

On voit donc qu'à la saison des hautes eaux on peut, en estimant à 8 jours la traversée de Bordeaux à Dakar ou Saint-Louis, se rendre de France à Tombouctou en 21 jours! Le voyage sera encore abrégé quand le chemin de fer sera au point terminus, Koulikoro, dont la gare pourra être ouverte en décembre.

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Togo Population. D'après un recensement fait au Togo le 1er janvier dernier, la colonie allemande a une population de 189 blancs, parmi lesquels 179 Allemands, 1 Suisse, 3 Anglais, 3 Américains. Il y a 62 employés du gouvernement, 32 prêtres et missionnaires, 6 planteurs et fermiers, 3 techniciens et ingénieurs, 13 ouvriers manuels, 44 marchands et négociants.

La population totale indigène n'a pu être évaluée qu'approximativement, le recensement n'ayant été fait que dans deux districts: 3.942 indigènes ont été recensés à Lome, 85.070 dans le district de Misahöhe et 39.320 dans le district de Kete-Kratschi. Mais ces chiffres constituent des minima, beaucoup d'indigènes ayant réussi à se soustraire au recensement. La population indigène peut être évaluée comme suit: District Lome, 34.000 à 38.000; KleinPopo, 56.000; Atakpame, 93.000; Sokode, 360.000; Mangu, 300.000; et 11/2 million pour toute la colonie.

Il n'existe encore que peu de chemins

Chemins de fer en Nigéria. de fer dans les protectorats du Niger. La ligne ferrée qui relie Zungeru, le siège du gouvernement, à Bari Juko, le point où la Kaduna devient impraticable, n'est à vrai dire qu'un tramway à voie étroite. Elle est en exploitation depuis 1902 et sa longueur est d'environ 20 kilomètres; il est question de la prolonger jusqu'à Baro, sur le Niger, à quelques milles en aval d'Egga. La construction de ce tronçon offrirait un réel avantage pour la rapidité et la facilité des communications, car les navires calant de 6 à 7 pieds peuvent remonter de la côte jusqu'à Baro, point accessible de la mi-août à la mi-octobre aux vapeurs d'un tirant d'eau de 10 pieds.

Le gouvernement s'est également préoccupé du prolongement de la ligne de Zungeru jusqu'à Zaria et Kano, distants respectivement de 82 et de 153 milles. Les études préliminaires de ces nouveaux tracés ont déjà été faites.

En ce qui concerne le chemin de fer de Lagos-Ibadan, il est probable qu'il sera poussé jusqu'au Niger (150 milles); le secrétaire d'État a approuvé le projet de prolonger le tronçon actuel jusqu'à Oshogbo (protectorat de Lagos) et éventuellement jusqu'à Ilorin, d'où il pourrait plus tard rejoindre le Niger en un point qui reste encore à déterminer.

Il a été question d'étendre la ligne de Lagos-Niger, via Ibadan, jusqu'à Zaria, ce qui nécessiterait la construction d'un pont sur le fleuve; en prenant comme base le prix de 6.000 livres sterling par mille, prix établi suivant les dernières estimations, la nouvelle ligne entraînerait une dépense de 3 millions de livres sterling environ, non compris le coût du pont. L'avenir dira s'il y a lieu ou non de prolonger ce chemin de fer jusqu'à Kano et Katsena.

Quant aux profits que l'on pourra retirer de cette ligne, ils sont très problématiques, car il est fort douteux que l'indigène renonce à la voie fluviale du Niger pour emprunter la voie ferrée, même si le gouvernement devait abaisser considérablement le taux de ses prix de transport. Il semble, du

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