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le consul: la police est faite par quatre agents et un sergent, tous cinq indigènes, sous le contrôle direct du consul. De l'avis des personnes les plus autorisées, elle est excellemment située pour prendre un grand développement industriel et commercial.

En résumé, les abords de la cité chinoise de Tientsin sont complètement bloqués par l'existence de ces concessions.

Les Chinois n'ont plus un pouce de rivière ni de quai, depuis l'extré mité de la concession allemande jusqu'à la limite des concessions japo naise et autrichienne.

COMMERCE ÉTRANGER

Importation. Le commerce d'importation a souffert, par suite de la crise financière, de l'escompte élevé sur les effets émis par les banques indigènes et également à cause de l'instabilité du cours de l'argent. Les stocks demeurant entre les mains des marchands étrangers, à la fin de l'année, étaient assez importants. Les marchands chinois, particulièrement ceux s'occupant du commerce de piece goods (cotonnades ont adopté le système de vendre contre argent comptant, au lieu de recevoir en payement, comme d'habitude, des effets émis par les banques indigènes. Les importateurs étrangers ont essayé de faire de même, mais sans succès jusqu'à présent. Les prix demandés sur le marché indigène se sont bien maintenus et ont augmenté en même temps que le cours du change tombait.

Les principaux articles dont l'importation s'est accrue dans les plus notables proportions sont :

American drills.

American sheetings.

English grey shirtings.

Mouchoirs.

Indian cotton yarn

1901

1902

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Ce dernier article permit aux marchands chinois de réaliser d'importants profits se chiffrant à près de 20 0/0.

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Exportation. Les résultats de l'année 1902 doivent avoir paru satisfaisants aux marchands chinois et étrangers. La plupart des articles sont en augmentation, en comparaison des deux années antérieures.

D'importants achats furent faits à l'intérieur et cela à grands risques, à cause de l'instabilité du marché monétaire indigène; mais les prix payés compensèrent ces risques, de même que le médiocre cours du change. Un signe excellent consistait en ce que la marchandise à peine arrivée était enlevée aussitôt, de sorte qu'à la fin de l'année la place fut à peu près vide de marchandises d'exportation.

L'article qui montre l'avance la plus remarquable est la peau de chèvre non tannée dont on a exporté 2.714.445 pièces, soit plus du double de l'année antérieure.

Ensuite vient la laine de mouton, dont on a exporté 165.232 piculs, d'une valeur de 2.180.877 haïkwan taels.

Presque tous les principaux articles d'exportation sont dirigés vers les États-Unis d'Amérique. C'est le cas pour les peaux de chèvre, la laine de mouton et la laine de chameau.

NAVIGATION

Voici un tableau indiquant le mouvement de la navigation dans le port de Tientsin, pendant les dix dernières années :

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Nombre de passagers pour Tientsin: 3.151 étrangers et 29.148 in

digènes; de Tientsin: 3.732 étrangers et 37.796 indigènes.

H. KETELS,

consul de Belgique à Tientsin.

XXIX (Décembre 1904.) N° 312.

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LES CHARGES A LA BAIONNETTE EN MANDCHOURIE

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Les événements militaires qui se passent actuellement en ExtrêmeOrient nous permettent déjà d'en tirer l'enseignement suivant : la charge à la bafonnette, qui avait été presque déclarée en faillite au moment de l'adoption des armes à répétition, est aujourd'hui réhabilitée. Tous ceux qui ont écrit sur cette fameuse guerre de l'avenir qui n'est autre que celle actuelle des ouvrages, les uns sérieux, les autres plutôt romanesques, n'ont pas manqué de dire que la charge à la baïonnette avait vécu. Dans nos écoles militaires, dans les conférences régimentaires, on ne cessait de répéter que désormais le feu était tout, et la baïonnette presque rien. « Voyez, disait-on à tout propos, la charge de la garde prussienne à Saint-Privat, qui a perdu 6.000 hommes en dix minutes en voulant prendre d'assaut les hauteurs occupées à l'aile droite par nos troupes ! Vous voyez bien qu'il est impossible d'enlever une position défendue par des troupes armées de fusils à tir rapide! »

Quelques-uns admettaient même qu'à la rigueur une troupe pourrait déterminer la retraite de son adversaire ébranlé, par la menace d'une charge à la baïonnette, mais qu'en tout cas il n'y aurait pas de combat corps à corps. A leur avis c'en était fait des mêlées héroïques d'antan. Ils admettaient encore qu'à la faveur de l'obscurité, ou protégée jusqu'au dernier moment par les accidents du sol, une troupe pourrait peut-être dessiner une charge à la baïonnette, mais rien de plus.

La baïonnette, la reine des armes, comme on l'appelait autrefois, était tellement tombée dans le discrédit qu'en 1886, lorsque l'on commença la fabrication de notre fusil actuel de 8 millimètres, le fusil Lebel, il fut fortement question de supprimer la baïonnette. « A quoi bon alourdir encore le fantassin en lui donnant cette arme inutile?» disait-on. Pourtant la baïonnette fut maintenue, non pas dans un but tactique. mais plutôt dans un but décoratif pour que notre troupier pût se promener en ville avec une arme au côté. Les exercices d'escrime à la balonnette furent eux-mêmes relégués au dernier plan, et furent maintenas seulement comme exercices d'assouplissement.

Malgré tout, notre nouveau règlement, tenant compte du temperament français, considère que l'unique façon d'attaquer reste celle par le

choc, à la baïonnette; c'est le souvenir du mot de Souvarov : « La baïonnette est sage, la balle est folle! » Notre nouvelle école de compagnie s'exprime ainsi : « L'attaque a lieu après que le feu a produit son effet, sous la forme d'un assaut énergique dirigé sur une portion déterminée de la ligne adverse. » La vérité c'est qu'il faut rester dans un juste milieu : ne laisser un rôle exclusif, ni à la baïonnette, ni au feu. Tous deux doivent s'entr'aider pour amener la décision. La charge à la baïonnette sera d'autant plus efficace qu'elle aura été mieux préparée par le feu. Par conséquent, les nouvelles armes à feu de petit calibre, loin d'annihiler le rôle de la baïonnette, le rehaussent plus haut que jamais. Le combat par le feu est le procédé préparatoire, la charge à la baïonnette est l'exécution.

Mais, nous objectera t-on, c'est précisément parce que le défenseur est armé également d'un fusil aussi meurtrier que vous, assaillant, serez dans l'impossibilité de franchir la zone de mort qui vous sépare de lui. A cela nous répondrons que l'assaillant, s'il sait habilement tirer parti des abris du sol, pourra cheminer jusqu'à une distance très rapprochée de l'ennemi, et se jeter ensuite d'un seul bond sur lui. C'est ainsi qu'a procédé, le 31 mai 1859, à Palestro, le 3e zouaves. Les Autrichiens furent repoussés au centre et à droite, tandis que leur gauche se vit subitement chargée par le 3o zouaves qui, se dissimulant à travers les blés et passant à gué une petite rivière s'élança sur l'ennemi à la baïonnette, le prit à revers et le culbuta dans le canal et dans la rivière. Cet exemple nous prouve qu'il n'y a rien de nouveau; le blé joua alors le même rôle qu'aujourd'hui le gaolian en Mandchourie. C'est aux officiers, nous le répétons, à savoir profiter de tous les abris du sol pour amener leurs soldats à courte distance de l'adversaire. Il va sans dire que, malgré cela, les pertes seront toujours très élevées, mais comme dit le proverbe on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs.

D'ailleurs, la preuve que les charges à la baïonnette sont toujours possibles, c'est qu'il y en a eu dans presque tous les combats qui ont été livrés jusqu'à présent en Extrême-Orient. Chaque fois que des soldats ayant le mépris le plus complet de la mort se trouveront face à face il y aura charge à la baïonnette, et choc réel.

A l'appui de cette assertion, nous citerons l'opinion du général Dragomiroff qui vient d'écrire ce qui suit dans un des meilleurs organes militaires de la Russie, le Razviedtchik:

« Aujourd'hui, l'accroissement de portée des canons et des fusils a augmenté les distances auxquelles commence le combat: jusqu'à présent, dans toutes leurs opérations offensives, les Japonais se sont toujours élancés en avant avec rage; ce fait démontre suffisamment que la décision ne peut être amenée qu'aux distances rapprochées. Je ne parle pas de notre soldat, qui a toujours cherché et cherchera toujours à se rapprocher de son adversaire pour combattre à la baïonnette. Les derniers combats livrés sous Liao-Yang ont répondu pour nous, d'une manière catégorique, à tous ceux qui sont partisans du feu et adversaires irréconciliables de la baïonnette. Si je ne me trompe, des combats à la baïonnette ont été livrés sur toute la ligne. C'est la meilleure preuve que, lorsque des adversaires également courageux se rencontrent. la décision est rarement amenée sans la baïonnette. D'aucuns me reprochent d'avoir la manie de la baïonnette et d'être exclusif en la matière; ils se trompent. Ni Souvarov ni moi n'avons repoussé le feu, nous lui avons seulement donné la place qui lui appartient. En d'autres termes, nous avons affirmé que le feu n'est qu'un moyen préparatoire, mais que la baïonnette seule amène la décision. Autrement dit, le fea et la baïonnette se complètent l'un l'autre. >>

Nous partageons absolument l'opinion émise par le célèbre général russe. Les détracteurs de la charge à la baïonnette nous citeront peutêtre l'exemple de la charge à la baïonnette désormais légendaire fournie par le 11e régiment de tirailleurs de la Sibérie orientale, le 1er mai, au combat de Turentchen. Ce fut la charge classique : les bataillons s'avançaient, la baïonnette en avant, aux accents entraînants de la musique. On nous dira:

« Vous voyez bien que la charge à la baïonnette est désormais impossible; les Russes en ont fait l'expérience à leurs dépens.

A cela nous répondrons encore que cette charge, bien qu'il n'y a pas eu choc puisque les Japonais ne l'attendirent pas — n'a pas éù inutile. Elle a permis aux troupes de Zasoulitch de se replier, et a enpêché la retraite des Russes de dégénérer en déroute. Le 11 tirailleurs s'est sacrifié, et, sans sa charge, le corps de Zasoulitch aurait ér anéanti.

Dans le cas que nous venons de citer, il n'y a pas eu de mêlée, mais la liste des combats où il y a eu combat corps à corps est déjà longue

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