anciennes, consacré par l'investiture qu'il tiendra de notre pouvoir supérieur, est appelé à présider à l'exécution des détails de la vie politique et administrative; il s'habituera peu à peu à ce rôle, sous une direction vigilante et empressée à lui montrer, à chaque occasion, la voie à suivre ». Ces autorités indigènes seront rendues responsables de la sécurité des personnes et des biens, de la police générale, de l'administration de la justice, des impôts, des travaux d'intérêt local, etc. Le contrôle s'exercera au moyen de postes administratifs, qui seront, en réalité, les postes militaires maintenus dans la région. Les officiers chargés de commander ces postes devront contrôler « discrètement, mais sans relâche, les actes des gouverneurs, chefs de canton, chefs de village ». Ce système, qui a donné déjà de bons résultats, parait devoir être généralisé.

Chemin de fer (XXIX, 440). Les prévisions du gouverneur général pour la construction du chemin de fer se réalisent entièrement. Ainsi qu'il avait été prévu, la section de Brickaville à Famovana a eté inaugurée le 1er novembre par le général Gallieni. Cette section, qui mesure 103 kilomètres, a présenté les plus grandes difficultés d'exécution. Le succès de ces travaux assure pleinement celui de l'œuvre tout entière, qui n'aura pas à surmonter les mêmes obstacles. Dans le courant de l'été dernier on comptait plus de 12000 ouvriers sur les chantiers.

Les crédits qui ont été affectés par décret du 11 octobre à l'entreprise règlent la continuation des travaux. Ces crédits sont de 31.500.000 fr. pour la 1re section, de Brickaville à Ambavaniasy, 4.250.000 pour la 2e section allant jusqu'à Analamazaotra et 6.250.000 pour la 3e qui atteint le Mangoro. Le total des crédits ainsi répartis atteint donc 45 millions.

ASIE

Turquie d'Asie Chemin de fer de Bagdad. :

La première section de 200 kilomètres du chemin de fer de Bagdad a été livrée à l'exploitation le 25 octobre 1904. La ligne de Bagdad, commence à Konia, point terminus actuel de la ligne d'Anatolie qui, partant d'Haïdar Pacha, vis-à-vis de Constantinople, passe par Eskicheir et arrive à Konia après avoir parcouru 717 kilomètres.

Les stations de la nouvelle ligne de Bagdad sont les suivantes avec leur position kilométrique à partir de Konia: Kachin Han (2,4), Tchoumra (44,5), Arik Euren (62,2), Mandassoun (81,1), Karaman (102,9), Sidrova (119,7), Aïrandji Derbend (148,7), Aladja (172,9), Erégli (190,1), Boulgourlou (200).

Cette première section de la ligne de Bagdad n'a qu'un intérêt très secondaire, étant donnée le peu d'importance des localités desservies. On ne voit pas pour l'instant qu'il soit possible de trouver en Turquie les ressources nécessaires pour assurer la continuation de cette grande entreprise.

D'autre part, étant donné le caractère nettement allemand donné à cette affaire non seulement en Turquie, mais aussi en Europe, ainsi qu'on a pu

le voir par la lettre de félicitation adressée par l'empereur d'Allemagne au Dr Gwinner, président du conseil d'administration du chemin de fer de Bagdad, à l'occasion de l'inauguration de la première section de ce chemin de fer, il est probable que l'on ne trouvera plus en France de facilités financières pour cette entreprise. Les Allemands auront construit 200 kilomètres de chemins de fer de plus en Turquie d'Asie, et c'est à cela que se trouvera limitée la vaste entreprise du chemin de fer de Bagdad, que les Allemands se sont tant félicités d'avoir obtenue de leur grand ami le Sultan.

Turkestan: Chemin de fer d'Orenbourg à Tachkent (XXIX, 121). — Les travaux de cette grande ligne, qui reliera directement le Turkestan au réseau ferré de la Russie, sont aujourd'hui achevés. La pose de la voie a été terminée le 27 septembre 1904 et le général Teviachev, gouverneur du Turkestan, est parti directement par cette ligne, le 2 octobre, d'Orenbourg pour Tachkent, qu'il a atteint sans changer de train. La ligne principale a une longueur de 1.689 verstes (1.800 kilomètres) (1). Un raccordement de 4 kilomètres existe sur Orenbourg et il y a en outre 2 petits embranchements de 4 à 5 kilomètres rattachant la ligne aux mines de sel d'lletsk et au Syr Daria.

La traversée d'une vaste steppe au sud du lac Tchelcar, où le vent soulève des tourbillons de sable, rendra l'alimentation en eau assez difficile et entraînera à d'importants travaux pour l'adduction de l'eau nécessaire à l'exploitation. La construction de la ligne a été faite de manière à permettre dans la suite la circulation journalière de 12 paires de trains. L'achèvement de cette importante voie ferrée, qui permettra à la Russie d'amener directement ses troupes du cœur de l'empire jusque sur les frontières de l'Afghanistan, aura un grand retentissement dans l'Asie centrale.

Chine La main-d'œuvre. On sait quel développement a pris la main-d'œuvre chinoise dont les mines d'or du Transvaal sont en train de sc munir abondamment. M. E. Parker, qui s'est livré à une enquête minutieuse sur la main-d'œuvre chinoise, tant en Chine qu'à l'étranger, a constaté que, dans l'intérieur du Céleste-Empire, un salaire de 3 deniers par jour suffit à la nourriture d'un coolie. Il a trouvé couramment des commis à raison de 1 et 2 livres sterling par mois. Dans les ports à traités, les salaires sont plus élevés, tout en restant très bas. Les coolies chinois émigrent surtout vers les pays producteurs de riz (Birmanie, Siam, Péninsule malaise), où les salaires sont de 10 à 20 dollars mexicains par mois (2). Dans les régions les moins favorables, le coolie vit avec 3 deniers par jour (0 fr. 60) et trouve moyen d'économiser 20 livres par an, qu'il emporte avec lui sous forme de dollars argent serrés dans une ceinture. 30.000 émigrants rentrent tous les ans en Chine, apportant ainsi environ £ 600.000 dans l'Empire du

(1) Voir Rev. Fr., déc. 1901, la carte du tracé du chemin de fer.
(2) Le dollar mexicain vaut actuellement environ 2 fr. 50 de monnaie réelle.

milieu. M. Parker admire les Chinois qui travaillent dans les mines d'or de Ballarat et dans les mines d'étain de Perak et de Birmanie. Lorsque les engagements pris envers eux sont bien tenus et que les Chinois sont bien traités, ces derniers sont dociles et la grève n'est pas à craindre. Les désordres ne viennent à se produire que lorsque les règlements ne veulent pas tenir compte des préjugés religieux et sociaux de ces Asiatiques. En Chine, le taux de l'intérêt est très élevé et la terre à bon marché. Pour 20 livres, un Chinois peut louer ou acheter un terrain suffisant à assurer son existence entière. Pour quelques francs, il peut acheter une femme. Il n'est pas rare de voir ses commis gagnant 1 livre par mois consacrer les économies de leur premier mois à l'acquisition d'une compagne. Les coolies préfèrent le travail à la surface, mais des centaines de Chinois acceptent volontiers d'être occupés dans les mines d'or du Tonkin et de l'Annam.

OCÉANIE, AMÉRIQUE ET DIVERS

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Le commerce général

Nouvelle-Calédonie : Commerce en 1903. de la Nouvelle-Calédonie s'est élevé, en 1903, à 22.635.000 fr. (inférieur de plus de 3 millions au chiffre de l'année précédente). Le commerce de la colonie s'est grandement développé dans ces dernières années, car il n'était que de 16.489.000 fr. en 1898 et avait atteint son maximum de 25.729.000 fr. en 1902. Les exportations, après être montées de 6.736.000 fr. en 1898 à 12.283.000 fr. en 1902, sont retombées brusquement à 8.963.000 fr. en 1903. Les importations, de 9.572.000 fr. en 1898, ont atteint leur plus haut total de 13.681.000 fr. en 1901, mais le chiffre de 1903 (13.671.000 fr.) lui est à peine inférieur et est supérieur de 225.000 fr. à celui de 1902.

Les exportations néo-calédoniennes, en 1903, consistent surtout en minerai de nickel (77.360 t. contre 129.653 t. en 1902), minerai de cobalt (8.292 t.), minerai de chrome (21.437 t.), café (626.000 kilogr.), coprah (1.747.000 k.), coquillages de nacre, bois de santal, peaux diverses, etc.

En 1903, les exportations ont été dirigées pour 5.449.000 fr. vers la France, pour 5.637 fr. vers les colonies françaises et la plus grosse partie (6 millions 508.000 fr.) vers l'étranger. Le montant des exportations aux NouvellesHébrides a été de 600.000 fr. La valeur des minerais exportés est évaluce a 6.394.000 fr. pour 1903, alors qu'elle avait atteint 9.973.000 fr. pour 1902: les autres produits exportés n'atteignent donc qu'une valeur de 2.568.000 fr. Les importations en Nouvelle-Calédonie proviennent surtout de France (7.535.000 fr.); nos autres colonies lui en fournissent pour 233.000 fr. et l'étranger pour 5.902.000 fr. Les importations des colonies sont alimentées uniquement par les demandes de maïs des Nouvelles-Hébrides et les fournitures de riz de l'Indo-Chine. Les importations dans notre colonie océanienne consistent surtout en vins en barriques (1.668.000 fr.), farines (482.000 fr.), blé (403.000 fr.), métaux (368.000 fr.), riz (348.000 fr.), houille (336.000 fr.). tabac (334.000 fr.), etc.

La diminution de 3 millions de francs qu'accuse le mouvement commer

cial de la colonie sur celui de 1902 est due entièrement aux exportations. Les causes de cette diminution proviennent d'une sécheresse exceptionnelle, du ralentissement des travaux publics en cours et surtout de l'exportation en moins de 50.000 tonnes de minerai de nickel. Rien que pour ce métal la différence est de 3.594.000 fr. sur l'année précédente. C'est le résultat de la crise qui a pesé sur le marché du nickel et que de nouvelles taxes d'impositions ne vont pas contribuer à faire disparaître.

Épices: Consommation et importation en France. - En 1902, 216.000 kilogrammes de cannelle ont été importés en France, dont 112.000 des Indes anglaises (Ceylan) et 77.000 de Chine. Les colonies françaises ne nous en ont envoyé que 62 kilogrammes! La consommation de la cannelle, en France, n'a été en 1902 que de 47.000 kilogr., pas même le quart des importations. En outre, il a été importé dans notre pays 38.000 kilogr. de cassia lignea (dont 36.000 des Indes anglaises), sur lesquels 21.7000 kilogr. ont été consommés.

Les amomes et cardamomes représentent 32.000 kilogr., provenant surtout des Indes anglaises, dont 3.500 kilogr. seulement ont été consommés. 51.000 kilogr. de muscades ont été importés, dont 24.500 des États-Unis; 25.500 kilogr., soit la moitié, ont été consommés. Les colonies françaises n'ont importé que 323 kilogr. de muscades.

L'importation des clous de girofle a été de 203.000 kilogr., dont 46.300 de Madagascar et dépendances, 128.700 de Zanzibar et de l'Arique orientale; 56.800 kilogr. ont été consommés. Les griffes de girofle comptent pour 65.200 kilogr., provenant de Zanzibar dont 76 kilogr. seulement ont été mis en consommation.

Enfin, il a été importé 258.900 kilogr. de vanille, valant 13.721.000 fr., dont 111.500 kilogr. de la Réunion, 34.200 de Mayotte, 11.800 de Madagascar, etc.; une grande partie vient de l'Afrique orientale anglaise. 53.700 kilogr. de vanille ont été consommés en France, soit seulement le cinquième des importations.

On voit par cet exposé combien la France se fournit peu dans ses colonies de ces produits qui ne poussent que dans les régions intertropicales. Sauf pour la vanille qui, pour plus de moitié, provient des colonies françaises, la très grande majorité des épices est originaire de l'étranger. Le montant de la cannelle provenant des colonies françaises : 62 kilogr., est vraiment dérisoire. Or, la cannelle réussit très bien dans nombre de nos possessions, en Annam notamment. Il y a donc un très sérieux effort à faire pour arriver à ne pas prendre à l'étranger ce qui pousse avec succès dans nos colonies.

Colonies: Gouverneurs.

Ont été nommés gouverneurs : de S'-Pierre et Miquelon, M. Cousturier; des Établissements français d'Océanie, M. Jullien (4 nov.). M. Frézouls est maintenu l'-gouverneur de la Guinée.

TABLE DES MATIÈRES DU TOME XXIX

Les articles de fon 1s sont en italique et les noms d'explorateurs en CAPITALES.