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lisé est involontairement conduit à faire servir l'organe de la voix (voy.); il y est porté par un instinct naturel et par la vivacité de ses sensations intimes,auxquelles il faut un langage qui en puisse rendre toutes les nuances. Aussi tous les peuples chantent, même les peuples sauvages.

Collot, Cadot, Duverny aveugle, sont des noms populaires, et que l'on rencontre fréquemment dans les recueils à deux sous. Ces hommes ne manquent ni de verve, ni d'une certaine originalité; mais ils n'ont ni correction, ni poésie, choses que ne leur demandent pas leurs auditeurs.

Quiconque prend la plume et se dit poète, quiconque trace des vers qui sont destinés à la popularité, doit respecter deux choses: les mœurs et le langage, et peut-être l'une de ces choses encore plus que l'autre. Le chansonnier ne peut pas être un prédicateur, mais il doit songer qu'il sera répété par mille bouches qui porteront au loin ses refrains; et il manque sa mission de poète, si, non content d'être gai, malin, satirique, galant, peintre de mœurs, naïf, grivois, voluptaeux même quelquefois, il demande sa popularité à l'indécence.

On appelle encore Chansonnier un recueil de chansons. Il a déjà été question da Chansonnier des dames, de celui des Graces, de celui de Momus, etc., que chaque année voit paraître. Il s'en fait une grande consommation à l'époque des étrennes.

Il y a long-temps qu'on a commencé à faire des chansonniers. Les meilleurs, pour faire connaître depuis son origine ce genre de littérature, sont l'Anthologie de Monnet, le Recueil de M.de La Borde, l'Anacreon français et le Recueil de chansons choisies, en 6 vol. in-18, publié en 1783. De tous les recueils de poésie, ceux dont le débit est le plus sûr et le plus considérable sont les chansonniers.

D. M.

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Le chant se compose de mélodie et d'articulations, d'où il suit qu'à proprement parler les oiseaux ne chantent pas; du moins, leur prétendu chant n'a que de faibles points de ressemblance avec celui de l'homme.

Le chant est naturel lorsqu'il est l'expression involontaire, libre et spontanée d'un sentiment; mais il devient un art et en prend le caractère dès que ses formes et ses combinaisons tendent à produire des effets prémédités, dès qu'il est réglé par des principes. Ces principes

sont nécessairement d'une nature complexe, puisque le chant, ainsi que nous venons de le dire, consiste dans l'alliance de deux arts, la musique et la poésie, qui s'unissent étroitement pour ne former à eux deux qu'un seul tout, qu'une seule production artistique. C'est à cause de cette réunion que le chant est à la fois le plus difficile, le plus beau et le plus puissant de tous les arts. Il est aussi de tous le plus ancien, car il existait déjà, avec ces mêmes caractères, dans les temps les plus reculés, où les poètes, qui étaient toujours en même temps musiciens, furent, par cette raison, appelés chantres. L'art du chant, auquel le genre humain doit sa civilisation première, existait, en effet, antérieurement à la poésie et à la musique, qui en sont les élémens et dont la séparation n'a eu lieu et n'est devenue nécessaire que par suite des progrès de cet art. Cette séparation n'a donc point été un pas rétrograde, comme beaucoup de personnes le prétendent. De nos jours, le chant exige, la plupart du temps, le concours de trois artistes : du poète pour les paroles, du compositeur pour la musique, et de l'artiste exécutant ou du chanteur (voy.). Et, bien évidemment, ce n'est que par ce triple concours de talens que l'art musical a pu atteindre le haut degré de perfection où il est parvenu; car la vie d'un seul homme ne suffirait pas pour en embrasser à la fois tous les élé

voisins, les Allemands et les Italiens, ressemblant en cela aux anciens Romains, qui se faisaient enseigner les arts de la Grèce sans jamais pouvoir se les approprier et les naturaliser chez eux. L'Italie devint, pendant les xvre et xvu* siècles, la patrie de la musique, et est, depuis ce temps, le pays des chanteurs, tandis que l'Allemagne, formant un choeur avec tous ses peuples, est le pays du chant.

mens et pour devenir, avec le même succès, artiste-créateur dans chacune de ces trois carrières. Le poète peut sentir toute la magie des accens de la musique, le compositeur et le chanteur peuvent et doivent s'élever jusqu'aux idées les plus sublimes du poète, dans l'ame duquel il faut qu'ils sachent lire pour en suivre les inspirations jusques dans leurs nuances les plus délicates; mais il n'est donné ni à l'un ni à l'autre d'être en même temps et au même degré de perfection poète et musicien-créateur.

Le chant s'appelle chant sacré ou chant d'église (voy. plus bas) lorsque ses tons s'unissent à des paroles religieuses, lorsqu'ils portent vers le ciel l'humble prière du croyant, les ferventes actions de grace du mortel heureux ou les invocations suppliantes de l'homme qui souffre. Le chant de cette nature devrait, ainsi que la religion, être dans le patrimoine de tous les hommes; car, comme la religion, il console, il rend meilleur et fortifie les cœurs défaillans; comme elle, il est d'origine céleste.

Le chant est profane quand il peint l'amour, la joie et le bonheur de l'homme, quand il est le langage des passions. Voy. CHANSON, OPÉRA et Concert.

La science, de nos jours, s'est enrichie d'un grand nombre de découvertes et d'expériences en ce qui concerne le chant considéré comme faculté physique. Nous renvoyons à cet égard nos lecteurs aux écrits de Bennati, de Savart et à l'art. Voix, etc. Le mot chant est souvent employé,dans une acception synonyme,pour le mot mélodie (voy.).

MÉTHODE DE CHANT. On nomme ainsi un ouvrage contenant, tantôt un exposé théorique des règles du chant, tantôt simplement un traité sur la manière d'enseigner cet art, tantôt, enfin, les deux choses à la fois. On désigne aussi par ce mot la manière de chanter d'une personne, en disant: elle a une bonne, une mauvaise méthode, ou bien encore: elle suit la méthode française, allemande, italienne. Pris en ce dernier sens, le mot méthode est synonyme du mot école,

L'art du chant se montre, dans les trois pays que nous venons de nommer, avec des formes et un caractère différens,

des trois écoles diffèrent également entre eux. L'Italien, sensuel, impressionnable, habitant un pays où la nature a semé les jouissances sur ses pas, se laisse facilement entraîner par son imagination riante et voluptueuse, et se plait à prodiguer les sons de sa belle voix en suaves mélodies. Le spirituel Français, dont les émotions, à défaut de profondeur, sont promptes et variées, et qui passe facile

Depuis les temps les plus reculés, tous les peuples qui se sont distingués par leurs progrès moraux et intellectuels ont aimé et cultivé le chant; la plupart l'ont employé dans leur culte religieux. Transporté du berceau de l'humanité en Égyp-ce qui fait que les règles ou les principes te, en Grèce et à Rome, l'art du chant nous a été conservé par l'église chrétienne; et quoique les anciens peuples du Nord aient porté leurs chants jusqu'à Rome, il ne nous en reste que quelques vestiges faibles et partiels. Après avoir appartenu presque exclusivement à l'église pendant une période de mille ans, le chant repassa, à l'époque du moyenâge, dans le sein de la société, et dans les siècles les plus récens il a surtout établiment d'un badinage aimable à des élans son empire dans les salles de théâtre et de concert. Bien qu'on se soit, en tout temps et notamment dans le moyen-âge, livré en France, avec beaucoup de zèle, à la culture des arts, cependant les Français n'ont pas encore réussi à s'élever, dans l'art du chant, à la hauteur de leurs

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passionnés et même au plus haut tragique, exprime ses sentimens avec vérité; mais ses chants, un peu déclamatoires, ne pénètrent point dans les cœurs avec ce charme, avec cette puissance irrésistible du chant italien et du chant allemand, dont l'empire se manifeste souf

3o École de Florence. Florence, à proprement parler, n'a point eu d'école ; ses maîtres les plus distingués : Animuccia, Galilei, A. Striggio, G. Bardi, Strozzi, Corsi, G. Peri, Cesti, Geminiani, Orazio Mei, Luigi Boccherini, etc., étaient soit des élèves de l'école romaine, soit des dilettanti et des savans, qui, dans l'intérêt de la musique moderne, se livraient à l'étude de la musique et de la poésie des Grecs, et qui contribuèrent ainsi directement ou indirectement aux progrès de l'art musical. Il est suffisamment connu que les musiciens de l'école florentine revendiquent à juste titre l'honneur d'être les inventeurs de l'opéra. Nous ne connaissons point de chanteur bien célèbre qui soit sorti de cette école.

toutes les zones. Le chant allemand tient le milieu entre les chants français et italien. Empreint d'un sentiment plus profond, plus énergique, le chant allemand | n'a point le caractère varié, la gracieuse et insinuante coquetterie des mélodies italiennes; ses rhythmes n'offrent point la vivacité des rhythmes et des contrastes, parfois heurtés, du chant français : d'où il suit que, sans être dépourvu de mélodie ni d'une récitation strictement conforme aux règles, sans manquer surtout de profondeur et de vérité dans l'expression des sentimens graves, nobles et religieux, c'est cependant dans les combinaisons harmoniques que le chant allemand puise ses principales ressources, ses plus imposans moyens d'expression. On reconnaîtra, sans doute, après ce qui vient d'être dit, combien il est impossible qu'il y ait une école ou une méthode universelle de chant, et, néanmoins, ce rôle d'institutrice universelle, en matière de chant, l'Italie se l'est arrogé presque exclusivement pendant les xvII et XVIIe siècles; c'est de ses écoles que sont sortis tous les professeurs enseignans et tous les grands artistes qui ont excité l'admiration du monde civilisé. On distinguait, au commencement du XVIIIe siècle, 5 grandes écoles de l'art musical en général, où se sont formés les chanteurs les plus célèbres, qui ont à leur tour fondé des écoles moins renommées.

1o École romaine. Les premiers fondateurs de cette école sont Palestrina, Nanini et Benevoli. Voici les noms de ceux de leurs élèves dont la réputation, comme chanteurs, a eu le plus d'éclat : F. A. Pistochi, A. Bernachi, A. Pasi, G. Minelli, G. Fabri, surnommé il Balino; Bartolino di Faenza, G. Tedeschi, Carlo Carlani, Tomaso Guarducci, Francesca Beschi, surnommé la Salamona; Anna Peruzzi, Francesca Gabrieli, appelée aussi la Ferraresa; Angelica Catalani, Girolamo Crescentini, G. Pachiarrotti, etc.

2o École vénitienne. Elle eut pour fondateurs Willaert, Zarlino, Lotti, Gasparini, B. Marcello, dont les principaux élèves, pour le chant, furent Grimaldi, Faustina Hasse, surnommée la dixième Muse; A. Hubert, dit il Porporino; A. Amorevoli, etc., etc.

4° Ecole lombarde. Porta, Panzio, Vechi et Claudio Monteverde en sont les chefs. Cette école a produit de grands chanteurs parmi lesquels nous ne citerons que Francesca Cuzzoni *, Felice Salimbeni, Cusanino, C. Visconti, surnommée la Viscontina; Giac. David, L. Marchesi, G. Viganoni, Giuseppa Grassini, etc.

5o École napolitaine. Elle reconnaît pour chefs et fondateurs Venosa, ScarÏatti, Durante et Leo. C'est elle qui a possédé les plus grands compositeurs. Parmi les chanteurs qui lui appartiennent, nous ne nommerons que Farinelli, Caffarelli, Regina Mingotti, A. Celestina, Giuseppe Millico, Giuseppe Aprile, etc., etc.

Nous ne pourrions, sans dépasser les limites qui nous sont tracées, décrire le caractère particulier de chacune de ces cinq écoles et le genre propre à chacun de leurs meilleurs élèves. Nous nous

bornerons donc, à cet égard, à quelques observations générales. Sans être grands musiciens, c'est-à-dire sans avoir bien approfondi la théorie de la musique

(*) Cette cantatrice brillait du temps de Hændel, à Londres, et c'est la même artiste à qui ce célèbre compositeur dit un jour qu'elle ne voulut pas chanter la plus belle scène d'un opéra : « Je sais, madame, que vous êtes une diablesse; mais je vais vous montrer que je suis Belzebuth lui-même!» Et là-dessus il la prit par le corps

et s'approchant d'une croisée ouverte, il la me. naça de la jeter par la fenêtre si elle persistait dans son refus.

éclat, après avoir servi de modèle à celles qui ont été instituées dans presque toutes les villes d'Allemagne, est l'académie de Berlin, fondée en 1789 par Fasch, qui vit encore dans le souvenir de tous les amis de l'art musical. L'objet spécial de ces associations est l'étude et l'exécu

et bien moins encore étudié l'art de la poésie, qui s'allie si intimement à la musique, les Italiens se sont toujours distingués par la beauté et la grande sonorité de leurs voix, ainsi que par la souplesse de leur gosier; ils rachètent d'ailleurs ce qui leur manque de connaissances positives en musique par leur organisation de grandes compositions vocales qui, tion impressionnable, qui les rend très aptes à exprimer les passions et à rendre avec vérité tous les sentimens impétueux. Les chanteurs de l'école allemande se font remarquer par l'étendue de leurs connaissances musicales, par le sentiment profond et l'énergie qui caractérisent leur exécution; mais ils sont loin d'avoir l'habileté pratique des Italiens, et leur école brille surtout par le chant en chœur. Les chanteurs français ont toujours excellé par la grande vérité de l'expression, et ce sont dès lors de très bons chanteurs dramatiques, genre dans lequel ils sont d'autant plus capables de réussir qu'ils sont ordinairement fort bons acteurs.

La littérature musicale est si riche en méthodes de chant que nous devons, à cet égard, nous abstenir de toute énumération et bien plus encore de toute analyse. Presque toutes les méthodes françaises et allemandes sont basées sur les principes des anciennes écoles italiennes de chant; on y a seulement ajouté des exercices puisés dans le répertoire de la musique moderne. On trouve la liste des livres de ce genre dans les principaux catalogues de musique.

L'Allemagne mérite, quant aux méthodes de chant, d'être citée en particulier. Dans ces derniers temps, sa littérature s'est enrichie d'ouvrages de cette nature qui contribuent beaucoup à populariser de plus en plus la musique dans ce pays, non comme un simple objet de délassement, mais comme un des moyens les plus efficaces de perfectionner l'éducation morale du peuple. F. ST-L.

CHANT (ACADEMIES DE). C'est ainsi qu'on nomme des associations de chanteurs et d'amateurs de musique vocale, qui se forment dans le but d'exécuter les grands chefs-d'œuvre classiques. Il en existe surtout un grand nombre en Allemagne. La plus ancienne de ces académies, qui se maintient toujours avec

sauf dans des occasions solennelles, a
lieu sans accompagnement instrumental.
Le lien qui unit les membres de ces aca-
démies, hommes et femmes, est le vif
désir de chacun d'eux de contribuer au
perfectionnement de l'art; souvent aussi
ces sociétés concourent à des œuvres de
bienfaisance. Ils supportent en commun
les frais de l'établissement et reconnais-
sent, pour la suite de leurs travaux, l'au-
torité d'un directeur qu'ils ont élu, et d'un
réglement qu'ils ont voté. Depuis une
dizaine d'années, les maîtres d'école et les
ministres du culte de toute une province
s'assemblent de temps en temps en Al-
lemagne, en s'adjoignant une partie de
leurs élèves et d'autres amateurs de chant,
pour célébrer de grande fêtes musicales
(v. ce mot et l'art. ACADÉMIE, t. I, p. 104).
Il faut ajouter à cela qu'on exécute dans
toutes les écoles et dans toutes les églises
de ce pays le chant choral et sacré en
choeur à quatre voix. Tout le monde com-
prendra, sans que nous ayons besoin de
le dire, quelle heureuse influence ce
culte zélé du plus pur et du plus noble
de tous les arts doit exercer sur le mo-
ral d'un peuple, qui le considère comme
une seconde religion.
F. ST-L.

CHANT D'ÉGLISE. Dès la naissance du christianisme le chant religieux a fait partie du culte chrétien. Dejà saint Paul exhortait les nouveaux chrétiens à chanter des psaumes et des cantiques. Pline-le-Jeune nous apprend que les chrétiens s'assemblaient au lever de l'aurore pour chanter des hymnes, et nous ne manquons pas d'autres témoignages qui prouvent l'usage du chant dans leurs pieuses réunions. Mais quelle était la nature de ce chant? quelle en était la mélodie? Aucun renseignement ne nous est parvenu à ce sujet. Il est probable qu'avec les psaumes de David, qui passèrent dans les cantiques chrétiens, les anciennes mélodies hébraïques se sont

conservées, et que, de cette manière, la musique des premiers chrétiens s'est formée en quelque sorte sur celle des Hébreux. Mais celle-ci même, malgré tant de recherches savantes, nous étant peu connue, une telle conjecture, qui au reste se fonderait sur de graves autorités, ne pourrait guère nous éclairer. On a pensé aussi que les débris de la musique grecque, alors en décadence, se sont fondus avec la musique des chrétiens. Quoi qu'il en soit, il est certain que le chant des premiers chrétiens a dû être une psalmodie fort simple, dépourvue de mesure et de rhythme, comme notre plain-chant qui en est sorti. Le chant se divisait en trois espèces la monodie (chant d'une personne seule), l'antiphonie (chant alterné entre deux personnes) et le choral (chanté par tous les assistans).

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bre des modes établis par saint Ambroi→ se, en y ajoutant quatre nouveaux modes, connus sous le nom de tons plagaux. Il recueillit les mélodies existantes des psaumes et des hymnes, les corrigea, y en ajouta de nouvelles, et composa ainsi son Antiphonaire, qui, attaché avec des chaînes devant l'autel de saint Pierre, devait à jamais servir de type ou modèle pour corriger les variantes que le temps ou l'ignorance des chanteurs pourraient introduire dans le chant. Le chant ainsi organisé prit le nom de chant grégorien ou chant romain (parce qu'il était d'abord introduit à Rome); il s'est conservé jusqu'à nos jours dans l'église catholique. Mais les soins du pontife célèbre ne se bornèrent pas là : il les porta aussi sur la notation (voy. ce mot). Enfin il fonda une école de chanteurs qui, ensuite, propagèrent le nouveau système, d'abord en Angleterre, puis en Allemagne et en France. Dans ce dernier pays les premiers essais, sous Pépin, avaient mal réussi ; ce ne fut que sous Charlemagne que le chant grégorien y prit faveur. On connaît le goût de ce prince pour le chant religieux. Il envoya d'abord deux ecclésiastiques à Rome pour apprendre le chant grégorien; puis il fit venir des chanteurs romains pour

Lorsque le christianisme, protégé par l'empereur Constantin-le-Grand, éleva des temples et eut un culte public, la musique prit un nouvel élan. Les chrétiens, quittant leurs asiles souterrains (voy. CATACOMBES), osèrent chanter librement, et le chant suivit l'agrandissement de la pompe des offices. Déjà en 339 le pape Sylvestre fonda une école pour former des chanteurs, et l'histoire fait mention de plusieurs tentatives pour l'amélioration du chant; mais ce fut sur-l'enseigner dans des écoles qu'il fonda tout saint Ambroise (voy.) qui fit époque sous ce rapport, en donnant au chant une régularité dont il était dépourvu jusqu'à lui. Ce prélat, chef de l'église de Milan, de 374 à 398, choisit quatre des modes de l'ancienne musique grecque, savoir le dorien, le phrygien, l'éolien et le mixolydien (voy. MODE) qu'il désigna par les noms de premier, second, troisième et quatrième, et en forma les quatre tons connus sous le nom d'authentiques (voy. TONS DE L'ÉGLISE). Le chant qui résulta de ce système fut appelé chant ambroisien. On attribue encore à saint Ambroise le Te

Deum (voy.) dont la composition lui est cependant contestée par plusieurs auteurs. Le chant ambroisien subit peu de changemens jusqu'à l'époque où Grégoire-le-Grand (voy.) entreprit une nouvelle réforme dans la musique. Ce pape, qui régna de 591 à 604, augmenta le nom

à cet effet. Il alla jusqu'à faire brûler partout les antiphoniers ambrosiens et triompha par son énergie, quoique lentement, des obstacles qui s'opposaient à l'adoption générale du chant grégorien, objet de sa prédilection. Cependant il paraît qu'après sa mort ces écoles de chant ne tardèrent pas à tomber en décadence; car nous lisons que son succes-seur envoya Amalaire à Rome demander un nouvel antiphonaire pour corriger le chant dégénéré. En Allemagne, au contraire, les écoles de Fulde, de Trèves, de Mayence et autres prospérèrent et servirent à répandre le chant grégorien par tout le pays et en général dans toutes les églises d'Occident.

Le chant grégorien s'exécutait à l'unisson, sans mesure et sans rhythme, toutes les syllabes étant en notes égales. Il resta intact jusqu'au x1° siècle; mais l'invention de l'harmonie, que l'on voit

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