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de Racine, de La Fontaine, l'opinion publique réprouva enfin un poème don! le plan était raisonnable, mais le style d'une dureté choquante. Elle fit, comme cela lui est arrivé plus d'une fois, une victime de son idole, et le nom de Chapelain devint aussi ridicule qu'il avait été célèbre.

Chapelain avait, du reste, des qualités estimables. Chargé par le ministre Colbert de désigner les savans et gens de lettres dignes des libéralités de Louis XIV, il s'en acquitta avec impartialité sinon avec goût. On ne doit point oublier non plus qu'il fit accorder un pareil encouragement aux premiers et assez faibles vers de Racine. Ajoutons que, philosophe autrement qu'en écrits, ce poète sans ambition refusa tour à tour la place de secrétaire d'ambassade à Rome, et celle de précep teur du dauphin. Son instruction était néanmoins plus que suffisante pour remplir cette dernière, puisque, outre le grec et le latin, il possédait l'italien et l'espagnol. Une avarice sordide, stigmatisee par les épigrammes de l'époque, ternit l'éclat de ces qualités et acheva de ridiculiser le chantre de la Pucelle. On sait qu'elle fut même la cause de sa mort, qui eut lieu en 1674. On trouva chez lui une somme de 50,000 écus; tous les grands poètes ensemble n'avaient pas laissé un pareil héritage!

mie française eut aussi ses factions des chapeaux et des bonnets. Les premiers étaient les encyclopédistes et les philosophes, les seconds se composaient des évêques et des dévots. Ceux-ci eurent quelque temps le dessus, mais leur vogue dura peu. A. S-R. CHAPELAIN, voy. CHAPELLE. CHAPELAIN (JEAN) a fourni un exemple mémorable du rapide discrédit des réputations usurpées. Il naquit à Paris en 1595. Sa mère était nièce de Ronsard, qui conservait encore assez de renom pour que cette parenté inspirât à l'enfant l'amour de la poésie. Ce fut chez lui une passion malheureuse; son premier essai, cependant, n'était pas sans mérite. Ce début poétique fut une ode au cardinal de Richelieu, où l'on trouve quelques beaux vers. Généreuse pour les gens de lettres, surtout pour ceux qui chantaient ses louanges, son éminence récompensa le jeune auteur par une pension de 3,000 liv. Richelieu le nomma, en outre, l'un des premiers membres de l'Académie française, et le chargea de la critique du Cid, commandée par lui à cette société. Cet ouvrage, qui avait le grand tort de vouloir juger le génie d'après les règles communes, mais qui offrait des observations judicieuses, surtout sous le rapport grammatical, accrut outre mesure la réputation de l'écrivain. Ce fut un événement pour la France que l'annonce du poème épique qu'il préparait en l'honneur de la Pucelle d'Orléans, et 30 années d'attente entretinrent l'admiration confiante du public pour ce chef-d'œuvre futur. Cette prudente leneur était, de toute manière, un bon calul; car le duc de Longueville, descendant de Dunois, avait assuré au poète une pension de 1,000 écus pendant toute la durée de ce travail. Il fallut cependant bien que Chapelain se décidât à livrer à ce seigneur quelque chose pour son argent, et à tàcher de justifier l'enthousiasme de ses prôneurs. Les douze premiers chants de la Fucelle furent publiés en 1656, et la renommée du poète, celle qu'on avait fait d'avance à son œuvre lui procurèrent 6 éditions en 18 mois; mais là s'arrêta ce succès immérité. Éclairée par les censures de Boileau,

Dans le dernier siècle, le scandaleux succès d'un poème trop fameux, dont Jeanne d'Arc était le prétexte plutôt que l'héroïne, engagea des libraires de Paris à tenter la résurrection de la Pucelle de Chapelain qui, disait Boileau :

....de son lourd marteau martelant le bon

sens

A fait de méchans vers douze fois douze cents.

En 1755 on en publia une édition en 15 chants (c'était trois de plus qu'à sa première publication). L'année suivante on l'imprima en 18 chants, et en 1757 on alla jusqu'à 20. Les 4 derniers n'exis tent qu'en manuscrit à la Bibliothèque du roi, où peu de curieux sans doute ont eu le courage d'aller les lire. M. Q

CHAPELET, de chapel, chapeau, en basse latinité capellus, couronne de fleurs.

Un vert chapelet en sa teste
Toz jors vous irt que il fust feste.

Fabl. de Saint-Pierre et du Jongleur.

C'est, dans le langage mystique, un tiers de rosaire ou cinq dizaines d'Ave Maria, précédées d'autant de Pater et de Gloria Patri, en l'honneur de la vierge Marie, inventé du temps des croisades et enrichi de force indulgences. Ces prières se récitent ordinairement sur une enfilade de grains qui servent à les compter et à laquelle on donne aussi le nom de chapelet.

peut en tirer un parti plus ou moins avantageux, au moyen du sécrétage. C'est l'opération qui consiste à mouiller les poils dans une solution mercurielle. Voy. FEUTRE.

Les laines se feutrent très facilement et elles forment comme la base ou la chaîne de l'étoffe. On y ajoute du poil de divers animaux, et c'est avec celui de castor qu'on fabrique les chapeaux les plus fins. Le poil du lièvre doit dominer dans le mélange, lorsqu'on veut que l'étoffe ait de l'éclat et de la beauté. Après que le poil a été sécrété, on l'enlève de dessus la peau avec des instrumens particuliers, et il vaut mieux l'arracher que de le couper. Ensuite on confectionne l'étoffe, en mettant plus ou moins de poils et en variant leurs quantités selon la qualité du chapeau qu'on veut fournir. Lorsque le chapeau est dressé, on le porte à l'atelier de teinture et on ne le livre au détaillant qu'après l'avoir dressé, repassé et lustré.

Les chapeaux de paille sont faits avec de la paille préparée d'ivraie, de seigle et de riz; une espèce de froment rouge très commun en Toscane est la variété de paille qu'on préfère. C'est en Italie qu'on confectionne les plus beaux; ils nous sont envoyés bruts ou en bandes, ou en nattes tressées. Ce sont ensuite les modistes qui en forment une coiffure lé

Les Turcs ont aussi leur chapelet de 100 grains, qu'ils divisent en trois parties égales. Sur la première ils disent 33 fois soubhan lallah, que Dieu est louable; sur la seconde, 33 fois elhamd lallah, gloire à Dieu; sur la troisième 33 fois Allah echer, Dieu est grand. Ils ont une prière en tête du chapelet pour compléter le nombre 100. Richard Simon croit avec raison que ce chapelet des mahometans tire son origine des Mea beracoth, ou cent bénédictions, que les Juifs sont obligés de réciter tous les jours, et qu'on trouve dans leurs livres de prières. En remontant plus haut, on découvre celte pratique chez les Indiens; le comte Lanjuinais en a fait la remarque dans la Religion des Indous selon les Védah, p. 51. « Le chapelet, dit-il, est mentionné dans le Ramayana, où il est appelé chapian ou djapian, du radical djapa, régère et élégante. Mlle Manceau est par.... citer des prières. » Voy. ROSAIRE. J. L. CHAPELIER, nom qu'on donne à celui qui fait ou vend des chapeaux. Son industrie peut s'exercer sur une grande quantité d'espèces et de qualités différentes; car on fabrique des chapeaux avec du feutre, du castor, des tissus de soie, de la sparterie, de l'osier, de la paille, du bois, etc. Ceux qui sont le plus en usage pour hommes sont les chapeaux de feutre, et pour les femmes les chapeaux de paille. Les chapeaux feutrés résultent de l'entrelacement des poils de certains animaux qu'on soumet au foulage (voy.). Tous les poils ne sont pas propres au foulage, c'est-à-dire que, détachés de la peau des animaux et froissés les uns contre les autres, ils n'acquerraient pas tous la faculté contractile; mais en les imprégnant de certaines substances on

venue à fabriquer des chapeaux de soie grège; mais étant plus hygrométriques que ceux de paille, ils ne conservent pas aussi bien leur forme. Ceux qu'on fait avec des lacets de coton sont à des prix très modérés. Le tilleul, le saule, le peuplier, et, en général, les bois blancs et lians sont les matières employées dans la confection des chapeaux de bois. Depuis quelque temps on en fait beaucoup pour hommes, parce qu'ils sont plus légers et d'un prix modique. M. De Bernardière est parvenu à substituer l'osier à la paille. La chaîne de ces chapeaux est partie en osier, partie en baleine; on peut les teindre de toutes couleurs.

On confectionne aussi les chapeaux en tresses de soie, de lin, de coton, en peluche de soie, en bourre de soie et de coton. Ce sont les Florentins qui ont mis

ces derniers en vogue. Enfin les chapeaux en cuir servent le plus communément aux cochers, aux laquais et aux marins. LaFrance est le pays où l'art de la chapellerie est arrivée au plus haut degré, et cela tient en partie aux progrès immenses qu'a faits la chimie depuis un quart de siècle.

Les chapeliers sont sujets à des maladies qui viennent, pour la plupart, de l'emploi qu'ils font du mercure, pour rendre les poils dociles au feutrage. Ce n'est qu'en affaiblissant autant que possible la liqueur mercurielle, ou en découvrant d'autres poils qui puissent feutrer sans cette liqueur, qu'on peut guérir ces affections.

V. DE M-N.

CHAPELIER, voy. LE CHAPElier. CHAPELLE, du latin capella, petite église ou oratoire, avec un seul autel, ordinairement destiné au service d'une maison particulière, et que les canonistes appellent sub dio. Il en existait aussi qui avaient été érigées en bénéfices simples, et un plus petit nombre qu'on appelait saintes chapelles et qui étaient des collégiales fondées par nos rois. Tout le monde connaît l'admirable monument de ce nom, l'un des plus anciens de l'architecture en France, situé à Paris près du Palais de Justice et qui, dans ce moment, sert encore à la conservation des archives judiciaires.

Quelques étymologistes font venir le mot chapelle du grec zannλsia, petites tentes que dressaient les marchands dans les foires, pour se mettre à couvert; quelques autres du mot chape, à cause du lieu destiné à conserver la chape de saint Martin, qui était très révérée dans le royaume; d'autres enfin de capsa, capsula, châsse à renfermer les reliques que l'on garda d'abord dans de petits édifices, à côté, mais hors des cathédrales, et que l'usage introduisit dans l'enceinte de ces églises, sous la dénomination de chapelles latérales, sub tecto. Ces trois opinions sont presque également probables; nous ne croyons pas devoir faire mention des autres. Chapelle se traduit aussi en latin par sacellum.

Le chapelain, en latin capellanus, est le prêtre qui dessert la chapelle ou qui possède une chapellenie, c'est-à-dire le bénéfice d'une chapelle,

J. L.

CHAPELLE (musiq.). Ce mot, qui a désigné d'abord le lieu de l'église où l'on exécutait la musique, fut ensuite employé pour la réunion même de ces musiciens. Plus tard on lui a donné une extension encore plus grande, en nommant chapelle tout corps de musiciens au service d'un souverain, même lorsque leur emploi se bornait à la musique de chambre et qu'ils n'exécutaient jamais de musique dans les églises.

On ne saurait préciser l'époque où ce nom a pris naissance et où s'en sont elablies les différentes significations; mais il est certain que dans l'origine les chapelles ne se composaient que de chantres, le plain-chant étant la seule musique qui retentit alors dans les églises. Peu à peu les instrumens et l'orgue vinrent s'y joindre et compléterent l'ensemble de la musique d'église. Ce n'est qu'à une époque bien plus avancée que des chapelles pour la musique de chambre ont pu être formées; elles ne remontent guère au-delà du xvia siècle.

En France ce fut François I qui établit un corps de musiciens en dehors du service divin, en l'attachant specialement à sa chambre. Sa chapelle fot divisée en deux corps, dont l'un, appele chapelle de musique, était compose de chanteurs et de quelques instrumentistes, l'autre, nommé chapelle de plain-chart, comprenait les chantres et les ecclésiastiques destinés à chanter les grand'messes et les heures canoniales. Dans certaines solennités ces deux corps se réanissaient et alors on leur donnait le nom de grande chapelle.

Ce fut surtout l'Allemagne qui se di‹tingua, dès le milieu du xvi siècle, par l'éclat de ses chapelles. La plus fameuse de ce temps fut celle de l'électeur de Bavière, Albert V, sous la direction da célèbre Orlando de Lasso. Elle se composait de 30 symphonistes et de 62 charteurs, parmi lesquels étaient compris 6 castrats; ce dernier fait prouve que l'usage des castrats remonte plus haut que la date qu'on lui assigne ordinairement (voy. CASTRAT). La chapelle mème de l'Empereur était alors inférieure à cette chapelle électorale, tant pour le nombre

da personnel que pour l'habileté de | Denis. En revanche, Luillier donna à son l'exécution. fils une excellente éducation; Gassendi fut son professeur de philosophie, et il eut l'avantage plus grand encore d'avoir pour condisciple, dans cette étude, Molière, avec lequel il forma, dès l'enfance, une liaison intime. Plus tard son esprit vif et léger, son caractère enjoué, son goût naturel, ses conseils utiles le firent également rechercher par les auteurs les plus distingués de l'époque : il fut l'ami de Racine, de Despréaux et de La Fontaine, souvent leur judicieux, parfois leur malin aristarque. On sait que plus d'une fois il prit part à leurs travaux, quand ces travaux étaient des amusemens litté

Il serait curieux de faire le tableau statistique des différentes chapelles de cette époque, d'en suivre les changemens progressifs, et de les comparer tant entre elles qu'avec celles d'aujourd'hui; mais ces détails demanderaient trop d'espace. Nous nous bornerons à faire observer que l'état des chapelles a subi à diverses époques, surtout pour la partie instrumentale, des changemens notables, résultat du progrès de l'art, du perfectionnement des instrumens et de nouvelles inventions qui en augmentèrent le nombre et qui amenèrent néces-sairement les transformations de l'or-raires, et que les Plaideurs, composés à chestre, dont il sera parlé sous ce mot.

Une chapelle, pour être complète, doit se composer de chanteurs et d'instrumentistes. Cependant quelquefois, et surtout en Allemagne, on emploie ce nom dans un sens moins étendu, en nommant chapelle même un simple corps d'instrumentistes, dès que ce corps est aux gages d'un souverain, d'un prince ou même d'un riche particulier. C'est ainsi que la chapelle du prince Esterhazy, peu nombreuse, mais bien choisie, et fameuse par la direction d'Haydn dont elle exécutait admirablement les chefs-d'œuvre, n'était composée que d'instrumentistes, au nombre de 31.

table, lui durent plusieurs de leurs traits les plus comiques.

Luillier, en mourant, laissa à son fils naturel une fortune considérable pour ce temps, 8,000 livres de rente, qui en représentaient plus de 20,000 d'aujourd'hui. Chapelle mangea et but gaîment ce revenu avec les gens de lettres dont nous venons de parler,et avec quelques hommes du monde, dont l'esprit et le caractère sympathisaient avec le sien. Il fut surtout lié avec Bachaumont, auquel il procura l'avantage de faire passer son nom, de compagnie avec celui de Chapelle, à la postérité. A quelques pièces près, ce dernier fut bien en effet le seul auteur de l'agréable badinage contenant le récit de leur Voyage en Provence et en Languedoc, dont on a fait depuis tant de pâles imitations.

De toutes les chapelles, la plus brillante a été celle de Napoléon. Elle comptait les artistes du premier ordre et se montait, y compris les choristes, à 103 personnes. On en trouvera le détail dans un On composerait aisément un Chapelouvrage de M. Castil-Blaze, intitulé lianu avec les nombreuses anecdotes qui Chapelle-musique des rois de France signalèrent la gaîté, la malice, l'épicu(Paris, 1832, in-12), petit livre qui con- réisme de Chapelle, depuis le fameux. tient des faits curicux, dont cependant souper d'Auteuil jusqu'au tête-à-tête baquelquefois on pourrait contester l'exac- chique où il enivra le moraliste Boileau. titude. G. E. A. Il en est une moins connue, qui prouve CHAPELLE (CLAUDE - EMMANUEL) que Gassendi n'avait pas perdu avec lui était un enfant de l'amour, et cet ingé ses leçons de philosophie. Il avait connieux épicurien ne démentit sous aucun senti à faire trève pendant quelque temps rapport l'antique opinion qui assigne ta- à ses plaisirs de la capitale, pour accomlens et bonheur aux enfans ainsi nés, en pagner en Bourgogne le duc de Brissac. compensation de cette tache originelle. Dès le second jour du voyage il s'aperSon père, François LUILLIER, maître des çut que ce seigneur l'avait compris dans comptes, ne lui donna point son nom: il sa suite, comme un homme chargé de reçut celui du lieu de sa naissance, le le distraire et de l'amuser. En pareil cas, bourg de La Chapelle, sur la route de St-Chapelle voulait de la réciprocité : aussi

revint-il de suite à Paris, laissant au duc pour adieu la citation de cette maxime de Plutarque qui, disait-il, venait de se trouver par hasard sous ses yeux: Qui | suit les grands serf devient. L'homme d'esprit ne se laissa plus reprendre à pareil piége.

Chapelle eut dans l'abbé de Chaulieu un héritier de ses principes, de ses talens et de ses goûts épicuriens; mais il ne poussa pas sa carrière aussi loin que son élève.Il mourut en 1686,âgé seulement de 60 ans. On a oublié les petites pièces fugitives que laissa couler de sa plume sa verve facile et voluptueuse; mais son Voyage dont on a publié de nombreuses éditions, est resté comme un modèle de plaisanterie légère et gracieuse, l'un des attributs de l'esprit français. M. O. CHAPERONS. Le chaperon était autrefois, en France, une coiffure ordinaire, une espèce de bonnet que portaient les bourgeois aussi bien que les grands et le roi lui-même. On s'en est servi jusqu'au règne de Charles VII; les gens du Palais, les docteurs et les bacheliers l'ont même conservé long-temps après. On disait alors chaperonner, comme on disait bonneter; le mot est encore usité pour les dames dans un sens figuré. J. H. S.

On connaît sous le nom de chaperons plusieurs factions populaires qui adoptèrent pour leur coiffure des couleurs distinctives en signe de ralliement.

La première de ces factions, celle des chaperons mi-partie rouges et bleus, se forma en 1556, pendant la captivité du roi Jean, et sous la régence de son fils le dauphin, depuis Charles V. Les étatsgénéraux venaient de faire retentir leurs plaintes; ils avaient mis à nu les plaies du pays, assailli au dehors, déchiré au dedans, livré au brigandage des conseillers d'aventures comme aux extorsions

des gouvernans. Les bourgeois de Paris se réunirent pour chercher à tout prix un remède à tant de maux. Ils avaient pour chef un homme d'influence et de grande renommée populaire, le prévôt des marchands, Étienne Marcel, qui s'était signalé dans les États par son rôle d'opposition. Ils dirigèrent leur première attaque contre les conseillers de

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régence que les États avaient accusés. « Le prévost des marchands, dit Froissard, assembla grande foison de communes de Paris qui étoient de son accord et portoient chaperon semblable, afin que mieux se recognussent. Si vint le prévôt au palais du régent, environné de ses hommes, et entra dans la chambre du duc et lui requit moult aigrement qu'il voulust emprendre le fait des besongnes du royaume... Mais les paroles multiplièrent tant et si haut que là furent occis trois des plus grands du conseil du duc, si près de lui que sa robe en fut ensanglantée et en fut lui-même en grand péril; mais on lui donna un des chaperons à porter. » Il est même dit que Marcel lui offrit deux pièces de drap pour faire des chaperons rouges et bleus aux officiers de sa maison. Après la fuite du régent, le prévôt des marchands, maître de Paris, employa le zèle de son parti à faire achever la muraille d'enceinte de la ville, qu'il fortifia encore par un large fossé. Mais le régent, rentré à Paris apres l'assassinat de Marcel, fit punir de mort ceux des chaperons qui s'étaient le plus compromis.

Il y eut en 1413, pendant la démence du roi Charles VI, un autre parti du même nom, mais qui adopta la couleur blanche. Cette couleur était devenue un symbole de liberté depuis la sédition des blancs chaperons de Gand (1379, qui, dans cette révolte la plus opiniâtre dont une ville abandonnée à elle-même ait peut-être donné l'exemple, soutinrent pendant 7 ans toutes les forces de la Flandre réunies.

Les blancs chaperons de Paris de 1413, autrement dit Cabochiens (voy.), da nom de leur chef, Jean Caboche l'Écorcheur, furent les auxiliaires du parti de Bourgogne.

AM. R-E.

CHAPITEAU.L'étymologie de ce mot, qui dérive du latin caput, tête, en donne la définition. C'est, en effet, la sommite de la colonne (voy.), c'est-à-dire la partie qui pose immédiatement sur le fût et qui constitue avec celui-ci la colonne proprement dite. L'emploi presque universel du chapiteau dans l'architecture de tous les peuples prouve que son origine est due à des causes communes à tous. Ces

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