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fondre les bijoux, et les remit réduits en lingots au gentilhomme venu pour les réclamer, en lui disant : « Assurez au roi que le poids y est; quant aux devises, elles sont empreintes dans mon cœur; c'est là qu'il doit les chercher. » A quoi le roi répondit : « Cette femme a plus de courage que je n'en aurais attendu de son sexe. Allez, reportez-lui son or; je lui en aurais donné le double pour les devises. » Et ce double poids, comme valeur, eût été encore fort peu de chose. Bouchet et Brantôme rapportent que Me de Châteaubriant était une des trois femmes qui, lors de l'entrevue de François 1er et de Clément VII, à Marseille, frent demander une dispense pour faire gras en carême. Le duc d'Albanie, chargé de cette commission, imagina qu'il valait mieux réclamer en leur nom la permission de transgresser, sans pécher, le 6 commandement du décalogue, si bien que, lorsqu'à l'audience du Saint-Père ces dames insistèrent pour être affranchies trois fois par semaine de la loi commune, le pape entra dans la plus étrange colère et se trouva fort heureux, après une explication, de n'avoir à se relâcher que sur un point de discipline. Cette plaisanterie, qui prouve avec quelle légèreté on traitait Mme de Châteaubriant, explique aussi l'humeur que fit éclater son mari, lorsqu'il n'eut plus à craindre qu'elle fût protégée par le roi. La malheureuse Françoise, rentrée sous la domination de l'époux dont elle avait déshonoré le nom, ayant perdu sa fille unique, vécut dans son château de Bretagne, si maltraitée par cet époux qu'il fut généralement accusé d'avoir terminé ses jours par un poison dont elle mourut le 16 octobre 1537. En vain a-t-on nié une jalousie exercée sur une femme de 62 ans ; en vain a-t-on rappelé le monument que M. de Châteaubriant fit élever à sa femme et que Marot et Nicolas Bourbon ornèrent chacun d'une épitaphe: la mort de Françoise fut toujours attribuée à son mari, et le don qu'il fit de tous ses biens au connétable de Montmorency confirma dans l'opinion qu'il redoutait les poursuites de la justice. Mme de Murat, Lesconvel et d'autres ont publié des romans historiques sur les amours de la comtesse de Châteaubriant,

mes

d'après Moréri et les auteurs cités dans cet article. L. C. B. CHATEAUROUX (MARIE-ANNe de NESLE, duchesse DE), veuve à vingt-trois ans du marquis de la Tournelle, qu'elle avait épousé en 1734, regarda comme une des attributions de sa noble et antique famille d'être à son tour maîtresse de Louis XV, ainsi que l'avaient été M" de Mailly, de Vintimille, et de Lauraguais, ses sœurs. La fidélité que pendant plusieurs années Louis XV garda à son épouse contrariait beaucoup de courtisans, et la plus grande partie d'entre eux concourut à priver cette princesse d'une tendresse dont Mme de Mailly devint le premier objet dans l'ordre illégitime. Se supplantant successivement, les demoiselles de Nesle furent enfin représentées dans le poste de favorite par la marquise de la Tournelle, qui se fit nommer dame du palais de la reine, et exigea que son titre fût changé en celui de duchesse de Châteauroux. Le roi y consentit, ajoutant 80,000 livres de rentes à la dignité, et faisant mettre dans les lettres-patentes, que le mérite personnel et les vertus de Mme de la Tournelle étaient les seuls motifs des graces qu'il lui accordait. Me

de Châteauroux crut faire oublier son déshonneur et son avidité en inspirant au roi le désir de la gloire. La mort (1743) du cardinal de Fleury, premier ministre, permettant à Louis XV de régner par lui-même, sans avoir la peine de contrarier les habitudes d'un pouvoir qu'il avait toléré long-temps, et Mme de Châteauroux qui avait fait son guide du duc de Richelieu, après l'avoir eu pour amant, engagea le roi à présider ses conseils, et à commander ses armées en personne. Quant à l'économie, que plusieurs croient une vertu royale, la favorite ne s'en souciait guère, témoins les 1,200,000 fr. qu'elle fit dépenser à Choisy, dont le séjour lui plaisait. Craignant les remontrances d'Orry, son contrôleur-général, Louis XV lui fit remettre le mémoire qu'il n'avait osé lui donner, et fut agréablement surpris quand l'habile ministre lui dit : « Sire, je suis étonné de la modicité de la somme et j'ai mis en réserve pour cet objet 1,500,000 fr. » Si MC de Châteauroux

de la convalescence du roi, les sentimens que parurent lui inspirer la douleur et les soins de la reine, laissèrer! croire un instant que Mme de Châteauroux était bannie pour jamais. Les devotes de la cour, disent quelques memoires, mirent des rubans verts à leu cornettes. Mais la sage Lesczinska, åge de 41 ans et mère de dix enfans, ne pou vait guère lutter contre une jeune e belle femme, aux yeux d'un roi beaucoup plus désireux de charmes que de vertus. Le maréchal de Richelieu, qui ne se piquait point de délicatesse, imagin des parties de chasse dans lesquelles le ro revit Mme de Châteauroux : elle repl tout son empire, et exigea une réparation éclatante pour ce qu'elle appelai l'affront reçu à Metz. M. d'Argenscu (d'autres disent M. de Maurepas), qui lui avait signifié son exil, fut charge de lui annoncer son rappel. A cette nouvelle les poissardes s'écrièrent : Puisque le r' la reprend, il ne trouvera plus un pate: sur le pavé de Paris! Qu'aurait-on di si l'on avait su que Mme de Château

eût aimé la gloire, on aurait réservé cet argent pour pousser plus vivement la guerre que la France allait soutenir contre l'Angleterre et contre la reine de Hongrie: elle crut suffisant au succès de nos armes de mener le roi visiter les places fortes de la frontière, depuis Dunkerque jusqu'à Metz, annonçant qu'il allait prendre le commandement de son armée d'Alsace. Louis XV partit de Paris au mois de mai 1744; la duchesse le suivait; mais pour éviter le scandale de leur réunion dans chaque ville où séjournait le roi, on perçait des murailles ou l'on construisait des cloisons de planches : ce qui laissait ignorer au public l'heure des communications, mais en fournissait les preuves les plus ostensibles. Menin, Ypres, Furnes, le fort de Kenoque, furent pris sous les yeux du roi, et ces succès avaient déjà sensiblement touché les Français, lorsqu'à Metz il tomba malade d'une fièvre maligne, à la suite des fatigues de cette campagne et des excès de table auxquels il se livrait fréquemment. Les églises de Paris se remplirent alors de toute la population: on n'entendait que cris et prières, et le surnom de bien-aimé fut unanimement décerné au prince qui, par quelques actes de courage, venait de ranimer l'amour de ses sujets. La reine, dont la cassette était vide, emprunta mille louis à Villemur, receveur-général des finan-chesse de Châteauroux, atteinte d'un m ces, afin de partir sur-le-champ pour Metz, où Mme de Châteauroux, assise au chevet du roi, recevait de nouvelles assurances de sa tendresse; mais le 14 aout le duc de Chartres et l'évêque de Soissons ayant appris au monarque que ses jours étaient en danger, il consentit, sur les représentations de l'évêque à renvoyer sa favorite, et, selon l'usage du temps, demanda pardon à ceux qui l'entouraient du scandale qu'il avait donné. Dans son trajet de Metz à Paris, Mme de Châteauroux, qui s'était à grand' peine procuré une des voitures du maréchal de Bellisle, fut accablée d'injures par le peuple des campagnes, et ne se déroba aux mauvais traitemens dont on la menaçait, qu'en prenant des chemins détournés ou en traversant à pied et inconnue plusieurs villages. La longueur

roux obtenait aussi sa nomination d surintendante de la maison de la jeur dauphine que l'on attendait? Mais mort s'opposa à cette preuve de la fa blesse du roi, de l'effronterie de la fåvorite. A peine avait-on appris qu'el était rappelée à la cour, que Mme la du

aussi violent que subit, expira (1744)
non sans que ses ennemis, et ils étaien
nombreux, fussent accusés de l'avoir en
poisonnée. Le roi la regretta; et le
dames de Pompadour et Du Barry, q
lui succédèrent, aussi ambitieuses e
plus avides, n'ayant ni l'élévation d'esprit
ni la dignité de Mme de Châteauroux, l
firent aussi regretter par la nation. On
publié à Paris, en 1806, 2 vol. de sc
lettres, et Mme Sophie Gay vient de faire
paraître, sous le titre de Mme la duchess
de Chateauroux, un roman plein d'inte
rêt.
L. C. B
CHATEL, voy. CHATEAU et DUCHA

TEL.

CHATEL (ABBÉ), voy. CATHOLIQUE FRANÇAISE (église).

CHATELET. Dans le sens le pla absolu, c'est un petit fort ou habitation

féodale du dernier ordre (castelletum); mais on appliquait autrefois ce nom, d'une manière toute particulière, à deux

CHAT-HUANT, voy. CHOUETTE. CHATILLON ou CHASTILLON MAISON DE). Plusieurs anciennes et

édifices fort anciens, construits primiti-puissantes familles de France ont porté

vement pour servir à la défense de Paris, et qu'on distinguait par les noms de grand et petit Châtelet. Le premier, que l'on prétendait avoir été bâti d'abord par l'empereur Julien, mais qui fut tout au moins reconstruit par Philippe-Auguste (comme le prouve un passage de Rigord, cité par Ducange), défendait l'entrée de la rue Saint-Denis du côté du Pont-au-Change. On l'appelait vulgairement la Porte-Paris, ou l'ApportParis. Il a été démoli au commencement du XIXe siècle, et le lieu qu'il occupait s'appelle encore la Place du Chatelet; c'est là que se font les ventes mobilières par autorité de justice. Quant au petit Châtelet, il était situé à l'extrémité du Petit-Pont, près de l'HôtelDieu. Détruit par les Normands, dans le mémorable siége de 886, on le rebâtit, suivant Félibien, environ 450 ans après, sous le règne de Charles V. Il servait habituellement de prison.

Le grand Châtelet avait cessé, depuis long-temps, de concourir à la défense de Paris, lorsqu'on y transporta le siége du présidial ou de la justice prévôtale de cette ville. Les arrêts du Châtelet étaient exécutoires dans toute la France; c'est là que fut condamné le malheureux Favras, en 1790. Il y avait aussi un tribunal du Châtelet à Orléans, à Montpellier, etc.

Le nom de chatelet a été employé, comme celui de château ou chátel, pour désigner un certain nombre de villes et de villages de France. C'est aussi celui d'une ancienne famille de Lorraine à laquelle appartenait cette savante Émilie, devenue célèbre par l'amitié de Voltaire, beaucoup plus que par ses propres ouvrages (voy. Du CHATELET). C. N. A.

CHATELLENIE, seigneurie et juridiction d'un seigneur chatelain (castellanus), dans l'ancienne France. Après avoir été long-temps de simples offices, les châtellenies devinrent des fiefs et même des propriétés héréditaires. Quant à la justice des châtelains, voy. PRÉVOTE. X.

CHATHAM (LORD), voy. PITT.

ce nom : la plus célèbre de toutes est celle de Châtillon-sur-Marne. Elle possédait de vastes domaines, se divisait en plusieurs branches, parmi lesquelles on remarquait les comtes, puis princes de Porcian ou de Porcéan, et était alliée à plusieurs maisons souveraines. Les généalogistes et les chroniqueurs ne se sont pas fait faute de longues dissertations et d'hypothèses sur une telle lignée : l'Histoire généalogique de la maison de Chastillon, par André Duchesne, est ce qu'on a écrit de plus sage et de plus savant sur ce sujet.

Le premier de la famille de Châtillonsur-Marne, dans l'ordre chronologique, est EUDES, fils de Miles, qui, sous le nom d'Urbain II, fut le second pape français. RENAUD, REGINALD, ou ARNOLD de Châtillon, simple chevalier, et troisième fils de HENRI, suivit à la croisade le roi de France Louis VII, épousa Constance, princesse d'Antioche, se signala par de brillans exploits, mais aussi par des cruautés indignes d'un chevalier. Prisonnier des infidèles, puis rendu à la liberté, il se retira dans le château de Karak ou de Krak, d'où il se rendit redoutable aux Musulmans, et surtout à leurs caravanes, exerçant ses pillages au mépris même des traités. A la bataille de Tibériade (1187), il fut fait prisonnier, et amené avec le roi de Jérusalem, Gui de Lusignan, dans la tente de Saladin. Le soudan combla d'égards le roi captif; mais il immola de sa propre main Renaud de Châtillon, qu'il regardait comme un brigand.

GAUCHER de Châtillon, fils du quatrième comte de Crécy et de Porcéan, naquit en 1249, et servit d'abord en Italie le frère de saint Louis, Charles d'Anjou; ensuite il alla joindre en Afrique Louis IX, et, quoiqu'il n'arrivât qu'après la mort de ce roi, il eut encore le temps de se signaler par quelques faits d'armes. Il s'attacha sans retour au roi de France Philippe III, qui lui fit épouser une princesse du sang royal, après qu'il eut hérité des biens de son frère Jean de

en Navarre, et, après quelques discussions, abandonna à un de ses oncles ses prétentions sur le comté de Chartres (voy.). Lorsque la seconde femme de Philippe III, Marie de Brabant, fut accusée d'empoisonnement, Gaucher combattit en champ clos pour prouver son innocence, et y réussit. Il avait rendu à la couronne de grands services, lorsqu'en 1302, après la bataille de Courtrai, Philippe-le-Bel lui donna l'épée de connétable, et, plus tard, la dignité de premier ministre. Gaucher fut l'un des plus forts soutiens de Philippe dans ses querelles avec le pape, dans ses guerres contre les Flamands, dans sa haine contre les Templiers. Dans ses terres, que des héritages avaient agrandies, il adoucit la condition des serfs et encouragea la culture des lettres. Il commanda l'armée française à la bataille de MontCassel, en 1328, et il mourut l'année suivante.

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Châtillon. Il se distingua dans une guerre | d'illustration, fournit à la France l'amiral Coligny et ses frères Dandelot et Odet. Nous consacrerons aux deux premiers des articles spéciaux. Quant à Odet, connu dans l'histoire sous le nom de cardinal de Châtillon, il entra dans les ordres ecclésiastiques, fut prieur ou abbé commandataire de plusieurs monastères, archevêque de Toulouse, et réunit à ce diocèse (1535) l'évêché de Beauvais. Il ne se passait point d'année qu'il ne reçût quelque nouvelle faveur : seulement il eut quelques discussions avec le Saint-Siége au sujet de la multiplicite de ses bénéfices. Vers l'époque du colloque de Poissy (1562), où il avait assisté, il abjura le catholicisme, et Pie IV l'excommunia en 1563. Il ne quitta cependant pas de suite la pourpre romaine, car il assista, revêtu du costume de cardinal, au lit de justice qui se tint à Rouen pour la majorité de Charles IX. En 1564, il épousa Élisabeth de Hauteville, qui avait été sa maitresse. Renonçant enfin au titre de cardinal, il prit celui de comte de Beauvais. Il combattit avec les caivinistes à Saint-Denis en 1567, et prit une part très active aux négociations qui se mêlaient aux combats durant cette époque désastreuse. Néanmoins, craignant d'être arrêté, il se réfugia en Angleterre, en 1568, auprès de la reine Lisabeth, qui le reçut avec la plus grande distinction. La même année le pariement de Paris ordonna son arrestation, cette cour le déclara criminel d'est en 1569, lui ôta toutes ses dignités civiles et ecclésiastiques, et le condamna à une amende de 200,000 livres. li revenait en France à la sollicitation de son frère, l'amiral de Coligny, lorsqu'il mourut empoisonné par son valet de chambre en 1571. A. S-a.

La maison de Châtillon-sur-Marne s'éteignit en 1762; une de ses branches avait occupé les comtés de Blois et de Chartres.

CHARLES de Blois, de la maison de Chatillon, disputa la couronne ducale à Jean de Montfort, après la mort de Jean III; et, en 1341, le roi de France prononça son jugement en sa faveur, tandis que le roi d'Angleterre se déclarait pour son rival. Le parti de Charles de Blois ne fut pas heureux, malgré quelques succès. Fait prisonnier, en 1347, à la bataille de la Roche-Derrien, il fut conduit en Angleterre, et enfermé dans la Tour de Londres où on le traita avec barbarie. Au bout de neuf ans, il fut mis en liberté moyennant une rançon de cent mille florins d'or, et en laissant ses deux fils à sa place, comme otages d'un paiement qu'il n'effectua jamais. Il continua la guerre pendant sept ans, et fut tué à la bataille d'Aurai (1364). Il s'était fait admirer par sa piété, ou plutôt par des pratiques de dévotion poussées à un point qui lui faisait négliger les soins les plus nécessaires de propreté. Il fut question plus tard de le canoniser.

Une autre maison de Châtillon, moins puissante, mais qui ne manquait pas

CHATILLON (CONGRÈS DE). En 1814, les armées étrangères avaient envahi la France et s'avançaient vers Paris. Cependant leur triomphe était encore loin d'être assuré, et les chances de la guerre paraissaient si incertaines qu'on crut prudent, de part et d'autre, d'essayer encore une fois s'il était possible de s'entendre pour prévenir de plus grands malheurs, mais sans suspendre les hostilités. On ouvrit donc, le 5 février

1814, un congrès à Châtillon-sur-Seine, | le 19 mars eut lieu la rupture de ce congrès de Châtillon, où l'on était venu avec l'intention de suivre les événemens. Pendant qu'il durait encore, l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse avaient conclu à Chaumont une quadruple alliance pour 20 années (voy. CHAUMONT). M. Pons, de l'Hérault, a publié à Paris, en 1825, un ouvrage sur le Congrès de Châtillon. A. S-R. CHATIMENT, conséquence naturelle du mal qu'on fait, peine qui y est. attachée, comme la vieillesse anticipée à une vie de débauche, comme un discrédit moral à l'habitude du mensonge. Voy. RÉMUNÉRation.

conservation d'écarter tout ce qui lui est nuisible, tant en infligeant au méchant une peine réparatrice du mal qu'il a fait qu'en tarissant par une vengeance exemplaire la source des maux que lui prépare sans cesse la perversité de quelquesuns de ses membres. Voy. PEInes.

chef-lieu d'arrondissement du département de la Côte-d'Or et ville de 4,175 habitans. Ce congrès se composa du comte Stadion, du baron G.de Humboldt, et du comte Rasoumofski, plénipotentiaires de l'Autriche, de la Prusse, de la Russie; l'Angleterre y fut représentée par les lords Aberdeen, Cathcart, et le général Charles Stewart; en outre, le lord Castlereagh, ministre, fut présent. Le général Caulaincourt, duc de Vicence, fut l'envoyé de la France. D'un côté au moins on suivit les négociations sans bonne foi. Quelques succès obtenus par les alliés les énorgueillirent; on devait se baser sur les propositions faites à Toute mauvaise action mérite châtiFrancfort à la fin de 1813, et qui s'ap-ment: c'est un axiome consacré en prinpuyaient sur ce que les ennemis eux-cipe par la société, qui doit à sa propre mêmes appelaient les limites naturelles de la France. Mais alors ils changèrent d'idée, et refusant de laisser à la France une consistance analogue au rang qu'elle doit occuper dans le système politique, ils présentèrent un projet de traité qui contenait les plus dures conditions de paix: Napoléon ne pouvait les accepter. Il lui restait d'ailleurs un espoir, celui de terminer l'invasion ennemie par une éclatante victoire et de reprendre ainsi tous ses avantages. « C'est par trop exiger, dit-il hautement; les alliés oublient que je suis plus près de Munich qu'ils ne le sont de Paris. >> On assure que c'est le soir du combat de Champaubert, le 10 février, qu'il dit cette phrase, que M. de Pradt dans son ouvrage a travestie de cette manière: «Enfin je puis être encore une fois maître du monde. » Bientot Caulaincourt (voy.), impérieusement pressé de donner une explication définitive, remit un contre-projet. L'empereur consentait à restreindre sa domination dans l'étendue de l'ancienne France, avec la Savoie, Nice et l'île d'Elbe, et à condition que la couronne d'Italie, royaume dont l'Adige formerait la frontière du côté de l'Autriche, serait donnée au prince Eugène Beauharnais, et aussi avec la réserve que les principautés de Lucques, de Neuchâtel et le grand-duché de Berg retourneraient aux titulaires précédemment investis. Les plénipotentiaires alliés rejetèrent ce contre-projet, et

Telle est la garantie qui a été donnée à la morale publique par les codes judiciaires de tous les peuples. Ce n'est point ici le lieu d'examiner si les législateurs sont parvenus au but qu'ils voulaient atteindre; nous ne chercherons point à décider ce que la société a gagné avec les cruelles rigueurs d'une justice souvent austère jusqu'à l'inhumanité; nous ne dirons rien de ce que son amélioration peut attendre de la philanthropie qui croit mieux réussir à réprimer le crime en émoussant le glaive de la loi : l'expérience jugera cette question.

Quoi qu'il en puisse être, il est des crimes que la justice des hommes n'atteint pas, tantôt parce que l'œil de sa vigilance ne les découvre jamais, tantôt parce qu'il ne lui est pas donné de sonder le cœur du méchant, ce foyer où fermentent secrètement les élémens du crime, et qu'elle n'a le droit et le pouvoir de sévir que contre l'acte consommé; c'est-à-dire de réparer, et pas encore toujours, le mal qui est fait, sans qu'il lui soit permis de le prévenir. De là l'impunité assurée pour un grand nombre de coupables; la réparation est alors im

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