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Fut déclaré majeur, et on nomma douze personnes pour composer son conseil.

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par

On assembla encore deux fois les états sous Charles VIII, une fois entr'autres à Tours, en 1484. On y fit un tableau effrayant de la misère de ce temps. «< Le peuple, dirent les trois ordres, opprimé tout à la fois les gens de guerre qu'il paie cependant pour en être protégé, et par les officiers chargés de lever les impôts, est chassé de ses maisons dévastées et erre sans subsistances dans les forêts. La plupart des laboureurs à qui on a saisi jusqu'à leurs chevaux, attèlent leurs femmes et leurs enfans à la charrue, et n'osent même labourer que la nuit de peur d'être jetés dans les prisons; ils se cachent pendant le jour. D'autres réduits au désespoir, fuient chez l'étranger, après avoir égorgé leur famille qu'ils n'étoient plus en état de nourrir. » Malgré ces malheurs, l'attachement des Français pour leur roi étoit tel que les états déclarèrent « que si le roi n'avoit pas assez d'argent, ils lui en bailleroient à son plaisir, et que s'il avoit guerre ou qu'on l'offensast ils y mettroient leur personne et leurs biens. >>

— Le Parlement de Dijon, institué par Louis XI le 18 mars 1476, est rendu sédentaire par Charles VIII en 1494.

Avant l'année 1497, le grand conseil, attaché à la suite de la Cour, étoit ambulatoire; Charles VIII, par son édit du 2 août de cette année, le rendit sédentaire et l'érigea en Cour souveraine, présidée par le chancelier et composée de dix-sept conseillers pour vaquer avec les maîtres des requêtes à l'expédition des affaires qui seroient portées devant eux. François I.er créa un premier président qui fut supprimé dans la suite. Louis XIV, en 1690, créa un premier président et huit présidens en titre d'office, qui furent supprimés en 1738 et que Louis XV remplaça par un conseiller d'Etat et huit maîtres des requêtes.

On attribue à Charles VIII la création de l'office de grand-louvetier de France, dont les fonctions sont de commander à l'équipage du roi entretenu pour la

chasse du loup; d'autres en font commencer l'origine à François I.er

En 1496, Charles VIII établit la compagnie des Cent-Suisses, dont Louis de Menton est le premier capitaine-colonel. Charles, ainsi que son prédécesseur, eut des Suisses dans ses armées ; il y ajouta des lansquenets, c'est-à-dire de l'infanterie allemande. L'infanterie française, composée du rebut de la nation, n'étoit alors dans nulle estime.

C'est sous Charles VIII que le titre de grand-aumónier paroît pour la première fois. Auparavant, et dès le règne de Pepin en 756, le grand-aumônier se nommoit chapelain du roi. Le premier qui fut investi de la charge de grand-aumônier, en 1486, fut Geoffroi de Pompadour, évêque d'Angoulême. François I.er institua en 1543 le cardinal de Meudon, grand-aumônier de France. Cette dignité est le premier office ecclésiastique de la maison du roi.

En 1492, Christophe Colomb, Génois, aidé par Ferdinand et Isabelle, souverains d'Espagne, découvre un nouveau monde. Il parvient d'abord à l'île de Cuba, puis à l'ile Hispaniola (aujourd'hui Saint-Domingue). En 1498, Améric Vespuce, Florentin, découvre le continent de l'Amérique et lui donne son nom. Dès 1402 à-peu-près, Jean de Bethencourt, chambelland de Charles VI et cousin de l'amiral de France, avoit déjà voyagé aux îles Canaries, et s'en étoit fait déclarer

souverain.

Le sucre n'a été commun en France que depuis la découverte de l'Amérique. Il étoit déjà connu avant Christophe Colomb; mais on en consommoit très peu. L'ile de Madère fournissoit, dès 1484, une grande quantité de cannes de sucre au Portugal. Cette plante a été cultivée pour la première fois au Brésil par les Portugais.

La découverte du thé en 1650, du café en 1655, et du chocolat en 1670, a dû rendre, quelques années après, la fabrication du sucre beaucoup plus considérable. Ainsi l'on peut établir l'usage commun du sucre en France La découverte du sucre de 1700.

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vers l'an

betteraves au 19.° siècle, n'a pas eu le succès qu'on en attendoit et qu'on faisoit espérer.

Les femmes, sous Charles VIII, se coiffoient en cheveux, et elles portoient des robes de satin blanc. Tel étoit le vêtement de la reine le jour de son mariage. Les duchesses étoient coiffées d'un chapeau, qui étoit entouré d'une couronne relevée avec des tresses et un plumet; les comtesses n'avoient sur leur chapeau qu'une couronne perlée avec le plumet.

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Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, est la première reine de France qui a porté le deuil de son époux en noir. Auparavant les reines le portoient en blanc. De là le surnom de Blanche donné à plusieurs veuves de nos rois. Anne, à la mort de son époux, mit une cordelière à ses armes. Cet usage s'est conservé. Nous avons vu ailleurs que les veuves se ceignoient d'une corde au lieu des ceintures somptueuses qu'elles portoient avant leur veuvage.

Les principales batailles données sous le règne de Charles VIII, sont :

1.° Bataille de Saint-Aubin, dans la Bretagne, en 1488; le duc d'Orléans, (depuis Louis XII), révolté, y est défait et fait prisonnier par Louis de la Trimouille. (C'est au sujet de ce la Trimouille, que Louis XII parvenu au trône, dit que le roi de France ne vengeoit pas les querelles du duc d'Orléans ).

2. Bataille de Fournoue, dans le duché de Parme gagnée le 6 juillet 1495, par Charles VIII, contre les confédérés trois fois plus nombreux que les troupes du roi. Ces confédérés étoient l'empereur Maximilien, l'archiduc Philippe, dit le Beau, son fils, Ferdinand, roi d'Arragon, Henri VII, roi d'Angleterre, Ludovic Sforce et les Vénitiens. Le comte de Vendôme (François de Bourbon, aïeul d'Antoine de Bourbon), se signala à cette bataille. Charles VIII lui rendit alors tous les biens confisqués sur le connétable de Saint Paul dont il avoit épousé la petite-fille. C'est une chose à remarquer que cette branche de Vendôme, tige de la maison régnante, s'enrichit par les successions de deux rébelles; car la branche de Montpensier obtint aussi le retour des biens confisqués sur le connétable de Bourbon.

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3. Bataille de Seminare, dans la Calabre, gagnée en 1495 par d'Aubigny. Malgré cette bataille, le royaume de Naples est repris et rendu à Ferdinand aussi promptement qu'il avoit été conquis par Charles VIII qui y avoit fait son entrée victorieuse, le 21 février, avec les ornemens impériaux.

Sous le règne de Charles VIII, l'art typographique est porté pour la première fois dans les villes

suivantes :

A Bréand-Loudéhac, en 1484, par Robin Foucquet.
A Rennes
en 1484, par Pierre Belleesculée et par

Josses.

A Abbeville, en 1486, par Jean Dupré et Pierre Gerard.

A Besançon, en 1487, par Jean Comtet.

A Rouen, en 1487, par Guillaume Letalleur.
A Orléans, en 1490, par Mathieu Vivian.
A Dijon, en 1491, par Pierre Metlinger.
A Nantes, en 1
1493

par Etienne Larcher.

A Limoges, en 1495, par Jean Berton.

A Provins, en 1496, par Guillaume Tavernier.
A Tours, en 1496, par Mathieu Lateron.

A Avignon, en 1497, par Nicolas Lepe.

Les religieuses de l'ordre des Minimes, établies en 1395, et approuvées par Alexandre VI, sont réformées par Jules II en 1506.

Sous Charles VIII, le marc d'or est à 130 liv. 3 s. 4 den., et le marc d'argent à 10 liv. puis à 11 liv. Les monnoies d'or et d'argent sont à-peu-près les mêmes que sous les deux règnes précédens. On y voit des écus à la couronne, des écus au soleil; en argent, des gros-d'argent; en billon, des blancs à la des blancs au soleil, des Carolus, mailles, des liards, des deniers tournois, des doubles tournois et des deniers bourdelais.

en or,

couronne,

des

On frappe à Lyon la première monnoie portant le buste de nos rois, et cela, à l'occasion du mariage de Charles VIII. Il existe aussi des monnoies que ce roi fit frapper en Italie.

On connoît un gros-d'argent frappé à Pise, après que Charles y fut entré le 8 novembre 1494, et eut accordé

aux Pisans la demande qu'ils lui firent de les délivrer de la domination des Florentins. Cette pièce porte d'un côté la Vierge tenant l'enfant Jésus, et pour légende, PROTEGE VIRGO PISAS; et au revers les armes de France avec cette légende: KAROLUS REX: PISANORU: LIB: (liberator); titre, 10 deniers 18 gr., taille de 82 au marc; valeur actuelle 58 cent.

Les pièces frappées à Naples, sont des escus-d'or, au même titre et au même poids que les écus d'or au soleil, de France. D'un côté sont les armes de France avec cette légende : KAROLUS: D: G. R. FRANCORU: SIC: IER, et de l'autre, des croisettes de Jérusalem avec cette devise: XPS. VINCIT. XPS. REGNAT. XPS. IMPAT. Les autres pièces sont des ducats, des grands blancs et une petite monnoie de billon.

-La langue française ne fait pas de progrès sous ce règne. Nous allons le prouver par un passage d'un historien contemporain qui raconte les derniers instans de Charles VIII, mourant par accident à Amboise lorsqu'il en faisoit reconstruire le château; il voulut passer par une porte trop basse et se donna un coup à la tête. Il ne se plaignit pas d'abord, mais bientôt il tombe à la renverse, sans connoissance et sans mouvement dans la galerie par où il s'en retournoit avec la reine. Ecoutons maintenant l'historien du temps: « Toute personne estoit dans la dicte galerie qui vouloit, et le trouvoit-on couché sur une povre paillasse dont il ne partit jusqu'à ce qu'il eut rendu l'ame, et y fut neuf heures. Trois fois la parole lui revint, et à trois fois il disoit : Mon Dieu, la glorieuse Vierge Marie Monseigneur Saint Claude, Monseigneur Saint Blaise me soyent en ayde. Ainsi départit de ce monde dans la vingt-huitième année de son asge si puissant et si grant roi et en si misérable lieu, qui tant avoit de belles maiS, et en faisoit une si belle, et si ne sceut à ce besoing finer d'une povre chambre. » Comines parlant de ce roi, dit : « Ne fust jamais que petit homme de corps et peu entendu; mais il estoit si bon qu'il n'est point possible de veoir meilleure créature. »

sons

Varillas a donné l'histoire de Charles VIII. Paris, 1691, in-4.°, ou 3 vol. in-12. Mademoiselle de

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