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en 1099, et Godefroi en fut nommé roi. Cette croisade est immortalisée par le beau poëme du Tasse.

On place sous le même règne l'origine des armoiries inventées, dit-on, par les premiers croisés, pour se distinguer sous leurs casques qui leur cachoient le visage. Mais des auteurs prétendent qu'on se trompe et que les armoiries remontent jusqu'aux tournois, institués, l'an 934, par Henri I, roi de Germanie. On convient cependant que l'usage n'en devint universel parmi les nobles en France, qu'au temps des croisades. Un nommé Geoffroy de Preuilly, rédigea, dit-on, les premiers réglemens des tournois vers 1066. Cela n'empêche pas qu'ils aient pu exister dès 934.

Le

pape Grégoire VII, dans le concile de Rome de 1074, renouvelle la loi du célibat pour le clergé, et enjoint aux prêtres mariés de quitter leurs femmes ou de se voir dépouillés du sacerdoce. Le pape Urbain II alla jusqu'à inviter les princes séculiers à rendre esclaves les épouses des prêtres qui vivroient avec leurs maris, après que ceux-ci auroient reçu les ordres

sacrés.

- L'ordre des Chartreux fut fondé en 1084, par S. Bruno, théologien de Cologne et chanoine de Reims. Les chanoines réguliers furent établis en 1090, par S. Yves, évêque de Chartres.

L'ordre des Bernardins de Citeaux fut fondé en 1098, par S. Robert, abbé de Molême, et ensuite par S. Bernard, l'abbé le plus célèbre de cet ordre, qui fonda Clervaux. Cet ordre est une réforme de celui de S. Benoît. Il y avoit autrefois en France cinq abbayes chefs d'ordre de S. Bernard: Cîteaux, Clervaux, Pontigny, la Ferté et Morimont. Cet ordre étoit fort répandu en Europe.

L'ordre de S. Antoine fut fondé en 1095, par Gaston, gentilhomme dauphinois. Ce n'étoit alors qu'une espèce de confrairie de laïcs nobles, occupés à l'exercice des oeuvres de charité envers les pauvres et les malades. Boniface VIII, à la sollicitation d'Aimon de Montagny, donna une nouvelle forme à cet ordre. avec la qualité de chanoines réguliers aux hospitaliers

de ce temps-là, et celle d'abbé à Aimon qui en étoit le dix-septième grand-maître; enfin il les mit sous la règle de S. Augustin en 1297.

La fondation de l'ordre de S. Jean de Jérusalem remonte au temps où Godefroi de Bouillon s'empara de cette ville. Gerard Torn, provençal, peut en être considéré comme le premier fondateur, puisqu'il lui donna des statuts; il fut secondé par Raimond Dupuy, dauphinois, qu'il eut pour successeur vers 1118, et qui le premier prit le titre de maître. Raimond établit une nouvelle règle pour les frères hospitaliers; elle fut approuvée par Calixte II, en 1220. Jérusalem ayant été pris par Saladin en 1187, l'ordre se retira à Margat, puis à Saint-Jean d'Acre, qu'il défendit avec beaucoup de valeur en 1290. La terre sainte ayant été entièrement envahie par les Sarazins en 1291, les frères hospitaliers passèrent dans l'île de Chypre, et y restèrent environ dix-huit ans. Ils prirent l'île de Rhodes en 1308, et s'y maintirent pendant deux cent treize ans. On leur donna alors le titre de chevaliers, et ils furent nommés chevaliers de Rhodes. Soliman les attaqua et s'empara de Rhodes le 24 décembre 1522. Après cette perte, ils se retirèrent à Candie; puis le pape Clément VII leur donna Viterbe. Enfin CharlesQuint leur fit don de l'ile de Malte, où le grand-maître, Lile-Adam et ses chevaliers arrivèrent le 26 octobre 1530. Dès-lors ils ont porté le nom de chevaliers de Malte. Depuis la révolution française, cet ordre est disséminé. Bonaparte s'est emparé de cette île, on sait comment, en 1798; les Anglais l'ont prise depuis et en sont encore en possession.

C'est sous le règne de Philippe I.er (règne célèbre par plusieurs grands événemens auxquels ce roi ne prit aucune part, ce qui affoiblit l'autorité royale dans ses mains), c'est sous son règne, dis-je, que commença la rivalité entre la France et l'Angleterre, rivalité qui dès-lors n'a pas cessé d'exister. Son origine date de la conquête que Guillaume, duc de Normandie, vassal du roi de France, fit de l'Angleterre, sur Harald, comte de Kent, en 1066. Philippe devoit s'opposer à cette conquête; il le pouvoit, puisque Guil

laume étoit son vassal. Il ne le fit pas, et il en résulta des guerres, dont la première eut lieu, en 1087, entre les deux nations. Elle se renouvela sous les règnes suivans; et cette rivalité augmenta encore à l'occasion du malheureux divorce de Louis VII avec Éléonore de Poitou, héritière de la Guyenne, du Poitou et de la Gascogne. Cette princesse répudiée épousa en 1157, Henri (Plantagenet), duc de Normandie, comte d'Anjou et du Maine, et lui apporta en dot toutes ses vastes possessions. Ce malheureux événement, avantageux à l'Angleterre, fut très funeste à la France, et lui occasionna des pertes considérables. Mais Philippe Auguste répara les fautes de ses prédécesseurs ; il reprit la supériorité sur l'Angleterre, et affermit sa puissance et son autorité par les nombreuses réunions qu'il fit au domaine de la couronne. Outre l'Artois, le Vermandois et les comtés d'Evreux, d'Auvergne et d'Alençon qu'il réunit à différens titres, il profita des troubles intestins qui s'étoient élevés contre Jean SansTerre, pour dépouiller les Anglais de la Normandie, de l'Anjou, du Maine, de la Touraine et du Poitou ; il maintint ces conquêtes par la victoire remportée à Bouvines en 1214, sur les forces réunies de l'Angleterre, de l'empereur Otton et du comte de Flandre. Par la suite elles furent comprises dans le traité de paix de 1259, comme cédées à la France Henri III, fils de Jean Sans-Terre. (Voyez les règnes de PHILIPPE AUGUSTE et de Louis IX.)

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par

-On fixe au règne de Philippe I l'époque de la première altération des espèces monnoyées. Ce roi fit frapper de la monnoie d'argent, où il entra un tiers d'alliage en cuivre.

-Ce fut ce prince, qui, en 1060, la première année de son règne, substitua le poids de marc à la livre romaine. A cette époque on nomma indistinctement francs d'or ou florins d'or, ce qui auparavant n'étoit autre chose que le sou d'or parisis au titre de vingt-trois karats, et du poids de quatre-vingt-quatre grains. (La monnoie parisis étoit celle que les ducs et les comtes de Paris faisoient frapper. Elle étoit d'un quart plus forte que celle qui se fabriquoit à Tours,

et que par cette raison on nommoit monnoie tournois. Quatre sous parisis équivaloient à cinq sous tournois. L'une et l'autre de ces monnoies ont été long-temps en usage en France dans les comptes et les contrats; la monnoie parisis n'a été abolie que sous Louis XIV; dèslors on n'a plus compté que par livres tournois). L'histoire de Normandie fait mention de florins d'or en 1067. Le peu de renseignemens qui a été conservé sur la partie des monnoies sous Philippe I, ne permet guères de les détailler et de les évaluer.

Dans ces anciens temps la figure des princes n'étoit point gravée sur les monnoies; on n'en connoît qu'une seule de Philippe I, où l'on voit d'un côté la tête d'un évêque avec une mître ouverte par-devant, et de l'autre le buste de Philippe couronné d'un sceptre ou diadême surmonté de trois croix. Ce diadême est pareil à celui de Louis-le-Gros, représenté sur un sceau de cire blanche, tenant à un titre de 1109, qu'on voyoit à Paris à la bibliothèque de Sainte Geneviève.

-La langue française prend encore plus d'à-plomb dans ce règne-ci que dans le précédent. Cependant on s'aperçoit qu'elle n'est encore qu'au berceau, comme on en peut juger par ces fragmens de lois rendues par Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, roi d'Angleterre, dont nous avons parlé plus haut. Il ordonna, en 1067, que toutes les procédures se feroient en Angleterre en langue française ou romance, et il publia cette ordonnance dans cette langue. En voici le début.

« Ce sunt les leis e les coustumes que lis reis Wil<< liam grantut a tuit li peuple de Engleterre, après la « conquest de la terre.

<< Ice les meismes que li reis Edouard, sun cosin, << tint devant lui.

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« Co est à saveir, peis a seint yglise, de quel forfet « que hom out fet en cel tems et il pout venir a « seint yglise, ont peis de vie et de membre. E se alquons meist main en celui qui la mere yglise re«quireit su ceo fust u abbeie u yglise en religion, ren« dist ce que il javreit pris, etc.

«Si le pere trovet sa fille en adulterie en sa mei<zoun 9 u en la meizoun soun gendre, ben li leist occire l'adulterie, etc.

On trouve cinquante articles de ces lois dans les œuvres de S. Anselme, publiées par le père Gerberon.

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LOUIS VI. 1108-1137.

42. Roi de France, 5.e de la 3.e race, 5. de la branche

capétienne.

LOUIS VI, dit LE GROS, fils de Philippe I et de la reine Berthe, né en

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1077; Créé comte de Vexin par son père,

en 1092;

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Associé à la royauté en 1098; Roi de France le 29 juillet 1108; Sacré à Orléans, par l'archevêque de Sens, le 3 août 1108;

Fiancé, en 1104, à Lucienne, fille de Gui le Rouge, sire de Rochefort, avant qu'elle fût nubile. (Cette alliance disproportionnée est dissoute en 1107.)

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Marié en 1115, à ALIX ou ADÉLAÏDE de Savoie, fille de Humbert II, comte de Maurienne et de Savoie, et de Gisele de Bourgogne. (Après la mort du roi, elle se remaria à Mathieu de Montmorenci, connétable de France; elle mourut en 1154. Louis VI meurt le 1.er août

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1137. Les enfans qu'il eut d'Adélaïde sont,

1.o Philippe, né le 29 août 1116; sacré à Reims le 14 avril 1129, et mort le 13 octobre 1131, par conséquent avant son père.

2. LOUIS, Couronné et associé à l'empire le 25 octobre 1131.

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