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Louis VII choisit entre les pairs du royaume six pairs laïcs et six pairs ecclésiastiques, qui formerent dans la suite ce corps célèbre qu'on a appelé les douze pairs de France. Il étoit comme le conseil souverain de la nation, et dans la suite il fut le seul qui eût droit d'assister aux audiences du parlement, aux lits de justice, aux sacres et autres cérémonies d'éclat.

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DEUXIÈME CROISADE. Elle fut prêchée par Saint Bernard en 1144, et résolue par Louis le Jeune en expiation du saccagement de Vitry, où il fit brûler dans une église treize cents personnes. Le 31 mars 1146, le roi et une grande quantité de gentils-hommes reçoivent la croix en pleine campagne à Vezelai, des mains de S. Bernard. Il part le 11 juin 1147 avec Éléonore sa femme, à la tête d'une armée de plus de quatre-vingt mille hommes. Conrad, duc de Souabe, qui avoit été élu empereur, y mena aussi une armée considérable. L'abbé Suger, et Raoul, comte de Vermandois, beau-frère de la reine, sont nommés régens du royaume en l'absence du roi. Cette croisade fut malheureuse; Louis le Jeune et l'empereur Conrad virent leur armée détruite dans l'Asie mineure, avant d'atteindre Jérusalem.

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C'est sous le règne de Louis le Jeune qu'il y eut un schisme commencé en 1159, et fini en 1177, à l'occasion de deux papes, Alexandre III, et Victor antipape. Victor eut pour successeur dans son obédience Pascal III et Calixte II. Enfin Alexandre III fut reconnu

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pour le véritable pape. Il le méritoit. Ce fut lui qui au nom du troisième concile de Latran, déclara que tous les chrétiens devoient être exempts de la servitude. L'empereur Frédéric qui avoit entretenu le schisme fut contraint à la paix par les Vénitiens qui gagnèrent sur lui la bataille navale de Lignano. Le pape en reconnoissance fit présent de son anneau au doge, en lui disant de le jeter à la mer qu'il lui donnoit pour épouse. Telle est l'origine de la cérémonie du mariage du doge avec la mer.

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C'est sous Louis VII qu'a été établie, en 1174, la dignité de grand chambellan, dont les fonctions

consistoient d'abord à avoir soin des armes du roi, et à préparer tout ce qui étoit nécessaire à la réception des chevaliers. Il devoit toujours être près de la personne du roi, et couchoit au pied de son lit quand la reine n'y étoit pas. Il gardoit le scel secret et cachet du cabinet, recevoit les hommages qu'on rendoit à la couronne, et faisoit prêter serment de fidélité en présence du roi. Il introduisoit les vassaux qui venoient rendre foi et hommage. Quand le roi tenoit les étatsgénéraux ou son lit de justice au parlement, parlement, le grand chambellan étoit assis à ses pieds sur un carreau de velours violet. Avant la révolution, les fonctions du grand chambellan se réduisoient à être le premier de la chambre du roi, et à en faire tout le service.

C'est encore sous le règne de Louis VII que se formèrent une grande quantité d'écoles, soit dans les cathédrales, soit dans les monastères. Les moines étoient continuellement occupés à copier des livres ; et sans eux tous les trésors littéraires de l'antiquité seroient peut-être perdus. Bientôt les colléges succédèrent aux écoles. Robert, comte de Dreux, frère du

roi, en fonda un sous l'invocation de S. Thomas de

Cantorbéri. C'est ce qu'on nommoit avant la révolution S. Thomas du Louvre. Il y eut aussi un collége des Anglais et un collége des Danois. Paris devint le centre des lettres ; et le nombre des étudians y fut si considérable, qu'il égala celui des habitans, et se rendit quelquefois redoutable dans les émeutes civiles.

Vers 1141, commencèrent deux factions qui ont long-temps partagé l'Italie : celle des Guelfes, qui étoit attachée au parti des papes, et celle des Gebelins, qui soutenoit les Empereurs.

Sous ce règne on aperçoit déjà le commencement des représentations théâtrales. Un moine nommé Geoffroi fit représenter à ses étudians des espèces de tragédies pieuses. Le sujet de la première pièce fut les miracles de Sainte Catherine. Cela est bien antérieur aux représentations des mystères qui n'ont commencé qu'en 1398, sur un théâtre dressé à l'hôtel de la Trinité à Paris.

L'église cathédrale de Paris (Notre-Dame) fut commencée vers l'an 1163; la première pierre en fut posée par le pape Alexandre III. Des ouvriers étrangers, surtout des Arabes d'Espagne, en firent l'entreprise. C'est un des plus anciens monumens de l'architecture gothique moderne ou plutôt arabesque, et l'un des plus beaux par son étendue et la nature de sa

construction.

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- Le marc d'argent, en 11. 144, valoit 40 sous; et en 1158, il étoit porté à 53 sous 4 deniers tournois. La monnoie d'or qui avoit cours sous Louis VII, étoit le bezant, au titre de 22 karats; il valoit à-peu-près 20 fr. 27 t. Il a eu également cours sous Philippe Auguste. Dans le 13. siècle on portoit en offrande à la cérémonie du sacre de nos rois, un pain, un baril en argent plein de vin, et 13 bezans d'or.

-La langue française, sous le règne de Louis VII, a fait bien peu de progrès depuis le règne précédent. On peut en juger par ce fragment des sermons français de S. Bernard, qui écrivoit vers 1137:

« Ensi sunt pluisors gent cui fruit sachet et chieient, « por ceu k'il trop hastiulement naissent. Ce sunt cil « ki en l'encommencement de lor conversion vuelent << apermemes fructifier par une presumptuouse badise. » C'est-à-dire « ainsi sont plusieurs personnes dont le fruit séche et tombe, parce qu'il naît trop tôt ; ce sont ceux qui dans le commencement de leur conversion veulent aussitôt fructifier par une présomptueuse vanité. » Donnons encore un exemple tiré des mêmes

sermons.

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<< Ceu ne sentent mie celes gens ki ols meismes << aiment, cil ki sage cuident être ki cuzencenols sunt « k'il parfaire poient par ols meismes la cure de la char «en desirs, xort à la voix Saint Pierre ki dist tot « votre cuzenzo gittiez en lui, car il at cuzenzon de « VOZ. » C'est-à-dire, « ne pensent point cela ces gens « qui aiment eux-mêmes, ceux qui croient être sages, qui s'imaginent pouvoir guerir par eux-mêmes les « désirs de la chair, sourds à la voix de Saint Pierre, « qui dit : confiez-lui tout votre souci, (vos peines, inquiétudes) car il a souci de vous. »

* VDS

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PHILIPPE II. 1180-1223.

44. Roi de France, 7. de la 3. race, 7. de la branche capétienne.

Philippe II, surnommé AUGUSTE, fils de Louis VII et d'Alix, né le 21 d'août.. 1165; Sacré à Reims le 1.er novembre 1179, par le cardinal Guillaume de Champagne son oncle. Couronné une seconde fois à Saint-Denis avec la reine Isabelle, sa femme, le 29 mai 1180, par Gui, archevêque de Sens. Roi de France le 18 septembre .. 1180. Marié, 1.o à ISABELLE, fille de Baudouin V, comte de Hainaut, morte en couche le 15 mars 1190.

Marié, 2.o le 14 août 1193 à INGEBURGE Ou ISAMBURGE, fille de Valdemar et sœur de Canut VI, rois de Dannemarck, couronnée le lendemain 15 août. Pendant cette cérémonie, Philippe prend cette princesse en aversion, et le 4 novembre suivant, il fait casser son mariage, sous prétexte de parenté, dans une assemblée de prélats et de seigneurs. La reine appelle au pape. Le roi fait autoriser sa séparation, l'an 1195, par des commissaires du Saint-Siége. Le pape Célestin III casse ce jugement, et oblige Philippe à reprendre sa femme; mais aveuglé par sa passion, Philippe passe à un à un troisième mariage.

Marié, 3.o en 1196, à AGNÈS, fille de Berthod IV, duc de Méranie; le pape déclare ce mariage nul, et menace le roi d'un interdit, qui fut jeté sur le royaume en 1200, par un légat

d'Innocent III, successeur de Célestin. Le roi termine cette affaire, en reprenant Ingeburge. Il l'envoie quelque temps après à Etampes, et ne la rappelle que douze ans après, c'est-à-dire en 1213. Agnès mourut de chagrin à Poissi en 1201, et Ingeburge à Corbeil en 1236, sans avoir été mère.

Philippe Auguste meurt à Mantes le 14 juillet. 1223.

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Il ne laissa d'ISABELLE, sa première

femme, que

1.° Louis, son successeur, (et deux enfans jumeaux, qui en naissant coûtèrent la vie à leur mère, et eux-mêmes moururent trois jours après. Leurs noms sont inconnus.) Il eut d'AGNÈS DE MÉRANIE,

2.° Philippe dit Hurepel, comte de Clermont en Beauvoisis, qui par son mariage avec Mahaud, comtesse de Boulogne, de Mortain, de Danmartin, etc. devint seigneur de toutes ces terres. Il mourut dans un tournoi qui se donna à Corbie en 1233.

3.o Marie, fiancée d'abord, en 1202, au jeune Artur, duc de Bretagne, puis mariée, 1.° à Philippe, comte de Namur; et 2.° à Henri I, duc de Brabant.

Nota. Philippe et Marie furent légitimés par le pape, quoiqu'il eût déclaré ce mariage nul, et que le roi eût repris Ingeburge, sa seconde femme

Fils naturel de Philippe Auguste et d'une mère inconnue,

4.° Pierre Charlot, trésorier de SaintMartin de Tours, puis évêque de Noyon.

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