Il fut légitimé par le Pape Honoré III ; il suivit son neveu Louis IX au premier voyage d'outre mer, et mourut le 9 octobre 1249, sur les côtes de Damiette, où son vaisseau fut brisé. SECONDE MINORITÉ. Philippe Auguste, à son avénement, n'avoit que 5 ans. La régence est confiée à Philippe d'Alsace, comte de Flandre, oncle du roi; cependant Louis VII, par son testament fait en 1179; avoit nommé Alix sa femme, et Guillaume Cardinal de Champagne, pour gouverner sous la minorité du roi mais cette disposition testamentaire fut disputée à Alix par Philippe Auguste lui-même, son fils. TROISIÈME CROISADE. Elle fut arrêtée le 21 janvier 1188, par Philippe Auguste et Henri II, roi d'Angleterre, exécutée par Philippe et Richard fils de Henri, le 4 juillet 1190. L'empereur Barberousse y eut aussi part. Philippe Auguste confie la régence du royaume, pendant son absence, à la reine Alix sa mère, et à Guillaume son oncle, archevêque de Reims. Dans cette expédition, on voit l'empereur mourir au milieu de grands succès, pour s'être, comme Alexandre, baigné dans le Cydnus. Les deux autres monarques, prennent Ptolémaïs, se disputent, acquièrent de la gloire, et finissent par perdre leur armée. Au retour de cette croisade, Philippe Auguste supprima la charge de grand-sénéchal qui étoit le premier grand-officier de la couronne, et dont l'autorité étoit trop redoutable pour le roi. Le grand-sénéchal tenoit le premier rang à la Cour, commandoit les armées, rendoit la justice, et avoit l'administration des revenus de la maison du roi. La chevalerie, qui a été connue dans le 11.° siècle, a été perfectionnée du temps de Philippe Auguste. Pour être reçu chevalier, il y avoit de grandes cérémonies préliminaires à observer. Les fils du roi en étoient seuls exempts en temps de paix. Il n'y eut d'abord deux classes de chevaliers, les Bannerets, puis les bacheliers ou bas chevaliers. Il en parut une troisième que sous François I, qu'on appela chevaliers ès lois, ou lettrés. Le pape Grégoire IX est le premier qui, vers le commencement du treizième siècle, a distingué les degrés de bachelier, de licencié et de docteur, qui ont subsisté jusques à nos jours dans les universités théologie, le droit et la médecine. › pour la -Sous le règne de Philippe, paroissent les sergens d'armes qui forment la première garde de nos Rois. Ils se signalèrent à Bouvines. Ils étoient tous gentilshommes et leurs fonctions étoient à vie. Philippe, avant son départ pour la terre sainte donna pour armoiries, à la ville de Paris, un écu dont le champ étoit de gueules, à la nef d'argent, au chef d'azur, semé de fleurs-de-lis d'or. La ville de Paris, faute de grands chemins, faisoit alors son plus grand commerce par eau. Voilà pourquoi ses armoiries avoient un vaisseau. Elle fut pavée pour la première fois, par ordre de Philippe, en 1184. Un financier, Gerard de Poissi, contribua à cette dépense et donna onze mille marcs d'argent. -Ce n'est que sous Philippe Auguste que l'on commence à parler du Louvre, mot tiré du saxon louveart, qui signifie château. Il existoit cependant auparavant, car Dagobert y mettoit ses chiens ses chevaux de chasse et ses piqueurs. Les rois fainéans alloient souvent s'y promener après-dîner pour faire la digestion, car le louvre étoit alors hors des murs de Paris. Philippe Auguste en fit une espèce de citadelle environnée de larges fossés et flanquée de tours. Celle qu'on appeloit la grosse tour du Louvre fut abattue en 1528 sous François I. Charles V dépensa 55,000 liv. pour exhausser le palais et le rendre plus commode et plus agréable. Il ne fut habité par nos rois que sous Charles IX; auparavant il servoit à loger les monarques étrangers qui venoient en France. Il ne reste plus rien du vieux château de Philippe Auguste, réparé par Charles V. Ce qu'on y voit de plus ancien est du règne de François I, de Charles IX, de Henri III, Henri IV et Louis XIII. La superbe façade fut exécutée par Claude Perrault sous Louis XIV. -On est très incertain sur l'origine de la boussole; cependant on est assez d'accord de la faire remonter au moins au règne de Philippe Auguste; et l'on se fonde à juste titre sur un passage du poëme de Hugues de Bercy, provençal, intitulé Bible Guyot, qui fut composé en 1200. Voici ce passage, copié avec beaucoup d'exactitude; quoique un peu long, je le mets en entier, parce qu'il a été altéré dans la plupart des auteurs qui l'ont cité, et d'ailleurs il donnera une idée de la langue française et de la poésie à cette époque. J'y joins l'interprétation ou plutôt la traduction. De nostre pere l'apostoile Toutes les autres se removent, nent; Mais cele estoille ne se muet, Et en un festu l'ont couchie brune, J'aurois voulu que notre Saint Père le Pape ressemblàt à l'étoile (polaire) qui ne se remue. Les mariniers qui sont en route la voient bien : par cette étoile ils vont et viennent et tiennent leur sentier et leur chemin; ils l'appelent la tramontane. Ce guide est très certain. Toutes les autres (étoiles) se meuvent, changent de lieu et tournent; mais celle-ci ne bouge. Ils font un art qui ne peut tromper par le moyen de la manoeuvre. Ils ont une pierre laide et brune à laquelle le fer se joint volontiers; ils gardent le point droit, puis ils en approchent une aiguille qu'ils couchent sur une planchette; ils la mettent sur l'eau et pas plus. La planchette tient l'aiguille dessus, puis la pointe se tourne vers l'étoile, et sans doute que nul homme n'en doutera,et pour rien (cela) ne manquera. Quand la mer est obscure et brune, quand on ne voit ni étoile ni lune, on approche une lumière de l'aiguille, puis on n'a garde s'égarer, ( puisqu'on voit que ) la pointe va du côté de l'étoile. (1) C'est à tort que Fauchet, dan's ses Poêtes Français, c. VI, et ceux qui l'ont suivi, ont ainsi rendu ces deux vers: Rien n'est plus clair que cette description de la boussole, encore au berceau à la vérité. Ce passage prouve donc contre l'opinion de ceux qui prétendent que Marc-Paul, Vénitien, ayant voyagé à la Chine en 1260, en rapporta la boussole. On ajoute qu'elle étoit connue des Chinois onze cent vingt ans avant J.-C. Il prouve également contre ceux qui en attribuent l'invention à Flavio Gioja, Napolitain, en 1302. Le mot boussole vient de l'anglais boxel, petite boëte dans la→ quelle l'aiguille aimantée est renfermée. QUATRIÈME CROISA DE. Elle fut prêchée en 1200 par Foulques de Neuilly, sous le pape Innocent III, et commandée par Boniface de Montferrat en 1204. Baudouin, comte de Flandre, premier chef, Eudes, duc de Bourgogne, etc., s'étoient déjà rendus en Asie dès 1202. Mais le résultat de cette croisade n'eut rien de relatif à la terre sainte, et fut simplement la prise de Constantinople et l'établissement de ce qu'on appelle l'empire latin. Baudouin fut empereur de Constantinople, et les Vénitiens saisirent le Péloponèse et Candie. Villehardouin, le premier qui ait écrit l'histoire dans la langue vulgaire. a donné la relation de la prise de Constantinople. J'en citerai un fragment plus bas. -Les grands fiefs que Philippe Auguste réunit à la couronne sont : Le comté d'Alençon, en 1195. La terre d'Auvergne, en 1198. Par la vertu de la marinette, Une pierre laide et noirette, etc. Il faut lire au lieu de marinette, le mot manière, qui convient mieux et pour le sens et pour la mesure du vers il me semble que la vertu de la manière signifie le moyen de la manoeuvre, et convient mieux pour le sens ; d'ailleurs, il est aussi dans l'original. Le duché de Normandie, en 1205. Le comté de Vermandois, en 1215. Philippe après avoir conquis la Normandie et l'avoir réunie à la couronne, y établit la peine du talion, dont l'étymologie vient de talium tale. -Les principales batailles qui ont eu lieu sous Philippe Auguste, sont : 1.° La bataille de Freteval, dans l'Orléanois en 1193; elle eut lieu entre Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion. Elle est mémorable par la perte des archives de la couronne. C'est l'époque de l'établissement du trésor des chartes, d'abord dans la tour du Louvre ou au Temple, et depuis, par Saint Louis, en la SainteChapelle de Paris. 2. La bataille de Muret, dans la Gascogne, en 1213. Simon, comte de Montfort, avec 8000 Croisés, attaque et défait les Albigeois forts de 100,000 hommes commandés par Pierre, roi d'Arragon, qui y fut tué. 3.o La bataille de Bouvines, en Flandres, donnée en 1214. Philippe Auguste, avec 50,000 hommes, y défait l'empereur Otton de Brunswick, qui en commandoit plus de 150,000 les forces de l'Angleterre, du comte de Flandre et du comte de Boulogne faisoient partie de son armée. Ces deux comtes furent faits prisonniers et menés à Paris les pieds et les mains enchaînés, selon la coutume du temps. -CINQUIÈME CROISADE. Elle fut encore prêchée par le pape Innocent III, et eut lieu en 1213. Les armées n'étoient composées que de religieux, de femmes et d'enfans. Elles furent bientôt détruites. Jean de Brienne roi titulaire de Jérusalem, prit Damiette, mais la perdit bientôt. L'université de Paris que l'on regarde comme fondée par Pierre Lombard, sur la fin du règne de Louisle-Jeune, fut la première qui réunit toutes les facultés. Elle reçut ses premiers privilèges de Philippe Auguste en 1200. Les premiers statuts que l'on connoît, sont de 1215. |