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C'est sous le règne de Philippe qu'a été fondé l'ordre de la Merci ou des Mathurins, par Saint Jean de Matha. Quelques auteurs prétendent qu'un prince nommé Hugues, petit-fils de Hugues troisième fils du roi Henri I, s'associa avec Jean de Matha pour cette fondation, et que, par humilité, il changea son nom en celui de Félix. Il est invoqué sous le nom de Félix de Valois. Mais Baillet croit que ce Saint Félix est un particulier né dans le Valois, d'où il prit son nom.

Les Dominicains furent institués en 1201 par Saint Dominique, chanoine espagnol, qui obtint du pape la confirmation de son ordre en 1216 sous la règle de Saint Augustin. Cet ordre commença dans le Languedoc où Saint Dominique avoit assemblé quelques prêtres qui travailloient avec lui à la conversion des Albigeois, et qu'on nomma frères prêcheurs.

Saint Dominique étoit le patron de l'inquisition dont l'origine date de ces temps. Elle commença d'abord par une commission d'inquisiteurs que le pape Innocent III établit à Toulouse, en 1204, contre les Albigeois. Les premiers de ces commissaires furent frère Raynier et frère Guy, religieux de Cîteaux. L'établissement fixe et permanent de l'inquisition date du concile de Toulouse en 1229. Le pape Grégoire IX confia en 1223 l'inquisition aux Dominicains qui l'érigèrent en tribunal ordinaire, qui a subsisté plusieurs siècles à Toulouse et à Carcassonne. C'est en Espagne que l'inquisition a eu la plus longue et la plus redoutable existence.

L'ordre de Saint François ou des frères mineurs (les Cordeliers), fut fondé par Saint François d'Assise qui leur donna une règle approuvée en 1210 par le pape Innocent III, et qui fut suivie par les filles qui vivoient sous la conduite de Sainte Claire.

-Sous Philippe Auguste, le marc d'argent valoit 50 sous. Le marabit étoit une monnoie d'or avec laquelle les comtes de Toulouse achetoient la protection de Philippe. On a cru qu'elle étoit fabriquée par des évêques, et que la légende étoit en caractères arabes. Son titre est inconnu. On l'estime à-peu-près 12 f. 44 c. Les lettres de change étoient déjà en usage du temps de Philippe.

Les progrès de la langue française se font déjà mieux sentir sous le règne de Philippe Auguste. Voici quel est le style et la manière de s'exprimer de Villehardouin, premier historien français, qui finit, en 1207, son histoire de la conquête de Constantinople par les Français et les Vénitiens; il débute ainsi :

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Sachiés que 1198 ans après l'incarnation notre Sengnor J.-C. al tens Ínnocent III, apostoille de Rome et Filippe roy de France, et Richart roy d'Engleterre, ot un sainct home en France qui ot nom Folque de Nuilli. Cil Nuillis siest entre Lagny sor Marne et Paris : et il ere prestre et tenoit la parroiche de la ville et cil Folques dont je vous di, comença à parler de Dieu par France et par les autres terres encor; et notre sires fist maint miracles por luy. Sachiés que la renommée de cil saint home alla tant qu'elle vint à l'apostoille de Rome Innocent; et l'apostoille envoya en France et manda al prodome que il empreschast des croix par s'autorité : et après i envoya un suen chardonal maistre perron des chappes croisié et manda par luy le pardon tel come vos dirai, etc., etc.

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LOUIS VIII. 1223-1226.

45. Roi de France, 8.o de la 3.o race, 8.o de la branche

capétienne,

LOUIS VIII dit COEUR DE LION, fils de Philippe Auguste et d'Isabelle de Hainaut,

né du 4 au 5 septembre

Roi de France le 14 juillet

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1187;

1223;

Sacré à Reims avec la reine Blanche sa femme, par Guillaume de Joinville, archevêque, le 8 août.

1223; Couronné roi d'Angleterre, à Londres, en 1216, mais il ne jouit pas long-temps de ce trône.

Marié le 23 mai 1200 à BLANCHE, fille

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1.o Philippe, né en 1209, fiancé en 1215 à Agnès de Dousy, fille d'Hervé IV, comte de Nevers et de Mahaud de Courtenay. Il mourut en 1218.

2.° Saint LOUIS, successeur du roi.

3.o Robert, comte d'Artois, mort en 1243. Il a donné origine aux comtes d'Artois. (Il fut fait comte d'Artois par Saint Louis, le 7

/22 Juin 1217, et eut pour fils le comte Robert 11, créé pair de France en septembre 1297, et dont la succession est adjugée le 9 octobre 1309 à sa fille Mahaud mariée à Otton IV, comte de Bourgogne, préférablement à Robert d'Artois, comte de Beaumont le Roger son petit-fils, parce que le père de celui-ci étoit mort avant Robert II. De Robert d'Artois, comte de Beaumont, depuis proscrit et mort en Angleterre en 1343, étoient sortis les comtes d'Eu, princes du sang, éteints en 1472.)

4.° Philippe, mort jeune.

5.o Jean, comte d'Anjou et du Maine né en 1219, mort en 1226 peu de jours après son père.

6. Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, né le 11 novembre 1220, mort le 21 août 1271. (Il fut fait comte de Poitou le 24 juin 1240, marié en 1241 à Jeanne, unique héritière des anciens comtes de Toulouse, et

mis en possession du comté le 23 mai 1251 avec sa femme qui lui en fait don; elle meurt deux jours après son mari. Le Languedoc, dont la plus grande partie avoit été conquise par Philippe Auguste et Louis VIII, et jointe au domaine le 12 avril 1229, tombe alors entièrement en la main des rois, parce que Alphonse et Jeanne moururent sans postérité. ) 7.o Philippe, surnommé Dagobert, né en 1221, mort jeune.

8.o Etienne, né en 1225, mort jeune.

9.o Charles, comte d'Anjou et de Provence, né en 1220, roi de Naples en 1265, et mort en 1285. Il est tige des rois de Naples de la première maison d'Anjou.

10. Une princesse, morte en bas âge. 11.o Isabelle, née en mars 1224, religieuse au monastère de Longchamps qu'elle fonda; morte en 1269.

Il est à remarquer que ce règne qui n'a été que de trois ans, a fourni plus de branches éclatantes que tout autre : celles d'Artois, d'Anjou et du Maine, de Provence et de Naples.

seurs,

1

Louis VIII, selon les maximes de ses prédéces signala le commencement de son règne par l'affranchissement des serfs dont il y avoit encore grand nombre en France.

Les premiers officiers de la maison du roi, savoir: le chancelier, le connétable, le bouteiller et le chambrier, furent autorisés, par arrêt de 1224, à siéger avec les pairs de France dans les affaires concernant les pairies.

Louis VIII exécuta en 1226 une croisade contre les Albigeois (1); son armée étoit forte de 200,000

(1) Les Albigeois tirent leur nom de la ville d'Albi, principal

cc

hommes. Le 12 septembre il s'empare d'Avignon qui avoit refusé passage à ses troupes, puis il entre dans le Languedoc. Cette guerre eut une funeste issue. Il arriva ce que Philippe Auguste avoit prédit. « Les gens d'église, disoit ce prince, engageront mon fils à faire la guerre aux hérétiques Albigeois ; il ruinera sa santé à cette expédition; il y mourra, et par là le royaume demeurera entre les mains d'une femme et d'un enfant. >> Cette prédiction s'est vérifiée.

Le règne de Louis VIII a été trop court pour que la langue eût pu faire des progrès sensibles dans cet intervalle. Je me contenterai de citer ces vers tirés d'un poëme fait sous ce prince.

Por ce voz vueit dire et conter
Un bien que j'ois raconter,
D'ung chevalier qui estoit pris
D'amors, et si fort entrepris,
Qu'il n'en povoit être livrés.

Ces vers n'ont pas besoin d'interprétation, il n'y a pas un mot qui ne soit maintenant d'usage, à part l'orthographe.

LOUIS IX. 1226-1270.

e

46.e Roi de France, 9. de la 3.e race, 9. de la branche capétienne.

LOUIS IX (Saint), fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, né à Poissi le 25 avril 1215; Succède à son père le 8 novembre 1226; Sacré à Reims le 29 du même mois et de

siège de cette secte. Leur doctrine ressembloit à celle des Vaudois ou des pauvres de Lyon, dont Pierre Valdo, Lyonnais, avoit été le fondateur. Ils ne furent point manichéens, ni ne professèrent point les absurdités que leur reproche Velly (dans son Histoire de France, tom. 2, pag. 205.)

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