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les ruines de ce collége que le cardinal de Richelieu a fait construire le superbe bâtiment de Sorbonne.

Les grands fiefs réunis à la couronne sous Saint Louis, sont :

Le comté de Carcassonne, en 1229.
Le comté de Bezières, idem.

Le comté de Nismes, id.

Le comté du Perche en 1240.

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Le comté de Mâcon, en 1245.
Le comté de Boulogne, en 1261.

Les batailles et traités remarquables sont : 1.o La bataille de Taillebourg et Xaintes en Saintonge, gagnée par Saint Louis en 1242, sur Henri III, fils de Jean-sans-Terre, roi d'Angleterre.

2.o La bataille de la Massoure en Egypte, perdue en 1249. Le comte d'Artois y est tué et Saint Louis fait prisonnier avec ses deux frères.

3.° Traité de paix entre Louis IX et Henri III, conclu à Paris en 1259, par lequel la Normandie, la Touraine, le Maine, l'Anjou et le Poitou sont cédés à la France, qui rend alors à l'Angleterre, le Limosin, le Perigord, le Quercy, la Saintonge et l'Agénois, à la charge d'en prêter foi et hommage lige au roi de France et de tenir le tout avec la Guyenne, à titre de duc d'Aquitaine et de pair de France.

SEPTIÈME CROISA DE et la dernière. Saint Louis l'exécute le 1. er mars 1270; il quitte le port d'AiguesMortes le 1. er juillet avec ses trois fils, et plus de 60,000 hommes, arrive devant Tunis le 17 du même mois, et meurt de la peste le 25 août de la même année entre Carthage et Tunis. Avant de partir, il avoit nommé régens du royaume, Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis, et Simon, sire de Nesle, à l'exclusion tacite de la reine qui ne devoit pas être de cette seconde croisade comme elle avoit été de la première. Les entrailles de Saint Louis furent déposées à Montréal en Sicile, et ses os portés à Saint-Denis le 22 mai 1271. Ses reliques furent portées à la Sainte-Chapelle de Paris, le 25 août 1298, après sa canonisation qui eut lieu en 1297.

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Le luxe étoit assez somptueux sous Saint Louis; cependant on distinguoit les états par la richesse des habits; la soie et le velours étoient réservés aux princes et aux personnes du premier rang. Personne ne se mettoit plus simplement que le roi; il portoit un surcot (surtout) de camelot, tandis que ses courtisans étaloient la soie, le velours et le vair (fourrure coupée de blanc et de gris, la plus estimée après l'hermine). « Il disoit, (raconte Joinville), que l'on devoit son cors vestir et armer (couvrir) en telle manière que les prud'home de cest siecles ne disent qu'il en fist trop, ni que les joenes homes ne dissent que il fist pou (peu ). » L'ordre des Carmes, commencé des Ermites qui vivoient sur le Mont-Carmel, fut régularisé par Saint Albert, patriarche de Jérusalem, et sa règle fut confirmée par le pape Honoré III en 1226. Saint Louis amena des Carmes à Paris en 1254.

par

Les Augustins furent institués en 1243. C'étoit originairement des Ermites que le pape Alexandre IV réunit en une même congrégation sous la règle de Saint Augustin. Leur réforme fut celle des Augustins déchaussés dit les Petits-Pères. Cet ordre est le quatrième des principaux ordres mendians, c'est-à-dire, de ceux qui faisoient profession de ne vivre que des aumônes journalières des fidelles. Les trois autres ordres mendians dont nous avons déjà parlé, sont les Carmes, les Frères-Mineurs et les Dominicains. Dans les premiers temps on les appeloit Besaciers ou porte-sacs.

Saint Louis établit, dit-on, en 1269, un ordre militaire et de chevalerie, sous le nom du navire et du croissant ; le pape Clément IV l'approuva. Le croissant étoit double, et sur le collier se voyoient des coquilles où pendoit un navire. Cet ordre, si jamais il a existé ce dont on doute fort, n'a pas survécu à Saint Louis. Il en est de même de l'ordre de la Cosse de Genet, qu'on attribue au même roi avec aussi peu de fondement.

C'est au règne de Saint Louis que commence la véritable époque des connoissances sur les monnoies de France; jusques-là il y a beaucoup de confusion dans Cette partie. Avant ce prince, la monncie royale n'étoit

reçue que dans les domaines du roi; il la fit recevoir dans tout le royaume. Les seigneurs particuliers jouissoient du privilège de battre monnoie, mais simplement par concession et toujours à condition d'y mettre le buste ou le nom du monarque. En 1262, il y avoit plus de quatre-vingts seigneurs particuliers qui pouvoient faire battre monnoie en France. Mais il n'y avoit que le roi qui eût le droit d'en fabriquer d'or et d'argent. Celle des barons étoit noire, c'est-à-dire de cuivre : elle n'avoit cours que dans leurs terres. Celle du roi, qui avoit cours par tout le royaume, avoit une marque distinctive que les barons ne pouvoient imiter ni devers croix ni devers pile, selon l'expression du temps.

Ceux qui, dans ce siècle, contrefaisoient les monnoies du roi, étoient condamnés à être bouillis. Ceux qui les rognoient étoient pendus comme voleurs publics. Mais pour les monnoies des barons, on coupoit le poing, et on condamnoit à une grosse amende ceux qui les altéroient. La superstition attribuoit aux monnoies de Saint Louis le don de guérir tous les maux lorsqu'on portoit ces pièces sur soi ou attachées au cou. De-là vient qu'il n'en reste presque aucune qui ne soit percée.

Il y en a qui prétendent que Saint Louis avoit fait graver sur ses monnoies des coquilles de mer avec un navire; que la monnoie de cuir a eu aussi cours sous son règne, et qu'il fit frapper des besans d'or pour payer sa rançon. Cela n'est point avéré.

Le marc d'argent valoit, du temps de Saint Louis, 2 livres 18 sous; et le marc d'or étoit à 28 liv. 2 sous 6 deniers.

Les monnoies d'or sous ce prince, sont :

1.° L'agnelet, dont l'empreinte étoit un agneau; il avoit cours pour 12 sous 6 den. d'argent; son titre étoit de 23 karats, 18 trente-deuxièmes; il équivaut à 11 fr. 42 cent. On en frappa encore au même titre sous Louis Hutin et Charles le Bel.

2.o Le denier d'or; c'étoit la même monnoie que l'agnelet.

3.o l'obole d'or ; on en ignore le titre : elle eut lieu sous Saint Louis, Philippe le Hardi et Philippe le Bel.

Elle valoit 5 sous ordinaires, quand le marc d'argent étoit à 2 liv. 15 sous 6 den., ce qui équivaut à 5 f. 17 c. Les monnoies d'argent sont :

1.o Le sou parisis. C'est le sou d'argent de Charlemagne; il équivaut à 2 fr. 68 cent.

2. Le gros tournois, au titre de 11 deniers 12 gr. yalant 88 cent.

3.° L'angevin, évalué à 7 deniers et demi; titre, 3 den. 18 gr. équivalant à 56 cent.

4. Le nantais, fabriqué à Nantes. 15 nantais valoient 12 deniers tournois, même titre que le précédent valeur actuelle 6 cent.

Je dois ajouter à ces monnoies celle que fit frapper en or Blanche de Castille, mère de Saint Louis, pendant sa régence. Elle représentoit la reine tenant un sceptre de la main droite et une fleur de lis de la gauche. De l'autre côté étoit une croix, avec cette légende : Christus. Regnat. Vincit. Imperat. Titre 23 karats. Valeur actuelle 44 fr. à-peu-près.

-La langue française continue à faire des progrès sous le règne de Saint Louis. Il y a une petite nuance favorable à cette langue, entre ce que nous avons cité de Villehardouin, à la fin du règne précédent, et ce que nous allons citer de sire de Joinville, dans sa vie de Saint Louis..

« Le bon seigneur roi estant par une fois en grand maladie qu'il eut à Fontaine-Bliaut, dist à monseigneur Loys son aisné filz (mort en 1260): Beau filz, je te pry que tu te faces amer au peuple de ton royaume : car voyerement je aymerois mieux que ung Ecossoys vinst d'Ecosse ou quelque autre longtain et estrangier pays, qui gouvernast le peuple du royaume bien et laïaument, que tu te gouvernasse mal a point et en reproche, etc. >>

Citons encore un passage du même ouvrage : c'est sire de Joinville qui parle lui-même.

« Il m'apela une foiz et me dist: Senechal, or vous demande, lequel vous ameriez miex ou que vous fussiez mezeau (lépreux), ou que vous eussiez fait un péchié mortel; et je qui onques ne li menti, li respondi que je en ameraie miex avoir fait trente péchiez que

estre mezeau; et me dist: comment me diste vous ce? et je li dis que encor li disoie-je; et il me dist: vous distes comme un hardi musar (fou, étourdi), car nulle si laide mézelerie n'est comme d'estre en péchié mortel etc. etc. »

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Nota. Dans l'énumération que nous avons faite des enfans de Saint Louis, nous avons dit que le sixième fils de ce roi, Robert, comte de Clermont, étoit la tige de la maison de France, actuellement régnante; en effet, la descendance directe de Saint Louis ayant éprouvé, depuis Jean I, qui à peine a vu la lumière, en 1316, une première interruption; sous les règnes suivans, la descendance directe des princes montes sur le tròne par les droits du sang, ayant également eu plusieurs interruptions (1), et la plus marquante de ces interruptions ayant été celle que la mort de Henri III, dernier des Valois, a occasionnée, en ne laissant aucune postérité, ni aucun près parent;, il s'est trouvé que personne n'a eu plus de droit au trône que Henri, roi de Navarre, descendant en ligne droite de Saint Louis, mais par une branche collatérale (celle des Bourbons commençant à Robert comte de Clermont) composée de neuf princes. Nous allons donc donner la généalogie de ces neuf princes, dans une colonne particulière placée à côté de celle des rois de France. Cette colonne collatérale de la maison de Bourbon nous conduira de père en fils, depuis Saint Louis jusqu'à Henri IV.

(1) Les princes qui sont cause des interruptions dans la descendance directe, par défaut d'enfans mâles, ou parce qu'ils sont morts sans postérité, sont:

Jean I, mort au berceau, en novembre 1316. ( Branche capétienne.)

Philippe V, dit le Long, mort en janvier 1322, ne laissant que des filles. ( Branche capétienne.)

Charles IV, dit le Bel, mort en 1328, ne laissant que des filles. (Branche capétienne. )

Charles VIII, mort en 1498, ne laissant aucun enfant, tous ceux qu'il a eus étant morts en bas àge. ( Branche de Valois.)

Louis XII, mort en 1515, ne laissant que des filles. ( Branche de Valois-Orléans.)

François II, mort en 1560, sans postérité. ( Branche de Valois-Angoulême.)

Charles IX, mort en 1574, ne laissant qu'une fille morte à cinq ans. (Branche de Valois-Angoulême.)

Henri III, mort en 1589, sans postérité. ( Branche de Valois-Angoulême. )

Louis XVII, mort à douze ans, en juin 1792 (branche de Bourbon.)

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