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lité des grands vassaux, mais ils avoient à craindre les murmures et le soulèvement du peuple. Philippe le Bel, prince d'un grand caractère et d'une politique hardie, osa, dans ces circonstances critiques, employer une mesure qui auroit fait trembler tout autre que lui; il convoqua la nation. << Et cette assemblée, dit un auteur moderne, qui vers le même temps, en Angleterre, sous le nom de parlement, faisoit la guerre à ses rois, et en Allemagne, sous le nom de diète, dictoit des lois aux empereurs, ne fut alors en France, sous le nom d'états-généraux, que le soutien du trône et l'affermissement de l'autorité royale. » Enfin Charles le Bel porta le dernier coup au systême féodal en achetant des seigneurs le droit qu'ils avoient de battre monnoie et les atteliers dont ils se servoient pour les fabriquer. C'est à cette époque, vers 1325, qu'il ne reste plus que quatre grands vassaux, dont les domaines ne furent réunis à la couronne que dans le 15.° siècle.

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Quant à la seconde branche des Capétiens, dite de Valois, elle nous offre des événemens singuliers dont les suites sont surprenantes on y voit des guerres désastreuses suivies d'augmentations de territoire, et des troubles civils qui, loin d'atténuer l'autorité royale, l'affermissent davantage. Ces guerres sont au nombre de sept, trois étrangères, et quatre intérieures ou civiles. Les trois guerres étrangères sont, 1.° celle d'Angleterre, qui mit la France en grand danger; 2.o la guerre d'Italie, qui engendra des maux infinis ; et enfin, 3.o la guerre d'Autriche, qui commença

sous des auspices si malheureux. Les quatre guerres civiles sont, 1.° celle de Charles le Mauvais, sous Jean II et Charles V ; 2.° celle des Armagnacs et des Bourguignons sous Charles VI; 3.o celle des protestans sous François II et Charles IX; et 4.o celle de la ligue, sous Henri III et sous Henri IV. Voici en deux mots l'exposé et les suites de ces différens événemens qui présentent des contrastes frappans. Philippe de Valois, malgré la malheureuse bataille de Crécy, acquiert le Dauphiné à la Couronne; Jean II, quoique défait à Poitiers et prisonnier en Angleterre, recueille la Bourgogne. Les attentats du factieux Marcel, prévôt des marchands sous Jean II, rendent Charles V plus puissant. Edouard III et Henri V obtiennent de grands succès sur les Français; et ces succès inutiles ne servent qu'à mieux établir la loi salique et à la graver plus profondément dans le cœur de nos aïeux. L'atrocité des Bourguignons et la conduite infame d'Isabelle de Bavière, préparent la puissance entière dont jouit Charles VII après ses malheurs, et l'autorité absolue dont usa par la suite Louis XI. Charles VII, proscrit, déshérité, chassé du trône qu'occupe Henri VI son rival, est celui qui recouvre toutes les provinces que l'Angleterre possédoit en France. Charles VIII et Louis XII ont des succès brillans en Italie, et ces victoires ne sont suivies que de désastres. François I.er est fait prisonnier à Pavie, et son malheur est accompagné de la réunion de la Bretagne et de tout le patrimoine du connétable de

Bourbon. Henri II est défait à Saint Quentin, et cela ne l'empêche pas de réunir à la France Metz, Toul et Verdun. Enfin, là funeste ligue qui a mis l'Etat à deux doigts de sa perte, est suivie de l'acquisition du riche patrimoine de Henri IV et du bonheur de voir sur le trône, ce grand prince dont la France s'enorgueillit à tant de titres.

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La branche de Bourbon ne pouvoit commencer sous des auspices plus favorables toutes les vertus publiques et privées, digne apanage du chef de cette branche, ont passé dans ses dignes successeurs; la maison de Bourbon, particulièrement célèbre par la douceur de ses princes, a donné le jour à une foule de grands capitaines et à deux des plus grands rois de la monarchie, à Henri IV, dont on ne parle qu'avec amour; et à Louis XIV, que l'on ne cite qu'avec admiration. Le règne de Louis XIII est remarquable par le ministère du cardinal de Riche lieu dont les opérations ont encore consolidé l'autorité royale au dedans, et l'ont fait respecter plus que jamais au dehors. Colbert fait pour le commerce et les beaux arts sous Louis XIV, ce que Richelieu avoit fait pour la politique sous Louis XIII; aussi le règne de Louis le Grand est mis au rang des siècles célèbres. Celui qui le suivit, sans être aussi brillant, ne fut pas moins fécond; il est peut-être plus varié en événemens de toutes espèces. Louis XV protégea les sciences et les arts; aussi leur vit-on prendre un nouvel essor, qui peut-être nuisit à la littérature sous

règne; l'esprit humain s'ouvrit de nou

velles routes qui toutes n'ont pas été heureuses. A la mort de Louis XV, la vertu personnifiée monta sur le trône; jamais la France n'a possédé un roi mieux intentionné que Louis XVI, plus ami de la vérité, plus humain, plus avide du bonheur de ses sujets et de la gloire de son empire. Pendant tout le cours de sa vie et surtout depuis qu'il est monté sur le trône, chacune de ses paroles, chacune de ses actions a dévoilé le cœur le plus pur, l'ame la plus belle et une bienfaisance dont il seroit difficile de compter tous les actes. Hélas! c'est l'excès de tant de vertus, s'il est possible de s'exprimer ainsi, qui a enhardi le crime! Cominent n'a-t-on pas prévu que les liens qui nous attachoient au meilleur des rois, étant une fois rompus, toutes les passions déchaînées alloient allumer au sein de la France un volcan qui dévoreroit le trône, l'autel, les propriétés, la génération naissante, et qui ensuite étendroit sur toute l'Europe sa lave brûlante? Comment n'a-t-on pas prévu que plus l'éclat qui résulteroit de nos principes exagérés et de ces conceptions gigantesques, fruits d'une ambition démesurée, seroit vif et éblouissant, moins il auroit de durée? Ah! que la fatale expérience du passé nous éclaire sur l'avenir et nous fasse sentir le bonheur de retrouver dans le cœur de Louis XVIII toutes les vertus de Louis XVI alliées au grand art de gouverner après de si longs orages !

Ce n'est pas ici le cas d'entrer dans aucun détail sur la révolution française. Le Précis

chronologique qui commence à la page 267, instruira le lecteur des événemens les plus remarquables de cette partie de notre histoire : la généalogie des rois de France que nous avons classés chronologiquement, race par race et branche par branche, nous y conduira naturellement. Nous allons commencer par PHARAMOND, ainsi que nous l'avons annoncé précédemment. Nous ne donnons, à la suite de ce Discours préliminaire, que la simple liste généalogique des rois, des reines et des princes des deux premières races; mais arrivés à la troisième, nous entrerons dans le détail des institutions qui ont eu lieu sous chaque règne.

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dite DES MÉROVINGIENS. (1)

1.er Roi. PHARAMOND, dit fils de Marcomir, chef des Francs vers 418, meurt vers 427.

Rien de certain ni sur les femmes (YMBERGIDE puis ARGOTTE), ni sur les enfans que des historiens

(1) M. Gibert, dans un mémoire lu en 1746 à l'Académie des Inscriptions, cherche à prouver que le nom de Merovingien ne vient pas de Mérovée; mais il fait remonter l'origine et le nom de la famille merovingienne à un prince qui regnoit dans la Germanie dès le temps d'Auguste, et qui est connu dans l'histoire ce roi des Suèves est nommé par les historiens grecs Maroboudos, et par les Latins, Maroboduus. M. Gibert traduit ce nom par Mer-Voué, ou Mer Wué M. Freret a réfuté M. Gibert; ses observations sont à la suite du mémoire précité. Il prétend que le nom de Mérovingien ne paroît que sur la fin de la seconde race ou au commencement de la troisième. Il ne con

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