Page images
PDF
EPUB

1815.

et de la forteresse de Sisteron. Buonaparte couche à Gap. Il fait imprimer dans cette ville plusieurs milliers de deux proclamations datées du Golphe Juan, le 1er mars, l'une adressée au peuple, et l'autre à l'armée.

Le même jour 5 mars. La nouvelle du débarquement de Buonaparte arrive à Paris, et y cause la plus grande surprise. Les uns en sont vivement indignés, et les autres en conçoivent de coupables espérances.

Le même jour 5 mars. Le fameux docteur Antoine Mesmer, si connu par sa découverte du fluide magnétique, meurt âgé de 81 ans, à Mersbourg, près du lac de Constance ; il étoit né à Weil près Stein sur le Rhin, en 1734.

Le 6 mars. Buonaparte couche à Gorp, et Cambronne va coucher à Mûre. Jusques-là il n'y avoit que des paysans qui, sur sa route, soit par surprise, soit par terreur, ou par un reste d'étonnement pour son ancienne renommée, eussent applaudi à son retour. Mais bientôt la défection des troupes va commencer.

Le même jour 6 mars. Le Roi rend une ordonnance contre Napoléon Buonaparte et ses complices, puis assemble la chambre des pairs et celle des représentans. Le même jour 6. MONSIEUR, comte d'Artois, part pour Lyon, avec M. le maréchal Gouvion-Saint-Cyr et plusieurs autres généraux.

Le même jour 6. Le docteur Olbers découvre, vers la constellation de Persée, une nouvelle comète, qui s'avance lentement vers cette constellation, dans la direction du nord-est.

[ocr errors]

Le même jour 6. La garde impériale de l'île d'Elbe fait une proclamation à l'armée française. On y lit ces mots : « Foulez aux pieds la cocarde blanche, elle « est le signe de la honte ! Tout ce qui a été & fait sans nous est illégitime.......... » Le 7 mars. L'avant-garde d'une division de 6000 hommes, qui venoit de Grenoble, est rencontrée par Cambronne ; elle ne se rend pas d'abord à ce général. Mais bientôt elle se livre à Buonaparte. Cette avantgarde étoit composée d'un bataillon du 5. de ligne,

[ocr errors]
[ocr errors]

1815.

d'une compagnie de sapeurs et d'une compagnie de mi

neurs.

[ocr errors]

Entre Vizille et Grenoble, un adjudant du 7. de ligne vient annoncer à Buonaparte que son colonel M. de la Bédoyère, lui amène son régiment. Une demiheure après, ce colonel se jette, ainsi que sa troupe entre les bras de Buonaparte.

A dix heures du soir, on enfonce les portes de Grenoble; Buonaparte, au milieu de ses soldats, y entre. Il ne veut pas loger à l'hôtel de la Préfecture, mais chez un nommé Labarre, ancien soldat son favori, qui tenoit l'hôtel des Trois-Dauphins, réceptacle, depuis six mois, de tous les traîtres qui méditoient le retour de Buonaparte.

Le même jour 7 mars. M. le duc d'Orléans se rend à Lyon avec tous ses aides-de-camp.

Le même jour 7. Le corps municipal de Paris présente une adresse de dévouement au Roi.

Le 7 mars. M. Antoine-Réné Mauduit, lecteur au college de France, meurt à Paris à l'âge de 85 ans.

[ocr errors]

Le 7 mars. Mort de Lourdet de Santerre, auteur des jolis opéras de Colinette à la Cour, de l'Embarras des Richesses, du Savetier et le Financier, etc., etc. Le 8 mars. Buonaparte reçoit les autorités constituées de Grenoble; savoir: la cour de justice, le clergé, le conseil de préfecture, les tribunaux, l'académie, etc. qui viennent lui présenter leurs hommages et une adresse de félicitation dans laquelle on remarque ces mots : Tout est change; les cyprès disparoissent, les lauriers refleurissent......... Plus de troupes étrangères en France, .... etc. Soixante-dix-huit habitans, à la tête desquels est M. Renauldon, maire, ont signé cette adresse au nom de la ville de Grenoble.

........

Le même jour 8 mars. La cour de cassation présente au Roi une adresse de dévouement. (Voyez le 26 mars et le 12 juillet suivans ). La cour royale et la cour des comptes en font de même.

Le 9 mars. Avant de sortir de Grenoble, Buonaparte rend plusieurs décrets, entre autres, un qui supprime. la cocarde blanche. Il quitte Grenoble va coucher à Bourgoing, puis se porte sur Lyon.

1815.

Le même jour 9. Ordonnance royale qui rappelle tous les militaires en sémestre et en congé limité, sous leurs drapeaux respectifs.

Le même jour 9. Le maréchal Ney supplie le Roi de l'employer dans la guerre impie que le brigand, venu de l'île d'Elbe, osoit lui déclarer; il promet sur sa tête de l'amener mort ou vif à Paris. Ce sont ses propres paroles. (Voyez le 13 mars.) Deux jours après, le Roi a la bonté de dire à Mad. la maréchale Ney? Vous avez un mari dont la loyauté égale le courage.

Le même jour 9. La chambre des pairs présente son h adresse de dévouement au Roi.

Le 10 mars. Buonaparte, parti de Bourgoing le matin, traverse la Guillotière, à Lyon, vers neuf heures du soir, escorté des troupes qui s'étoient réunies à lui, et de la populace de cette ville. Pastary forlane.

MONSIEUR, Comte d'Artois, et M. le duc d'Orléans avoient quitté la ville dans le cours de la journée, sur les instances du duc de Tarente.

Le même jour 10. La chambre des députés présente son adresse au Roi.

Le 11 mars. Buonaparte passe en revue les troupes à Lyon. Le général Boyer, à la tête de la division qui étoit dans cette ville, se dirige sur la capitale.

Le même jour 11. Proclamation du Roi aux Français. Ordonnance royale concernant la convocation et la permanence des conseils-généraux de départemens. Autre ordonnance portant peine de mort contre les embaucheurs pour l'ennemi commun, et les provocateurs à la désertion. Autre ordonnance du Roi sur le prompt armement et équippement des gardes nationales sédentaires du royaume, qui doivent garder les places fortes, contenir les factieux dans l'intérieur, dissiper leurs rassemblemens, et intercepter leurs communications.

Le 12 mars. Buonaparte reçoit à Lyon les autorités constituées. Proclamation de M. le comte de Fargues, maire de Lyon, à ses concitoyens.

Le même jour 12. Le duc de Feltre est nommé par le Roi, ministre de la guerre, en remplacement du duc de Dalmatie. quin axlire selo Cacarred

Le même jour 12. Proclamation du Roi aux armées.

[ocr errors]

1815.

[ocr errors]

Le même jour 12. Décret de Buonaparte, accordant amnistie aux fonctionnaires civils et militaires à l'exception de ceux dont les noms suivent; savoir: MM. Lynch, de la Roche-Jacquelin, de Vitrolles, Alexis de Noailles, le duc de Raguse, Sosthène de la Rochefoucauld, Bourrienne, Bellart, le prince de Bénévent (Talleyrand), le comte de Beurnonville le comte de Jaucourt, le duc de Dalberg, l'abbé de Montesquiou. Ces Messieurs seront traduits devant les tribunaux, etc.; le séquestre sera apposé sur leurs biens, etc.

[ocr errors]

Le 13 mars au matin. Buonaparte rend plusieurs décrets datés de Lyon, mais fabriqués à l'ile d'Elbe ; par l'un, la chambre des pairs et la chambre des députés sont supprimées; les colléges électoraux des départemens seront réunis, dans le courant de mai, en assemCe blée extraordinaire du champ de mai, pour corriger et modifier les constitutions. Marie-Louise et son fils doivent être couronnés dans cette pompeuse cérémonie. Par un autre décret, tout ce qui a été fait relativement aux promotions et au changement de décoration dans la légion d'honneur, est annullé. Un troisième décret abolit la cocarde blanche, la décoration du lys, les ordres de Saint-Louis, du Saint-Esprit, de Saint-Michel, etc. Un quatrième abolit la noblesse et les titres féodaux. Un cinquième ordonne le séquestre des biens de la maison de Bourbon, et rapporte les lois qui rendoient les biens des émigrés. Un sixième expulse tous les émigrés du territoire de l'empire, et séquestre leurs biens. Un septième exclut des armées françaises, tous les généraux et officiers émigrés, ou qui ont quitté le service lors de la première coalition. Un huitième rétablit la garde impériale, supprime les cent-suisses, les gardes de la porte, les gardes-suisses, la maison militaire du Roi, etc. Un neuvième ordonne à tous les individus se disant gardes nationales de Marseille, qui ont violé les confins du Dauphiné, de rentrer dans leurs communes. Enfin, un dixième annulle tous les changemens opérés dans les cours et tribunaux.

Le même jour 13 mars. Buonaparte sort de Lyon,

1815.

après avoir dit aux habitans: Je vous aime. il passe à Ville-Franche et arrive à Mâcon.

Le même jour 13 mars. Le congrès de Vienne, par un acte énergique, déclare que Napoléon, par son invasion et son entrée à main armée. en France, s'est placé hors des relations civiles et sociales ; et que comme ennemi et perturbateur du repos du Monde, il s'est livré à la vindicte publique. Cela stoi potuiel

Le même jour 13 mars. Le maréchal Ney qui, arrivé de la veille à Lons-le-Saulnier, avoit fait crier le matin à ses troupes, vive le Roi! et le soir, vive l'empereur! fait une proclamation commençant par ces mots : « La cause des Bourbons est à jamais perdue. La dynastie légitime va remonter sur le trône. C'est à Napoléon seul qu'il appartient de régner sur notre beau pays, Le 14 mars. Buonaparte passe à Tournus et se rend à Châlons, où quelques Dijonnais s'y rencontrant par hazard, lui sont présentés comme députation de Dijon (1).

.............

etc.» !!!!

[ocr errors]

(1) On a dit, dans un rapport sur le voyage de Buonaparte, (inséré dans le Moniteur) que Dijon venoit de chasser de son sein le préfet et le mauvais maire dont la conduite dans la dernière campagne (de 1814) a déshonoré Dijon et les Dijonnais. Autant de mots, autant de faussetés et de calomnies. M. Terray, préfet de la Côte-d'Or, s'est retiré de son propre mouvement à Châtillon-sur-Seine, lorsqu'il a appris que Buonaparte s'avançoit sur Dijon (où cependant il n'est point venu.) Le même motif avoit engagé M. Durande, maire de la ville, à partir pour Paris. Il est revenu à Dijon quelque temps avant la dernière abdication de Buonaparte, et y a vécu dans la retraite jusqu'au 10 juillet, jour où les Dijonnais, apprenant que le Roi étoit rentré le 8 à Paris, se sont empressés d'arborer le drapeau blanc et d'aller, aux cris de vive le Roi ! inviter M. Durande à reprendre ses fonctions de Maire et à proclamer par toute la ville, au milieu de l'allégresse publique, l'heureuse nouvelle du retour du Roi. Ce qui a été exécuté à l'instant par la Mairie, escortée de la garde nationale, et d'une foule immense d'habitans de tout rang, de tout âge et de tout sexe, qui mêloit ses acclamations aux airs chéris dont une musique guerrière faisoit retentir les rues et les places publiques. Est-il une preuve plus évidente que la conduite de M. le maire, dans la dernière campagne, n'avoit déshonoré ni Dijon, ni les Dijonnais ?

« PreviousContinue »