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de camp, comte d'Ambrugeac, et M. de Soudon, commissaire général, d'une part; et MM. le maréchal de camp Moquery et M. le préfet de la Sarthe P. Lagarde, d'autre part, pour assurer la tranquillité du département de la Sarthe.

1.

Le 1er juillet. Le général Excelmans et le général Piré ont attaqué deux régimens de hussards prussiens ? qui occupoient Versailles avec quinze cents chevaux. Le résultat de cette affaire, dit le bulletin du 2, a été l'évacuation de Versailles, beaucoup de prisonniers et la prise de mille chevaux; après cette expédition, le général Excelmans s'est retiré à Mont-Rouge. Le pont de Sèvre a été brûlé par les troupes françaises.

Le 2 juillet. Les Prussiens rentrent à Versailles. Il y a plusieurs engagemens particuliers entre les troupes françaises et les troupes alliées; il arrive à Paris plusieurs transports de blessés.

Le 2 juillet. Gabriël Lemoyne, musicien, fils de l'auteur des Prétendus, né à Berlin le 14 octobre 1772, meurt à Paris.

Le 3 juillet. La canonnade commence dès trois heures du matin. Les troupes alliées s'emparent successivement de Saint-Cloud, Meudon, Vanvres, Bagneux, Bernis, Bourg-la-Reine, etc.

A deux heures après midi, le baron Bignon chargé du porte-feuille des affaires étrangères, le comte Guilleminot, chef de l'état-major de l'armée française, et le comte de Bondy, préfet de la Seine, se rendent auprès du duc de Wellington et du maréchal Blücher; ils étoient munis de pleins pouvoirs du maréchal prince d'Echmül, commandant en chef l'armée française, pour traiter avec les chefs des troupes alliées. M. le général major Müfling et M. le colonel Hervey ont été munis de pleins pouvoirs de M. le maréchal Blücher et de M. le duc de Wellington, pour traiter avec le chef de l'armée française. Ces différens commissaires ont fait une convention qui a été ratifiée par les chefs respectifs, et dont la substance est : qu'il y aura sur-le-champ suspension d'armes ; que le lendemain 4 juillet, l'armée française commencera à se mettre en marche pour se

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porter derrière la Loire ; que l'évacuation totale de Paris sera effectuée en trois jours, et son mouvement pour se porter derrière la Loire, sera terminé en huit; que l'armée française emmenera avec elle tout son matériel, l'artillerie de campagne, caisse militaire chevaux et propriétés des régimens, etc.; que le 4 à midi on remettra aux alliés Saint-Denis, Saint-Ouen, Clichy et Neuilly; le 5 Montmartre, et le 6 toutes les barrières; que les autorités actuelles seront respectées par les alliées tant qu'elles existeront, etc., etc.

Le 3 juillet, même jour. Buonaparte arrive à Rochefort, et s'y établit à la préfecture maritime jusqu'au 8.

5 juillet. Dans la séance de la Chambre des Représentans, une commission spéciale présente et l'on adopte à l'unanimité une déclaration, monument curieux de l'esprit qui domine dans l'assemblée. C'est un amalgame d'articles extraits des constitutions de 1791, 1793, de l'an III, de l'an VIII, des sénatus-consultes et de l'acte additionnel, etc. Quoique cette déclaration, communiquée à la Chambre des pairs, n'y ait point encore été. adoptée, et qu'elle n'ait point eu la sanction du gouvernement provisoire, on la répand avec profusion dans Paris et dans les départemens.

Le 5 juillet. François-Louis d'Escherny, comte du Saint-Empire, homme de lettres, né à Neufchâtel en 1734, meurt à Paris.

Le 6 juillet. MM. les chefs de légion et majors de la garde nationale de Paris, font une déclaration à leur commandant en chef le maréchal Masséna, prince d'Esling, portant, qu'ils tiendront à honneur de conserver à jamais les couleurs nationales qui ne pourroient être abandonnées sans danger. Cette déclaration est signée de MM. Choiseul-Praslin, de Girardin, B. de Lessert, Jaubert, Patinot, Senepart, Guiton, Richard le Noir, de la Rue, Salleron, Bonnet, Charmet, de Brioude, Tarbé, Laugier, Odiot, Gentil, Bary, Billing, Gabr. de Lessert, Gilbert de Voisins, Roard, Félix de Varange, Barnard, Acloque aîné, Guillaume et A. Fain.

Le lendemain 7, il y a eu contre-déclaration à la parade de la garde nationale: on a témoigné la plus

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grande surprise qu'une déclaration qui n'étoit que l'opinion individuelle des signataires, eût été publiée dans les journaux, et placardée sans que la garde nationale eût été consultée à cet effet ; que d'ailleurs, comme corps militaire, elle n'a pas le droit de délibérer, et que ce n'est point à la garde parisienne à provoquer une mesure générale pour tout le royaume, et on a terminé en disant que la déclaration du 6 étoit une provocation à la division de la garde nationale et au désordre que l'union seule de cette même garde pouvoit réprimer.

Le 7 juillet. La ville de Châlons-sur-Marne a éprouvé pendant une heure, les malheurs d'une ville prise d'assaut, par la folle imprudence de quelques gardes nationaux et élèves du lycée des arts et métiers; ils tirèrent sur l'avant-garde russe, qui venoit de traverser la ville dont on lui avoit ouvert les portes.

Le 7 juillet. Message du gouvernement provisoire aux deux chambres pour leur annoncer que les ministres et les généraux des puissances alliées ont déclaré la veille dans les conférences qu'ils ont eues avec le président du gouvernement provisoire, que tous les Souverains s'étoient engagés à replacer Louis XVIII sur le trône, et que S. M. doit faire le soir ou le lendemain son entrée dans la capitale; que les troupes étrangères viennent d'occuper les Tuileries.

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Ce message lu à la chambre des Représentans est écouté dans le plus grand silence; M. Manuel aussitôt après la lecture monte à la tribune et finit une forte déclamation par rappeler ces mots de Mirabeau : Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. M. Sébastiani trouve que le message du gouvernement n'est pas d'accord avec les instructions qu'il avoit reçues ainsi que ses collègues, lorsqu'ils avoient été envoyés comme négociateurs près des Puissances alliées.

A la Chambre des pairs, immédiatement après la lecture du message, la Chambre se dissout, sans qu'aucun membre demande la parole.

Le 7 juillet. Ordonnance du Roi, rendue à Saint

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Denis, qui ordonne à tous les fonctionnaires de l'ordre administratif et judiciaire, à tous les commandans et officiers des gardes nationales qui étoient en activité de service le 1. er mars dernier, de reprendre leurs

fonctions.

Ordonnance du Roi qui rétablit M. le Lieutenantgénéral comte Dessolle dans ses fonctions de commandant de la garde nationale de Paris.

peau

Le 8 juillet. ENTRÉE SOLENNELLE DU ROI A PARIS. « Aucune proclamation, aucun acte de l'autorité n'avoit averti les Parisiens de l'arrivée du monarque bienaimé. Le Moniteur seul donnoit à cet égard un renseignement positif; et par sa nature, ce renseignement étoit circonscrit dans un nombre peu considérable de lecteurs. Mais, les bonnes nouvelles, le cœur les devine, et l'amour épie le moment des jouissances. Bientôt tout Paris fut instruit que le Roi arrivoit sur les trois ou quatre heures, et tout Paris se porta à l'instant sur les boulevards et dans l'avenue de Saint-Denis. Le drablanc flottoit sur le pavillon des Tuileries. A l'instant la cocarde tricolore disparut des chapeaux et des bonnets de la garde nationale. La cocarde blanche la remplaça....... A deux heures, le corps municipal sort de l'hôtel-de-ville pour aller au-devant du Roi. De nombreux détachemens de la garde nationale se rendent également à la barrière Saint-Denis pour faire partie du cortège de Sa Majesté. Sur les quatre heures, le canon annonce l'arrivée du Roi aux barrières. Quelques instans après, paroît sur le boulevard la tête de la colonne de la garde nationale qui, quoique marchant sur vingt hommes de front, met plus de trois quarts d'heure à défiler........ Après la garde nationale, vient la maison militaire du Roi, cette maison fidelle qui s'est associée à son exil......... Après la maison du Roi, s'avance un magnifique état-major. L'oeil y distinguoit avec plaisir ces officiers, ces généraux sans peur et sans reproche, que leur inviolable attachement à la personne d'un monarque malheureux, honore encore plus aux yeux de l'Europe, que les lauriers et les cicatrices dont ils sont couverts. On remarquoit parmi

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eux les maréchaux Victor, Marmont, Macdonald, Oudinot, Gouvion-Saint-Cyr, Moncey et Lefevre. Enfin, aux cris redoublés de vive le Roi! aux mouvemens empressés et tumultueux de la foule qui rapprochoit tous les rangs, à l'agitation des mouchoirs et des chapeaux, on reconnut l'approche de la voiture du Roi. Au côté droit, MONSIEUR, au côté gauche, Mg'. le duc de Berry accompagnoient à cheval la voiture. Il n'est point d'éloquence humaine capable de rendre le spectacle que présentoit ce passage. Il faut, pour en avoir une idée, se rappeler le souvenir du 12 avril (entrée de MONSIEUR à Paris ), et du 3 mai ( entrée du Roi), de l'année dernière; je ne sais même si le ́souvenir plus récent de nos craintes et de nos malheurs ne donnoit pas cette année plus de vivacité à l'expression de nos sentimens. C'est ainsi le Roi est arrivé à son palais des Tuileries. Là les transports publics ont encore redoublé, et S. M. a été obligée, pour satisfaire l'impatience d'un peuple affamé de le voir, de se montrer plusieurs fois à la fenêtre. Le peuple inonde le jardin, et dans toute l'étendue du parterre et de la grande allée, forme des danses joyeuses, et fait retentir le Ciel de l'air chéri vive Henri IV! 'vivent ses descendans! Le Roi est descendu dans le jardin et s'est mêlé à la foule, comme un père au milieu de ses enfans. On a entendu S. M. dire avec un profond attendrissement: Me voilà donc avec mon peuple, avec mes amis. Le soir, presque toutes les maisons particulières sont illuminées, sans qu'aucun avis ait été donné par la police. >>

que

N. B. Cet extrait de la narration de l'entrée du Roi, est tiré du Journal des Débats, n.o du 9 juillet. 1 Il seroit impossible de peindre l'émotion, la joie, l'attendrissement, l'enthousiasme avec lesquels ce n.o a été lu et relu dans les départemens. Le passage dont nous venons de donner un extrait, finit par une observation bien judicieuse : « Lorsque le 20 mars, dit l'auteur, le tyran, protégé par une soldatesque parjure, vint usurper la place dans un palais en deuil et dans une capitale orpheline, il enveloppa son entrée des journal vraie gironde, to any ouverte de droite et de gaucher, exerce aujourdhur fuiller 1843.

to moir.

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