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BIBLIOGRAPHIE '

L'Humanité de Jésus-Christ, par M. G. Périès, docteur en théologie et en droit canonique, ancien professeur à la Faculté de théologie de Washington. Lille, Morel, 1902.

On nous communique un opuscule théologique de M. l'abbé Péries, sur l'Humanité de Jésus-Christ. Le nom seul de l'auteur est une garantie d'orthodoxie, et de fait il ne se peut rien de plus exact que cette thèse, et en pareille matière, l'exactitude est tout. Dans la partie polémique, l'arianisme, l'apollinarisme, le manichéisme et autres erreurs anciennes sont nettement réfutées. Tout cela, à vrai dire, semblerait à première vue devoir être écrit en latin, et l'on est tenté de croire que, malgré son extérieur moderne, la brochure de M. l'abbé Périès est en dehors de toute actualité. Rien d'ailleurs, ni dans la thèse elle-même, ni dans la courte introduction, ne trahit une préoccupation contemporaine.

Et pourtant, à notre avis, le savant auteur a fait œuvre aussi opportune que doctrinale. Parmi les nombreux sujets d'effroi qui se présentent aujourd'hui à nos âmes, le moindre n'est pas, sans doute, le parti-pris à la mode d'humaniser autant que possible, au-delà même de toute limite acceptable, la personne adorable du Dieu incarné.

En présence de cette conspiration, qui nous mène en des régions voisines du nestorianisme, il est bon, il est nécessaire que les vrais théologiens se fassent entendre, et nous parlent, par exemple, de la vision béatifique, de la science infuse et de la science expérimentale en l'âme de Jésus. Ces notions simples et précises ne permettront pas à des chrétiens de se demander, par exemple, à quelle époque de sa vie Jésus a pris pleine conscience de sa mission messianique, pour ne citer qu'un blasphème peut-être inconscient parmi tant d'autres.

Ne nous faisons pas illusion: le catholicisme, furieusement attaqué par le dehors, est terriblement miné en dedans par les aberrations de nombre de ses enfants, de plusieurs même de ses ministres. Les temps sont graves, et jamais la voix autorisée des théologiens n'a été plus nécessaire qu'aujourd'hui. Jude de KERnaeret.

Histoire du second Empire, par Pierre DE LA GORCE; tome VI, in-8°, 466 pages, librairie Plon-Nourrit, 8, rue Garancière, Paris, 8 fr.

Nous avons suivi depuis 1894, date de son premier volume,

La Revue ne rendra pas compte des ouvrages qui ne seront pas envoyés en double exemplaire à M. le Secrétaire.

l'histoire du second Empire, et nous avons fait connaître aux lecteurs de la Revue l'œuvre remarquable de M. de la Gorce, sans craindre d'exprimer nos idées sur quelques points où nous pouvions différer avec l'auteur. Le tome VI qui vient de paraître met de nouveau en relief les qualités vraiment exceptionnelles d'un ouvrage déjà deux fois couronné par l'Académie. Ce volume expose les actes du ministère Ollivier, le Concile, le plébiscite, l'histoire de la candidature Hohenzollern, et la première partie de la guerre, Froch willer, Forbach, toutes les opérations militaires jusqu'au 7 août.

Il nous semble que ce volume dépasse encore les précédents par l'intérêt, non seulement à cause des souvenirs si douloureux qu'il réveille, mais par la façon dont il expose les événements de l'année terrible. Tous les récits sont d'une saisissante clarté, très complets dans leur précision, et l'auteur y a mis à profit tous les documents révélés seulement depuis quelques années, documents qui ont déplacé les plus lourdes responsabillités. L'histoire de la candidature, notamment, exposée d'une manière supérieure, permet d'apprécier avec exactitude ce fait insignifiant en lui-même et qui, par les actes de ceux qui ont eu à s'en occuper, a été, sinon la cause unique, du moins l'occasion de nos malheurs. Après avoir lu le dossier si complet et si lucide de M. de la Gorce, on peut juger sans peine le rôle de chacun des acteurs de cet imbroglio, et attribuer aux uns ou aux autres, en pleine connaissance de cause, leur part de responsabilité dans le sort fait à la France. Cet incident diplomatique a mis en singulier relief les qualités, les défauts et les vices des personnages si divers qui ont eu à y mettre la main. Il en ressort plusieurs portraits vivants, parmi lesquels celui de Bismarck domine tout. C'est une figure infernale par le génie et l'absence de tout scrupule. On y peut enfin comparer les diplomaties actuelles et les caractères des peuples dont le sort était en jeu. Le contraste est saisissant.

Le volume VII nous donnera sans doute, après l'histoire lamentable du dernier mois de l'Empire, des tableaux et des jugements de la société et des institutions de l'époque,et aussi de quelques hommes du temps quiont eu une influence marquée sur les événements depuis 1848 et sur la direction imprimée au second empire. C'est une partie de l'histoire, et souvent la partie essentielle. Nous sommes assez loin de 1848 et du règne de Napoléon III, pour que les jugements planent au-dessus des sympathies et des antipathies et ne s'inspirent que des grands intérêts de la France. Depuis 1870, nous avons assez vu et assez appris pour être justes à l'égard de ce qui a précédé cette année fatale.

Nous attendrons, non sans une impatience que l'on comprendra, d'avoir sous les yeux le tableau complet, tracé par

M. de la Gorce, d'un règne étrange, qui, si connu qu'il soit, reste une partie assez énigmatique de notre triste histoire pendant le xix siècle. Dès à présent, on peut dire que les volumes de l'auteur sur la seconde République et le second Empire sont et resteront une des œuvres magistrales de notre époque. A. DESPLAGNES,

ancien magistrat.

Commentaire de la loi du 4 décembre 1902 tendant à réprimer le fait d'ouverture ou de tenue sans autorisation d'un établissement congréganiste1. Paris Paul Roy, libraire-éditeur, 97, boulevard Saint-Michel.

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La Revue des Institutions et du Droit s'intéresse trop à toutes les questions relatives aux congrégations religieuses pour ne pas signaler à ses lecteurs la nouvelle étude que vient de faire paraître M. Henry Taudière, le savant et distingué professeur à la Faculté libre de droit de Paris. Elle est, en tous points, digne de son auteur.

C'est le commentaire de la loi du 4 décembre 1902, sur l'ouverture ou la tenue d'établissements congréganistes. On a beaucoup parlé de cette loi inique, on l'a trop souvent appliquée, la plupart pourtant la connaissent mal.

Quel est l'objet de cette loi? Quels faits l'ont provoquée ? Quelle en est la portée exacte? Quels sont ses cas d'application? Toutes ces questions sont clairement et juridiquement résolues dans cette savante étude.

M. Henry Taudière établit ensuite le caractère exclusivement judiciaire des sanctions édictées par la loi du 4 décembre, et il indique enfin les modifications actuellement effectuées ou proposées à la loi du 1er juillet 1901.

Les travaux préparatoires et les documents parlementaires sont soigneusement et complètement analysés; la jurisprudence déjà formée, largement citée. C'est, en un mot, l'ouvrage le plus complet, le plus juridique et le plus précis sur la loi du 4 décembre 1902, et un guide indispensable aux religieux, aux propriétaires d'immeubles et à leurs avocats.

J. L.-B.

'Bulletin-Commentaire des Lois nouvelles, Décrets, numéro avril

mai 1903.

Le Gérant: X. JEVAIN.

Lyon. -- Imp. X. Jevain, r. François Dauphin, 18.

REVUE CATHOLIQUE

DES INSTITUTIONS ET DU DROIT

(XXXI. ANNÉE)

XXVII CONGRÈS DES JURISCONSULTES CATHOLIQUES Nancy, 27 octobre 1903

Organisé par la REVUE CATHOLIQUE des INSTITUTIONS et du DROIT

LYON, 1er juillet 1903.

MONSIEUR,

Nous avons l'honneur de vous inviter au 27o Congrès des Jurisconsultes, organisé par la Revue catholique des Institutions et du Droit.

Le Congrès se réunira à Nancy, le mardi 27 octobre, sous la présidence de S. G. Mgr Turinaz, évêque de Nancy et de Toul, et de M. de Lamarzelle, sénateur du Morbihan.

Les Principes de gouvernement et la Protection des droits privés, tel sera le sujet de ses délibérations. Les Jurisconsultes ont souvent déjà, dans leurs assemblées annuelles, dénoncé les périls que font courir à notre patrie les empiètements toujours plus menaçants de l'Etat. On peut même dire que la défense des libertés françaises et de la liberté de l'Eglise en particulier, a été leur constante préoccupation. Ils ont affirmé l'origine divine de la société niée par les disciples de Rousseau, théoriciens de l'Etat moderne ainsi défini par Bluntschli « l'Etat moderne est fondé humainement sur la nature humaine. L'Etat est une communauté humaine de vie, créée et administrée par l'homme dans un but humain..... La politique de l'Etat humain

10e LIV. 2e SEM. 310 ANN. OCTOBRE 1903.

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cherche le bien public d'après les conceptions de la raison humaine avec des moyens humains. Il se sent indépendant et libre même aux regards de l'Eglise et il affirme même sur elle son droit élevé ». En face des partisans de l'idée païenne de l'Etat-Dieu, ils se sont revendiqués hautement de la liberté chrétienne apportée au monde, il y a dix-neuf siècles. Loin de solliciter humblement pour l'Eglise une liberté dont elle aurait été redevable à un maître, ils ont affirmé avec persévérance ses droits de société libre, indépendante et souveraine. Ils affirmaient en même temps que la liberté de l'Eglise était la première et la plus sainte de toutes les libertés, et qu'en y portant atteinte, on menaçait tous nos droits les plus chers. Les événements leur ont donné raison. Et les abus de pouvoir dont un trop grand nombre de Français sont aujourd'hui victimes, confirment triste ment leurs prévisions.

C'est sur les remèdes à apporter à ces abus, dans leur source même, c'est-à-dire dans les Principes de gouvernement, que les Jurisconsultes auront à délibérer cette année.

Nous espérons que vous voudrez bien communiquer au Congrès, soit un mémoire sur l'une des questions indiquées au programme, soit les renseignements que vous pouvez avoir sur ces mêmes questions.

Lorsque nous aurons reçu votre adhésion (prière de l'adresser à M. le Secrétaire, 18, rue François-Dauphin, à Lyon), nous vous enverrons une carte d'entrée au Congrès avec les indications pratiques destinées à faciliter votre participation à ses travaux.

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués.

Le Président des Jurisconsultes Catholiques,

G. DE LAMARZELLE,

Sénateur.

Le Secrétaire,

J. LUCIEN-BRUN,

Avocat à la Cour de Lyon.

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