Page images
PDF
EPUB

que nous trouvions chez nous, en abondance, et aux meilleurs prix, tout ce qui est nécessaire à nos consommations.

L'état actuel des choses d'ailleurs est un passage et non une condition, et ce passage est le moyen, le seul moyen de faire que les producteurs et les consommateurs obtiennent peu à peu tous les résultats favorables qu'il est permis d'espérer d'une administration, si heureusement placée sous la surveillance et la contradiction de tous les intérêts publics et privés.

Aussi je ne crains pas de dire que, si les efforts et les sacrifices qui sont faits et que l'on continue à faire en faveur de certains produits nationaux, se montraient impuissants et inutiles, on finirait par y renoncer et par chercher ailleurs des moyens de travail plus naturels et plus productifs.

Que nos producteurs se perfectionnent, que nos consommateurs daignent avoir encore quelque patience, et qu'ils sachent bien les uns et les autres, que justice successive sera faite à tous, car la ligne que l'on suit n'est que pour le plus grand bien de tous.

Mais dans ce système qui a pour résultat passager d'élever les prix, afin de favoriser et de multiplier nos productions, les manufactures, les fabriques françaises se trouveraient évidemment dans l'impuissance de lutter sur les marchés étrangers avec des produits rivaux, si, par un système de drowback et de primes bien calculées, on ne les indemnisait des droits payés pour l'introduction des matières premières, et du prix factice que ces droits créent en faveur des produits analogues qui sont récoltés en France.

C'est ce que l'on a fait, et ce que l'on vous propose de sanctionner pour les draperies et les lainages qui sortent de France, pour aller trouver des consommateurs au dehors, et ce que l'on a fait avec des formes et dans des proportions qui nous paraissent mériter l'approbation des manufacturiers eux-mêmes, et qui méritent certainement l'approbation de Vos Seigneuries.

Toiles.

Parmi les produits qui ont reçu une maind'œuvre complète, ou presque complète, les toiles de lin et de chanvre sont le seul dont l'étranger nous approvisionne pour des sommes considérables.

Nous en recevons pour une valeur de 20 millions au moins, et la presque totalité nous vient des Pays-Bas.

La cause en est surtout dans nos tarifs, qui s'étaient jusqu'ici montrés trop avares, envers cette fabrication spéciale, d'une protection largement départie à toutes les autres.

En effet, il est reconnu que les droits antérieurs à l'ordonnance du 13 juillet dernier, ne dépassaient pas généralement 7 à 8 0/0, d'où il résulte que le doublement prononcé par cette ordonnance, et confirmé par le projet de loi, ne les porte qu'à 15 0/0.

Nul doute qu'en s'arrêtant à une fixation si modérée, le gouvernement n'ait été principalement déterminé par le désir de concilier les intérêts divers qui se trouvent engagés dans nos relations avec un pays voisin.

Les députés des anciennes provinces du Maine et de la Bretagne ont trouvé pénible que l'industrie particulière de leurs départements fit

scule en quelque sorte les frais de cette conciliation, et ils ont vivement réclamé une protection plus élevée.

Envisagée sous ce seul rapport, leur réclamation ne serait pas sans force, mais d'autres considérations doivent être pesées.

Le gouvernement a rappelé dans la discussion, qu'à des époques antérieures, lui-même avait proposé des taxes plus défensives, des taxes supérieures à celles auxquelles il croit devoir se restreindre aujourd'hui, mais que l'intérêt, justement attaché aux nombreuses blanchisseries et teintureries qui existent dans les départements du Nord, les avait fait repousser. Cet intérêt, bien que d'un ordre moins élevé que celui de la fabrication, ne saurait en effet être négligé.

D'un autre côté, c'est un fait admis que l'accroissement d'importation des toiles des PaysBas, a surtout trouvé son aliment dans l'usage devenu si général des blouses, genre de consommation auquel notre fabrication paraît jusqu'ici beaucoup moins convenablement appropriée que celle de nos voisins.

Or, comment attendre d'une industrie puremeni domestique, dans laquelle la force des habitudes joue par cela même un si grand rôle, ces modifications subites de travail qui ne sauraient se produire que dans ces corps de fabriques où nous avons vu la lutte des intelligences et des intérêts enfanter de si admirables résultats ?

Forcer l'encouragement là où il ne peut opérer qu'avec lenteur, ne serait-ce pas grever la consommation, altérer d'utiles rapports d'échanges. sans espoir fondé d'une compensation suffisante?

Il n'est pas prouvé d'ailleurs que, malgré les importations étrangères, malgré l'invasion des toiles de coton daus un grand nombre d'usages, le travail appliqué aux toiles de lin et de chanvre trouve difficilement à s'écouler sur nos marchés.

S'il en était ainsi, nos toiles se vendraient à bas prix, tandis que leur prix est beaucoup plus élevé que celui des toiles belges, ce qui prouve aussi que celles-ci ne sont pas tout à fait semblables à celles que nous produisons.

C'est donc en les imitant que nous trouverons moyen de reconquérir sur elles une partie des consommations qu'elles se sont appropriées. Il est juste d'y encourager uos tisserands, et c'est ce qu'on fait en doublant les droits, même alors que le doublement ne porte pas la protection à plus de 15 0/0.

Aller plus loin, avant que les faits, c'est-à-dire le résultat des taxes nouvelles, en aient manifesté le besoin, ne serait point sage, alors surtout qu'il s'agit de convaincre de notre modération un gouvernement voisin, auquel le gouvernement du roi persiste justement à demander la révocation d'une mesure exceptionnelle, et par conséquent peu bienveillante, dont le maintien nous laisserait libres désormais de nous rendre plus accessibles à des vœux que nous devons aujourd'hui contenir dans de justes bornes.

[blocks in formation]
[ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors]
[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Néanmoins la Chambre des députés a fait, et le roi a adopté un amendement ayant pour objet d'effacer la différence qui avait été établie entre les bêtes grasses et les bêtes maigres, et de les soumettre indistinctement au droit le plus élevé.

Les raisons pour et contre pouvaient se balancer, mais le roi ayant jugé convenable d'approuver ce changement, il n'y aura plus de motifs, ou de motifs suffisants pour que nous les reproduisions et les discutions devant vous.

L'infériorité dans laquelle nous sommes encore pour la production des bestiaux peut tenir à des causes naturelles, et venir aussi de ce que l'agriculture n'a pas suivi chez nous les progrès et les perfectionnements qui caractérisent toutes les autres branches de notre industrie.

Si nous étions dans l'usage de faire des enquêtes, ce serait là une matière à enquêtes, non dans la vue de n'avoir plus de bestiaux à demander à l'étranger, mais dans le dessein de savoir si, sous ce rapport, nous obtenons de notre climat, de notre sol et de nos procédés, tout le fruit qu'il est possible d'en obtenir.

C'est en présence de faits bien constatés, bien analysés, que l'esprit s'éclaire et se rassure, que les vaines doctrines succombent et ne se reproduisent plus, et que l'administration s'établit sur des bases comprises et admises par tous les administrés.

Toutefois, on sent qu'il y a quelque chose à faire et la France devra bientôt au roi l'établissement d'une ferme normale qui donnera l'exemple des bonnes méthodes, et formera des sujets pour tous les départements du royaume.

climat tous les bons résultats qu'il est permis
d'en attendre.

Sucres.

Pendant plusieurs années, après la Restauration, les sucres qui venaient de nos colonies ne suffisaient pas à nos consommations intérieures.

Si cette entreprise, qui sera confiée à des intérêts privés,réussit,comme il y a tout lieu de le croire, deux ou trois autres fermes du même genre seraient bien placées dans les départements de l'Ouest et du Midi, où le sol, le climat, les habitudes sont autres que dans les environs de la capitale, et, nous aimons à le dire, il n'est aucuns sacrifices que l'on ne puisse espérer de notre auguste souverain, quand il s'agit du bien-être de ses peuples, de mêine qu'au besoin, il n'y aurait aucun emploi des deniers publics qui fût plus utile, plus profitable que celui-là.

Nos raffineries, cependant, arrivées depuis longtemps à un grand degré de perfection, et bien plus perfectionnées encore de nos jours, avaient conservé au-dehors des débouchés assez considérables.

Les sucres étrangers étaient alors nécessaires pour notre propre consommation, ainsi que pour nos exportations au dehors.

Notre système de drowback et de primes devait être conçu et réglé d'après cet état de choses, et c'est ce qui fut proposé et adopté à l'une de nos précédentes sessions.

Mais les faits n'étant pas restés les mêmes, et nos colonies pouvant suffire aujourd'hui à nos consommations et même au delà, les sucres de nos colonies doivent devenir la base des nouvelles combinaisons de notre tarif.

11 se manifeste, par conséquent, un peu de mouvement dans les esprits, en tout ce qui touche à nos intérêts agricoles; c'est un premier pas qui sera suivi de quelques autres; et nous arriverons ainsi peu à peu, il faut l'espérer, à procurer à notre pays les lumières et les habitudes qui sont nécessaires pour obtenir de notre sol et de notre

Le gouvernement propose d'accorder 120 fr. par 100 kilogrammes de sucre raffiné exporté audehors, comme somme suffisante pour rembourser le droit payé au Trésor, et tenir compte de la plusvalue occasionnée dans l'entrepôt.

Les fabricants, les raffiueurs demandent 140 francs, quelques-uns, et les plus considérables, 130 francs seulement, comme condition nécessaire pour que leurs exportations ne soient pas arrêtés aussitôt que les sucres de nos colonies acquerront sur notre marché une valeur plus grande que celle qu'ils ont aujourd'hui, ou que les sucres sur les marchés étrangers baisseront plus que sur le nôtre. Il faut même ajouter, il est même juste de dire que la prime portée à 130 francs, dans l'état ac tuel des choses, en développant nos débouchés au dehors, serait une cause d'élévation de prix chez nous, et que nos colonies s'en ressentiraient de la manière la plus heureuse.

Votre commission toutefois n'a pas cru convenable de proposer un amendement à ce sujet.

Elle a pensé qu'il suffisait d'établir nettement l'état de la question, et d'exprimer le vœu que, s'il y a lieu, et dans les cas indiqués, il soit rendu une ordonnance qui élève le drowback et la prime, afin que le cours actuel ne soit pas une sorte de maximum.

Nous espérons que ce vœu sera entendu et satisfait, car le gouvernement sait encore mieux que nous à quel point il importe de favoriser le développement de la richesse agricole de nos colonies, puisque c'est dans ce développement que se trouvera pour elles le moyen d'acquitter leurs dettes, d'obtenir un plus grand crédit, de perfectionuer leurs procédés, de pouvoir peut-être se passer un jour d'une si haute protection, et que se trouvera pour nous le moyen d'augmenter notre navigation, d'augmenter les débouchés des produits de notre sol et de notre industrie, et, par conséquent, d'agrandir les sources du travail, du bien-être, et de la richesse du royaume.

Navigation.

En jetant les yeux sur le paragraphe 4 de l'article 1er, et sur l'article 2 du projet de loi, on remarque avec satisfaction les nouvelles mesures qui sont prises pour donner à notre marine mar

C

S

chande les encouragements qui lui sont si nécessaires.

Les importations, par bâtiments français, obtiennent toujours une préférence utile, et d'autant plus utile qu'elle est calculée à la fois, presque selon les distances, et bien évidemment selon la nature probable des transactions.

En achetant, dans les entrepôts d'Europe, nos armateurs font peu pour l'intérêt de la navigation, puisque les distances sont peu éloignées, et font mal pour notre agriculture et nos fabriques, puisque leurs achats dans ces entrepôts sont faits, en général, contre du numéraire ou des lettres de crédit, au lieu d'être faits en échange des produits de notre sol et de notre industrie.

Ainsi, les encouragements qui sont offerts à notre navigation se lient d'une manière intime avec les encouragements que nous devons à nos fabriques et à notre agriculture.

Déjà, les effets commencent à s'en faire ressentir, nos ports marchands paraissent plus animés, et à mesure que le temps passera, ils deviendront sans doute plus actifs et plus prospères.

L'essentiel est, en matière semblable, d'avoir une législation conforme aux intérêts du pays; et, de plus, de s'appuyer sur des règles, sur des principes tellement publics, tellement admis par les pouvoirs, tellement avoués par tous les regnicoles, que l'on n'ait plus à craindre ces déviations subites, qui sont plus nuisibles peut-être encore par la méfiance qu'elles inspirent que par tout le mal qu'elles occasionnent.

De là il suit que le gouvernement sous lequel nous avons le bonheur de vivre, est non seulement le plus propre, mais est le seul qui soit propre à donner au travail, à l'industrie, au bienêtre de la France, toutes les garanties qui leur sont nécessaires, et par conséquent tous les développements dont ils peuvent être susceptibles.

Nous avons quelquefois entendu parler de l'utilité qu'il y aurait pour nous d'avoir un acte de navigation, et si nous en disons un mot, c'est parce qu'il est de notre devoir non seulement d'accueillir, mais de provoquer toutes les idées qui peuvent être utiles.

Nous ne jugerons pas cette question avant qu'elle se présente, si toutefois elle doit être présentée, mais nous dirons à l'avance qu'un acte de navigation est un acte tout d'une pièce, qui, dans ses dispositions, s'adresse à tout et à tous; que s'il procure des avantages, il impose des sacrifices; qu'il faut être bien sûr de sa supériorité et de sa constance, pour s'engager dans une telle voie; que le monde d'aujourd'hui est un monde fort divers; et qu'il y a beaucoup de motifs de croire que la marche que l'on suit, et qui a pour objet de vérifier sans cesse ce qui nous est utile, ce qui nous est contraire, va mieux à nos intérêts matériels, et à nos intérêts politiques, va mieux à cette époque surtout où nous n'avons pas encore acquis les développements sur lesquels nous devons compter, et où il serait impossible de dire le point où nous devons nous arrêter, et les conditions absolues et définitives qu'il faut établir pour nous et contre nos rivaux.

Toutefois, comme la pensée d'un acte de navigation est venue à beaucoup de bons esprits, bien loin de la repousser et de l'éteindre, nous nous faisons un devoir de la provoquer, parce qu'il est de l'essence de notre gouvernement non seulement de vouloir et de faire ce qui est le plus utile, mais de prouver que le plus utile est de faire ce qu'il fait, ou ce qu'il propose de faire,

Dispositions nouvelles.

Les articles 13, 17, 20, 21 et 22 renferment les dispositions nouvelles qui sont proposées par le projet de loi.

L'article 13 est relatif aux marchandises étrangères qui empruntent notre territoire pour se rendre à l'étranger.

Ce transit procure des résultats fort satisfaisants par les frais de transport, les magasinages et les commissions qu'il laisse dans le pays.

Il a le mérite aussi de manifester en faveur de nos voisins cet esprit de bienveillance que nous avons recommandé comme une condition nécessaire au bon voisinage des peuples.

Il pouvait avoir encore l'avantage d'offrir chez Cous aux navigateurs étrangers des facilités égales à celles qui leur sont offertes depuis quelque temps en Angleterre; mais pour que ce dernier avantage fût recueilli, il fallait que les marchandises en transit, en passage, pussent séjourner quelque temps dans nos entrepôts réels, et tel est l'objet de l'article 13.

La force des choses voulait que cet entrepôt fût accordé, même alors qu'il n'était pas autorisé, surtout pour les marchandises qui doivent sortir par mer, puisque les navires sur lesquels devaient s'opérer leur embarquement et leur départ n'étaient pas toujours prêts à les recevoir au moment de leur arrivée dans nos ports.

La mesure que l'on propose est une conséquence du transit, en même temps qu'elle est un moyen de plus d'appeler chez nous les navigateurs étrangers, d'augmenter nos transactions et nos affaires de toute espèce, et elle nous a paru digne de votre approbation.

L'article 17 met le port de Cette au nombre des ports qui peuvent expédier certaines marchandises et denrées sur l'entrepôt de Lyon.

Le port de Cette est le second port français dans la Méditerranée, et le seul port du Languedoc qui soit fréquenté par les étrangers.

Il était juste et utile de lui offrir les mêmes facilités qui sont déjà accordées aux ports de Marseille, Bordeaux, Nantes, Rouen et le Havre.

La position géographique de Lyon explique l'exception qui a été faite en faveur de cette ville de l'intérieur.

Cette exception se justifie et se recommande tous les jours davantage.

Elle est un moyen de préparer, d'assurer nos débouchés au dehors et par conséquent de multiplier chez nous les occasions de profit et de travail.

Il nous semble qu'il serait utile, et toujours dans le même esprit, de créer aussi un entrepôt de transit à Perpignan, et nous énonçons cette idée, non comme étant hors de toute espèce de doute, mais comme digne de fixer l'attention du gouvernement.

Il existait dans notre législation de douanes, une lacune relativement à la décharge et au rapport des acquits à caution.

Les articles 20 et 21 sont destinés à la remplir.

Il est utile, nécessaire, de rendre clairs, positifs les rapports du commerce avec les douanes, surtout dans les matières qui sont les plus sujettes à des litiges et à des contestations.

Désormais l'on saura quelles sont les peines attachées au non rapport, en due règle et en temps utile, des acquits à caution délivrés, soit pour le mouvement d'un entrepôt sur un autre, soit

[ocr errors][merged small]

pour la réexportation des marchandises pro- | hibées, et les doutes, et les embarras qui existaient, cesseront, et ne pourront plus se reproduire.

Cette mesure est par conséquent une mesure d'ordre qui sera vue avec satisfaction par toutes les parties intéressées.

L'article 22 est applicable au régime des douanes dans l'ile de Corse.

Cette île est soumise à un régime exceptionnel, rendu nécessaire par son peu d'importance relative, et par ses rapports intimes avec le continent de la France.

Il fallait pourvoir aux intérêts, aux besoins de la Corse, et cependant éviter qu'elle ne devînt un foyer de contrebande.

On ne pouvait par conséquent l'assimiler au régime commun, en même temps qu'on ne voulait pas, et qu'on ne devait pas la traiter comme un pays étranger.

Cette situation mixte explique toutes les difficultés auxquelles on a sans cesse à pourvoir, et les nouvelles mesures proposées, sans être intolérables pour la Corse, ont pour objet de compléter la surveillance et les précautions qui nous sont si nécessaires.

Après avoir parlé des dispositions nouvelles et des articles principaux qui sont mentionnés dans le projet de loi, il est de notre devoir d'appeler votre attention sur les houilles, les cotons et les fers, c'est-à-dire sur les trois branches de notre industrie qui ont reçu, et sont destinées à recevoir les plus heureux développements, et qui ont donné lieu, malgré qu'il n'en soit pas question dans le projet, à une discussion fort importante dans la Chambres des députés.

Houilles.

La question relative aux droits imposés sur les houilles qui nous viennent de l'étranger par voie de terre, c'est-à-dire de la Belgique, a été l'objet d'une controverse si vive, et tient à des intérêts si importants, qu'il est nécessaire que votre commission vous en rende compte et vous soumette son avis.

Nous allons d'abord dire les faits dans les mêmes termes qu'ils ont été établis dans l'autre Chambre.

En 1816, le gouvernement proposa d'imposer un droit de 40 centimes par 100 kilogrammes sur les houilles qui nous viennent de l'étranger par terre.

La Chambre des députés réduisit la proposition de 40 centimes à 30; ce qui, avec le décime, fait 33 centimes par hectolitre ou 100 kilogrammes.

Une exception fut accordée en faveur des départements de la Meuse, de la Moselle et des Ardennes, tous trois situés à de telles distances des houillères françaises, qu'ils sont forcés de s'approvisionner à l'étranger.

Le droit pour eux fut réduit à 10 centimes. Le département du Nord demande que le droit de 30 centimes qui est payé sur ses fontières, soit réduit au prix de 10 centimes qui est perçu sur les frontières des trois départements que nous venons de citer.

Les départements de la Loire demandent au contraire que le droit de 30 centimes soit fort augmenté, attendu que, dans l'état des choses, les charbons belges peuvent encore s'établir à Paris

à meilleur marché qu'ils ne peuvent y vendre les leurs.

Le département du Nord appuie sa demande sur ce qu'il n'est pas juste que, par notre législation des douanes, un département soit plus maltraité que d'autres départements; sur ce que les houillères françaises qui existent dans son voisinage sont insuffisantes pour ses besoins; et enfin sur ce qu'une telle surcharge nuit beaucoup à ses fabriques ainsi qu'à ses habitants, qui sont obligés de faire usage de ce combustible pour leurs travaux industriels ainsi que pour les besoins de leurs ménages.

Le gouvernement observe que les fabriques du département du Nord et des départements environnants obtiennent, malgré le droit de 30 centimes, lecharbon belge à meilleur marché que les fabriques de Paris, de la Normandie, etc., ne peuvent obtenir le charbon français ;

Que ce qui prouve que ce droit ne nuit pas aux fabriques des départements du Nord, c'est que l'importation de la houille étrangère va sans cesse en augmentant;

Que l'exception accordée aux départements de la Meuse et de la Moselle, tient à des circonstances locales qui l'ont rendue indispensable, sous peine de ruiner des établissements fort importants, puisque, malgré l'exception, la houille étrangère leur coûte plus cher qu'elle ne coûte aux départements du Nord.

Que le droit de 30 centimes est plutôt trop modéré que trop élevé, puisque les introductions étrangères sont sans cesse un plus grand obstacle au développement que nous cherchons à donner à l'exploitation de nos houillères, soit dans l'intérêt général de notre industrie, soit dans l'intérêt spécial du perfectionnement le plus grand et le plus prompt possible de la fabrication de la fonte et du fer, en France;

Enfin, que rien ne serait plus déplorable et plus digue de blâme que de voir une administration détruire d'un côté ce qu'elle cherche à créer de l'autre, et que s'il n'espérait pas un retour d'égards et de procédés de la part du gouverne ment des Pays-Bas, il proposerait, au lieu d'une diminution, une augmentation sur les droits

existants.

Votre commission, après avoir pesé les raisons pour et contre, me charge de dire qu'elle partage les doctrines de notre gouvernement, et les motifs sur lesquels elles sont fondées.

Fers.

Les fers et les fontes furent un des premiers objets dont le roi daigna s'occuper après son retour en France, et dès 1814 un droit de 15 francs par 100 kilogrammes fut imposé aux fers étrangers, quel que fût le mode de leur fabrication.

En 1822, la taxe fut portée à 25 francs, sur les fers fabriqués à la houille et au laminoir.

Tel est aujourd'hui l'état de notre législation. D'après les calculs qui furent mis sous les yeux de Sa Majesté, il parut évident que pour stimuler, pour développer ce genre d'industrie, il était encore nécessaire que nos forgerons pussent obtenir le prix de 50 francs pour chaque 100 kilogrammes de fer.

Déjà, des entreprises étaient faites pour produire la fonte par le coke, et le fer par la houille et le laminoir.

D'autres entreprises se préparaient, l'impulsion était donnée, une époque nouvelle commençait,

e

e

et il était permis de concevoir les plus brillantes espérances.

Ces espérances ont-elles été réalisées ?

Les détails que je vais placer sous les yeux de Vos Seigneuries, les mettront à portée d'en juger elles-mêmes.

En 1823 et 1824, les prix du fer sont restés plutôt au-dessous qu'au-dessus de 50 francs, mais dans le courant de 1825, ils s'élevèrent à 65 fr. Quelle fut la cause de cette hausse?

La cause se trouve:

1o Dans les droits établis sur les fers étrangers; 2o Dans la mise en œuvre, par l'opération du moulage, de la fonte qui auparavant était uniquement livrée aux affineries, ce qui a restreint relativement la fabrication du fer;

3o Enfin, dans l'augmentation des besoins par l'augmentation des machines, des constructions civiles, des constructions navales, etc.

D'un autre côté et en même temps le marché de nos voisins éprouvait un grand mouvement à la hausse.

En Angleterre, le fer qui, pendant les années 1822, 1823 et 1824, s'était établi au prix de 7 à 8 livres sterling par tonneau, c'est-à-dire au prix de 18 à 20 francs les 100 kilogrammes, s'était élevé en 1825, à 15 livres sterling, ce qui le faisait revenir dans nos ports, avec la charge du droit, au prix de 68 francs les 100 kilogrammes.

Cette circonstance particulière, le chômage chez nous d'un grand nombre d'usines par suite de la sécheresse de l'été de 1825, le renchérissement du bois nécessaire pour la fusion et l'affinage, la concurrence des acheteurs qui se multipliaient chaque jour, et sans doute aussi le désir chez les maitres de forges et les marchands de profiter de l'occasion, expliquent suffisamment la hausse de 1825, qui toutefois a déjà rétrogradé de près de 200/0, puisque les prix sont descendus de 65 à 55 francs les 100 kilogrammes.

Cette diminution, ce retour aux prix, à peu près, que le législateur avait voulu assurer à nos maîtres de forges doit être attribué à la fois à la baisse qui s'est manifestée sur les marchés étrangers, et à l'augmentation toujours croissante de nos produits dans l'intérieur.

En Angleterre, les prix du fer sont descendus de 15 livres sterling le tonneau à 10 livres sterling; et s'ils reviennent à 8 livres sterling, comme on le croit, ils pourraient s'offrir dans nos ports au prix de 48 francs les 100 kilogrammes, d'où il résulterait que notre industrie, à cause surtout du renchérissément du bois, ne conserverait pas la protection qui, en 1822, fut jugée nécessaire à son existence.

Il ne suit pourtant pas de là que nous devions payer éternellement les fers au prix de 50 à 55 fr. les 100 kilogrammes; et pour nous rassurer il suffira de jeter un coup d'oeil sur la multiplication et le perfectionnement de nos usines.

L'affinage du fer à la houille et au laminoir a été introduit en France.

Nous possédons aujourd'hui trente-cinq établissements de ce genre dont la production ne peut pas être évaluée à moins de 70 millions de kilogrammes.

Quinze autres s'élèvent et promettent pour un avenir fort rapproché, 30 millions de kilogrammes.

La naturalisation des nouvelles mélhodes a créé par conséquent, en France, une production nouvelle ou prochaine de 100 millions de kilogrammes de fer.

D'autre part, l'ancienne fabrication au bois et

au marteau
sement.

pris aussi un assez grand accrois

Il résulte des renseignements officiels et comparatifs qui ont été recueillis par le gouvernement, en 1818 et en 1825, que cette sorte de fabrication ne s'éleva en 1818 qu'à 80 millions de kilogrammes, tandis qu'elle a été portée en 1825 à 96 millions de kilogrammes.

Ainsi, la fabrication du fer qui, en 1818, n'avait été chez nous que de 80 millions, s'est élevée en 1825 à 140 millions, c'est-à-dire aux trois quarts en sus de la production de cette première époque.

Les quinze nouveaux établissements d'affinage à la houille et au laminoir ne sont pas compris dans ce calcul, et bientôt 30 millions de kilogrammes de plus seront produits sur nos marchés.

D'autres établissements se formeront encore, et nous en acquerrons la presque certitude, en remarquant que les bassins houillers concédés en 1824 et 1825, et ceux dont la concession est demandée en 1826, ne s'élèvent pas à moins de 76 millions.

Toutefois, il est nécessaire de dire que le développement de la fabrication du fer en France, et, par conséquent, le développement de cette concurrence intérieure, qui seule doit produire et peut maintenir le bon marché, dépendront de la possibilité de se procurer la fonte, qui est la matière première, en quantité suffisante, et à des prix modérés.

Voyons, par conséquent, quelle est la situation du royaume à cet égard.

Si les hauts fourneaux ne pouvaient être alimentés, si la fonte ne pouvait être produite que par le moyen du bois, ainsi qu'on l'a cru en France jusqu'à nos jours, il serait possible, malgré les ressources que laissera disponibles l'affinage du fer par le moyen de la houille, que la richesse de nos forêts restât inférieure à nos besoins.

Mais il n'en est pas ainsi.

Depuis 1822, la fusion du minerai, par le moyen de la houille, est en pleine activité dans sept hauts fourneaux qui ont produit, à leur naissance, 4 à 5 millions de kilogrammes de fonte, et qui sont montés de manière à en produire15 millions dès la présente année.

Il se prépare plus de vingt-cinq usines nouvelles du même genre, qui produiront bientôt, en les évaluant de la manière la plus modérée, 45 millions de kilogrammes de fonte de plus.

Ainsi, le mouvement est donné de la manière la plus large, et il faut s'attendre que sur tous les points du royaume où il se trouvera de la houille, eile prendra la place du bois.

Maintenant voyons notre situation antérieure et notre situation actuelle.

En 1818, la production de la fonte ne fut chez nous que de 114 millions de kilogramines.

En 1825, elle s'est élevée à 192 millions dans lesquels la fusion à l'aide du coke n'entre que pour 5 millions.

D'où il suit que, de 1818 à 1825, la fabrication de la fonte présente une augmentation d'une quantité égale aux trois quarts de l'ancienne fabrication, c'est-à-dire une augmentation semblable à celle que nous avons signalée plus haut pour la fabrication du fer, avec cette circonstance satisfaisante que la presque totalité de cette augmentation, 73 millions sur 78, appartient à la fusion au bois, tandis que la fusion, par le moyen de la houille, se présente à nous avec un produit prochain de 50 à 60 millions, et pourra être portée, sans aucun doute, à une production qui ne con

[merged small][ocr errors]
« PreviousContinue »