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3° il veut que les biens de ceux qui mourront, appartiennent à leurs légitimes héritiers et successeurs; et il ne se réserve le droit d'Aubaine 1), qu'il appelle de main-morte 2), qu'au défaut d'héritiers légitimes; 4° il renonce au droit de naufrage 3) pour toutes les marchandises qui pourraient se trouver sur les côtes de ses domaines, et il veut qu'elles soient rendues aux propriétaires *).

Le Roi Charles V confirma ces lettres en 1366. Il paraît par quelques actes antérieurs aux lettres de Philippe III le Hardi, que la plupart des marchands italiens qui s'établirent à Nîmes, résidaient auparavant à Montpellier, et que ce Prince ne leur accorda de si grands priviléges, que pour les engager à quitter cette ville, qui appartenait à une domination étrangère, à s'établir dans ses États et à y attirer le commerce. En effet la chronique de l'hôtel de ville de Montpellier atteste qu'en 1277 les Lombards sortirent de cette ville 3).

La Rubrique 17. du Liv. II. des Statuts de l'art des marchands, rapporte qu'en 1339, il fut ordonné de prendre des informations sur l'état des Consuls des marchands dans les foires de Champagne, et de chacun des Consulats établis en France). Les Toscans avaient établi un Consulat à Genève 7) en 1146;

les contestations commerciales. On donnait pour raison de cette différence, que les marchands fréquentant les foires, n'étant assemblés qu'accidentellement, et même étant Étrangers, ne pouvaient pas nommer un Conservateur *).

1) Voyez T. I. du Manuel Liv, I, Chap. III. Sect. XI. p. 142. note 4.

2). Voyez plus haut p. 78. note 1.

3) Voyez T. I. du Manuel Liv. I. Chap. III. Sect. XI. p. 144-146, note 3.

4) Trésor des Chartes de Nimes No. 315.-Ordonnances des Rois T. IV. p.668. sqq., cités par D. Valssette, Histoire générale de Languedoc T. IV. Liv. XXVII. §. XLIV. p. 26.

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5) D. Vaissette, ubi supra. Recueil du Louvre T. IV. p. 668., cité par Pardessus, 1. c. T. II. Introd, p. LX. note 11,

6) Pagnini, 1. c. T. II. Sect. II. Chap. VI. p. 46.

7) Genève, qui avait successivement fait

*) Girard, IIIme Livre des offices de France traitant des institutions et établissements des Baillis, Sénéchaux, Prévôts etc., le tout vérifié par édits et ordonnances

partie du Royaume d'Arles et du second Royaume de Bourgogne, se trouvait au commencement du XI me siecle, sous la dépendance d'un Évèque et d'un Comte, qui se disputaient la Suprématie dans ses murs, et qui l'emportaient tour à tour l'un sur l'autre. Dans le XIII me siècle, les Comtes de Savoie, ayant acquis des possessions considérables dans les environs de Genève, devinrent redoutables pour les Évèques et les Comtes de Genève, et les Citoyens surent profiter des craintes de leurs Seigneurs pour acquérir certains priviléges, qui furent ensuite le fondement de leur indépendance. Ces privilé ges furent confirmés, en 1387, par l'Évêque Adhemar Fabri, qui en forma un recueil.désigné sous le titre de Franchises. En 1401, le Comté du Genevois fut réuni au Comté de Savoie, et dès lors les Princes de la Maison de Savoie exercèrent dans Genève une autorité prépondérante. Pendant le XV me ét la première partie du XVI me siècle, ils dis

des Rois; par J. Joly, Paris 1647 in fol. Tit. XV. cité par Depping, 1. c. T. II. Chap. VII. p. 13. note 1.

lorsque les foires établies dans cette ville furent transférées à Lyon, le Consulat toscan y fut également transporté. Les Florentins, favorisés par le Roi Louis XI, qui les dispensa du payement de l'hommage des foires, auquel tous les autres Étrangers étaient soumis, obtinrent en 1494 du Roi Charles VIII un diplôme par lequel (art. XIII.) ils furent assimilés, quant aux priviléges du commerce, aux sujets indigènes du Royaume 1).

Iles Baléares,

Florence avait des Consuls à Majorque et à Minorque 2).

posèrent presque toujours du Siège épiscopal de Genève en faveur des Princes de leur famille. Charles III fit surtout de grands efforts pour soumettre entièrement Genève à sa domination; mais les Genevois cherchèrent des secours chez les Suisses, et firent des alliances avec les Cantons de Fribourg et de Berne, qui protégèrent efficacement leurs Alliés; tandis que Genève luttait ainsi pour assurer son indépendance politique, elle accueillait les premiers prédicateurs de la réforme, qui lui apportaient la liberté religieuse, (Comp. T. I, du Manuel Liv. I. Chap. V. Sect, X. Prusse. §. 11, p. 466. note *.) Après bien des hésitations, bien des incertitudes, occasionnées par le triomphe alternatif de deux partis, dont l'un voulait rester fidèle au culte de ses pères, et reconnaissait les droits que le Duc de Savoie avait sur la ville, et dont l'autre avait adopté les principes de la réforme, principes qui avaient pour conséquence nécessaire la liberté civile et politique, les Citoyens, réunis dans la Cathédrale, le 21 Mai 1536, déclarèrent à l'unanimité qu'ils voulaient vivre selon la loi évangélique et la parole de Dieu. Les Dus de Savoie ne pouvaient se déterminer à reconnaître l'indépendance de la nouvelle République; ils lui firent une guerre constante, et plus ou moins active pendant près de quatre-vingts ans; les Genevois soutinrent avec courage une lutte aussi difficile, et ne reculèrent devant aucun sacrifice pour la conservation de leur liberté. Ils contractèrent, en 1584, une alliance avec les Cantons de Zurich et de Berne ils repoussèrent, au mois de Décembre 1602, une attaque nocturne du Duc de Savoie, attaque connue sous le nom d'Escalade, et forts de l'appui de Henri IV, Roi de France, et de celui des Cantons suisses, ils conclurent, en 1603, avec Charles Emmanuel, un traité de paix (Traité de SaintJulien du 21 Juillet, dans Du Mont T. V.

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Part. II. p. 26. -- Lünig T. I. Col. 803. Traités publics de la maison royale de Savoie T. I. p. 215.), en vertu duquel tous actes d'hostilité devaient cesser pour toujours, et quiconque troublerait le repos général devait étre regardé comme violateur du traité. En 1793, de mauvais Citoyens, soutenus par le Comité de salut public de Paris, commirent à Genève les mêmes horreurs qui se commettaient alors dans toute la France, Le 15 Avril 1799, les troupes de la République française entrèrent à Genève, et cette ville, réunie à la France le 17 Mai suivant, devint le Chef-lieu du Département du Léman. Le 30 Décembre 1813, elle ouvrit ses portes aux Alliés, et recouvra son indépendance; en 1815, elle fut agrégée à la Confédération suisse comme XXII me Canton; le congrès de Vienne et les traités de Paris et de Turin lui ont procuré un agrandissement de territoire et une libre communication avec la Suisse. (Schoell, Cours d'histoire T. IV. Liv. IV. Chap. X. Sect. II. p. 178. T. IX. Liv. V. Chap. XVII. Sect. I. p. 321- - 324. T. XIV. Liv, VI. Chap. III. Sect. VI. p. 362. T. XV. Liv. VI, Chap, V. p. 364. 365. 383. 385, 388. 389. 407. T. XLIII. Liv. VIII. Chap, XX. p. 251-298. Traité de Paris du 30 Mai 1814 art. IV. voyez Martens, Recueil suppl, T. VI. p. 1-18. Acte du congrès de Vienne du 9 Juin 1815 art. 75. 78. 79. Déclaration des Puissances sur les affaires de la Confédération helvétique du 20 Mars 1815. Annexe A. à l'acte du Congrès. Protocole du 29 Mars 1815 sur les cessions faites par le Roi de Sardaigne au canton de Genève, Annexe XII. à l'acte du Congrès, voyez Martens, ubi supra Dict, de la conversation

P.

157. 173.

T. XXX, p. 89-94.)

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Depuis le milieu du XIIIe siècle déjà les Florentins Angleterre. étaient en rapport avec l'Angleterre qui leur fournissait des laines pour la fabrication des draps ). En 1385, le Roi Richard II expédia des patentes pour conclure un traité de commerce avec Florence 2). Le résultat de cette négociation n'est point connu, mais il est à présumer qu'elle se rapportait également au commerce des laines 3).

En 1402, un Consul florentin résidait à Londres. Les Statuts de ce Consulat, recueillis et approuvés en 1513, établissent que le Consul, assisté de deux Conseillers, décidera et terminera toutes les contestations entre les sujets de la République résidant en Angleterre; ceux des dits sujets qui, au lieu de recourir au Consul de leur Nation, s'adresseraient à un autre Tribunal, seront passibles d'une amende pécuniaire; et afin que ceux qui ne sont point sujets de la République, se soumettent également à la Jurisdiction du Consul dans leurs contestations avec les Florentins, il est dé. fendu à ces derniers, sous des peines sévères, de faire des affaires de commerce ou autres avec des Étrangers quelconques, qui ne s'engageraient pas d'avance à se soumettre à la Jurisdiction du Consul florentin, et à comparaître devant lui.

Les émoluments du Consul consistaient dans un douzième de denier sterling pour chaque livre sterling dans les affaires de banque; d'un denier et demi par livre sterling sur la valeur des marchandises achetées ou vendues par les Florentins; d'un huitième de denier pour chaque livre sterling sur le montant des assurances, et de dix livres sterling pour le chargement de chaque bâtiment florentin arrivant en Angleterre, les sujets de la République étant obligés de charger leurs marchandises sur les bâtiments nationaux, sous peine d'en payer nonobstant cela le nolis dans le cas où ils les auraient chargés sur des bâtiments étrangers ^). Les premiers Statuts des Consulats toscans établis Pays-Bas. à Bruges et à Anvers, portent la date de 1426. Les priviléges dont les Florentins jouissaient depuis le XIVe siècle dans les Pays-Bas furent augmentés en 1461 et 1497. - Les Consuls

1) Pagnini, l. c. T. II. Sect. II. Chap. V.

P. 45.

2) Pagnini, 1. c. ubi supra p. 45. Memorie No. X. p. 186. 187. Rymer, Foedera T. III. Part. III. p. 177.

3) Richard II expédia sous la même date des patentes pour conclure des traités de

commerce avec les Magistrats Civitatis Toiarum (Troja?), Civ. Perusii (Perugia), Civ. Lucaniae (?), Civ. Pasani (?), Civ. Bo noniae (Bologne). (Comparez Rymer, ubi supra.)

4) Pagnini, l. c. T. II. Sect. II. Chap. VI. p. 49. 50.

percevaient un droit de dix livres flamandes sur chaque bâtiment de la Commune qui arrivait au port de l'Ecluse, et en proportion sur chaque bâtiment expédié par des particuliers ').

NAPLES ET SICILE.

§. 4.

Le Royaume de Naples qui, pendant plus de deux siècles, forma une Souveraineté distincte de la Sicile, puisque ces pays, divisés par la révolution de 1282, ne. furent unis sous la même domination qu'en 1501 2), avait un com-.

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2) Naples, après la chute de l'Empire romain d'Occident, demeura au pouvoir des Empereurs d'Orient. Le Duché auquel elle donna son nom ne put être soumis, ni par les Lombards, ni par les Empereurs français, ni par les Empereurs d'Allemagne; il eut ses Ducs particuliers, qui d'abord forent nommés par les Exarques, de Ravenne *) ou les Empereurs grecs, et qui, peu après l'extinction de l'Exarchat, furent nommés par le Peuple de Naples; au commencement du XIme siècle, les Normands vinrent dans la Pouille; ils y firent des conquêtes rapides, et en 1043, Guillaume Bras de fer, fils de Tancrède de Hauteville, fut créé Comte de la Pouille par ses compatriotes. Parmi les douze fils de Tancrède deux surtout s'illustrèrent, Robert, surnommé Guiscard ou le Rusé, et Roger. Robert (1057-1085) devint premier Duc de la Pouille et de la Calabre, et réunit à ces deux fiefs la Principauté de Salerne; Roger enleva, en 1072, la Sicile aux Sarrasins qui l'avaient conquise sur les Grecs, et la possédaient depuis près de deux siècles; il en fut nommé Comte par son frère Robert. Roger II réunit en 1127

*) Exarque, du grec ἔξαρχος, formé d' εξ et de agǹ, empire, commandement. Signifie le premier (princeps) le plus distingué: député par la puissance, vicaire, préfet. On donnait autrefois ce titre à celui qui commandait en Italie pour les Empereurs d'Orient, et qui faisait ordinairement sa résidence à Ravenne.

C'était aussi un titre de dignité ecclésiastique dans les premiers siècles de l'Église, au

dessous du Patriarche et au dessus du Mėtropolitain.

L'Exarque aujourd'hui, chez les Grecs, est

DYNASTIE

NORMANDE.

les possessions de son père, et celles de son oncle; il prit en 1129 le titre de Roi, et devint le fondateur de la Monarchie des Deux-Siciles, comme vassal et tributaire du souverain Pontife. La dynastie héroique des Normands s'éteignit dans les måles, en 1189, par la mort de Guillaume II, le Bon. La Couronne était dévolue à Constance, tante du dernier Roi, qui avait épousé Henri de Hohenstaufen, fils de l'Empereur Frédéric I, Barberousse; mais il se présenta un batard, Tancrède, fils d'un frère de Guillaume I, qui s'empara de la Couronne, la porta avec dignité (1189 — 1194), et la laissa à son fils Guillaume III.

DYNASTIE DE HOHENSTAUFEN.

Henri I (1194-1197), Empereur, sixième du nom, l'époux de Constance, s'empare en 1194 de Naples et de la Sicile; il se venge en tyran sur la ville de Salerne de la trahison que les habitants avaient faite à l'Impératrice son épouse, et fait crever les yeux à l'infortuné Guillaume III. Frédéric II (1197-1250), fils de Henri I, transmit le trône des Deux-Siciles à son fils Conrad I (1250-1254). A la mort de celui-ci le droit de succéder à la Couronne passa à son fils Conrad II, dit Conradin, mais son oncle Manfred ou Mainfroi (1258–1265), soit

Roquefort, I. c.

161. p. Dict. de l'Académie.

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une espèce de légat à latere qui fait la visite des provinces qui lui sont soumises. Exarchat, dignité, territoire sous le commandement d'un Exarque. (Du Cange, Glossarium manuale T. III. p. 387. Lunier, 1. c. T. II. T. I. 297. p. Art de vérifier T. IV. dep. J. Chr. Exar372-377. ques de Ravenne p. Schoell, Cours d'hist. T. I. Liv. I. Chap. I. P. 142. Chap. XII. p. 323. Chap. XIII. p. 328. T. IV. Liv. IV. Chap. X. Sect. VI. p. 275. Voyez aussi Adria, Bologne, Fuenza, Forli, Imola.)

merce fort actif. La multitude et la variété des produits qu'on y recucillait donnaient lieu à une exportation considérable qui le

DYNASTIE D'ANJOU.

qu'il eût été trompé par un faux bruit de la mort de ce jeune Prince, soit qu'il sentît que les conjonctures ne permettaient point de remettre le sceptre entre les faibles mains d'un enfant, se mit à sa place et se fit couronner à Palerme le 11 Août 1258. Le Pape Clément IV, Seigneur suzerain du Royaume, également injuste envers Conradin et Mainfroi, disposa du trône des Deux-Siciles en faveur d'un Prince qui n'y avait aucun droit, de Charles d'Anjou, frère de Saint-Louis, Roi de France. Charles I (1265 — 1282), après avoir été déclaré à Rome, le 28 Juin 1260 Roi de Sicile en-deçà et au-delà du Phare, envahit le Royaume, dont la possession lui est assurée par la victoire remportée sur Mainfroi le 26 Février 1265 près de Bénévent, dans une plaine nommée le champ fleuri, et par la défaite du jeune Conradin, dans la plaine de Valentie ou de Taglia cozzo, le 23 Août 1268. Destitué de tout sentiment d'humanité, il immola à ses penchants sanguinaires plutôt qu'à la politique, le dernier rejeton de la maison de Hohenstaufen. Conradin périt sur l'échafaud le 29 Octobre 1268. (v. Raumer, Geschichte der Hohenstaufen T. IV. Liv. VIII. Chap. IX. 569-619. Papon, Hist. générale de Provence T. III. Liv. V. Chap. XVII. p. 40.)

P.

La Maison de Hohenstaufen ne s'était toutefois pas éteinte sans laisser des héritiers. Il existait une fille de Frédéric II, Marguerite (mariée à Albert le Dégénéré, Margrave de Misnie, la mère commune de toutes les branches de la Maison de Saxe d'aujourd'hui) *), à laquelle les droits sur la Sicile étaient dévolus après la mort de son neveu Conradin. Mainfroi aussi avait laissé une fille, Constance, mariée à Pierre III, Roi d'Aragon, qui pouvait se regarder comme l'héritière du trône, supposé que son père en eut été le possesseur légitime. L'insolence avec laquelle les Provençaux traitaient leurs nouveaux sujets, les persécutions auxquelles un grand nombre de personnes furent en butte, sous prétexte d'avoir été partisans de la Maison de Hohenstaufen, excitèrent un mécontentement et une fermentation qui se fit sentir surtout en Sicile. Jean de Procida, ainsi nommé d'après une petite île si

tuée en face de Naples, dont il était propriétaire, mais appartenant à une famille noble de Salerne, était un de ceux que le Gouvernement rapace de Charles d'Anjou avait dépouillé de leurs biens. Après la mort de Conradin, auquel il avait été attaché, il se sauva à la Cour de Constance, Reine d'Aragon. Il excita Pierre à faire valoir ses droits. Le Roi ne croyait pas être assez puissant pour tenter cette entreprise; mais Procida se chargea de lui procurer des Alliés. Il se rendit secrètement dans l'île de Sicile; il y fit des ouvertures aux Chefs des mécontents, et prépara les voies d'une insurrection. Travesti en moine il se rendit de là à Constantinople; l'Empereur Michel Paléologue donna de l'argent et promit d'envoyer des troupes. Encouragé ainsi par Jean de Procida, le Roi Pierre équipa une flotte, sous prétexte d'une expédition contre les Infidèles d'Afrique; son vrai dessein fut si bien caché, que le Roi de France, et, à ce qu'on prétend, Charles d'Anjou lui-même, voulurent concourir à l'exécution de sa pieuse entreprise, en lui fournissant des fonds pour l'équipement de ses vaisseaux. Les prépa ratifs du Roi d'Aragon n'étaient pas achevés encore ni le plan des conjurés mûri, lorsqu'un hasard fit éclater la révolution qu'ils méditaient. Le 30 Mars 1282, lundi de Pàques, les habitants de Palerme s'étant rendus selon un ancien usage à l'Abbaye de Montréal, située à quelque distance de la ville, pour y assister aux vepres, des Siciliens se prirent de querelle avec un Français; le peuple s'attroupa, le Français fut tué, et comme à un signal donné tous les Palermitains produisirent les poignards qu'ils portaient sous leurs habits; les Français, habitants de Palerme, sans distinction d'àge ni de sexe, furent égorgés. (Papon, 1. c. T. III. Liv. V. Chap. XXXVI. p. 70.) A la suite de ce massacre horrible, connu sous le nom de Vepres siciliennes, l'insurrection s'étendit successivement dans les autres villes de la Sicile; partout le peuple se baigna dans le sang des Français. On compta que dans la seule ville de Catanea, il en périt huit mille. On raconte que pour les reconnaître, chaque individu était forcé de prononcer le mot de Ciceri, ce qui était difficile aux

*) Schoell, Cours d'hist. T. IV. Liv. IV. Chap. X. Sect. V. p. 271.

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