les magasins avoient été épuisés par les premiers Mississipiens, qui avoient enlevé tout ce qu'ils avoient pû trouver d'argenterie, en payant la façori au dou ble & au triple, trouverent moyen de se pourvoir d'autres matières d'or & d'argent aux Hôtels des Monnoyes, qu'ils garderent très précieusement, en attendant le succès des affaires du tems. Law avoit donc beau donner la torture à fon imagination, & d'inventer (chaque jour quelque nou veau moyen pour ranimer la Circulation des Especes qui étoit néceffaire à l'harmonie de ses opérations: tout ce qu'il put faire, ne diminua en rien la préférence que l'on continuoit de donner à l'argent sur les Billets de Banque. Les Actions qui, depuis le mois de Décembre, baifsoient tous les jours, avoient de la peine à se foutenir à mille pour cent, de dix-huit - cens qu'elles avoient valu à la fin de Novembre 1719. Le 6. Février 1720. il parut deux Et deux Arrêts; l'un desquels ordonnoit, que autres; l'un ceux qui avoient été rendus au Con-Rentiers, feil les Provinces alloient toûjours leur train, & necefferens qu'à la fin de Juin... AA les & l'autre seil le 31. Août & 26. Octobre prépour le cedens, feroient exécutes; & qu'à comremplacement des mencer au premier Juillet prochain, Billets de toutes les rentes mentionnées auxdits Banque endores. Arrêts, fans exception, seroient remboursées, sauf aux Rentiers qui n'auroient pu ou voulu recevoir leurs remboursemens, à être reduits à deux pour cent; desquelles réductions seroit fait mention, tant sur les grosses des Contracts, que fur les minutes & quittances de finance qui y étoient jointes: Voulant S. M. qu'en consequence desdites réductions & fur le pied d'icelles, les Rentiers fussent payés des arrérages des rentes de fix en fix mois. Cer Acte réüffit au Controlleur. Car plusieurs qui ne purent se résoudre à être réduits à deux pour cent, se déterminerent à recevoir leurs Remboursemens, pour prendre parti dans les Actions. L'autre Arrêt portoit, que dans la quantité de mille millions de Billets de Banque qui étoient répandus dans la Circulation, une grande partie étant revenuë des Provinces, avoit été rapportée au Bureau général de la Banque, chargée d'endossemens, qui empêchoient qu'ils pûssent être d'aucun usage dans. le Commerce, & étant nécessaire de faire remplacer lesdits Billets endoffés, S. M. ordonna, qu'il feroit fait trente trois nouveaux Registres, chacun contenant 600. Billets imprimés, de dix-mille livres, numerotés depuis le No. 6001. jusques & compris le No. 25800. montant à la somme de cent quatre-vingt-dix-huit millions; deux Registres, contenant chacun 800. Billets imprimés, de mille livres chaque Billet numerotés, depuis le No. 678001.jufques & compris 682000. faisant la somme de quatre-cens mille livres, & en total celle de deux-cens millions. Il étoit défendu aussi par cet Arrêt au Sr. Bourgeois, Trésorier de la Banque, d'employer àd'autres usages, qu'à remplacer les Billets qui rentreroient endossés, ceux dont la fabrication étoit ordonnée par cet Arrêt, & qui seroient dattés du premier Janvier 1720. Cependant il étoit d'une extrême Malgré importance de foutenir une place dont range les mouvemens sembloient se rallentir mens, les depuis que les Millionaires faifoient Actions baiffent leur retraite & que l'or, l'argent, de plus en & les autres matières précieuses plus. avoient été enlevées. Envain l'auteur du Systême fit-il jouër tous les refforts d'une imagination fertile en expédiens pour les y faire revenir; rien ne réuffiffoir. tions & dire aux Particuliers le fifssoit. Les Mississipiens qui avoient profité de l'évenement des premières Actions d'Occident, ne fongeoient plus qu'à jouir fans inquiétude de leurs richeffes. Ceux à qui il restoit quelque inclination pour les affaires, mirent une partie de leur argent dans les Charges les plus diftinguées: d'autres, comme nous l'avons dit plus haut, l'employerent à acquerir des Terres Seigneuriales dans les Provinces, où ils brillent encore aujourd'hui, tant par la somptuofité de leur table, que par des équipages fuperbes. Pour fou-Dans une pareille conjoncture, Law tenir les avoit tenté l'opération des nouvelles choses, Law tente Souscriptions à deux fins, qui puffent, l'essai de & flatter l'ambition de ceux qui ne nouvelles trouveroient pas leur fortune complete, Soufcrip & mettre en état les gens qui ne l'a fait inter- voient pas commencée, d'y employer leurs Remboursemens; parce que les Souscriptions, que la Compagnie des jeu des Indes délivroit à tous venans, moyenPrimes. nant mille livres, pouvoient opérer une grande émulation, tant parmi les Négocians qui avoient la force de s'y embarquer pour de groffes parties, qu'à l'égard des petits Agioteurs qui n'avoient pas de gros fonds, & dont la : ruë f ruë Quinquempoix étoit remplie. Le commun du peuple même, vu la modicité de cette fomme, pouvoit y prendre part. Mais cette idée, quoique af seż juste, n'eut point de fuites aussi favorables qu'on se l'étoit promis. Le nouveau Papier, sous le nom de Polices de la Compagnie des Indes, n'étoit autre chose que des marchés équivalens aux Primes, & comme la plupart des Négocians de la place avoient appris le Commerce & l'usage de donner & de recevoir des Actions à Prime, l'idée de la Compagnie des Indes eut d'autant moins de fuccès, qu'il se trouva plus de gens prêts à fournir qu'à recevoir. Pour détruire l'obstacle que les Négocians apportoient à cette derniere opération, la Compagnie des Indes obtint un Arrêt le 11. Février 1720. qui marquoit, que le Roi étant informé que plusieurs de ses sujets, après avoir contracté des engagemens, sous le titre de Primes, avoient fait des pertes confiderables, & que, nonobstant ces exemples, plusieurs continuoient cette forte de Commerce; S. M. voulant empêcher ce défordre, faisoit défense à tous ses sujets, à l'exception de la Compagnie des Indes, de con tracter |