Ce-qui rend un à la ruë Quin. quempoix, mais foi tracter à l'avenir aucuns engagemens fous le nom de Primes, ou autrement, pour fournir ou recevoir à terme des Actions, Souscriptions, ou Polices de ladite Compagnie, à peine de nullité defdits engagemens, & de trois - mille livres d'amende, tant contre ceux qui donneroient, que contre ceux qui recevroient. L'Arrêt du Conseil qui évoquoit les procès & différens mûs & à mouvoir concernant les Billets de Banque, avec défenses à tous particuliers de se pourvoir ailleurs, fut rendu pour confirmer ceux des H. Février & 22. Avril 1719. qui permettoient aux créanciers d'exiger leurs payemens en ces Billets. La ruë Quinquempoix reprenoit ses peu de vie mouvemens. Quoique les gros Millionaires s'en fussent retirés, il se trouva encore assez de gens avides qui remplirent les Bureaux que ceux-ci avoient quittés. D'ailleurs, comme il a été dit, quantité de Provinciaux débarquoient à cette place, après avoir reçu leurs Remboursemens; d'autres y apportoient le produit des fonds qu'ils avoient vendus à ceux qui ne se battoient plus qu'en retraite. Les Actions se soutenoient en ble & de peu de durée. tre neuf-& dix-mille livres, à quelques variations près: cependant, par un argument contraire à celui qui avoit été si bien foutenu il n'y avoit que peu de tems, les Commerçans avoient plus de penchant à s'engager à fournir qu'à recevoir; deforte que le soupçon & la méfiance, qui gagnoient tous les jours le dessus, donnerent une terrible atteinte au crédit du Papier, pendant que de puissans ennemis du Système manœuvroient fon entiere ruine. Les vols & les brigandages sembloient La licence être aussi de mauvais augure pour la & le Luxe réüssite des opérations projettées. On augmen avoit trouvé dans la riviere un cadavre, froyaenfermé dans un fac & haché par mor-blement. ceaux, & qui fut reconnu pour avoir été valet de chambre du Sr. de Busca. Un Négociant, revenant de la ruë Quinquempoix entre sept & huit heures du foir, fut poignardé sur le quay des Auguftins. Aujourd'hui c'étoit un homme de Province assassiné immédiatement après avoir reçu ses Remboursemens; demain un Maître égorgé dans fon lit par fon ancien domestique. La licence enfin étoit venue à un point, qu'on attaquoit les cochers en pleine ruë. Un désordre aussi affreux ne pouvoit qu'annoncer la perte totale d'une tent ef con Malgré rations confiance si nécessaire à la societé & au repos public; ce qui faisoit prévoir une misere qui alloit infailliblement succeder à l'abondance dont plusieurs abufoient. On ne voyoit plus cette correspondance dont les Négocians s'entraident dans leurs opérations; chacun ne fongeoit plus qu'à profiter de la ruine de celui qu'il feignoit de bien confeiller par quelque fausse confidence, fur une nouvelle opération, dont la manœuvre devoit tourner à son profit. L'avidité maîtrisoit les plus moderés, & le luxe passant en mode, tout le monde ne fongeoit uniquement qu'à se mettre en état de le soutenir, aux dépens même de toute probité. Il étoit monté à un tel excès, que l'on n'y pouvoit bonnement refléchir, fans reconnoître qu'il étoit d'une nécessité absolue qu'on y mît incessamment des bornes, & fur-tout à celui de l'argenterie, dont on avoit mis en œuvre une prodigieufe quantité, tant en or qu'en argent, parce que les Mississipiens convertissoient leur Papier en vaisselle de toutes especes, figures, modeles, &c. Une Déclaration du Roi donnée le les Décla- 18. Février 1720. & enregistrée en ParLeïterées, lement le 24. fut le remede qu'on y apporta. L porta. Le Controlleur général, quile jeu des continuoit ses attentions pour la libé-Primes ration de l'Etat, rapporta au Conseil un Arrêt le 19. de Février 1720. qui annonçoit, que les Créanciers de l'Etat, jusqu'au premier Janvier 1720. feroient incessamment payés par les Trésoriers & Receveurs auxquels les fonds avoient été remis. Les motifs qu'il exposa, étoient, qu'au préjudice des ordres de S. M. pour le payement de tous ses sujets & des étrangers envers qui l'Etat se trouvoit débiteur jusqu'au premier Janvier 1720.les Remboursemens n'avançoient point, ce qui ne pouvoit provenir que du peu de connoiffance que ses sujets avoient des arrangemens pris pour y parvenir, ou des délais qui y étoient apportés par les Trésoriers & Payeurs. Cet Acte fut suivi le lendemain (1) d'un autre, qui ordonnoit que les Porteurs d'engagemens, fous le nom de Primes, ou autrement, pour fournir ou recevoir à terme des Actions, Soufcriptions, ou Polices de la Compagnie des Indes seroient tenus de les rapporter pardevant les Commissaires denommés dans cet Arrêt pour les vifer, faute de quoi ils (1).20. Février 1720.. convo ils étoient déclarés nuls après le dernier Février. L'exposé sur lequel il fut rapporté au Conseil, portoit que, pour éluder la disposition de l'Arrêt du II. du même mois, qui défend à d'autres qu'à la Compagnie des Indes de contracter à l'avenir aucuns engagemens sous le nom de Primes, les Négocians antidatoient les promesses qu'ils passoient à ce sujet. l'Embaras - Ces précautions, pour prévenir les augmen- antidates, n'empêcherent pas ceux de confulter la rue Quinquempoix de primer sur simles gran- ple parole avec les Négocians qu'ils des Têtes, connoiffoient capables de la tenir. Ils & l'on s'y livroient avec d'autant plus de facilique une té, que dans la situation où les choses Assemblée étoient, les Primes ne se donnoient générale des Inté qu'à un terme fort court, & l'avance ressés dans étant peu de chose, il n'y avoit pas la Compa beaucoup à risquer avec un homme qui gnie des Indes. fe feroit trouvé de mauvaise foi: mais les Primeurs perdoient toûjours ce qu'ils avoient avancé, parce que les Actions, au lieu de prendre faveur, se décréditoient de plus en plus. Tant d'inconveniens ne pouvant enfin être furmontés par les opérations qu'on leur avoit oppofé, Law commença à désespérer de pouvoir jamais établir folidement fon Syf |