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CHRONIQUE FORESTIÈRE

Décrets prohibant la sortie des bois d'essences résineuses et feuillues et des charbons de bois.

Le Président de la République française,

Vu l'article 34 de la loi du 17 décembre 1814 relative aux douanes ; Vu les décrets des 13 mai, 11 juillet, des 26 et 28 août, 12, 19 et 23 décembre 1919, du 26 février 1920, édictant des prohibitions d'exportation;

Sur le rapport du ministre des Finances, du ministre du Commerce, de l'Industrie et du ministre de l'Agriculture,

Décrète :

Art. 1er. A partir de la promulgation du présent décret sont interdites la sortie, ainsi que la réexportation à la suite de transit, d'entrepôt, de dépôt et de transbordement, des bois d'essences résineuses en rondins pour fabrication de pâte de cellulose, ainsi que des bois ronds bruts d'essences de sapin et épicea.

Art. 2. Le ministre des Finances, le ministre du Commerce et de l'Industrie, et le ministre de l'Agriculture sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.

Fait à Paris, le 14 mai 1920.
P. DESCHANEL.

Par le Président de la République :

Le ministre des Finances,

F. FRANÇOIS-MARSAL.

Le ministre du Commerce et de l'Industrie,

AUG. ISAAC.

Le ministre de l'Agriculture,
J.-H. RICARD.

Le Président de la République française,

Vu l'article 34 de la loi du 17 décembre 1814 relative aux douanes; Vu les décrets des 13 mai, 11 juillet, des 26 et 28 août, 12, 19 et 23 décembre 1919, des 30 janvier, 16 et 27 février 1920, des 2, 4, 22 mars, 1er et 17 avril, 1er et 14 mai 1920, édictant des prohibitions d'exportation;

Sur le rapport du ministre de l'Agriculture et du ministre des Finances,

Décrète :

Art. rer. A partir de la promulgation du présent décret sont interdites la sortie ainsi que la réexportation à la suite de transit, d'entrepôt et de transbordement des marchandises énumérées ci-après :

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Bois ronds, bruts, non équarris, avec ou sans écorce, de longueur quelconque ou de circonférence au gros bout supérieure à 60 centimètres.

Perches, étançons et échalas bruts, de plus de 1"10 de longueur et de circonférence atteignant au maximum 60 centimètres au gros bout, à l'exclusion des bois de mine.

Charbons de bois et de chenevottes.

Toutefois, des exceptions à ces dispositions pourront être autorisées sous les conditions qui seront déterminées par le ministre des Finances. Art. 2. Le ministre des Finances et le ministre de l'Agriculture sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.

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Par le Président de la République :

Le ministre des Finances,

F. FRANÇOIS-MARSAL.

Fait à Paris, le 27 mai 1920.

P. DESCHANEL.

Le ministre de l'Agriculture,
J.-H. RICARD.

Circulaire relative à la police de la chasse et à la destruction des animaux nuisibles.

Le sous-secrétaire d'Etat de l'Agriculture,

à MM, les préfets.

Dans presque tous les départements, la période normale de destruction des animaux nuisibles a pris fin le 31 mars.

J'ai l'honneur de vous rappeler les instructions qui vous ont été données les 9 avril 1918 et 29 mars 1919 en vue de prolonger cette période dans les régions où cette mesure est justifiée par les dégâts occasionnés aux cultures par les animaux nuisibles, notamment par les sangliers.

Je vous rappelle également que, dans tous les départements où les sangliers causent des dommages aux récoltes, il y a lieu, si cela n'a déjà été fait, de prendre un arrêté autorisant, d'une manière générale, les propriétaires, possesseurs ou fermiers ainsi que les détenteurs du droit de chasse à détruire ou à faire détruire les sangliers sur leurs terrains en tout temps, même la

nuit à l'affût, et par tous les moyens, sauf le poison, pour lequel une autorisation préfectorale est nécessaire.

D'autre part, pour assurer la destruction des nids de pies et de corbeaux dans les départements où ces oiseaux sont nuisibles en raison de leur surabondance, il conviendra d'appliquer les instructions ministérielles des 15 janvier et 13 avril 1917, qui ont été rappelées par la circulaire du 20 avril 1918 relative à l'empoisonnement général de ces oiseaux au moyen du « pica corvicide » et à l'aide de crédits votés à cet effet par le conseil général.

Vous voudrez bien encore, par application de la loi du 23 juillet 1907, consulter le conseil général de votre département sur l'intérêt qu'il y aurait à prendre des dispositions pour réglementer la destruction au fusil des pies et des corbeaux ainsi que celle de leurs nids, en tenant compte des prescriptions des circulaires précitées, dont texte devra être communiqué à l'assemblée départementale.

Je vous invite, par ailleurs, à saisir, lors de sa prochaine réunion, le conseil général de votre département des questions relatives à la chasse sur lesquelles il doit obligatoirement donner son avis par application des lois du 22 janvier 1874 et 16 février 1898. Au sujet de la chasse des oiseaux de passage, il conviendra d'appeler l'attention de l'assemblée départementale sur les dispositions des circulaires ministérielles des 17 novembre et 13 décembre 1919, notamment sur celles qui concernent la chasse à la repasse.

Dans les départements situés sur la limite des trois zones d'ouverture de la chasse constituées l'an dernier, il y a lieu d'inviter le conseil général à formuler, le cas échéant, ses observations au sujet du classement adopté en 1919. Je vous rappelle enfin les prescriptions de la circulaire du 11 septembre 1917 relative à la nomination des lieutenants de louveterie, qui n'ont pas été appliquées dans un certain nombre de départements.

Paris, le 24 avril 1920.

QUEUILLE.

Abatage mécanique des arbres.

Une intéressante expérience d'abatage et de tronçonnage d'arbres en forêt a eu lieu à Morcenx (Landes), le 25 avril dernier, à l'aide de la scie mécanique portative « Sector », de fabrication suédoise.

L'appareil se compose: 1° d'une scie à maillons, en acier suédois, de 4 mm. d'épaisseur, à tension facultative, montée sur un cadre en U muni de poulie sur roulements à billes et de poignées; 2o d'un moteur à essence, force 5 HP, à deux cylindres; graissage automatique par mélange, dans une proportion déterminée, d'huile à l'essence. La poulie à engrenage qui entraîne la scie est reliée au moteur par un arbre flexible et extensible. Le moteur marche à 1.200 tours; la scie protégée par le cadre tourne à la vitesse de 7 mètres à la seconde ; un embrayage permet de déplacer l'ensemble sans arrêter le moteur.

Le poids total de l'appareil en marche est de 70 kg. environ: son

aspect est simple, son maniement facile; ses organes paraissent robustes.

Pour le fonctionnement de la scie« Sector »>, modèles pour arbres de o m. 45 et de o m. 60 de diamètre, deux hommes suffisent, l'un à la scie, l'autre au moteur. Pour les modèles destinés à l'abatage des arbres de o m. 80 et de 1 m. 20 de diamètre, il est bon, pour obtenir un meilleur rendement, de mettre deux hommes à la scie. Le type unique de moteur peut actionner les quatre modèles de scies.

La « Sector » s'emploie aussi bien dans la position horizontale pour l'abatage des arbres, que dans la position verticale pour le tronçonnage des arbres abattus. Le maniement de la scie se fait à l'aide des poignées reliées au cadre en U.

L'expérience de Morcenx a porté sur plusieurs pins maritimes mesurant de 1 m. 30 à 1 m. 80 de circonférence, à 1 m. 30 du sol; pour abattre ces arbres, le travail de la sciea duré de 2 à 3 minutes par arbre. Une souche haute de chêne, de 1 m. go de tour, a été ravalée rez-terre en 3 minutes et quelques secondes.

De cette démonstration faite en notre présence il résulte que l'outillage forestier se trouve doté avec la scie « Sector » d'un nouvel et puissant auxiliaire, permettant de suppléer à la rareté de la main-d'œuvre ; maniées par des ouvriers entraînés, l'appareil paraft susceptible de donner le rendement élevé généralement obtenu par la substitution de la machine à l'homme.

Il serait intéressant de voir l'expérience réduite de Morcenx complétée par une démonstration de plus grande envergure comme durée et nombre d'arbres à abattre, dans laquelle on pourrait comparer le rendement de deux équipes de bûcherons opérant l'une au passe-partout, l'autre à la scie «< Sector ». Nous apprenons au dernier moment qu'une expérience de cette nature va avoir lieu prochainement dans une coupe voisine de Mimizan-Plage.

Un public nombreux composé de représentants de tout ordre du commerce et de l'industrie du bois, de bûcherons et de propriétaires sylviculteurs de la région landaise-girondine, assistait aux essais de Morcenx; plusieurs fonctionnaires supérieurs des Eaux et Forêts étaient également présents à cette démonstration pleine d'intérêt technique.

Tous renseignements sur la scie « Sector » peuvent être demandés à M. Louis Guittard, 17, rue de la Balance, à Toulouse, seul représentant pour la France.

Bordeaux, 26 avril 1920.

LAP.

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Le massacre des grands Séquoia de Californie.

Le Bulletin de mars 1920 de l'Appalachian Moutain (Boston) nous apporte l'invraisemblable nouvelle qu'aux Etats-Unis, le pays par excellence des parcs nationaux et des réserves forestières, certains des arbres géants de Californie seraient menacés de destruction. Le problème des forêts serait devenu critique, parce que, sous prétexte de « besoins actuels urgents », une pression économique irrésistible, quoique aveugle, agit sur le public et les autorités « pour la consommation immédiate des richesses forestières du pays ».

Un contre-mouvement se produit pour l'achat de la plus grande quantité possible de ces admirables bois rouges de séquoia de Californie, dont trop peu sont protégés par une réserve.

Ils représentent, dit ce bulletin, « la plus grande, la plus haute et la plus vieille chose vivante du monde, une des merveilles caractéristiques de l'Amérique, merveille qui se trouve en grave et immédiat danger d'extermination ». Leur âge est évalué de 1.100 à 3.250 ans, peutêtre même plus. Des associations se sont formées pour éviter ce désastre. La pénurie de bois sévit donc aussi de l'autre côté de l'Atlantique, puisque le commerce moderne veut transformer ces rois du monde végétal en poutres, traverses de chemins de fer et échalas!

<< Jamais on ne remplacera les bois rouges. » A notre époque d'expansion industrielle formidable, on en arrive à ne plus rien respecter des cascades, des montagnes, des forêts et des autres splendeurs de la

nature.

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La progression terrible des besoins, des commodités, des jouissances vient s'ajouter, pour activer la décrépitude de la terre, à la loi d'usure et de déchéance qui est celle de l'évolution des mondes. Avec terreur on se demande comment on parviendra à enrayer ce conflit entre l'avidité de l'homme et l'épuisement rapide des ressources du globe terrestre. La houille et le pétrole ne sont pas renouvelables; la destruction des forêts par l'imprévoyance et le gaspillage devient un crime envers l'humanité de demain ; — la réduction progressive des moyens de subsistance par l'abandon des cultures et des campagnes, au profit des usines et des villes, augmente de jour en jour l'effroi des économistes et des philosophes.

La mise en valeur de la houille blanche serait certes un remède excellent et la France est un des pays du monde où la marge de son emploi demeure la plus grande; mais combien on est long à l'organiser ! Avec la lenteur des applications et des travaux projetés on n'entrevoit pas

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