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la nature, d'où l'on peut braver ses eti» nemis. Morillo ne put en déloger les indépendans. Pendant qu'il était occupé dans ces parages, les mouvemens recommencerent dans toute la partie maritime de Cumana et de Caracas. Une première invasion de Bolivar fut sans succès; bientôt une seconde lui succéda. Les troubles et les combats ont rempli tout l'espace de temps écoulé depuis cette époque ils durent encore (1).

(1) Extraits de divers papiers.

Les forces actuelles des indépendans de Venezuela, sans compter les corps volans, , peuvent être estimées à sept mille neuf cents hommes d'infanterie, et deux mille cinq cent cinquante de cavalerie. Si l'on y ajoute les forces de New-Grenada, agissant dans Venezuela et composées de cinq mille fantassins et trois mille cinq cents cavaliers, les forces totales sont de douze mille neuf cents hommes d'infanterie et six mille cinquante chevaux; l'artillerie ne monte pas à cent hommes.

Les troupes royales, d'après la correspondance in→ terceptée, doivent monter à cinq mille huit cent cinquante hommes. Il est certain qu'elles ont peu de ca

Morillo, forcé d'accourir, poursuivi par les indépendans de la Nouvelle-Grenade, pa

valerie. Ces forces sont réparties ainsi qu'il suit : sept cents hommes dans Cumana, dont quatre cents sont des troupes régulières espagnoles; cent hommes de milice à la Guyra; trois cents Espagnols réguliers et deux cents marchands enrôlés à Caracas; cent vingt vétérans espagnols à Puertocabello; le corps principal est à Orituco et Altagracio; il se compose dé onze cents fantassins espagnols, deux cents dragons et sept cents hommes de milice : ces derniers sont à Altagracio sous les ordres du brigadier-général Moralès, que commande le général Real, chef des divisions d'Orituco, San-Fernando et Appure. Entre cette place et Calaboso, Gorrin est à la tête de cinq à six cents hommes. Près de Neutrias, le général Reyes a sous ses ordres cinq cents Venezuelaniens. Enfin, le briga'dier-général Calzadá est à Varinas avec mille hommes de Venezuela et de New-Grenada. Dans Guayana il y a quatre cents hommes de troupes espagnoles régulières et environ autant de milice. Dans Clarines, Ximenès commande quatre cents paysans armés. Dans Racarigua, Rio-Chico, Cariepe-Guyapo, et diverses autres villes des environs, il n'y a qu'un commandant. nommé Gallaraga, qui a une grande influence sur les

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raît avoir péri le 17 mars, dans la vallée de Saint-Josso, de la main d'un de ces chefs nouveaux, dont chaque jour révèle le nom

habitans qui sont désarmés. Il est à remarquer que sur les points importans de Calaboso, Valencia, Vittoria et Allaraca, il ne se trouve que quelques sergens et quelques caporaux qui instruisent des recrues.

Il faut observer que, depuis ce compte rendu, la bataille de Barcelona a détruit en partie les grands corps d'Orituco, d'Altagracio, ainsi que la division de Clarines. Quant à la marine, les Espagnols ont vingt et un vaisseaux, mais en mauvais ordre : il s'y trouve une corvette de dix-huit canons, deux bricks et trois sch ooners.

Toutes les espérances que les Espagnols avaient mises dans les secours qu'ils attendent depuis si longtemps de la péninsule, ou dans l'armée de Morillo, dont les gazettes annoncent tous les jours l'arrivée sur les frontières de Venezuela, sont donc réduites à ces faibles corps. Toute la province de Tunja est déjà en armes, et on a reçu la nouvelle que l'on se bat avec tant d'ardeur dans celle de Popayan, que Morillo a jugé nécessaire de s'y porter en personne avec presque toutes ses forces. Il est d'ailleurs certain que toute la province de New-Grenada est en combustion.

à l'Europe, et qui se forment en Amérique, comme en tout pays ont fait les chefs civils et militaires, éclos à la chaleur des grandes commotions politiques. Les autres corps espagnols, sous le général Moralès et autres, furent aussi fortement battus dans le courant du mois de mars. Ce résultat était inévitable. Depuis ce temps, les indépendans, plus au large par les succès, s'organisent au civil, au militaire; ils forment une marine, ils se fortifient par tous les moyens que donnent un vaste territoire, une population nombreuse, aguerrie, exaspérée; par ceux encore que l'on peut obtenir de voisins qui soupirent après des succès qui, à leur tour, doivent leur devenir profitables; par la confiance qu'inspire une meilleure condition; par l'accession d'une multitude d'hommes qui viennent mettre à leur service des talens courageux et turbulens; enfin, par l'expérience qui doit les préserver du retour des fautes qui avaient causé leurs premiers revers.

L'accroissement des forces de l'indépendance dans le royaume de Terre-Ferme,

apporte un accroissement immense à celle de l'Amérique entière; car il met l'Espagne dans le double embarras :

1° De recommencer la guerre contre un ennemi plus fort, plus en état de se défendre;

2o De cesser de combattre et de s'occuper activement de ce pays : ce qui est confirmer son indépendance qui étendra alors ses racines en liberté. Les événemens de la Terre-Ferme sont donc immenses dans l'ordre de la révolution américaine; ils lui don. nent des bases larges et profondes, et que l'on ne voit plus aucun moyen à l'Espagne de pouvoir ébranler. Nous allons développer les preuves de cette impuissance.

L'ESPAGNE.

Peut-elle et doit-elle continuer de travailler à reconquérir et garder l'Amérique? Telle est la question que nous nous sommes faite à nous-même, dans l'ouvrage Des Colonies, chap. 21. Si à l'époque de sa compo

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