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Chrétien paffez fur toutes ces fuggestions de la malignité; nulle occafion plus heroïque de donner des preuves de votre foi. N'attendez pas que votre ennemi vous prévienne, il vous ôteroit le mérite de votre action; n'attendez même pas qu'il vous donne quelque occafion de retour, qu'il faffe quelque

avance: il extenueroit votre merite :

prévenez-le donnez-lui des marques fenfibles de votre amitié, créez, pour ainfi dire, des occafions de lui rendre fervice. Que cette conduite si chrétienne raffure à l'heure de la mort !

2o. Priez tous les jours pour vos ennemis. Si vous avez l'honneur d'être élevé au Sacerdoce : dites tous les mois une Meffe pour eux. Si vous êtes dans l'état Religieux, faites chaque mois quelque penitence pour eux; fi vous êtes dans le monde, communiez chaque mois une fois pour eux; faites pour eux quelque aumône. Et qu'ils répondent à votre honnêteté, où non; qu'ils en deviennent plus fiers, plus infolens, plus malins; agiffez en vrai Chrétien ; ce ne font point fes bonnes manieres, qui doivent être l'objet de votre generofité; c'eft Dieu même. En aimant vo

Ꭼ Ꮞ .

4.

tre ennemi, c'est Dieu que vous aimez d'un amour pur,, furnaturel, heroïque. Plus votre ennemi fera brutal, plus devez-vous être Chrétien,

LE PREMIER SAMEDI DU

CAREME.

L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour.

DAignez, Seigneur, écouter favo

rablement nos très-humbles prieres, & faites-nous la grace d'obferver avec devotion ce jeûne folemnel qui a été faintement inftitué pour la guerifon de nos ames & de nos corps. Par NotreSeigneur, &c.

Voici ce

L'EPITRE. Leçon tirée du Prophete Ifaïe. Chap. 58. que dit le Seigneur Dieu : fi vous ôtez la chaîne du milieu de vous, fi vous ceffez d'étendre le doigt, & de dire des paroles inutiles. Si vous affiftez le pauvre avec une effufion de cocur, & fi vous rempliffez de confolation l'ame affligée, votre lumiere fe levera dans les tenebres, & vos tenebres deviendront comme le midi. Le Seigneur vous tiendra toujours dans le

mieres

repos, il remplira votre ame de fes lu& il délivrera vos os. Vous deviendrez comme un jardin toujours arrofé, & comme une fontaine dont les eaux ne tariffent point. Les lieux qui avoient été deferts depuis plusieurs fiécles, feront par vous remplis d'édi fices, vous releverez les fondemens abandonnez pendant une longue fuite d'années ; & l'on dira de vous que vous reparez les hayes, & qué vous rétablis fez la fûreté des chemins. Si vous vous abftenez de voyager le jour de Sabbat, & de faire votre volonté au jour qui m'eft confacré ; fi vous le regardez comme un repos délicieux comme le jour faint & glorieux du Seigneur, dans lequel vous lui rendrez l'honneur qui lui eft dû, en ne fuivant point vos inclinations, & ne faisant point votre propre volonté, & en ne difant point des paroles vaines. Alors vous trouverez votre joye dans le Seigneur: je vous éleverai fur les hauteurs de la terre, & je vous donnerai pour vous nourrir l'héritage de Jacob votre pere; car la bouche du Seigneur a parlé.

ES

L'EVANGILE. La fuite du faint Evangile felon faint Marc. Chap. 6.

F

N ce tems-là, la nuit étant venuë, comme la barque étoit au milieu de la mer, & lui feul fur terre; voyant qu'ils avoient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent leur étoit contraire, il alla à eux vers la quatriéme veille de la nuit, marchant fur la mer & il vouloit les paffer; mais dès qu'ils le virent qui marchoit fur la mer, ils crûrent que c'étoit un phantôme, ils fe mirent à crier, car ils le virent tous, & ils en furent troublez. Il leur parla auffi-tôt & leur dit : raffurez-vous, c'eft moi, n'ayez point de peur. Il monta enfuite dans leur barque, & le vent ceffa; ce qui les étonna encore davantage: ils ne firent point reflexion à ce qui étoit arrivé au fujet des pains; parce qué leur cœur étoit aveuglé. Après cela ayant traverfé le lac, ils vinrent aborder au païs de Genefareth. Dès qu'ils furent fortis de la barque, on reconnut Jefus; & auffi-tôt les habitans parcourant toute la contrée, apporterent les malades dans des lits, par tout où ils entendoient dire qu'il étoit. En quelque lieu qu'il entrât, foit bourgs,

foit villages, ou villes, on mettoit les malades dans les places publiques, & on le prioit de leur laifler feulement toucher le bord de fa robe; & tous ceux qui le touchoient, étoient gueris.

PRATIQUES DE PIETE. 1o. Ul falut hors du fein de l'Eglife; nul enfant de l'Eglife qui ne foit entierement foumis à les oracles, & à fes décisions. C'eft dans ce bercail que font les ouailles du divin Pafteur, hors de-là elles n'entendent plus fa voix, & tôt ou tard elles font infailliblement devorées. Ceux qu'elles fuivent ne font que des mercenaires, qui fe mettent peu en peine de leur trifte fort. Dès qu'on n'entend plus la voix du Pafteur, on s'égare; & quel falut à attendre dans fon égarement? plûtôt mourir, que de fortir jamais dé ce bercail. Soyez toute votre vie dans cette barque; elle n'a rien à craindre ni des fots, ni des vents. Le Fils de Dieu a promis fon Efprit au Pilote qui la conduit, c'eft-à-dire au Souverain Pontife fon Vicaire. Il y aura des vents contraires, qui l'agiteront horriblement; elle fe trouvera quelquefois couverte par les flots: raffurez-vous,

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