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trouvée baliée & ornée. Alors il s'en va, & prend avec foi fept autres efprits plus méchans que lui: ils y entrent, & ils y demeurent; & la derniere condition d'un tel homme eft pire que la premiere. Lorfqu'il parloit ainfi, une femme de la troupe élevant la voix, lui dit heureux les flancs qui vous ont porté, & heureufes les mammelles que Vous avez fucées. Mais plûtôt, reprit Jefus, heureufes les perfonnes qui écoutent la parole de Dieu, & qui`la mettent en pratique.

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PRATIQUES DE PIETE'. 1° Oyez avec quel zèle, avec quel fentiment de devotion dit faint Bernard, Dieu a voulu que nous honoraffions la fainte Vierge, en qui il a mis toute la plenitude du bien, comme dans un grand refervoir, d'où découlaffent fur tous fes ferviteurs les plus grandes graces: Auffi nul Saint dans l'Eglife qui n'ait eu cette tendre devotion pour la Mere de Dieu; on diroit que cette devotion caracterise les élus, tant elle eft ordinaire aux ames juftes; & l'on a remarqué que s'il s'eft. trouvé des pecheurs qui ayent confervé cette finguliere veneration pour la

fainte Vierge, au milieu même de leurs déreglemens, leur conversion a tôt ou tard fait voir que la devotion envers la Mere de Dieu n'eft jamais infructueufe. Soyez un des plus zèlez, & de fes plus affectueux ferviteurs. Faites hautement profeffion d'être du nombre de fes enfans. Ne paffez aucun jour fans en donner des preuves. Faites-vous une loi de dire tous les jours le Chapellet à son honneur; cette priere lui eft extrêmement agréable; mais ayez foin de le dire chaque jour, avec une nouvelle attention, avec un nouveau goût.

2°. L'Eglife commence toutes les heures de fon Office, par le Pater, & l'Ave Maria, & les finit toutes par cette belle priere: Heureux les flancs qui ont porté le Fils unique du Pere Eternel; & heureuses, les mammelles qui ont alaité Jefus-Chrift notre Seigneur. Rendez-vous familiere cette courte priere. Ayez l'image de la fainte Vierge, non feulement dans votre Oratoire, mais encore dans les principaux appartemens de votre maifon. Et ayez foin de celebrer avec une finguliere devotion toutes fes Fêtes. Faites toujours ces jours-là quelque aumône, ou quel

que autre bonne oeuvre par le même motif; & n'oubliez rien pour infpirer à toux ceux qui vous font foûmis, & à tous vos amis, la devotion envers la fainte Vierge. Telle a toujours été la pratique de tous les gens de bien.

LE LUNDI DE LA TROISIE'ME SEMAINE DE CAREME. L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour. Ous vous fupplions, Seigneur,. de répandre par votre miféricorde votre grace dans nos cœurs : afin que comme nous obfervons l'abftinence des viandes, nous retirions auffi nos fens des excez qui peuvent nuire à notre ame. Par notre Seigneur, &c. L'EPITRE. Leçon tirée du quatrième Livre des Rois. Chap. 5.

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N ces jours-là: Naaman, General de l'armée du Roi de Syrie, étoit un homme puiffant, & en grand honneur auprès du Roi fon Maître, parce que le Seigneur avoit fauvé par lui la Syrie; il étoit vaillant, & riche; mais lepreux. Or quelques voleurs étant fortis de Syrie, avoient emmené captive

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une petite fille d'Ifraël, qui fut mise au fervice de la femme de Naaman. Cette fille dit à fa Maîtreffe; plût à Dieu que Monfeigneur eût été trouver le Prophete qui eft à Samarie; il l'auroit fans doute guéri de fa lepre. Sur cela Naaman vint trouver fon Maître, & lui dit : une fille d'Ifraël a dit, telle & telle chofe. Le Roi de Syrie lui répondit: allez, j'écrirai pour vous au Roi d'Ifraël. Il partit donc de Syrie; prit avec lui dix talens d'argent, fix mille pieces d'or, & dix habits neufs ; & porta au Roi la lettre du Roi de Syrie, qui étoit conçue en ces termes. Lorfque vous aurez reçû cette lettre, vous fçaurez que je vous ai envoyé Naaman mon ferviteur, afin que vous le gueriffiez de fa lepre. Le Roi d'Ifraël ayant reçû cette lettre, déchira fes habits, & dit fuis-je un Dieu pour pouvoir ôter & rendre la vie?-pourquoi m'envoyer ainfi un homme, afin que je le gueriffe de fa lepre ? vous voyez que ce Prince ne cherche qu'une occafion pour rompre avec moi. Mais Elifée homme de Dieu, ayant appris que le Roi d'Ifraël avoit déchiré ainfi fes habits, lui envoya dire : pourquoi avez

vous déchiré vos habits? que cet homme vienne à moi, & qu'il fçache qu'il y a un Prophete dans Ifraël. Naaman vint donc avec fes chevaux, & fes chariots, & se tint à la porte de la maison d'Elifée. Et Elifée lui envoya une perfonne pour lui dire allez vous laver fept fois dans le Jourdain, & votre chair fera guerie, & deviendra nette. Naaman tout faché commençoit à fe retirer en difant je croyois qu'il me viendroit trouver, & que fe tenant de bout, il invoqueroit le nom du Seigneur fon Dieu, qu'il toucheroit de fa main ma lepre, & qu'il me gueriroit. N'avons-nous pas à Damas les fleuves d'Abana, & de Pharphar qui font meilleurs que tous ceux d'Ifraël, pour m'y aller laver, & me rendre le corps net. Comme donc il avoit déja fait tourner fon équipage,, & qu'il s'en alloit tout indigné, fes ferviteurs s'approcherent de lui, & lui dirent: Pere, quand le Prophete vous auroit ordonné quelque chose de bien difficile, vous auriez dû néanmoins le faire combien donc lui devez-vous plûtôt obéir, lorfqu'il vous dit: allez vous laver,& vous deviendrez net? il s'en alla donc, & fe lava fept

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