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PRATIQUES DE PIETE'. Ne perfonne folidement vertucufe, c'eft une perfonne fans amour propre, fans déguisement, fans ambition. C'est une perfonns en tout tems fevere à elle-même, ne fe pardonnant rien, & douce à l'égard des autres en faveur de qui elle excufe tout. Honnête fans affection, complaifante fans baffeffe, officieuse fans interêt, exact obfervateur de la loi fans fcrupule, uni à Dieu fans contention. Un homme veritablement devot, c'est un homme plein de bas fentimens de lui-même, qui n'a de l'eftime que pour les autres, parce qu'il n'envifage en eux que les vertus qu'ils ont; & qui ne confidere en foi que les défauts à quoi il est sujet. Comme il ne fe conduit que par des. maximes furnaturelles, il ne pense pas que ceux qui le méprifent lui fassent tort; parce qu'il ne croit pas que l'honneur qu'ils lui refufent lui foit dû. Inftruit à l'égard des Saints, il prefere les plus petits devoirs de fon état, aux actions les plus éclatantes de fon choix, & de fon goût. Enfin, c'est un homme qui nourrit fon innocence par les exercices de la penitence. Toujours con

tent, toujours affable, toujours en paix, toujours dans une égalité d'humeur inalterable, que les plus heureux fuccès n'enflent point; que les plus fàcheux accidens n'abbattent point; parce qu'il fçait que c'eft toujours de la même main que viennent les biens & les maux de cette vie, & comme la feule volonté de Dieu eft la regle de fa conduite, il fait toujours tout ce que Dieu veut, & veut toujours tout ce que Dieu fait. Ayez fans ceffe ce portrait, & ce miroir devant les yeux, & confiderez de tems en tems fi votre dévotion reffemble à ce modéle.

2°. Rapprochez fouvent votre dévotion de ce portrait, & corrigez les défauts que vous remarquerez dans votre conduite. Eftimez les plus petits devoirs de votre érat, & confiderez quelles font les regles de votre inftitur, que vous gardez avec nonchalance. Rien n'eft petit au fervice de Dieu ; fervez Dieu avec ferveur que votre dévotion ne foit ni chagrine, ni molle, ni variable. Rien ne fait tant de tort à la veritable dévotion, que la mauvaise humeur, & les défauts groffiers de ceux qui paffent pour devots.

LE

LE HUITIEME DIMANCHE D'APRE'S LA PENTECOTE.

L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour. Aites, Seigneur, par votre mifé

Fricorde, que votre efprit nous in

fpire toujours de faintes penfées, & nous faffe faire toujours des actious faintes, afin que comme nous ne sçaurions vivre fans votre fecours, nous ne vivions auffi que pour vous. Par notre Seigneur, &C.

L'EPITRE. Leçon tirée de l'Epître de l'Apôtre faint Paul aux Romains. Chap. 8.

MEs Freres, ce n'eft point à la chair

que nous fommes redevables

pour que nous vivions felon la chair. Car fi vous vivez felon la chair, vous mourrez mais fi vous mortifiez par l'efprit les oeuvres de la chair, vous vivrez; puifque tous ceux que l'efprit de Dieu fait agir, font enfans de Dieu. Auffi n'avez-vous point reçû l'efprit de fervitude pour être tout de nouveau dans la crainte, mais vous avez reçû l'efprit d'adoption des enfans de Dieu, par lequel nous crions: Pere,

Y

Pere. Car cet efprit même rend témoignage à notre efprit, que nous fommes enfans de Dieu. Que fi nous fommes enfans, nous fommes auffi héritiers, je dis héritiers de Dieu, & cohéritiers de Jefus-Chrift,

L'EVANGILE La fuite du faint Evangile felon Saint Luc. Chap. 16.

N ce tems-là, Jefus dit à fes Dif

EN

ciples cette parabole un homme riche avoit un Receveur qui fut accufé devant lui, comme lui ayant diffipé fon bien. Il le fit venir, & lui dit : qu'est-ce que j'entens-là de vous? rendez-moi compte de votre recette, car il n'eft plus poffible que vous la fassiez. Sur cela le Receveur dit en lui-même : que ferai-je, puifque mon Maître m'ôte ma recette; je ne puis bêcher la terre; j'ai honte de demander l'aumône. Je fçai ce que je ferai, afin que quand je ferai hors d'emploi, il y ait des gens qui me reçoivent chez eux. Ayant donc fait venir les debiteurs de fon maître chacun à part, il dit au premier que devez-vous à mon maitre? cent barils d'huile, répondit-il. Le Receveur lui dit : prenez votre obli

gation, mettez-vous là vîte, & faitesen une de cinquante. Il dit enfuite à un autre : & vous qu'est-ce que vous devez? celui-ci répondit : cent mefu res de froment: prenez votre billet, lui dit-il, & faites-en un de quatrevingt. Et ce Receveur infidéle fut loué de fon maître, d'en avoir ufe habilement car les enfans du fiécle font plus habiles dans leurs affaires, que les enfans de lumiere. Et moi je vous dis auffi: employez à vous faire des amis, les richeffes qui rendent injuftes, afin que quand vous viendrez à manquer ils vous reçoivent dans les demeures éternelles.

1o.

PRATIQUES DE PIETE'.

Voulez-vous laiffer du bien à

vos enfans; paffer vos jours dans l'abondance; tranfmettre même les fruits de vos fueurs, & de votre induftrie, les profperitez même jusqu'à une longue & heureufe pofterité : faites l'aumône, donnez liberalement aux pauvres; ouvrez votre bourfe aux malheureux. Peu de préceptes plus pofttifs, peu de récompenfes plus affurées. Non feulement jamais l'aumône, n'appauvrit perfonne; mais on peut dire

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