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coeur inquiet quand on ne peut pas refter chez foi. Abftenez-vous de toutes les visites peu neceffaires; n'en faites que de charité, ou de devoirs, & de bienséance, & gardez les regles fuivantes dans toutes celles que vous ferez.

2o. Il faut 1°. que les vifites foient rares toute affiduité marque quelque attachement dangereux, où une oifiveté du moins peu chrétienne. 2°. Il faut qu'elles foient courtes : outre la perte du tems, l'ennui & l'importunité font inféparables des vifites longues ; les efprits les plus bornez & les plus muets font d'ordinaire ceux qui font de plus longues féances; ils croyent vous faire honneur de vous ennuyer plus longtems. 3o. Ayez toujours un bon motif dans toutes vos vifites, & n'en faites jamais par pure oifiveté; il vaut mieux fouffrir chez foi l'ennui de la folitude, que d'aller importuner les autres par des vifites à contre tems. 4°. Il y a des vifites de devoir, faites-les avec diligence: il y en a de bienféance, faites-les avec une retenuë édifiante? il y en a de pure charité, faites-les avec empreffément. 5°. Les entretiens font comme l'ame des vifites; mais fi

cette ame eft vicieufe, fi la converfas tion ne roule que fur les avantures peu honorables aux fujets, quelquefois même infamantes; fur des hiftoriettes qui portent toujours un fecret poifon ; fur une mode, une parure, un ameublement fomptueux, fur une partie de plaifir qui ne tendent qu'à infpirer & a nourrir l'efprit du monde : tous ces entretiens rendent-ils les visites fort chrétiennes ? ayez foin de ne vous y entretenir que de ce qui ne peut pas vous faire repentir d'y avoir été. 6°. Imitez dans toutes vos vifites les vertus que la fainte Vierge pratique dans celle qu'elle rend à fainte Elizabeth; n'en faites point que vous n'ayez un bon motif; n'y ayez que des entretiens chrétiens; n'y paroiffez qu'avec beaucoup de politeffe &, de modeftie; une vifite qui a toutes ces qualitez n'est guere fans fruit. 7. Souvenez-vous que les vifites peuvent avoir un bon motif, & ne laiffent pas d'être dangereufes l'ennemi du falut eft fubtil, & la paffion la plus à craindre fe mafque. Quelque fpecieux que foit le prétexte, les vifites un peu trop fréquentes avec les perfonnes de different fexe, font elles-mêmes des tentations.

SAINT JACQUES APOTRE, SUR-
NOMME' LE MAJEUR.
Le 25. Juillet.

L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour.

Seigneur, fanctifiez, & gardez votre peuple, afin qu'étant aidé par l'affistance de votre Apôtre Saint Jacques,. il vous foit agréable par la regularité de fa vie; & qu'il vous ferve dans une parfaite tranquillité d'efprit. Par notre, Seigneur, &c.

L'EPITRE. Leçon tirée de la premiere Epitre de l'Apôtre Saint Paul aux Corinthiens. Chap. 4.

Es freres, je me perfuade que Mnous qui fommes les derniers des Apôtres, Dieu nous a fait paroître comme des gens deftinez à la mort; puifque nous fommes devenus un fpectacle au monde, aux Anges, & aux hommes. Nous fommes fous pour l'amour de Jefus-Chrift: mais vous, vous êtes fages en Jefus-Chrift. Nous fommes foibles, & vous êtes forts; vous êtes des gens celebres, & nous des gens obfcurs, jufqu'à cette heure nous fouffrons la faim, la foif, & la nudité. On

nous charge de coups; nous n'avons point de demeure certaine. Nous nous fatiguons & travaillons de nos propres mains. On nous donne des maledictions; & nous rendons des benèdictions. Nous fommes perfecutez, & nous foutenons la perfécution. On nous outrage de paroles ; & nous faifons des prieres. On nous a traitez jufqu'à prefent comme ce qu'il y a de plus vil au monde, comme le rebut de tous les hommes; ce n'eft point pour vous donner de la confufion que j'écris ceci; mais ce font des avis que je vous donne, comme à mes enfans bien aimez. Car quand vous auriez dix mille maîtres en Jefus-Chrift, vous n'avez pas pour cela plufieurs peres: puifque c'eft moi qui vous ai engendrez en Jefus-Chrift par l'Evangile.

L'EVANGILE La fuite du faint Evangile felon faint Matthieu. Chap. 14. EN ce tems-là : la mere des enfans

de Zebedée s'approcha de Jefus avec eux, & l'adora, lui faifant une demande : que fouhaitez-vous, lui ditil. Elle répondit: ordonnez que dans votre Royaume, mes deux fils que voi

là, foient affis l'un à votre droite, & l'autre à votre gauche. Mais pour réponse Jefus leur dit vous ne fçavez pas ce que vous demandez: pouvezvous boire le calice que je boirai. Its lui dirent, nous le pouvons. A la verité, leur repliqua-t-il, vous boirez le calice que je dois boire : mais d'être affis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi de vous l'accorder: c'est pour ceux à qui mon Pere l'a deftiné. PRATIQUES DE PIETE'.

1o. La terre, difoit faint François de faut défirer peu de chofes fur Sales, & les défirer peu. En cette vie plus on a de chofes à fouhaiter, plus on en a à craindre, & ainfi on n'y fçauroit être heureux; à mesure qu'on poffede ce qu'on defire, on fent augmenter, & les defirs, & la crainte, plus on a, plus on defire, plus on craint. Voulez-vous être heureux, durant cette vie, ne desirez rien de ce qui peut vous perdre, ni de ce que vous per drez neceffairement. Que tous vos defirs fe réuniffent vers Dieu; c'eft le feul objet qui peut les fatisfaire. Soyez en garde contre ces ennemis de votre repos; étouffez-les dès qu'ils naissent ;

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