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PRATIQUES DE PIETE'.

Ien n'est plus précieux que la

10.R grace? ne vous expofez pas au

danger de la perdre. C'eft une femence précieufe cultivez avec foin votre coeur, & arrachez-en tout ce qui peut empêcher ce grain celefte de germer, & de produire cent pour un. La culture du coeur fe fait, & par arracher les épines, & par l'exercice de la mortification. Les plus grands obftacles à la grace font dans le coeur. Les ronces y naiffent en abondance, il faut pour cela, & le fer, & le feu. Le fer de la penitence, le feu de l'amour de Dieu. La mortification de nos defirs eft une penitence bien falutaire. Reprimez avec generofité cet amour du plaifir, cette inclination à fatisfaire vos fens, vos passions, votre amour propre. Etudiez-vous, fur tout dans ce tems, à cette mortification interieure; facrifiant genereusement tout ce qui peut être un obftacle aux operations de la grace; les épines étouffent le bon grain.

2o. Interdifez-vous fur tout, toutes ces fêtes du Carnaval, tous ces divertiffemens profanes. Regardez les bals

comme les bacchanales des Payens, les fpectacles, la Comedie, l'Opera, comme l'Ecole de la mondanité, & le fameux écueil de l'innocence; ne fouffrez jamais que ni vos enfans, ni vos domeftiques y paroiffent, infpirez-leuren de l'horreur. C'eft une pratique de pieté bien utile de donner aux pauvres argent qu'on y facrifieroit; de paffer en prieres devant le faint Sacrement & de fanctifier par cet acte de Religion, le tems que tant de gens perdent à ces fpectacles profanes. Recitez tous les jours jufques au Mercredi des Cendres les fept Pleaumes Penitentiaux, ou du moins le Salve Regina, avec le Miferere.

LE DIMANCHE DE LA QUINQUAGESIME.

L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour. Eigneur, écoutez favorablement nos prieres, & après nous avoir degagez des liens de nos pechez, prefervez-nous, s'il vous plaît, de tous maux. Par notre-Seigneur. &c.

L'EPIT RE. Leçon tirée de la premiere lettre de l'Apôtre faint Paul aux Corinthiens. Chap. 13.

MEs Freres, fi je parlois les lan

gues que fçavent les hommes & les Anges, & que la charité me manquât, je ferois comme de l'airain qui réfonne, ou comme une cimbale qui ne fait que du bruit. Si j'avois le don de prophetie; fi j'avois l'intelligence des mysteres & une fcience univerfelle; fi j'avois même tout ce qu'on peut avoir de foy jufqu'à faire changer de place aux montagnes, & que la charité me manquât, je ne ferois rien. Si je diftribuois tous mes biens pour la fubfiftance des pauvres; fi je livrois même mon corps jufqu'à être brûlé, & que la charité me manquât; tout cela ne me ferviroit de rien. La charité eft patiente, elle eft pleine de bonté : la charité n'eft point jaloufe; elle ne fait rien mal-à-propos; elle ne s'enfle point; elle n'eft point ambitieufe; elle ne cherche point fes propres interêts; elle ne s'emporte point; elle ne penfe mal de perfonne; elle n'a point de joye de l'injuftice, mais elle en a de ce qui eft felon la verité. Elle endure tout; elle croit tout; elle efspere

tout; elle fupporte tout. La charité ne perit jamais; foit que le don de prophetie fe perde, foit que le don des langues ceffe, foit que celui de la fcience vienne à manquer. Car nous ne fçavons les chofes qu'à demi, & nous n'avons la prophetie qu'à demi : mais quand les chofes feront parvenues à leur perfection, ce que l'on n'a qu'à demi difparoîtra. Lorfque j'étois encore enfant, je parlois comme un enfant, je penfois comme un enfant: mais étant devenu homme j'ai quitté ce qui étoit de l'enfant. Car maintenant nous voyons comme dans un miroir fous. des figures énigmatiques: mais alors. ce fera face à face. Maintenant je ne connois qu'à demi: mais alors je connoîtrai de la même maniere que je fuis connu. Or ce qu'il y a maintenant de permanent, ce font ces trois choses-ci, la Foy, l'Efperance, la Charité : & la plus noble eft la Charité..

L'EVANGILE. La fuite du faint Evangile felon faint Luc. Chap. 18.

Eavec lui, & leur dit : Voici que

N ce tems-là, Jefus prit les Douze:

nous allons à Jerufalem; & toutes les

chofes que les Prophetes ont écrites du Fils de l'homme s'accompliront. Car il fera livré aux Gentils, traité avec dérifion: flagellé, couvert de crachats: & après qu'on l'aura flagellé, on le mettra à mort, & il reffufcitera le troifié. me jour. Mais ils n'entendirent rien à tout cela c'étoit une chofe cachée pour eux, & ils ne comprenoient point ce difcours. Comme il étoit proche de Jericho, un aveugle qui étoit affis près du chemin & qui demandoit l'aumône, entendant paffer une troupe de gens. s'enquit de ce que c'étoit. On lui dit que C'étoit Jefus de Nazareth qui paffoit; & auffi-tôt, il s'écria : Jefus fils de David ayez pitié de moi. Ceux qui alloient devant, lui difoient rudement de fe taire; mais il en crioit bien plus. fort: Fils de David, ayez pitié de moi. Jefus s'arrêtant, fe le fit amener; &. quand l'aveugle fe fut approché, il lui demande que fouhaitez-vous que je vous faffe? Seigneur, répondit l'aveugle, que je voye. Voyez, lui dit Jefus, votre foi vous a fauvé. Il vit auffi-tôt : & il le fuivit, publiant les grandeurs de Dieu. Tout le peuple auffi qui en fut témoin, rendit gloire à Dieu.

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