1°.

PRATIQUES DE PIETE'.

I l'ennemi du falut met tout en œuvre durant ces derniers jours du carnaval, pour féduire les ames par l'apas des plailirs & des divertiffemens que l'efprit du monde a introduit ; l'Efprit Saint n'a pas manqué d'industries fpirituelles, pour fanctifier les ames, par des pratiques de picté, que l'Eglife a autorifées. Peu de villes aujourd'hui où l'Indulgence des quarante heures ne foit établie; peu où l'on ne trouve des exercices de devotion, qui font comme autant de contre-batteries contre les efforts du demon, & qui font bien capables de rendre inutiles tous fes pernicieux artifices. Faites-vous une loy de vous rendre affidu durant ces trois derniers jours à tous ces exercices de pieté. Ne vous laiffez point entraîner par le mauvais exemple ; & quand tout le monde courroit en foule à ces affem-blées de plaifirs, au bal, aux fpectacles; imitez le faint homme Tobie, qui quoiqu'il fût dans un païs étranger, tandis que tous fes compatriotes alloient adorer le veau d'or, fuyoit feul la compagnie de tous les autres, & il alloit à Jerufalem au temple du Sci

gneur, où il adoroit le Dieu d'Ifraël. Suivez genereufement cet exemple. Laiffez aller aux fpectacles ceux que l'efprit du monde a feduit ; pour vous, paffez ces trois jours dans tous les exercices de pieté, vifitez les pauvres dans les hôpitaux; & fur tout affiftez chaque jour aux prieres de quarante heures. 2o. Les gens du monde, qui ne font animez que de fon efprit, debauchent le plus de gens qu'ils peuvent, pour avoir plus de compagnons de leurs dereglemens, & pour groffir le nombre de ceux qui fe perdent : pour vous, ayez encore plus de zele pour la gloire de votre Dieu, que les mondains n'en ont pour le fervice du maitre qu'ils fervent. Gagnez le plus de gens que vous pourrez au Seigneur, les engageant par de pieufes induftries à employer ce tems précieux à de faints exercices. Ne manquez pas de vous confeffer, & de communier pour le moins un de ces trois jours. Assistez affidument aux fermons, à la benediction du très-Saint Sacrement, & à tous les pieux exercices. Plus le nombre de ceux qui fe perdent eft grand, plus Dieu eft liberal envers fes ferviteurs fidéles. Ne crai

gnez pas que vos affaires temporelles en fouffrent, en vous acquitant avec ferveur des devoirs de Chrétien. Hélas! on ne craint pas qu'elles en fouffrent quand il s'agit de fe divertir, & de fe perdre.

>

LE MERCREDI DES CENDRES. L'Oraifon qu'on dit à la Meffe de ce jour. Seigneur, accordez à vos Fideles > la grace d'entrer dans la folemnité facrée de ce jeûne faint, avec la pieté qu'ils y doivent apporter, & d'en fournir toute la carriere avec une devotion. que rien ne puiffe troubler. Par notreSeigneur Jefus-Chrift votre Fils, qui étant Dieu, vit & regne avec vous en P'unité du Saint-Efprit, par tous les fiécles des fiécles. Ainfi foit-il. L'EPITRE. Leçon tirée du Prophéte Joël. Chap. 2.

Oici ce que

V que dit le Seigneur : con

vertiffez-vous à moi de tout votre cœur, dans les jeûnes, dans les larmes, & dans les gemiffemens. Dechirez vos coeurs, & non vos habits; & convertissez-vous au Seigneur votre Dieu :

parce qu'il eft bon, & compatisfant; qu'il eft patient, riche en mifericorde; qui fçait s'il ne fe retournera point vers nous, s'il ne nous pardonnera point, & s'il ne laiffera point après lui la benediction, afin que nous prefentions au Seigneur notre Dieu, nos facrifices & nos offrades? Faites retentir la trompette en Sion, ordonnez un jeûne faint, publiez une affemblée folemnelle. Faites venir tout le peuple, avertis fez-le qu'il fe purifie, assemblez les vieillards, amenez même les enfans, & ceux qui font encore à la mamelle. Que l'époux forte de sa couche, & l'épouse de fon lit nupitial. Que les Prêtres & les Miniftres du Seigneur pros ternés entre le veftibule & l'autel, fondent en larmes, & s'écrient: pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple, & ne laiffez point tomber votre heritage dans l'opprobre, en forte qu'il tombe fous la domination des nations. Souffrirez-vous que les nations difent de nous où eft leur Dieu ? Le Seigneur a un ardent amour pour ce païs qu'il regarde comme fien, & il a pardonné à fon peuple. Le Seigneur a parlé à fon peuple, & il lui a dit : je vous

enverrai du blé, du vin, & de l'huile, & vous en ferez raffafiés, & je ne vous abandonnerai plus aux infultes des nations, dit le Seigneur tout puissant. L'EVANGILE. La fuite du Saint Evangile felon faint Matthieu. Chap. 6.

N ce tems-là, Jefus dit à fes Difciples: lorfque vous jeûnez, ne prenez point un air trifte comme les hypocrites car ils fe font un vifage have pour faire voir aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en verité, ils ont reçu leur récompenfe. Mais vous, lorfque vous jeûnez, parfumez-vous la tête, & lavez-vous le vifage; afin que ce ne foit pas aux yeux des hommes qu'il paroiffe que vous jeûnez, mais aux yeux de votre Pere qui eft caché : & votre Pere qui voit ce qui eft caché vous en recompenfera. Ne vous amaffez point des trefors fur la terre, où la rouille & les vers confument tout, & où les voleurs creufent & derobent; mais amaffez-vous des trefors dans le Ciel, où il n'y a ni roüille, ni vers qui confument, & où il n'y a point de voleurs qui creufent, & qui derobent. Car où eft votre trefor, là eft auffi votre coeur.