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En même temps la municipalité envoya au Dorat, « pour fabriquer des instruments nécessaires à terrasser nos ennemis », six chandeliers, un bénitier, un encensoir, une croix argentée, la chasse d'un reliquaire en plusieurs morceaux, le tout en cuivre et provenant de l'église.

Sous l'impression de la lecture d'une proclamation du représentant Charrier, la municipalité arrête, le 10 germinal an III: 1° tout citoyen qui se permettra de rassembler un certain nombre d'habitants sous prétexte de religion et publiquement sera dénoncé à la police correctionnelle; 2° si le chef de l'attroupement refuse de se retirer il sera sur le champ arrêté et la loi martiale sera proclamée; tous les signes particuliers à un culte seront abattus et détruits.

Le 21 floréal an III le conseil examine un projet de reconstruction du pont de la Trigale emporté par les inondations; depuis cet événement les relations de Lussac avec Magnac, le Dorat, Châteauponsac et autres communes sont rompues; de plus l'envoi des bestiaux à Paris a cessé. Il est arrêté qu'on demandera 3,000 1. au district et que le surplus sera fourni par les habitants. Le district. donna son autorisation le 26 prairial.

Dans la notice sur la famille Aubugeois, il faut lire n. h. Pierre Aubugeyz; ajoutons que non loin de Lussac, à Thollet, on trouve dès 1335 une famille Albigeois qui a bien pu se transformer plus tard en Aubugeois. (Arch. dép., prieuré de Thollet).

L'Age-Bernard. En vertu d'un arrêté du représentant du peuple pris le 8 nivôse, la municipalité décide le 12 pluv. an II que du château de l'Age-Bernard on ne conservera que l'aile neuve jusqu'à l'escalier en pierre qui monte au grenier, en démolissant la chapelle attenant à cet escalier et en réduisant le pavillon qui renferme celui-ci à la hauteur de l'aile; les 4 tours seront rasées et les fossés comblés; les matériaux de démolition seront mis à la disposition du public. Le 15 germinal on enjoint à Cœur-de-laNation (ex-Coeur-de-Roy), du Dorat, qui s'est rendu acquéreur du château, de se conformer sans délai à la délibération précédente.

L'Expardelière. Le 24 vent. an II un particulier fait don aux frères qui sont aux frontières « d'un calice d'argent pris à l'Expardelière et qu'on n'a pu peser, vu qu'il y a dessus d'autres matières qu'on n'a pu tirer », sans doute des émaux.

Le Pont-Berthin, moulin banal de la srie de Lussac, mentionné dès le XVe siècle. C'est actuellement le moulin de la Bergerie. Un plan du XVIIIe s. indique que le grand chemin de Lussac au Blanc passait sur un pont en aval du moulin.

L'impôt du sang. Dans une liste des personnes qui ont droit à des secours comme parents de défenseurs de la Patrie (27 germ.

an II), figurent Joseph Guillemin, père de Baptiste mort au siège de Namur, et Jean Laurent, frère de François décédé au siège de Maestricht.

Jean-Joseph Saulnier, né à la Coufaudière le 25 oct. 1754, était aumônier de l'hôpital de Blois au moment de la Révolution. Ayant refusé de prêter serment, il se cacha parmi les malades. Découvert par les administrateurs et traduit devant le tribunal révolution- . naire de Paris, il fut guillotiné le 30 oct. 1793 (1).

Mondon. Le 20 avril 1436, le Parlement siégeant à Poitiers, sur un différent qui s'était élevé entre les héritiers de Guillaume de Naillac et de Jeanne Turpin, sa femme, dont les châteaux et forteresses avaient été placées sous la main du roi, et Jean de Blon, éc, chargé avec six hommes de la garde de la forteresse de Mondon, réduisait à trois le nombre de ces soldats et fixait à 30 1. les gages annuels de de Blon, payables par le receveur de Mondon (2). Vers la fin de 1757, Charles Richard de Butré, garde du corps, pour utiliser les bois de sa terre de la Tour, qui étaient âgés de deux ou trois cents ans, fit établir une verrerie à Ricoux, par. de Tersannes, par Charles Deguercy, son homme d'affaires. Ignorant les règlements alors en vigueur, il avait négligé de demander l'autorisation nécessaire; le fait ayant été signalé, le maître des eaux et forêts de Bellac, dût, en mai 1758, procéder à une enquête. Seuls Mad. Bouchet, dame de Mondon, et Charles Vézien du Cluzeau, son maître de forge, se portèrent opposants.

A cause de la rareté du bois dans le pays, disait ce dernier, cet établissement fait un tort considérable à la forge de Mondon et à S. M. pour laquelle elle est une source d'importants revenus, de plus, suivant marché passé le 1 avril 1758 avec M. de Ruisembito, intendant de l'arsenal de Rochefort, il a entrepris la fourniture de 500 milliers de boulets de canon pour cet arsenal, fourniture que le manque de bois pourrait retarder; enfin le public sera lui-même atteint par la hausse des fers.

M. de Butré répond que cet établissement ne peut préjudicier en rien à Mondon, les bois utilisables dans sa verrerie n'étant pas les mêmes que ceux employés à la forge; que c'est une querelle qu'on lui cherche et que M. du Cluzeau veut continuer son accaparement des bois du pays qui sont très abondants, à tel point qu'à Mondon. on paye la corde 20 à 25 s. tandis que partout ailleurs les maîtres de forge l'achètent 50 s. à 3 1.

(1) Cf. M. l'abbé Lecler, Martyrs et confesseurs de la foi du diocèse de Limoges pendant la Révolution française (Limoges, Ducourtieux et Gout, 1892-1904, 4 vol. in-8o, t. I, p. 277).

(2) Arch. nat. X1 A, 9196 fo 144).

Du Cluzeau réplique qu'au contraire les bois du pays ne sont pas suffisants pour l'alimentation de la forge. Elle consomme annuellement 7,000 cordes et la terre de Mondon n'en produit que 1,500; cette année il a dû se rendre trois fois à Limoges pour acheter de Mad. de Jumilhac, ses forêts de Montégut et de Blon, sises pourtant à plus de 8 lieues.

Le maître des eaux et forêts visita ensuite la verrerie et les bois de M. de Butré et donna un avis favorable à son maintien, réfutant les objections des opposants (1).

La forge, détruite par l'inondation de 1792, ne fut réorganisée qu'en 1812 par Mme de Rochechouart, épouse divorcée de M. de Montagut. Le 19 sept. de cette année elle s'assurait pour trois ans les services de deux marteleurs de la forge de Bonneau, près Buzançais.

L'un, Claude Luneau, s'engage à organiser une affinerie «< à la manière de la comté ». Il aura avec lui 3 ouvriers et un rechange; il tɔuchera 15 fr. par mois en plus du «loyer du fer ». Ce loyer du fer sera, pour lui et ses compagnons, de 12 fr. par 500 k. à charge de donner 50 k. en sus pour indemniser le propriétaire du logement et du chauffage qu'il leur fournit. Pour gratifications, en sus du loyer du fer, il recevra 0 fr. 10 par barre propre à l'agriculture; 0 fr. 10 par chapillon, 0 fr. 60 par bandage et bosse, 1 fr. par essieu de 50 k., 2 fr. par essieu de 75 k. et 3 fr. par essieu de 100 k. Il lui est payé également des indemnités pour certaines réparations prévues.

L'autre, Jean Petit, montera une affinerie « à la mode de la drillerie », où il emploiera 2 ouvriers et un rechange. Mêmes conditions qu'avec le précédent, mais pour le loyer du fer, tant pour mazer que pour achever la fabrication, lui et son équipe, recevront 15 fr. par 500 k. à charge de donner comme ci-dessus un supplément de 50 k. Le marteleur touchera 1 fr. de plus par 500 k. à cause de l'entretien de l'affinerie. (Puyferrat, nore).

Officiers. André Opot, juge de Bridiers et la Souterraine, sénéchal de Mondon (Arch. nat., X' A, 8323 fo 775); Jean Guillemet, sénéchal, 1782-1790; P.-Martial Chapelet d'Oreix, procureur, 1752; Gravier, greffier, 1752; E. Bernud, greffier, 1782-1790; Ls Chapelet de Fontvieille, me de forge, 1782.

Notre tâche est accomplie quelque imparfaite quelle soit, nous ne célerons pas notre satisfaction d'avoir pu mener à bonne fin cette œuvre de longue haleine, résultat de plus de dix ans de

(1) Arch. dép., B. 2445; nous devons l'indication de cet intéressant dossier à l'obligeance de M. P. Ducourtieux,

recherches, et d'avoir ainsi fixé la physionomie passée et présente de ce curieux pays, désormais un peu le nôtre, par un long séjour, par les événements, par nos travaux même, et tout à fait celui des nôtres.

Nous nous estimerons heureux et suffisamment récompensé de nos efforts et de nos peines, si cette monographie peut intéresser nos compatriotes à l'histoire de leur région si peu connue et rendre service aux sciences historiques par les documents produits. En l'écrivant, nous n'avons eu qu'un but, qu'une ambition: faire connaître et aimer la « petite Patrie ».

Saint-Sulpice-les-Feuilles, mai 1907.

Roger DROUAULT.

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Dans l'état actuel de nos sources, on ne saurait déterminer avec certitude quelle fut au moyen âge la condition des boulangers de Limoges. Les seuls documents (2) qui les concernent à cette époque, conservés aux Archives Communales sont relatifs à la taxe du pain, à la visite des fours, à la police de la halle au blé, et émanent des Consuls du Château, qui, par leurs Ordonnances, assuraient l'approvisionnement de la ville, surveillaient la qualité des produits, garantissaient la loyauté des transactions.

En dehors de ce contrôle, il semble que le métier de boulanger n'ait pas été moins libre que les autres. Il s'ouvrait largement, même aux étrangers, sans conditions d'âge, de naissance ni de fortune (3).

(1) Cet article n'est qu'un résumé, aussi concis que possible, d'une étude de documents consultés aux Archives Nationales (séries AD+ ADX nos 10 et 11, F12, G7, 345-353 passim), aux Archives Départementales de la Haute-Vienne (série C., nos 14, 15, 17, 54, 55, 191, 192, 193, 409, 423, 460, 489, 490, 491, 492, 493, 494, 495), et aux Archives Communales de la ville de Limoges (série H. H., nos 1 et 2).

(2) Consulter sur tous ces points E. Ruben et Louis Guibert, Registres consulaires de la ville de Limoges, Limoges, Ducourtieux, 1886-1901, 6 vol. in-8°, et Achille Leymarie, Le Limousin historique, Saint-Yrieix, Noyer, 1837, in-8°.

(3) Dans une monographie intitulée Une corporation encore vivante aujourd'hui. La corporation des Bouchers de Limoges, Paris, Lamulle, 1892, in-8°, M. le marquis de Moussac avait, après Achille Leymarie et bien d'autres, pensé trouver l'origine de nos corps de métiers dans les corporations romaines établies en Gaule dès la conquête de César. Je

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