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5o « En 1772, une bulle du pape Clément XIV supprima l'Ordre de Grandmont, sur les instances de Mgr du Plessis d'Argentré ». Cette assertion a besoin d'une explication l'autorité civile avait supprimé l'Ordre de Grandmont plusieurs années avant cette bulle de 1772, en obligeant l'abbé à ne plus recevoir de novices, et même à renvoyer ceux qui étaient à l'abbaye. Les autres religieux étaient autorisés à y rester encore, ou gratifiés d'une pension s'ils voulaient se retirer. Mais à cette époque, l'autorité civile, en détruisant les ordres religieux, ne s'emparait pas de leurs biens. Aussi les lettres patentes de 1769, trois ans avant la bulle citée, disent formellement « Avons autorisé et autorisons les archevêques et évêques, dans les diocèses desquels sont situés les monastères de ladite observance, à procéder suivant les formes prescrites par les saints canons à la suppression et union desdits monastères ». Les évêques firent alors pour les vingt-trois monastères de l'ordre qui étaient dans leurs diocèses ce que Mgr d'Argentré lit pour le sien, où il n'y avait qu'une petite partie des biens des Grandmontains; ils sollicitèrent de Rome, après la destruction de l'ordre, l'union de ces biens situés dans leurs diocèses. C'est ce que leur accorda la bulle de Clément XIV en 1772.

Remarquez ce passage d'une lettre de Mgr d'Argentré à l'abbé de Grandmont, du 12 décembre 1769, trois ans avant la bulle de 1772 « Vous savez, Monsieur, que je n'ai jamais fait, ni directement ni indirectement, aucune démarche pour demander l'union de votre abbaye à mon évêché; que la chose était décidée quand je suis arrivé à Paris, sans que l'on m'eût consulté en aucune façon sur cet objet... Depuis cette époque, je ne me suis pas donné le moindre mouvement, et je vous donne bien ma parole d'honneur de ne m'en donner aucun que de concert avec vous et quand vous le jugerez convenable. Je vais même plus loin: c'est que, si vous croyez que je puisse faire quelques démarches utiles pour votre conservation, je le ferai de la meilleure foi et avec le plus grand zèle (1) ».

Peut-on dire que c'est «< sur les instances » d'un évêque qui parlait ainsi que l'Ordre de Grandmont a été supprimé ?

6o« Les matériaux provenant de cette démolition ont servi à reconstruire immédiatement l'évêché de Limoges et non la prison, qui date seulement de 1855 ». Là encore cette note est inexacte : la construction de l'évêché, commencée en 1766, était achevée avant l'époque de la démolition de Grandmont. Les matériaux pris dans cette abbaye n'ont pas servi à cette construction, n'y ayant

(1) Bull. de la Soc. arch. du Limousin, t. XXIV, p. 8.

été pris qu'après 1789. Voici comment les choses se passèrent : « La Révolution, dit M. L. Guibert, n'acheva pas la destruction de Grandmont, commencée avec tant de hâte en 1789. Les travaux de démolition restèrent longtemps suspendus, et on se borna à enlever quelques matériaux de choix. Aussi, en 1817, les bâtiments du monastère offraient-ils à peu près le même aspect qu'au jour où, vingt-six ans plus tôt, les délégués du district avaient constaté leur état. A cette époque, M. Binet, entrepreneur des constructions de la Maison centrale de force et de correction, dont l'établissement à Limoges avait été décrété, acheta ce qui restait encore de l'abbaye, afin d'en transporter au chef-lieu les superbes débris » (1).

On voit encore que l'auteur de la note confond la Maison centrale de Limoges, construite après 1817, avec la Prison départementale, qui date de 1855.

Pour en finir avec les renseignements publiés ces derniers jours sur la châsse volée à Ambazac, je signalerai une très jolie carte postale sur laquelle on voit, avec l'église paroissiale qui la possédait, une reproduction photographique de cette châsse. On y lit aussi ces mots : « Ces châsses s'appelaient au moyen âge Fierte, du latin Feretrum, qui signifie cercueil. Elles étaient destinées à contenir des corps saints.

» La châsse d'Ambazac, d'après l'inventaire de 1866, appartient à l'abbaye de Grandmont; elle renfermait les reliques des martyrs de la légion de Thèbes, entr'autres celles de saint Brandan, saint Tran et saint Macaire. »

Ces indications sont exacles, si on en excepte la date 1866, qui a été imprimée au lieu de 1666, date de l'inventaire cité.

Le 20 décembre 1907.

(1) Ibid., t. XXIV, p. 364.

A. LECLER.

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Donation du mas de Benadet et La Forêt, faite au prieur de l'Artige par R. de Noblac. 1174. Orig. parch., sc. perdu

G[eraldus] (1), Dei gratia Lemovicensis episcopus, omnibus hanc cartam legentibus (2) in perpetuum.

Nosse volumus tam presentes quam futuros quod R. de Nobiliaco (3) dedit Helie, priori Artigie (4), et successoribus ejus mansum de Benadet e la Forest (5), quantum continetur inter collem qui est juxta oratorium Sancti Leonardi (6) et ducit a Benat (7) et inter viam que ducit a Chassanac (8) et ripas ubicunque ipse habebat vel in Mouda vel in Vigenna (9).

Hoc donum fecit in manu nostra et in presentia Willelmil,

(1) Gérald du Cher, évêque de 1142 environ à 1177.

(2) On peut se demander si le scribe n'a pas oublié en cet endroit le mot salutem. Mais nous connaissons au moins une charte, de 1198, où se retrouve cette formule écourtée : omnibus in perpetuum (voy. nos Chartes, chroniques et mémoriaux, p. 62).

(3) Noblat, village de la commune de Saint-Léonard, arrondissement de Limoges.

(4) Prieuré chef d'ordre, au voisinage de Saint-Léonard.

(5) Benadet, ce nom a disparu. La Forêt peut être le hameau de ce nom sis en la commune de La Geneytouse, canton de Saint-Léonard. (6) Saint-Léonard, chef-lieu de canton, arrondissement de Limoges. (7) Hameau de la commune de Saint-Léonard.

(8) Auj. Chassagnat, hameau de la commune de Saint-Léonard.

(9) La Maulde et la Vienne. La première de ces deux rivières arrose toute la partie nord du canton d'Eymoutiers et une petite partie de celui de Saint-Léonard.

prioris Grandis montis (1), audiente sacerdote Laurentio, fratre Artigie, et Bertrando Scrinii, P. deu Mont et Audoino de Domnonio (2), clericis nostris, et Willelmo La Rocha, milite.

Hanc vero donationem nos ratam habentes sigilli nostri auctoritale communimus et confirmamus. Hoc autem factum est anno ab incarnatione Domini M° C° LXX° IIII°.

(Arch. dép. de la Haute-Vienne, série D, complémen. no 1236. Communication de M. Alfred Leroux).

Translation de reliques en l'église de Saint-Laurent-sur-Gorre, 1719

« Le dix-huitième jour du mois de juin 1719 ont été transférées dans l'église de Saint-Laurent-sur-Gorre et placées dans la chapelle de N.-D. les reliques de saint Urbain, saint Rogat, saint Aucher, saint Renovat et sainte Tranquilline, lesquelles avaient été concédées par notre S. P. Clément XI à Martial du Solier, sieur de la Périé (?), capitaine dans Villeroy-Cavalerie, estant allé à Rome après s'estre trouvé à bataille donnée et gagnée devant Belgrade contre les Turcs; M. le curé de Saint-Laurent, M. le Curé de Saint-Cire et M. le curé de Gorre sont venus icy en procession; la translattion s'est faitte fort solennellement; il y a eu grand'messe avec diacre et sous-diacre, le Très Saint-Sacrement a esté exposé estant le troisième dimanche du mois de juin; il y a eu sermon au sujet des reliques et l'on a donné la bénédiction du Très SaintSacrement à la messe et à vêpres, qu'une grande affluence de peuple a reçue.

Signé DUSOLIER, curé, du SOLIER DE MAREILLIAT, F. TARDIEU, Vic. ». (Registres paroissiaux de Saint-Laurent-sur-Gorre.

Communication de M. l'abbé Bessière).

(1) Le prieuré, plus tard abbaye de Grandmont, commune de SaintSylvestre, canton d'Ambazac.

(2) Le Dognon. Il y a un très grand nombre de localités de ce nom dans la Haute-Vienne, dont une près de Saint-Léonard.

Deux jugements du tribunal criminel de la Haute-Vienne,

1793 et 1796

Audience du 30 mai 1793, l'an 2 de la République française.

Entre l'accusateur public du tribunal criminel du département de la Haute-Vienne, demandeur et accusateur en crime d'émigration, Contre Jean-Claude Lambert, âgé de 66 ans, nâtif d'Arnay-leDuc, du département de la Côte-d'Or, ancien garde du corps de la compagnie de Charost, habitant depuis quinze ans la ville d'Eymoutiers, où il était entreposeur de tabac, accusé d'émigration et d'être rentré sur le territoire de la République.

Le tribunal criminel, au nom de la République française, jugeant extraordinairement et hors la loi, considérant que Lambert est compris sur la liste des émigrés de la commune d'Eymoutiers, qu'il n'a rapporté, ni même allégué en sa faveur aucun certificat de résidence en France.

Considérant que Lambert a avoué être sorti du territoire français, avoir habité les lieux où se formaient les rassemblements ennemis, qu'il n'est rentré à Dunkerque que dans le temps où les armées de la République ont entré sur le territoire ennemi.

Considérant qu'ayant été reconnu pour émigré à Dunkerque, il a été exporté de cette ville, et que, postérieurement à cette exportation, il a habité la ville de Furnes, ainsi que le prouve le certificat de résidence donné par les bourgmestres de la même ville, daté du 6 février 1793.

Considérant que Lambert est contrevenu à la loi du 26 novembre 1792 qui banissait les émigrés de la République française et leur enjoignait, sous peine de mort, de sortir de son territoire dans le délai de quinzaine.

Considérant que les délais de cette loi étaient expirés depuis le temps qu'il a été arrêté à Beaumont, le 5 avril dernier.

Déclare à l'unanimité de dix juges que Jean-Claude Lambert est convaincu d'être émigré français depuis le mois d'octobre 1791, et coupable d'être rentré ou resté sur le territoire français postérieurement au délai accordé par ladite loi du 26 novembre 1792.

En appliquant la loi du 26 décembre 1792 et celle du 18 mars 1793, titre premier, section première, art. 1er et 2, ainsi conçus : « Les émigrés sont bannis à perpétuité du territoire français, ils sont morts civilement, leurs biens sont acquis à la République. L'infraction du bannissement prononcé par l'article premier sera punie de mort ».

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