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C'est précisément en lisant les opinions et les lettres confidentielles que se sont écrites les évêques ou archevêques de Bourges, d'Aix, de Langres et de Pamiers', qu'il m'a été possible de voir clairement l'opinion et les dispositions du corps et des principaux membres.

Je suis convaincu qu'il y a une grande facilité, si le gouvernement français y met du prix, non seulement à les rendre tous extrêmement traitables, mais même à obtenir de l'universalité ces hommages éclatants, auxquels on pouvait croire que l'esprit de parti, se colorant de spécieux prétextes, se refuserait obstinément; ces demarches enfin qui sont des gages même contre toute arrière-pensée de regret et de retour.

Il paraît d'abord sûr que deux, et tout au plus trois, ceux d'Arras, de S'-Pol et peut-être de Sisteron (ancien grand vicaire d'Arras) sont là-dessus en communication avec les Princes, et leur font hommage de leur inutile et solitaire résistance. Vous savez peut-être déjà très bien quelle est l'opinion de l'épiscopat en général sur ces prélats. L'évêque d'Arras est universellement méprisé et même haï. L'évêque de S'-Pol, à qui on accorde des vertus ecclésiastiques, est regardé comme le plus borné et le plus entêté des hommes.

Les trois prélats, dont l'opinion unanime ne manquera pas de devenir celle de tous ceux d'Allemagne, sont l'évêque de Boulogne, l'archevêque de Reims et l'évêque de Langres. Malgré les préventions qu'on a pu justement concevoir contre l'évèque de Boulogne, on ne doit pas perdre de vue qu'à cause de la réputation de l'homme le plus religieux, il se trouve précisément au

Pamiers s'était flatté d'avoir décidé M. l'archev. de Reims et M. l'archev. de Bourges à donner leur démission. Mais il paraît que l'év. de Boulogne a repris sur eux son ascendant, et qu'il a été secondé par l'év. d'Auxerre, arrivé à Wolfenbüttel le jour même où celui de Pamiers en était parti. D'après une lettre écrite à ce dernier le 19 octobre par M. l'archev. de Reims, les quatre prélats réunis à Wolfenbüttel ont adopté un mezzo-termine, et arrêté entre eux un modèle de réponse à faire au Pape. Ils ne refusent ni ne donnent leur démission, mais font au S'-Père des remontrances dilatoires, insignifiantes, et même assez mal rédigées. L'év. de Pamiers persiste dans sa première résolution, et a envoyé à M. l'archev. de Reims un précis des raisons par lesquelles il avait combattu les objections de l'év. de Boulogne. La lettre du Pape demandant la démission n'est pas encore parvenue à aucun de ces cinq évèques. » (Dép. no 80).

1 M. Baudus, en sa double qualité d'émigré et de journaliste, avait été en relations avec l'Emigration.

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premier rang de ceux qui disent que, dès qu'il faut abandonner l'une des deux causes, du catholicisme ou de la royauté des Bourbons, on ne peut hésiter sans crime, et qu'on ne doit plus être qu'évêque je vous parle de ses discours actuels et de ses écrits. Ces prélats ont observé qu'avant la démission de l'évêque de Blois (dont je vous ai déjà annoncé le bon effet), ce n'étaient pas les plus forts et les plus considérés qui l'avaient donnée. On sent d'abord qu'ils regardent ceux qui sont en France comme obligés à plus de complaisance. Ils comptent qu'il n'y a de marquant dans l'épiscopat, parmi les démissionnaires de Londres, que l'archevêque d'Aix, qu'ils regardent encore comme plus distingué par l'esprit que par le caractère. Vous savez au surplus que les démissionnaires de Londres professent le principe de l'obligation d'accepter le siège quelconque auquel on les renommerait. Les deux d'Allemagne les plus près d'arriver à cette opinion, comme les plus portés aussi à la démission pure et simple, sont, sans contredit, ceux de Langres et de Pamiers.

Mais voici ce qui m'a paru plus digne de vous être transmis; et il s'agit ici, non de l'opinion d'un individu, mais d'un résultat de correspondances, qui paraîtraient bien évidemment garantir la presque unanimité des évêques d'Allemagne et d'Angleterre. Le gouvernement français met-il quelque importance à avoir dans ses mains les démissions unanimes, à entendre l'ancien épiscopat tout entier reconnaître l'abolition de ses anciens titres et droits à tel siège, et déclarer que ceux qui seront renommés doivent accepter un autre siège quelconque? Veut-on voir même devenir chefs de cette opinion et y ramener les autres, les hommes les plus marquants, comme l'archevêque de Reims (qui s'en est expliqué formellement), l'évêque de Boulogne, l'évêque de Langres, l'archevêque de Bourges, etc.? Veut-on quelque chose de plus, les amener très facilement à devenir, eux-mêmes et eux seuls, les instruments de l'exclusion des prélats odieux au gouvernement français (on suppose qu'il n'y en aurait que quatre ou cinq), et se charger de leur faire sentir qu'ils ne peuvent pas rentrer? Voici ce qu'ils désirent pour tout cela, et ce que le gouvernement français peut faire, s'il le juge convenable, avec toute assurance de succès.

Sur la réponse, d'abord équivoque, puis négative de l'év. de Blois, voir t. IV, p. 318 note, 335, 353, etc.

Ces évêques voudraient qu'on leur indiquât un lieu de réunion; ils désireraient que ce fût une très petite ville sur l'extrême frontière de France; que ce même lieu fût aussi indiqué aux évêques français qui se trouvent dans le reste de l'Europe; que là il arrivât des commissaires du gouvernement français et un envoyé du Pape, revêtus de caractères quelconques; qu'on leur montrât le désir de tout abréger, par la confiance et la conviction que la démonstration scule de ce sentiment doit les amener à tout ce qu'on désire, parce qu'on ne désire que ce qui est nécessaire et convenable. Ils disent que, dans la première séance, toutes les démissions seraient données, pourvu que l'on montrat aussi, par suite de ces mêmes démonstrations d'égards, le dessein de prendre en général le nouvel épiscopat dans le corps de l'ancien. Ils observent que la circulaire, écrite par le nonce ou par tout autre, ne manquant pas d'indiquer l'envoi des passeports nominaux, le gouvernement resterait, par là, le maître de n'en envoyer ni à l'évêque d'Arras, ni même à l'évêque de S' Pol. Ils croient au surplus être bien sûrs, quant à ce dernier, qu'ils l'ameneraient, par cet esprit d'influence de corps et de pouvoir de la majorité, à donner aussi sa démission; ce qui pourrait être comme le coup de mort des exagérés, le parti de l'évêque d'Arras se trouvant par là réduit à ce prélat tout seul. On comprend que le siège de S'-Pol étant sans doute supprimé, il ne serait renommé nulle part.

Pour achever de développer les suites de ce plan, ces évèques disent qu'il n'y a rien que ce système d'égards et de prévenances ne fît réussir à l'instant même. Toutes les démissions étant données, nul doute que près de la moitié des évêques ne montrât l'intention de vivre désormais dans la retraite, et de ne plus se charger de l'épiscopat. Parmi ceux-là on prendrait au mot les hommes dont on ne se soucie pas, et au contraire on ferait des instances à ceux que l'on mettrait du prix à con

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Nul doute encore que cinq ou six évêques constitutionnels, réconciliés avec le S-Siège, ne fussent très facilement admis, c'est-à-dire (car le droit de nomination du Premier Consul serait plein et entier) qu'on ne montrerait aucune répugnance à devenir leurs collègues.

J'ai cru devoir vous transmettre ce que j'avais su par hasard,

de la manière la plus précise et la plus authentique '. J'ai cru qu'il était possible que vous missiez quelque prix à ces renseignements, et que le gouvernement en mît peut-être lui-même à savoir que, sans prendre sur lui ni faire prendre au Pape aucune mesure d'insistance rigoureuse, il pourrait finir en quelque sorte l'ancien épiscopat français, et recevrait, de la volonté libre de ce corps même, le moyen de composer le nouveau par une espèce de fusion insensible, de manière que les préjugés, l'esprit de parti, l'entêtement et la mauvaise foi ne pussent jamais en méconnaître ni attaquer la légitimité.

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Les évêques français résidant dans le cercle de Basse-Saxe ont enfin reçu le bref du Pape du 15 août dernier. La lettre d'envoi, que le cardinal Caprara y avait jointe, était de très ancienne date. Ceux des prélats qui habitent Wolfenbuttel et Hildesheim, c'est-à-dire les archevêques de Reims et de Bourges et l'évêque de Boulogne, ont fait la réponse arrêtée depuis longtemps entre eux, et dont j'ai joint une copie à mon n° 88. L'évêque de Pamiers a offert sa démission d'une manière plus claire, ne demandant, pour la donner, que la communication du concordat. Il paraît avoir eu l'intention de suivre la mème ligne que M. l'archevêque de Paris, et on peut regarder sa démission comme sûre.

L'article de la Gazette d'Augsbourg' où MM. l'archevêque de Paris et l'évêque de Valence contredisent ce qui a été dit de leur démission dans le Moniteur, a été, vendredi dernier, répété par le Correspondant de Hambourg et a fait une sensation désagréable. Il se serait peut-être élevé quelque doute, si cet article n'eût été confirmé par les lettres de Wolfenbuttel. Pour en détruire ou du moins pour en atténuer le mauvais effet, je viens de remettre au rédacteur du Correspondant un article, sous la date de Francfort, conçu en ces termes : « Des personnes très bien instruites assurent que, si M. l'archevêque de Paris n'a pas donné sa démission, il a au moins. offert de l'envoyer dès que le nouveau concordat lui aurait été communiqué. Cette condition

⚫ Cette manière de voir paraît avoir été personnelle à l'év. de Pamiers; en tout cas, on ne doit pas la généraliser comme le fait ici M. Baudus. Voir t. IV, p. 510.

dépendant du gouvernement français, il a pu regarder la démission comme donnée; et c'est ce qui explique l'article du Moniteur qui l'a annoncée. Il en est de même de la démission de M. l'évêque de Valence. » Le rédacteur du Correspondant m'a promis de traduire cet article et de l'insérer dans la feuille de demain. Je ferai en sorte qu'il soit placé aussi dans la gazette française.

(Aff. étr., Hambourg, vol. 116.)

(T. IV, p. 556.)

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Caprara a di Pietro.

Parigi, 16 gennaro 1802.

... Non posso non esser persuaso del costante di lei impegno. in favorirmi, avendomene ella fornito fin'a questo punto le più convincenti ripruove. Aspetto quindi le risposte alle varie memorie di cui mi parla, e desidero siano conformi, non dirò alle mie brame, ma al preciso bisogno che m'indusse a fare tali rappresentanze'. Comprendo quale fosse il sentimento di Nostro Signore, e spiacemi che non abbia avuto il suo effetto, perchè conoscendo ella meglio di ogni altro quanto ha rapporto a questi affari ecclesiastici, se si fosse aderito alle di lei insinuazioni, si era certi di andare al sicuro, e di risparmiare quel reciproco imbarrazzo nel quale dobbiamo necessariamente trovarci per tante cose non prevedute, e sulle quali è forza d'interloquire. Gli affari si moltiplicheranno dopo la pubblicazione del concordato, e bisogna persuadersi, che per molti di quelli, cui non arrivino le facoltà, non vi sarà tempo di aspettare le risposte da Roma. Io venererò sempre quella decisione qualunque che verrà data, ma semmai per somma disavventura nascesse qualche inconveniente per non esservi valutate le rappresentanze da me fatte, non potrà certo attribuirmi a colpa.

Sull' articolo dell' amministrazione delle diocesi, nulla mi resta ad aggiungere, dopo quel molto, che ne scrissi più volte; e una delle principali ragioni che regolarono la mia condotta,

Avant de recevoir l'extension très restreinte de facultés, qui a été envoyée de Rome par le courrier du 2 décembre 1801 (voir p. 156, note), Caprara avait adressé à sa cour un mémoire du 24 novembre (t. IV, p. 381, note 2), pour solliciter des facultés plus amples que celles qu'il avait reçues en septembre (voir p. 134, note 1). Nous avons parlé (t. V, p. 28, note) de la réponse faite à ce mémoire du 21 novembre.

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