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exacts sur les projets des Jacobins et les transmirent à leurs collègues, au moment où la séance du 9 thermidor allait s'ouvrir. La Convention comprit qu'elle était perdue si elle hésitait un instant; elle refusa d'entendre Saint-Just et décréta que Dumas, président du tribunal révolutionnaire, Henriot, Boulanger, Lavalette, Dufraise, chefs de la garde nationale, seraient mis sur le champ en état d'arrestation.

Puis vint le tour de celui que Tallien appelait le tyran; l'arrestation de Robespierre fut votée à l'unanimité et entraîna quelques instants après, celle de Saint-Just, Couthon, Lebas, Robespierre jeune. L'Assemblée les livra elle-même à la gendarmerie qu'elle avait fait prévenir.

Cependant l'insurrection s'ébranla, en apprenant que ses chefs avaient été frappés. Des officiers municipaux se rendirent aux diverses prisons dans lesquelles Robespierre et ses collègues avaient été placés; ils les firent mettre en liberté et les ramenèrent en triomphe à l'Hôtel-de-Ville. Les soldats d'Henriot, conduits d'abord par Coffinhal, puis commandés par Henriot lui-même, trainèrent leurs canons devant les portes de l'Assemblée et la cernèrent comme au 2 juin. Mais il y avait dans leurs rangs beaucoup d'indécision; le bruit s'était répandu qu'en cette journée la Convention combattait pour la liberté. Les accusations de tyrannie, habilement semées contre Robespierre, avaient produit leur

10 Therm. Visk & Outlawry

An II. 28 July, 1794

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& Outlawry. Re-arrest.
Execution.

HISTOIRE DES ASSEMBLÉES POLITIQUES

effet sur les masses; lorsque Bourdon de l'Oise se jetant, avec quelques-uns de ses collègues, au milieu des insurgés, leur eut montré qu'ils avaient à choisir entre la liberté avec l'Assemblée ou la dictature avec Robespierre, la voix d'Henriot ne fut plus écoutée; les canonniers refusèrent de tirer sur la représentation nationale et retournèrent à l'Hôtelde-Ville.

La Convention délivrée se hâta de mettre hors la loi Robespierre et tous ceux qui s'étaient soustraits au décret d'arrestation rendu contre eux; le maire, les officiers municipaux et les notables de Paris. qui avaient pris part à la rébellion ou reçu au milieu d'eux des individus décrétés d'arrestation, furent également mis hors la loi. Le député Barras fut nommé commandant général de la force armée de Paris; enfin la Convention invita les sections de Paris à se rallier autour d'elle. L'appel fut entendu. dans tous les quartiers riches; de nombreux bataillons se réunirent, vinrent prêter serment de fidélité à la Convention, et marchèrent ensuite sur l'Hôtel-de-Ville; la lutte ne fut pas longue; l'énergie des représentants avait refroidi l'ardeur des insurgés. Les conspirateurs furent arrêtés et envoyés à l'échafaud au nombre de vingt-deux (10 thermidor).

C'est ce qu'on est convenu d'appeler la fin du

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régime de la terreur. Il est certain que, trois jours. après, la terrible loi du 22 prairial fut rapportée;.164 mais le tribunal extraordinaire continua de fonctionner, l'échafaud resta dressé (1), et il est peutêtre juste de dire que la réaction thermidorienne déplaça la terreur sans la faire encore entièrement disparaître. En effet les sentiments de justice et d'humanité ne se relèvent pas si vite, quand une fois ils ont été faussés. Les conventionnels qui avaient conduit la campagne contre Robespierre n'étaient point animés par cette ardeur de pitié qui avait inspiré autrefois les pages célèbres du Vieux cordelier; ils agissaient sous la menace d'un danger personnel et prochain. Tant qu'il était resté des chefs debout dans la convention, tant qu'il y avait eu des Vergniaud, des Gensonné, des Hébert, des Danton, des Camille Desmoulins, la masse des obscurs avait pu vivre sans inquiétude; mais les chefs, en tombant, avaient laissé les soldats au premier rang et désigné de nouveaux ennemis aux coups de Robespierre.

Le 9 thermidor vit donc l'issue d'un duel engagé entre une assemblée et un homme; l'homme fut vaincu, mais rien de ce qui avait été fait sous son règne ne fut désavoué. Dans la proclamation rédi

(1) Il fut seulement enlevé de la place du Trône où la Commune l'avait mis et rétabli sur la place de la Révolution.

10 Therm. Au lii. 28 July 17947

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lave Ciberation

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gée, le 10 thermidor, après la victoire, les députés disaient au pays : « Le 31 mai, le peuple fit sa révolution; le 9 thermidor, la Convention a fait la sienne; la liberté a applaudi également à toutes les deux. » La Convention répétait les maximes détestables de salut public inventées par Couthon et Saint-Just: « Un homme, n'est qu'un homme devant la loi; et tout usurpateur des droits du peuple n'est pas un homme, mais un coupable qui doit disparaître. >>

Cependant la terreur, en s'étendant, après la chute de Robespierre, aux Jacobins qui opprimaient le pays depuis le 31 mai, rétablit l'équilibre entre les partis (1); elle permit à ceux qui jusqu'alors avaient été constamment proscrits de se réunir, d'élever la voix et de plaider leur cause; un courant d'opinion formé par les Girondins et les Feuillants poussa les Thermidoriens vers l'abrogation des lois révolutionnaires; quelques garanties furent accordées aux suspects. Tous ceux qui avaient été arrêtés depuis la loi du 22 prairial pour des motifs non désignés dans la loi du 17 septembre 1793 furent mis en liberté. Ils étaient

(1) Le 10 thermidor, soixante membres de la Commune furent conduits à l'échafaud, en masse et sans jugement. Le même jour, la formalité de la reconnaissance de deux officiers municipaux pour constater l'identité des individus mis hors la loi fut abrogée à l'égard de tous les individus en état de rébellion contre l'Assemblée.

Paris bitted

LA CONVENTION NATIONALE

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huit mille. Les juges et les jurés du tribunal extraordinaire furent changés. Les comités de surveillance furent obligés de donner aux détenus ou à leurs parents et amis copie des motifs de l'arrestation.

La Convention prit en même temps ses précautions contre un retour offensif de l'émeute. Les fonctions de commandant général et celles de chef de légion de la garde nationale de Paris furent supprimées; l'état-major de cette garde fut composé de cinq membres, renouvelé tous les cinq jours; les plus anciens d'âge exercèrent, à tour de rôle, le commandement en chef; le bureau de l'état-major fut établi près de l'Assemblée. Le pouvoir de la Commune de Paris fut détruit. La surveillance et la direction des écoles, des travaux publics, des hôpitaux, des manufactures d'armes et des maisons d'arrêt de Paris furent directement confiées aux comités de la Convention, ainsi que la perception des revenus et l'acquittement des dépenses de la commune. Deux commissions municipales, nommées par l'Assemblée et placées sous la surveillance du directoire départemental, furent seulement chargées l'une de la partie administrative de la police, l'autre de l'assiette et de la répartition des contributions.

En limitant et en divisant ainsi l'autorité de l'Hôtel-de-Ville, la Convention n'avait fait que suivre

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