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HISTOIRE DES ASSEMBLÉES POLITIQUES

Chambres; mais toute la guerre se fût bornée à des intrigues de palais, et il est peu probable que, sans prétexte, Charles X se fût porté jusqu'à la violation de la charte.

Au lieu de manoeuvrer avec réserve, la gauche avait été chercher l'alliance de la droite pour culbuter le ministère. Elle avait voulu emporter d'un seul coup et de haute lice des positions que le temps seul pouvait lui conquérir. Elle avait rendu ainsi la révolution presque inévitable et ajouté un précédent de plus à tous ceux que ses adversaires avaient déjà relevés contre elle.

Grâce aux fautes commises dans les sessions de 1828 et de 1829, Charles X n'a pas porté seul la responsabilité des événements de 1830; ses ordonnances illégales ont rencontré des défenseurs, et le souvenir de la campagne parlementaire qui a précédé la chute des Bourbons, a été plus d'une fois invoqué par les hommes d'Etat, lorsqu'ils ont refusé de détendre les ressorts du gouvernement ou d'introduire des progrès dans les institutions.

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Les députés nomment une

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Résultat des élections.
Résistance des jour-49/
L'insurrection s'empare 493
commission municipale. 93

-

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Proclamation du National en faveur du duc d'Orléans. 416 Les deux Chambres nomment le duc d'Orléans lieutenant-général du royaume. Elles révisent la charte et offrent la 499 couronne au duc d'Orléans; celui-ci accepte. — Ministère GuizotLaffitte. Mise en accusation des ministres de Charles X. J Abrogation de la loi sur le sacrilége Rappel des régicides. Révocations de fonctionnaires. Elections partielles. Ministère Laffitte. Procès des ministres de Charles X. Chute du ministère Laffitte. M. Casimir Périer est nommé Activité imprimée au vote des lois. Dissolution de la Chambre F

51 président du conseil.
515 Nouvelle organisation électorale.

des députés.

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La bataille électorale avait été fixée, par l'ordonnance de dissolution, au 23 juin et au 3 juillet 1830. On s'y préparait activement des deux côtés dans le camp libéral, avec l'entrain et la sécurité de vieilles troupes rompues au métier; dans le camp

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royaliste, avec l'inexpérience et la confusion de soldats improvisés qui ont entrepris une aventure sans en calculer ni les chances ni les suites.

M. de Polignac ne connaissait pas le terrain électoral, comme M. de Villèle. Ce n'est pas chose facile que de pratiquer la pression administrative, et plus d'un habile homme y a échoué; il y faut, à la fois, du tact et de la brutalité; il faut savoir empoigner les électeurs par l'intérêt, en même temps que par la crainte. Lorsque M. de Villèle avait opéré ces élections de 1824 qui sont restées un des chefs-d'œuvre du genre, il ne s'était pas contenté d'intimider les votants; il avait encore fait appel à leur cœur de censitaires; il leur avait montré la monarchie, par lui délivrée des complots et des troubles, relevant son crédit au milieu de la gloire d'une expédition récente et rouvrant à tous, par le commerce et l'industrie, les portes de la fortune.

M. de Polignac n'avait rien de semblable à dire; il se présentait devant le scrutin sans passé, ou plutôt avec un passé si compromettant qu'il valait mieux s'en taire que s'en vanter. Quant à l'avenir, M. de Polignac en avait tracé le programme dans une proclamation signée par Charles X, où le parti libéral pouvait aisément retrouver et faire lire au pays des menaces cachées contre l'indépendance de la représentation nationale: « Français, disait

Royal Bodamation

JUSQU'A LA DISSOLUTION DE 1831

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le roi, la dernière Chambre des députés a méconnu mes intentions. J'avais droit de compter sur son concours pour faire le bien que je méditais; elle me l'a refusé! Comme père de mon peuple, mon cœur s'en est affligé; comme roi j'en ai été offensé. J'ai prononcé la dissolution de cette Chambre. Maintenir la charte constitutionnelle et les institutions qu'elle a fondées a été et sera toujours le but de mes efforts. Mais pour atteindre ce but, je dois exercer librement et faire respecter les droits sacrés qui sont l'apanage de ma couronne. C'est en eux qu'est la garantie du repos public et de vos libertés. La nature du gouvernement serait altérée, si de coupables atteintes affaiblissaient mes prérogatives; je trahirais mes serments, si je les souffrais... Rassurez-vous sur vos droits; je les confonds avec les miens, et les protégerai avec une égale sollicitude. Repoussez d'indignes soupçons et de fausses craintes qui ébranleraient la confiance publique. Les desseins de ceux qui propagent ces craintes échoueront devant mon immuable résolution. Electeurs remplissez vos devoirs, je remplirai les miens. >>

Il eût fallu bien de la force et bien de l'adresse pour soutenir un tel langage d'où ressortait clairement la volonté du roi de refuser désormais aux Chambres toute influence dans le choix des minis

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tres (1). Le gouvernement s'était vu enlever une partie de ses armes par la loi de 1828 qui avait établi la permanence des listes électorales; en face de l'association des fonctionnaires et du clergé unis pour la défense de Charles X, se dressait la vaste association Aide-toi le ciel t'aidera, qui embrassait dans son sein les hommes des partis les plus divers, et qui n'était que plus forte de ce mélange, puisqu'il s'agissait alors de conquérir, non de partager. Tandis que les évêques lançaient des mandements et faisaient des processions, la société organisait des candidatures et faisait des banquets ; elle dirigeait tous ses efforts vers un but unique, la réélection des deux cent vingt et un qui avaient voté l'adresse. Elle eut un ample succès, et, le 5 juillet, tous les résultats du scrutin étant connus à Paris, les ministres purent constater que, dans la Chambre nouvelle, les deux cent vingt et un seraient deux cent soixante-dix.

Trois jours après, arrivait aux Tuileries la nouvelle de la prise d'Alger; cette conquête a honoré le drapeau blanc près de disparaître, mais elle a dangereusement enivré le roi et elle a hâté sa

(1) Pour répondre à l'adresse des 221, Charles X avait fait sortir du cabinet les deux membres les moins antipathiques à la Chambre MM. de Chabrol et de Courvoisier qui avaient été remplacés par MM. de Chantelauze et de Peyronnet.

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