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Le président de la commune met à exécution les décisions du conseil municipal; conformément à ces décisions, il administre la fortune communale, il surveille l'emploi et l'entretien des biens de la commune, a la gestion des établissements qui lui appartiennent et surveille ceux pour lesquels il existe des administrations spéciales; il dirige et surveille l'exécution de toutes les entreprises communales, décide toutes les affaires de la commune en tant qu'elles ne sont pas du ressort du conseil municipal, et prend soin de l'assistance publique. Il approuve les ventes amiables d'objets mobiliers.

Il est chef de la police locale. En cas d'infraction à une règle de police locale, le président de la commune peut infliger, d'accord avec deux Gemeinderäthe, ou même seul, s'il y a urgence, des amendes pouvant s'élever à 5 florins, et en cas d'insolvabilité, un emprisonnement de vingt-quatre heures. On peut en appeler de ces jugements à l'autorité politique du Bezirk, et son assentiment préalable doit être demandé, quand il s'agit d'ecclésiastiques, de professeurs publics, de fonctionnaires de l'État ou du Land en activité, de membres du Reichsrath, ou du Landtag, ou de personnes ayant droit d'entrée au conseil municipal sans élection.

Le Gemeindevorsteher est responsable de la gestion des affaires de la commune. Les conseillers communaux sont aussi responsables pécuniairement vis-à-vis de la commune de leur mauvaise administration. Les actions en réparation du préjudice causé doivent être intentées suivant le droit commun, devant les tribunaux judiciaires. Telles sont les attributions respectives des diverses autorités communales.

Il nous reste à déterminer la mesure dans laquelle l'autonomie que nous avons décrite est tempérée par l'intervention d'autorités extérieures à la commune.

(A suivre.)

V. MARCÉ.

LES

PUISSANCES MARITIMES EN MÉDITERRANÉE

L'axe autour duquel gravitent les intérêts des puissances qui peuvent prétendre au titre de puissances dirigeantes s'est évidemment déplacé depuis la seconde moitié du siècle finissant, et on peut dire que c'est vers l'Extrême-Orient, que s'est portée l'attention intéressée des nations occidentales pour lesquelles l'expansion ininterrompue est une nécessité primordiale et qui comptent sur les richesses encore inexploitées de ces sols lointains pour satisfaire leurs appétits de toutes sortes.

La Chine invertébrée est pressée de toutes parts; à la curée qui se prépare, chacun veut avoir sa place et déjà les concurrents ont marqué le morceau de la bête qu'ils entendent se réserver lorsque l'heure du dépècement aura sonnée.

Que ce partage doive se produire sans qu'aucun coup soit échangé entre les partageants, c'est ce qu'il serait bien téméraire d'affirmer. Nous avons déjà exposé, ici même1, quels moyens militaires sont rassemblés par les nations intéressées dans ces mers lointaines en vue des conflits qui marqueront sans doute la liquidation définitive de la question Chinoise.

Mais s'il est à présumer que c'est vers l'Orient que naîtra l'incident qui mettra le feu aux poudres, il est certain qu'en raison de l'énorme distance qui sépare de leurs bases de ravitaillement les forces navales et militaires entassées par les diverses puissances dans les mers de Chine, sauf en ce qui concerne la Russie et le Japon, la lutte qui pourra s'y livrer ne sera qu'un épisode de la formidable

1. Voir les Annales du 15 janvier 1903.

partie jouée dans le vieux Continent et dont les mers d'Europe seront sans doute les témoins.

Or, de toutes les mers d'Europe, la Méditerranée est sans contredit celle qui dans l'espace le plus resserré voit se presser sur ses bords le plus grand nombre de nations, celle aussi où la densité des intérêts en jeu concentrera l'effort principal de cette lutte possible.

Il n'est donc pas oiseux d'étudier quelle est en Méditerranée la situation des puissances qui y ont des intérêts, soit qu'elles en occupent les bords, soit qu'elles y aient pris pied dans un but politique déterminé comme c'est le cas pour l'Angleterre, et quels moyens d'action maritime elles ont préparé pour la sauvegarde de ces intérêts.

LA FRANCE.

La France ne vient qu'après l'Empire musulman pour l'étendue des côtes possédées sur la mer qui nous occcupe. On ne trouvera néanmoins pas qu'il soit présomptueux d'admettre que notre pays fait en Méditerranée meilleure figure que la Turquie et de lui donner le premier rang dans cette étude.

Pas n'est besoin de nous étendre sur les intérêts que nous possédons autour du grand lac qui prêta ses flots bleus à l'essor des premières civilisations. L'histoire de cette mer est mêlée de la façon la plus intime à celle de la France et on chercherait en vain un coin si reculé de ses côtes où n'ait flotté la bannière de ses rois, le pavillon de ses flottes et les drapeaux de ses régiments. Constantinople, Jérusalem ont vu ses croisés; l'Égypte, l'Italie, l'Espagne, Malte n'oublieront pas Bonaparte; Alger, Tanger, Mogador, la Syrie sont inscrits au livre d'or de nos bataillons. Bref nous avons en Méditerranée le meilleur de notre héritage de gloire.

Notre politique séculaire, les exploits de nos flottes et de nos armées, les efforts de nos missionnaires nous ont donné sur toutes les côtes orientales de cette mer une influence autrefois prépondérante et dont la disparition progressive semble nous laisser indiffé– rents. On ne peut nier cependant qu'elle ne forme une sorte de domaine moral dont l'importance est comparable aux meilleures acquisitions territoriales et que le souci de nos intérêts politiques devrait nous faire un devoir absolu de ne rien négliger pour maintenir et développer cette influence.

L'importance toujours grandissante de notre empire sud-africain

que la route de mer peut seule relier à la métropole, est pour nous un autre motif des plus sérieux de veiller avec soin sur la Méditerranée et de nous y maintenir en un état de force qui devrait être tel qu'aucun événement ne pût se passer sur ses bords ou sur ses eaux sans que nous fussions à même de prononcer le mot qu'on écoute.

Or, depuis de longues années déjà, la France semble n'avoir aucune politique navale. Nous voulons dire par là que le Gouvernement et les Chambres ne se sont jamais préoccupés d'établir, ou tout au moins de mener à bonne fin, un programme de constructions navales et surtout une répartition des forces navales basée sur la conception d'une politique générale. Pour les constructions, on va à l'aveuglette, les programmes succèdent les uns aux autres, s'annulent à tour de rôle, aucun d'eux n'est achevé et il ne reste de leur exécution tronquée que des unités démodées par la durée de leur construction ou de leurs essais, des types uniques voués à n'avoir jamais dans nos escadres aucun similaire et incapables par conséquent de donner à ces escadres la force essentielle de l'homogénéité.

Bien que ces forces disparates n'aient pas toute la puissance qu'elles devraient avoir si nous avions plus de suite dans les idées, la valeur des équipages et des états-majors qui les montent, fait de chacun de nos navires une unité redoutable; mais, dans la répartition de ces navires, les indécisions, les tâtonnements sont perpétuels par suite de l'absence du plan d'ensemble qui devrait imposer cette répartition. Il est évident en effet qu'à toute ligne de conduite politique doit correspondre une distribution raisonnée et stable de nos forces, et non moins évident qu'on ne peut espérer tirer de ces forces, en cas de besoin, un rendement sérieux que si elles occupent des positions où leurs efforts coordonnés, appuyés sur des bases solides et soigneusement préparées s'appliqueront à la réalisation d'un objectif défini et susceptible de produire les grands effets nécessaires.

Et que l'on ne croie pas que la distribution de nos escadres dans nos mers rapprochées et à plus forte raison dans les mers lointaines pourra être modifiée d'une façon heureuse après la déclaration de guerre. Les premiers coups seront portés sur mer dans les heures qui suivront cette déclaration et tout donne à croire qu'ils seront décisifs. On risquerait donc, au remaniement de la dernière heure, d'abord de perdre l'avantage de l'offensive, puis d'exposer aux coups

de l'ennemi des forces errantes et disséminées qu'il n'aurait aucune peine à écraser. On se battra donc là où on se trouvera au jour de la déclaration de guerre, et il résulte de cette constatation qu'il faut de toute nécessité faire stationner nos forces navales dans les parages où on prévoit d'après les indications de la politique générale qu'elles auront à combattre.

Cette répartition une fois faite, il faut s'y tenir coûte que coûte tant qu'il ne s'est pas produit de changements dans l'orientation de la politique du pays et, s'il s'en produit, procéder à une nouvelle distribution destinée à faire face à des nécessités nouvelles.

Mais ces changements ne s'effectuant qu'avec ceux de l'orientation politique d'une grande nation ne devraient être que très rares et c'est malheureusement tout le contraire que l'on voit chez nous. Nos malheureux cuirassés sont en perpétuel mouvement. De Brest à Toulon et de Toulon à Brest c'est une promenade incessante suivant que l'esprit du moment, les conceptions personnelles de nos trop nombreux ministres de la Marine et celle de leur entourage font décider que c'est dans la Méditerranée ou sur nos côtes de l'Océan que doit être constituée notre principale escadre.

Certain d'entre eux a fait jusqu'à six fois ce voyage et il n'est pas au bout de sa carrière. Quelquefois c'est par troupes qu'ils l'accomplissent, telle la division des garde-côtes cuirassés qui primitivement destinée aux côtes de l'Océan a été envoyée en Méditerranée, y a séjourné pendant deux ans, puis, renvoyée dans le Nord, n'est nullement assurée de ne pas reprendre encore une fois la route du Midi. Notons que si ces déplacements n'ont pas d'inconvénients au point de vue des bâtiments eux-mêmes qui, après tout, sont faits pour naviguer, ils apportent de grandes perturbations dans la constitution et le maintien au complet de leur matériel de rechange et de leur approvisionnement, notamment dans celui des munitions d'artil lerie qui doit toujours être prêt dans le port le plus voisin et suit par conséquent le navire dans ses déplacements. Ces expéditions d'un matériel considérable, pesant et dangereux, se font par voies. ferrées, le navire étant presque toujours trop encombré pour transporter lui-même ce matériel.

On conçoit à quelle dépense entraînent ces voyages sans parler des avaries qu'ils font subir au matériel et du déchet qu'ils occasionnent forcément.

On voit donc que toutes les raisons militent en faveur d'une répartition raisonnée et permanente de nos forces navales.

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