été imprimée après la mort de ce Chanoine. Les Lettres que celui-ci écrivoit à M. de Chanteau, & celles de ce dernier, font voir toute la fageffe de l'un & la profonde humilité de l'autre. Le Sermon fur la fauffe pénitence qui avoit été l'occasion de la conver◄ fion de M. de Chanteau, se trouve aussi imprimé dans les dernieres éditions de l'histoire de cette converfion. M. de Chanteau a été enterré dans l'églife de Saint Nicolas-desChamps, dans la chapelle de Choifi. Son convoi fut une espece de triomphe. Une foule innombrable de peuple voulut en être le témoin, & chacun louoit hautement les vertus de ce faint homme.

I.

Dom Jean

Mabillon Bé

Congrégation de S. Maur.

ARTICLE XXXIII.

Suite des Auteurs Eccléfiaftiques qui ont écrit à la fin du dix-feptiéme

D

fiécle.

I.

Oм Mabillon naquit le 23 Novembre 1632 au Diocèfe de Rheims en Chamnédictin de la Pagne, à S. Pierre-Mont, lieu fitué à deux lieues de Moufon fur Meufe. Il fes reçut premieres inftructions d'un oncle qu'il avoit, & qui étoit Curé dans le voilinage, & il fut enfuite envoïé à Rheims pour y faire fes études. En 650 on lui donna une place au Seminaire de l'églife de Rheims. C'eft un établiffement que fit le Cardinal Charles de

Lorraine à fon retour du Concile de Trente, femblable à celui que fit S. Charles à Milan, pour élever de jeunes Clercs. Ils doivent affifter par tour au fervice du Chœur dans l'églife Métropolitaine, & ils font destinés à remplir dans la fuite diverfes fonctions dans le Diocèfe. L'année fuivante il reçut la tonfure; & en 1654 il fit profeffion de la Regle de S. Benoît dans l'Abbaïe de S. Remi entre les mains du P. Vincent Marfolle, qui fut depuis Général de la Congrégation de S. Maur. Il fit de grands progrès dans la vie fpirituelle, & fut jugé digne d'être élevé au facerdoce (en 1660.) Quelques années après il fut envoïé à S. Denys où il fut nommé Tréforier; ce qui fuppofe que peut-être les Supérieurs ne connoiffoient point encore tous fes talens.

II.
Il est affocié

aux travaux
du P. d'Ache-

Dès qu'ils les eurent connus, ils l'affocierent à Dom Luc d'Acheri qui étoit alors ( en 1664) Bibliothécaire dans l'Abbaïe de faint Germain-des-Prés. Il fut d'un grand fecours ri. Son Edià ce favant pour l'impreffion de la fuite du tion de Saint Spicilege mais ce travail ne l'empêcha pas Bernard.

:

de continuer ce qu'il avoit commencé à faint Denys fur les Œuvres de S. Bernard. Il en donna deux Editions tout à la fois en 1667, l'une en deux volumes in-folio, & l'autre inoctavo divifée en neuf tomes. Il en parut en 1690 une nouvelle dédiée au Pape Alexandre VIII, & augmentée de plufieurs obfervations nouvelles, & de quelques piéces qui n'avoient pas encore vû le jour; ce qui la rend plus complette & plus ample que les précédentes.

Dès les premieres années de l'établissement de la Congrégation de S. Maur, les Supé

III.

Il donne

rieurs avoient formé le deffein de faire tra vailler à fond fur l'hiftoire de l'Ordre de S. Benoît. Ils avoient déja fait ramaffer beaucoup de Mémoires pour fervir à cette entreprife, lorfqu'ils chargerent Dom Mabillon de l'exécuter. Il commença par les Actes des Saints de l'Ordre, & en publia en 1668 le premier tome fous le titre d'Acta Sanctorum Ordinis fancti Benedicti in faculorum claffes diftributa. Ce travail quelque grand qu'il fût, n'empêcha pas le P. Mabillon de prendre encore part aux autres Ouvrages dont fes confreres étoient chargés, comme au Spicilege de Dom Luc d'Acheri, dont il y a eu fept volumes d'imprimés depuis fon arrivée à Paris, & aux Œuvres de Pierre de Celle, qui parurent en 1671. Il étudioit continuellement fans autre interruption que celle de la priere, de la fainte Mefle, & de l'Office divin. Tous les momens de la journée étoient exactement remplis;& il pouffoit fon application à l'étude quelquefois bien avant dans la nuit fans vouloir fe donner aucun relâche. Cependant quoiqu'il prît tout le travail pour lui, il vouloit en partager l'honneur avec les autres. On peut voir la maniere dont il s'est expliqué la deffus dans la Préface du premier volume des Actes des Saints, dont nous ve nons de parler, où il fait paroître une grande érudition avec cette modeftie & cette humilité qui l'ont rendu depuis fi recommandable.

Le premier volume des Actes des Saints aiant été favorablement reçu du public, le P. Mabillon continua dans les années fuivantes à en donner la fuite. Il y en avoit lorsqu'il mourut neuf vol. in fol. d'imprimés, qui con tiennent les vies des Saints depuis la naissan

ee de l'Ordre au fixieme fiécle jufqu'à la fin de l'onziéme (fiécle de l'Ordre ) ; & le dixième volume qui devoit rendre cet Ouvrage complet, étoit prefque en état d'être mis fous la preffe. On trouve dans ce Recueil une infinité de piéces rares & curieufes dont plufieurs n'avoient jamais été imprimées; les autres ont été revûes exactement fur les anciens manufcrits. On y trouve auffi des monumens pour l'Hiftoire Eccléfiaftique & profane, que ne fauroit trop eftimer. Outre un grand nombre de piéces importantes qui fe trouvent parmi ces Actes des Saints Bénédictins cet Ouvrage eft encore enrichi de notes trèsfavantes & de remarques judicieufes qui en relevent le prix.

l'on

On n'admire pas moins dans ces Recueils les belles Préfaces, qui font à la tête de chaque volume, dans lesquelles Dom Mabillon a fçu faire entrer d'une maniere naturelle & agréable les principaux points de l'hiftoire de chaque fiécle, que l'on Y trouve ramaffés fans aucune confufion. Il y traite même de tems en tems des dogmes de la Religion, & des matieres de difcipline, tant Eccléfiaftique, que Monaftique, & cela avec une précifion & une netteté que l'on ne fauroit trop eftimer. Enfin il y paroît auffi bien que dans tous les autres livres qu'il a faits, une candeur d'ame, & un amour fincere de la vérité, qui l'ont rendu efpectable à ceux mêmes qui font féparés de l'Eglife. Ce fut à l'occafion de la préface d'un des premiers volumes de ce Recueil, que le Cardinal Bona écrivit à Dom. Mabillon pour l'engager à expliquer plufieurs difficultés qui lui reftoient fur l'ufage des Azymes pour l'Euchariftie, dont ce Pere

IV.

Sa grande éputation.

avoit parlé dans la Préface de la premiere partie du troifiéme fiécle. Dom Mabillon lui envoïa le traité De Pane Euchariftico azimo fermentato, imprimé en 1674 qu'il dédia à ce Cardinal. Il y traite la matiere avec beaucoup d'érudition & de clarté, faifant paroître fur-tout un amour de la vérité au-deffus de toutes les complaifances que l'on croit fouvent permifes à l'égard de ceux qui font élevés aux grandes dignités.

Quelques années après que le P. Mabillon eut donné le Traité de l'Azyme, le P. Noris Auguftin, que tout le monde fait avoir été le plus habile homme d'Italie, & que le Pape Innocent XII a depuis honoré de la pourpre, dédia à Dom Jean Mabillon un de fes Ou vrages, imprimé fous le nom d'Auguftinus Foffeus en 1681, & dont on a fait dans la fuite plufieurs Editions en différens endroits, Le P. Tomafi fi refpecté en Italie pour fa

vertu & fon habileté dans les matieres Eccléfiaftiques, lui fit le même honneur en lui adreffant fon Indiculus inftitutionum Theologicarum veterum Patrum, imprimé à Rome en 1701. Son mérite lui avoit déja attiré quelque tems auparavant la même marque de confidération de la part d'un des plus ha biles Proteftans d'Allemagne qui lui a dédié un de fes Ouvrages, imprimé à Strasbourg en 1696. Le Cardinal d'Aguirre ne crut rien faire au-deffous de lui, en compofant des vers en fon honneur, qu'il lui envoïa de Rome en 1694 avec la collection des Conciles d'Efpagne & d'Amérique qu'il venoit de mettre au jour. Dom Mabillon à reçu en beaucoup d'autres occafions des marques femblables de l'eftime qu'on avoit pour lui