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l'humanité ont éclairé l'assemblée constituante et le public, sur les intérêts de la métropole et des Colonies. C'est en vain, enfin que des citoyens, des négocians (1) justes et éclairés sur leur intérêts ont réclamé contre les vexations des colons, aveuglé par le préjugé, et qui ont voulu opprimer perpétuellement les gens de couleur et éterniser l'esclavage, ou se séparer de la France, afin de n'être point atteint par leurs créanciers. Toutes ces réclamations, frappées au coin de la vérité, de la justice, de l'humanité, d'un intérêt éclairé et d'une saine politique, ont tour à tour été ou approuvées, ou désaprouvées.

De l'inexpérience du rapporteur du comité

des noirs, rédigée par un philantrope aussi profond en finance, qu'éclairé en politique.

(1) V. une infinité de pétitions, d'adresses envoyées au corps constituant, par diverses sociétés et par plusieurs chambres de commerce, entre autres de Bordeaux, place qui fait le plus d'affaires dans les colonies et notamment à Saint-Domingue. Dans la deuxième édition de l'adresse, rédigée par M. Clavière, on y trouve un recueil d'une partie des diffé rentes adresses relatives aux colonies.

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colonial (1); de l'esprit versatile de ce comité ; de la contradiction des décrets de l'assemblée constituante; de l'ambiguité dans les adresses ; du retard à les faire connaître, et d'une infinité d'entraves, qu'en est-il résulté dans les Colonies, et notamment à Saint-Domingue et à la Martinique ?

Audace, témérité et oppression de la part des méchans colons; timidité, découragement des bons citoyens; réclamations, soulèvemens des gens de couleur ; perfidies vengeances, attrocités des blancs sans principes; violations de tous les droits insurrections, contre- révolutions; insubordinations, vexations des troupes de ligne; sou

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(1) V. la lettre de M. Brissot à M. Barnave.

De votre honneur, jaloux, Tremblez, que votre nom ne périsse avant vous!

Telle est l'épigraphe de cette lettre.

Le philosophe avait prévu la chute de ce jeune législateur égaré, qui, pour la prévenir, aurait dú suivre le conseil sage que lui donnoit son censeur. » Revenez » vous-même aux principes, à la loyauté ; c'est le " seul parti qui puisse vous honorer, c'est le seul qui puisse vous rendre le repos de la conscience.» (page 104.)

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lèvemens des équipages; punition, dégrada tion, renvois des soldats; armemens, désarmemens des gens de couleur : insurrections des esclaves; révoltes, pillages, incendies meurtres; poursuites, vexations et désertions. d'une infinité de colons; guerre civile, attrocités et destruction des hommes; ruine des citoyens.

Voilà ce qu'a causé le bel esprit de quelques hommes pervers, sans pudeur, qui, trop long-tems, abusant de la confiance du public, l'ont leuré à la faveur d'un patriotisme faux, outré et vexatoire.

Ensuite quelques colons ont porté leurs doléances aux pieds du Roi; des gémissemens ont fait retentir le sanctuaire des lois et on a demandé des secours pour les victimes des circonstances..

Enfin quelques marchands ambitieux

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égoïstes et mauvais citoyens, voulant lâchement profiter du désastre de nos Colonies, et peut-être causer du désordre dans l'intérieur de l'Empire; ont haussé exorbitamment la valeur des denrées coloniales. Le peuple quelques fois égaré, mais éclairé sur ses devoirs comme sur ses intérêts, a renoncé à des

douceurs, dont une longue habitude lui avait fait un besoin. C'est ainsi que le tempèrent français fait expier les forfaits de la cupidité.

Cependant les maux occasionnés dans nos Colonies, et notamment à la Martinique et à Saint-Domingue, sont affreux, incalculables, et seront totalement désastreux, si on n'y remédie promptement. Les Colonies doivent donc fixer toute l'attention de l'assemblée nationale. Pour opérer une guérison parfaite, il ne faut point émonder l'arbre des abus, il faut porter la coignée au tronc, opération qui doit être sage et ferme pour en obtenir l'efficacité.

Avant de proposer mes moyens, il me paraît essentiel d'exposer quelques observations qui feront naître des questions, dont la résolution servira de base aux mesures que je proposerai.

Observations.

Les Colonies sont considérées

par M.

Necker, comme de la plus grande importance pour l'Etat; il prétend qu'une vente de 220 à 230 millions de marchandises, ma

nufacturées ou apportées des Colonies, obtient à la France une balance de commerce de 70 millions.

Suivant M. Monneron l'aîné, la somme totale du produit des travaux et des bénéfices provenans du commerce colonial

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monte à une somme de 167 millions, som、 me qui se partage entre d'hommes.

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à 6

à 7 millions #7

M. Clavière donne un résultat tout diffé

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rent il dit que quand on parle d'une balance commerciale apportant chaque année 70 millions en France, on parle d'une manière figurée; que la France et le monde entier ne supporteroient pas une pareille exportation et importation métallique ; et admettant contre son sentiment une balance de commerce de 70 à 75 millions, il dit; que cette balance ne serait pas la preuve d'un état de chose și prospère qu'il fallut tout lui sacrifier. Cependant il pense que l'on gagnera infiniment, si on ne sépare point les Colonies de la France.

Certainement que les Colonies sont importantes pour la métropole. Les abandonner ce seroit exposer la France à perdre une

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