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exclusive des vins, liqueurs, tabac, thé et café. Alors, il n'y a plus de concurrence de la part des étrangers pour l'achat des denrées dont nous venons de parler. D'ailleurs, les priviléges de la compagnie réagissent sur les marchandises qui ne sont pas comprises dans son monopole, en raison du droit qui lui a été concédé de ne permettre qu'une station de quinze jours aux navires qui refusent de lui vendre leurs cargaisons.

Mais on fait espérer que ces abus touchent à leur terme, parce que, dit-on, la compagnie ne jouissant d'aucun crédit, ses capitaux étant faibles, ses charges envers le Gouvernement deviennent supérieures à ses bénéfices.

Informations sur le choix des cargaisons.

Les soieries, à l'exception des bas, les toiles de France, les draps, et préférablement ceux dont le tissu est léger, les armes de parade, la chapellerie, les câbles et cordages bien goudronnés, le beurre en double futaille, sont des articles ordinairement d'un débit sûr et facile. Nous ne parlons pas des vins et liqueurs, puisqu'ils ont été mis en monopole. Il faut envoyer peu de marchandises à la fois, et dès lors employer des navires d'un faible tonnage.

Le commerce de l'horlogerie et des meubles est à peu près nul, parce que l'horlogerie est fabriquée sur les lieux mêmes par des ouvriers habiles que la maison Rosttel, de Bristol, a établis dans toutes les villes de l'Amérique, et parce que les meubles étant frappés d'un droit de 40 pour 100, ils ne peuvent soutenir la concurrence de ceux que fabriquent les ébénistes français venus au Chili.

Toutes les marchandises sans exception sont admises au Chili, et sont exempts de droits, le mercure, les livres, plans et cartes géographiques, les sabres, épées, pistolets, fusils, canons, poudre, balles et autres munitions de guerre, les presses à imprimerie, les instrumens de physique, de mathématiques et de musique, les ustensiles et machines pour les manufactures. Les autres marchandises paient les droits portés aux tarifs de la douane.

Les crédits pour l'acquittement des droits d'entrée sont de six mois pour les nationaux et de quatre mois seulement pour les étrangers. Le paiement pour les premiers s'effectue par tiers, payables les troisième, cinquième et sixième mois; pour les seconds, par moitié, payable, l'une le troisième, l'autre le quatrième mois. Les négocians sont tenus, à cet effet, de souscrire des billets payables à vue.

Les navires arrivant avec un chargement à destination du Chili, doivent des droits de port fixés à un réal par tonneau pour les étrangers, et à un demi-réal pour les nationaux.

Exportations.

LES exportations du Chili n'offrent, ainsi qu'on l'a vu, que peu d'avantages. On pourrait bien y charger des cuirs et du cuivre; mais les cuirs sont d'une qualité médiocre, en même tems que le prix en est trop élevé. D'un autre côté, le cuivre y est cher et

frappé de forts droits à la sortie; de sorte que rendu en Europe, il ne peut soutenir la concurrence avec les cuivres de Suède et d'Angleterre, auxquels d'ailleurs il est inférieur en qualité.

Toutes les marchandises, sans exception, peuvent sortir du Chili. Sont exempts des droits de sortie les cordages et agrès, le chanvre, le lin non filé, les vins, la bière, les liqueurs et le charbon de terre. Les capitaines peuvent même, après avoir débarqué leurs marchandises, les rembarquer pour l'exportation. Alors les droits d'entrée leur sont remboursés, déduction faite de ceux de réexportation.

Les bâtimens étrangers peuvent faire le cabotage, moyennant un droit de 6 pour 100 pour toutes les marchandises qu'ils ont à bord.

MEXIQUE.

LE Mexique, pays d'une vaste étendue, situé en grande partie dans la zône torride, et baigné, d'un côté, par la mer du Nord, et de l'autre par la mer Pacifique ou la mer du Sud; le Mexique, comme tous les pays des tropiques, est plus abondant en fruits qu'en grains. Cependant son sol, très-varié, serait propre à toute espèce de grains, si l'industrie des habitans correspondait à leurs avantages naturels.

Huit ports principaux sont aujourd'hui fréquentés par les navigateurs étrangers sur les côtes du Mexique, la Vera-Cruz, Alvarado, Tampico, Campèche, Tabasco, San-Blas et Acapulco.

Parmi ces ports, la Vera-Cruz est le seul qui puisse recevoir de grands bâtimens, mais le mouillage en est mauvais; de sorte que depuis la fin de septembre 1823, les bâtimens n'abordent plus à la Vera-Cruz, et vont mouiller à l'île des Sacrifices, lorsque leur tirant d'eau ne leur permet pas d'entrer à Alvarado.

Alvarado prend chaque jour une nouvelle importance, en raison de la sécurité complète qu'il offre aux navires qui ont dépassé la barre; mais ce passage n'est pas sans difficulté, et il ne faut pas s'y présenter sans pilote.

Tampico, qui est en possession d'approvisionner une grande partie de l'intérieur, est sur-tout fréquenté par les Américains de la Louisiane. C'est aussi l'un des points les plus importans pour le commerce de France, en raison du débouché qu'il peut offrir aux eaux-de-vie, et sur-tout aux toileries, ainsi qu'aux cotonnades. D'ailleurs, le mouillage en dehors est beaucoup moins dangereux qu'à la Vera-Cruz et à Alvarado.

Quant à Soto-la-Marina, il n'est fréquenté que par de très-petits bâtimens, la plupart contrebandiers, partis de la Nouvelle-Orléans et de la Navarre.

Campèche et Tabasco sont les ports qui approvisionnent non seulement tout le Yacatan, mais encore une grande partie de Guatimala, qui, en 1822, faisait partie intégrante du Mexique, et par lesquels s'effectue en même tems l'écoulement des productions de la

même contrée.

Acapulco, sur la mer du Sud, a une rade très-commode, et qui peut contenir jusqu'à

cent vaisseaux.

Il est à observer que toutes les époques de l'année ne sont pas également favorables pour la vente des produits étrangers sur la côte du Mexique. Si l'on veut se défaire promptement et avec avantage des marchandises européennes, il faut y aborder de la fin d'octobre au commencement d'avril, saison pendant laquelle les habitans de l'intérieur ne craignent plus le vomito, auquel ils sont plus exposés que les étrangers, se déterminant à descendre sur le littoral pour y former leurs approvisionnemens. Il est vrai que c'est aussi la saison des ouragans du nord-ouest; mais cet obstacle peut se braver avec moins de danger qu'on ne le pense communément.

Le commerce du Mexique fut d'abord exploité exclusivement par les Américains du Nord, dont cependant les relations ne profitaient pas à eux seuls, puisqu'il entrait habituellement dans leurs cargaisons de la quincaillerie anglaise, des toileries d'Allemagne, des vins et des eaux-de-vie de France. Après eux, les agens de la Compagnie Rhénane se présentèrent avec des assortimens dont on goûta le choix, et qui furent d'abord recherchés.

Cette Compagnie essaie seule encore aujourd'hui de soutenir la concurrence britannique; mais l'influence de l'Angleterre prévaut au Mexique comme dans les autres parties de l'Amérique espagnole.

Quant au commerce français, des observateurs instruits assignent trois causes princi· pales qui se sont jusqu'ici opposées à ses progrès : 1°. l'absence de tout comptoir français sur les lieux, dont les soins continuels auraient été d'étudier les goûts des habitans, et d'écarter la concurrence des Européens; 2°. le faible développement qu'a pris chez nous l'esprit d'association de capitaux consacrés aux spéculations d'outre-mer; 3°. la défaveur que les premiers envois ont jetée sur nos produits, quelques expéditeurs n'ayant pas craint de courir après des bénéfices exagérés, en trompant sur les qualités des cargaisons. Sous ces divers points de vue, le commerce anglais a suivi une direction diamétralement opposée, et le succès n'a pas trompé son attente. Cependant les Anglais ne sont pas aimés au Mexique; ils n'y sont qu'utiles. D'un autre côté, la Compagnie Rhénane ne doit l'heureuse issue de ses tentatives qu'à l'imitation introduite par l'Allemagne de plusieurs branches de notre industrie.

Mais la France, au contraire, pour laquelle les dispositions des Mexicains sont si favorables, n'a besoin que de sa propre volonté pour reprendre tous ses avantages. La convention commerciale que vient de passer notre Gouvernement avec celui du Mexique, est un présage heureux et certain que nos relations occuperont bientôt le premier rang dans cette contrée. (Voyez ci-après cette convention).

On peut se faire, jusqu'à un certain point, une idée de l'importance du commerce extérieur au Mexique, par le relevé formé pour le port de la Vera-Cruz, par le consulado ou tribunal de commerce de cette ville, dans les années 1820, 1821 et 1822.

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Informations sur le choix des cargaisons.

Produits du sol de la France.

Les vins et les eaux-de-vie, un petit assortiment de vinaigre blanc, d'huile d'olive et d'amandes douces, et quelques fruits secs, sont les produits de notre sol susceptibles d'être importés au Mexique. Les vins blancs d'Espagne ne pouvant plus être introduits, seraient avantageusement remplacés par le Sauterne et les muscats de Frontignan, qui sont déjà connus au Mexique. Ils doivent être envoyés en caisse et de bonne qualité, pour être bien et facilement vendus. On trouverait également à bien placer des vins de Champagne mousseux en paniers; mais il faudrait commencer par de petits envois.

Les vins rouges doivent être de bonne qualité, sans être trop chers. Les vins fins et légers étant à la portée de fort peu de personnes, sur-tout dans le moment de gêne actuelle, il ne faudrait en envoyer qu'une petite quantité.

Il est indispensable d'imiter les eaux-de-vie espagnoles, si l'on veut vaincre le préjugé contre les nôtres. Il faudrait augmenter le degré de force, et rendre la couleur plus foncée. Le vinaigre blanc doit être fort et en petite quantité.

Au Mexique, l'huile par excellence est celle qui est grasse et d'un goût fort. Il n'en est pas de même des huiles d'amandes douces; on ne saurait les envoyer trop fraîches. Fruits secs, raisins et figues de bonne qualité, avelines d'amandes; les amandes en quantité plus grande que le reste, un tiers princesses et les deux tiers flots.

Produits manufactures.

Le nombre des produits de nos manufactures qui conviennent au Mexique est très

étendu.

D'abord, les toiles de Bretagne, étroites et larges, par pièces de cinq aunes et demie. nommées dans le pays britagnas legitimas, continuent à être très-estimées et très-recherchées. Les habitans leur accordent toujours une telle préférence, qu'elles se sont vendues trente et jusqu'à trente-sept pour cent plus cher que les contrefaçons allemandes. Il faut avoir l'attention de n'en porter que dans les sortes dites secondes supérieures, premières fines et secondes fines. Toutes les autres qualités ne sont pas aussi courantes. La consommation de ces toiles est immense au Mexique, où elles s'emploient généralement pour le linge de corps des deux sexes.

On devrait s'occuper à reprendre les branches de commerce des toiles de Bretagne fil plat, connues sous le nom de Pontivi ou platilles, des Morlaix, Rouen, fil plat et estopilles, que nous avons laissé échapper, et dont la Westphalie et la Silésie se sont emparées, au grand détriment du commerce français.

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