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appartiennent à leurs systèmes particuliers, peuvent être soumis tous ensemble à la même loi de rotation autour d'un centre

commun.

Après ces conceptions effrayantes de distance et de grandeur, l'imagination s'arrêtera-t-elle? Il y a place pour tout dans l'immensité; et pour l'être, qui d'un coup d'œil pourrait embrasser l'univers, notre terre ne serait plus qu'un point microscopique!»

Nous prenons dans un autre discours du docteur Chalmers la réponse à l'objection que l'on a faite quelquefois en comparant la petitesse de notre globe et des intérêts de la race humaine, avec l'immensité de la création, et en argumentant de cette disproportion pour prétendre que l'intervention immédiate de Dieu en faveur des hommes, telle que nous la présente la révélation, manque de vraisemblance.

« La science moderne nous a appris l'existence de nouveaux soleils et de nouveaux systèmes de mondes, et par une singulière perversité de jugement, en reconnaissant que Dieu a pu dispenser les bienfaits de sa puissance et de sa bonté dans tous ces mondes, nous serions disposés à douter qu'il ait pu ou qu'il ait voulu répandre sur tous les bienfaits que nous annonce l révélation? Nous étendons les bornes de son empire, et par conséquent la conception de sa puissance; mais nous serions portés à croire que cette extension prodigieuse et nouvelle, doit nuire aux soins qu'il donne à chacun des mondes de sa création. Nous agrandissons les espaces, nous multiplions les objets, et nous supposons une réduction proportionnelle dans la vigilance et la sollicitude du Créateur.

Le sentiment habituel de notre incapacité pour saisir à la fois des objets divers, ne nous permet pas de concevoir parmi les attributs du Créateur cette faculté dans une perfection infinie; l'illusion de notre faiblesse nous porte à resserrer la capacité de pouvoir et d'administrer, en proportion de ce que nous reculons les bornes de l'empire.. Mais où décou

vrirons-nous donc des traces de négligence, de fatigue ou d'oubli, dans l'action de la Providence divine? Est-il un seul détail de notre terre qui trahisse la lassitude, le relâchement ou la distraction chez le conservateur universel des choses ?......

Certes, si je considère les merveilles sans nombre de sa sagesse et de sa bonté, si je parcours la scène variée des miracles de sa puissance, si je contemple les preuves diverses de ses desseins bienveillans envers ses créatures, si je réfléchis que le même Dieu qui tient dans sa main tous les systèmes de l'univers, donne aussi à chaque fleur, à chaque brin d'herbe sa nourriture et son éclat, qu'enfin le moindre insecte semble être l'objet particulier de ses soins, ce ne sera pas en présence de tant de témoignages réunis que j'accuserai d'invraisemblance la doctrine d'une révélation, d'une manifestation particulière des desseins de Dieu sur nous, et cela parce que les astronomes m'ont appris que des mondes, jusqu'ici inconnus, appellent les soins de sa providence. Un passereau ne tombe point à terre sans sa volonté. Que les savans accumulent leurs sophismes et cherchent à ébranler mon espoir, je ne perdrai point ma confiance en Dieu je ne craindrai point, car je sais que je vaux

mieux qu'un passereau,

L'instrument d'optique qui rapproche les distances, a été la cause immédiate des découvertes dans les cieux, et celles-ci ont fait naître l'objection de notre faiblesse. Un autre instrument d'optique y répond. Le télescope me fait conjecturer que chaque étoile est le centre d'un système de mondes: le microscope me fait découvrir un monde dans un atôme. Celui-là m'apprend que notre terre est comme un grain de sable dans l'espace infini, celui-ci me dit qu'une particule de matière comme un grain de sable peut renfermer une population tout entière. Le télescope me prouve que notre globe est de peu d'importance dans le vaste système de l'univers : le microscope me découvre que ce globe a été l'objet de la sollicitude la plus merveilleuse; que chaque feuille, chaque fleur, nourrit des myriades d'êtres organisés et sensibles. L'un me porte à penser qu'au-delà de tout ce que nos organes peuvent atteindre, le champ de la création s'étend sans bornes et sans fin : l'autre me fait conjecturer qu'au-dessous et au-delà de toutes les choses que l'œil peut saisir, il y a des mondes invisibles, et que si nous pouvions écarter le voile qui nous les dérobe, nous verrions que le Dieu de l'univers y trouve place encore pour l'exercice de sa puissance, de sa sagesse et de sa bonté.

Ainsi donc, tandis que les efforts ingénieux de l'art nous transportent jusqu'à des distances qui épouvantent la pensée, les succès de ce même art nous montrent que rien n'est petit aux yeux de Dieu, que rien n'a été négligé, que tout est plein, que tout est soigné, que la vie est partout, et que tout ce qui existe intéresse la Providence divine. »>

Nous finissons en citant, sur la même question, les réflexions d'un auteur moderne, dont le haut savoir et l'orthodoxie sont connus de tout le monde.

« Tous les globes lumineux qui roulent sur nos têtes sont-ils habités, ou ne le sont-ils pas? se demande M. l'abbé Fraysșinous. C'est sur quoi Moïse n'a pas satisfait notre curiosité. Dans cette matière, les opinions sont libres : nous ne disons pas que les astres sont peuplés d'hommes tels que nous; nous n'en savons rien. Mais enfin, vous paraît-il étrange que la terre qui n'est qu'un point de l'immensité, soit seule habitée, et que le reste de l'univers ne soit qu'une vaste solitude? Aimez-vous à placer dans le soleil, dans la lune, dans les planètes, et dans les mondes étoilés, des créatures intelligentes, capables de connaître et de glorifier le Créateur? La religion ne vous défend pas d'embrasser cette opinion. La pluralité des mondes de Fontenelle peut bien n'être qu'un roman ingénieux; mais vous êtes libres d'y voir une réalité. » Nous croyons devoir faire ces remarques, ajoute le même auteur, parce que, faute de bien connaître ce que la religion enseigne positivement et ce qu'elle abandonne aux disputes des hommes, on lui attribue une doctrine qui n'est pas la sienne, d'où il arrive que souvent on croit l'attaquer avec succès lorsqu'on ne fait que se débattre contre des chimères. ›

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LETTRE SUR LE DÉLUGE,

DANS LAQUELLE ON EXAMINE LA POSSIBILité d'accorder le récit de MOISE AVEC LES FAITS CONSTATÉS PAR L'OBSERVATION ET LES PRINCIPES DE LA PHYSIQUE.

Les cou

Il n'est pas besoin de supposer plusieurs déluges, ni d'un grand nombre d'années pour rendre raison des bancs de coquillages que l'on trouve sur les plus hautes montagnes. Les coquillages ne descendent pas au fond de la mer, mais sont suspendus au milieu des caux. rans d'eau les ont portés où nous les voyons. - Objections contre le systême des cavités de la terre. peurs qui sont dans l'atmosphère. Cette théorie explique l'origine des vents, des aurores boréales, des trombes, de l'arc-en-ciel, les espèces perdues, etc:

- L'eau du déluge est venue des va–

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Le récit de Moïse sur le déluge se concilie avec la plupart des systèmes géologiques. C'est ce que nous avons tâché de prouver en exposant les travaux de Deluc, du père André de Gy, de MM. Cuvier, Bonnaire-Mansuy, etc., etc. Voici une nouvelle théorie plus conforme encore que les précédentes avec l'esprit et la lettre de l'historien sacré du déluge. Nous devons donc la faire connaître à nos lecteurs. Toutefois en rendant hommage aux efforts honorables et au talent de M. Felix Passot, nous n'a16

TOM. VI. N° 34. 1833.-2° édition 1836.

doptons pas plus son système que ceux de ses devanciers; nous voyons beaucoup de faits géologiques, mais la science géologique elle-même reste encore à créer.

MONSIEUR,

« Vous connaissez mon goût pour l'étude de la Géologie; vous savez dans quel but j'ai tâché d'approfondir cette science, et vous me faites l'honneur de me demander ce que je pense à mon tour des marques qui nous restent des grands bouleversemens qui ont eu lieu à la surface de notre globe; si elles sont réellement des médailles d'un événement affreux, d'une inondation extraordinaire amenée par l'impiété des premiers habitans de la terre, ou si nous devons les regarder comme les traces des différens états par où les géologues modernes supposent que la terre a passé avant d'être habitable. Vous m'annoncez que vous êtes pénétré autant que moi de l'importance d'une solution définitive de cette grande question. Il ne s'agit effectivement de rien moins ici que de savoir s'il y a jamais eu un commerce d'intelligence, une communication directe de pensées entre Dieu et les hommes, puisque le déluge universel est le principal fait qu'on puisse invoquer en sa faveur. On ne peut se dissimu ler que la philosophie ne cherche qu'à priver la révélation de tout l'appui qu'elle pouvait tirer de l'étude de la nature : elle travaille à éliminer successivement toutes ses preuves de fait; elle n'aspire qu'à pouvoir établir que toutes ces histoires, tous ces miracles qu'on nous raconte des premiers âges du monde, ne sont que des inventions des fondateurs de religions, qu'il n'y en a aucun qui puisse se soutenir devant le flambeau des sciences. Il faudrait fermer volontairement les yeux pour ne pas voir ce point de mire de la philosophie moderne. La réponse que je m'empresse de vous envoyer vous montrera, je l'espère, de quel côté se trouve la bonne cause, en mettant à nu la mauvaise foi ou l'incapacité surprenante des partisans de cette philosophie anti-chrétienne. Je m'arrêterai peu sur chaque point de la question, parce que je n'ai qu'un voile assez léger à soulever pour mettre la vérité dans tout son jour.

Une fois en dehors des idées religieuses, et abandonnés à leurs sentimens particuliers, les philosophes n'ont pas su faire un pas

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