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gogues, après la lecture de la loi de Moïse, et qui furent partagés en haphtara (Act., xi, v. 14-15; Luc, Iv, v. 16-20.)

Dans le 11° siècle, pour la commodité des lectures publiques, on commença à diviser les livres du Nouveau-Testament en péricopes ou sections très-courtes, et aux met ive siècles, en sections plus longues; toutefois la division n'était pas la même dans toutes les églises. Eusèbe, dans son épitrè à Carpianus et dans les dix Canons des Evangiles, fit usage des petites sections. C'était celles que l'on admettait de préférence pour les Evangiles, et que l'on indiquait en marge.

La division des livres du Nouveau-Testament par grandes sections s'appelle encore division par titres, parce qu'en tête de chacune de ces sections on mettait le sommaire ou le titre des différentes parties qui étaient ensuite indiquées en marge par des chiffres.

Les anciens Pères, grecs et latins, n'ayant pas la division des Livres saints en chapitres et en versets, se contentaient de citer en gros le texte de l'histoire de chaque livre, comme on le voit par leurs ouvrages, où l'on ne trouve aucune indication de chapitres ou de versets. Ce fut, à ce qu'il paraît, jusqu'au v' siècle que les livres du Nouveau-Testament restèrent ainsi sans distinction de sections ou de chapitres, tant chez les Grecs que chez les Latins. Mais, à cette époque, on trouva commode de placer en tête de chaque livre un titre ou sommaire de son contenu. Comme ces sommaires indiquaient les diverses parties principales du livre, on finit par séparer ces parties elles-mêmes. Ces parties ou chapitres, contenant uniquement le sujet indiqué par le titre, étaient ainsi beaucoup plus courtes que nos chapitres modernes, et furent en usage jusqu'au x1° siècle.

On est redevable de la division actuelle des Livres saints en chapitres, au cardinal Hugues de Saint-Cher, qui, s'occupant au x siècle de la concordance de la Bible, distribua l'Ecriture. sainte en chapitres, telle que nous l'avons aujourd'hui.

Quant à la division des chapitres cux-mêmes en versets, comme elle existe maintenant, elle fut introduite au xvi® siècle, par Robert Etienne, célèbre imprimeur de Paris.

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Ponctuation, esprits, accents et points voyelles des Livres saints,

La ponctuation et les autres signes grammaticaux étaient inconnus aux auteurs sacrés: on ne sait positivement à quelle époque ces signes furent inventés; ce qu'il y a de certain, d'après les différentes manières dont les mots sont joints ou divisés dans les anciens manuscrits, et d'après S. Augustin,, c'est que, jusqu'au v siècle, on ne trouve rien qui y ressemble dans le s livres de l'Ancien et du Nouveau-Testament.

Vers l'an 462, Eulalius, diacre d'Alexandrie, divisa les Livres saints xata orixous, c'est-à-dire en petites sections ou incises, et en mettant dans la même ligne autant de mots qu'on devait en lire de suite relativement au sens. Cette espèce de division fut adoptée presque partout; plus tard, pour ménager l'espace, et ne pas faire des volumes trop gros, après chaque incise (orixov): ou fin de ligne, on mit un signe quelconque, comme une croix, un point, deux points, etc., et l'on continuait la ligne. Enfin vers le 1x et x siècle fut inventée la ponctuation régulière, et la stichométrie fut tout-à-fait abandonnée.

On croit assez généralement que ce fut au iv siècle que les accens et les esprits furent introduits dans les Livres saints, pour ramener et maintenir la véritable prononciation, que l'on avait oubliée : aussi ne trouve-t-on pas ces signes dans les manuscrits les plus anciens.

Quant aux points-voyelles mis à chaque mot du texte hébreu, les auteurs sacrés n'en ont pas fait usage, quoiqu'il soit vraisemblable pourtant que quelques-uns de ces points ont pu être mis par eux dans quelques passages difficiles. Les points-voyelles que nous voyons aujourd'hui ajoutés à tous les mots de l'hébreu ont été successivement inventés et introduits vers le sixième siècle par les rabbins massorètes.

Utilité et nécessité des langues anciennes, et surtout des langues bibliques.

Que la connaissance des langues anciennes, et en particulier des langues dans lesquelles les Livres saints ont été composés,

De civit. Dei, lib. III. cap. u.

soit de la plus grande utilité, et quelquefois même indispensable à tout interprète des Écritures, c'est un point que peu de personnes refuseront d'accorder. Les versions, même les meilleures, n'ont ni la force ni la couleur de texte original. On trouve souvent des phrases du texte primitif rendues différemment dans les différentes versions, et c'est alors qu'on est forcé de recourir aux originaux, et de comparer entre elles les meilleures versions, principalement les plus anciennes.

Que le texte grec du Nouveau Testament est encore intact aujourd'hui. quant au fond et à l'essentiel.

Par cette fatalité attachée à tout ce qui est copié, des altérations assez considérables s'étaient glissées autrefois dans le texte grec des divers manuscrits du Nouveau-Testament. L'édition vulgaris (ǹ zowỶ éxdoc‹s) offrait, dès le 11° siècle de l'Eglise, un grand nombre de fautes, ainsi que l'attestent Clément d'Alexandrie et Origène, et comme on le voit en comparant les passages cités par les écrivains de cette époque avec les anciens manuscrits grecs, avec les versions du Iv° siècle et avec les mêmes passages cités par les Pères des tems postérieurs.

D'après un exemplaire authentique de l'édition vulgaris, qui se trouve dans le fameux manuscrit de Cambridge, du vi° siècle, et d'après la version syriaque, qui ressemble beaucoup à ce manuscrit, mais qui est moins altérée, il est clair que les principales causes des fautes qui se trouvent dans cet exemplaire du texte grec, dont toutefois le fond est resté intact, ce sont des éclaircissemens, des explications, des passages parallèles des autres évangélistes que quelques lecteurs s'ingéraient d'écrire en marge ou dans les interlignes, dans la vue de rendre les livres saints plus aisés à entendre, et autres annotations plus ou moins bien entendues, qui passèrent ensuite dans le corps même du texte par l'ignorance ou le peu de soin des copistes.

Mais, vers le milieu du 11° siècle, Origène, Hesychius et Lucianus purgèrent le texte grec de toutes ces fautes, en le collationnant sur des manuscrits plus corrects et plus anciens, et en

CLEM. ALEX., Stromat, lib. IV. ORIG., in Matth.

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donnèrent de nouvelles éditions qui se répandirent dans l'Egypte, la Syrie, l'Asie-Mineure, la Thrace et les provinces de la Palestine situées entre l'Egypte, la Syrie et l'Asie; il en résulta un texte grec épuré, fixe, et qu'adoptèrent un grand nombre d'églises.

Par la succession des tems, de nouvelles fautes, quoique peu essentielles, se glissèrent même dans ces nouvelles copies par l'incapacité des copistes, qui y inséraient les leçons de l'édition vulgaris, les gloses des Pères et des notes marginales : cependant ces fautes furent beaucoup moins considérables et moins nombreuses qu'avant le travail d'Origène, et il est facile de les reconnaître, en rapprochant ces copies des anciens manuscrits, des anciennes versions et documens; mais le texte grec se maintint pur, quant au fond et à l'essentiel, 1o dans les manuscrits antérieurs à la stichométrie d'Eulalius; 2° dans les manuscrits stichométriques; et 5° dans ceux qui furent écrits après que la stichométrie eut été abandonnée.

Font partie de la première classe le fameux manuscrit de la Bibliothèque britannique, dit Alexandrin, parce qu'on croit qu'il fut écrit à Alexandrie, et le célèbre manuscrit du Vatican; l'un et l'autre sont écrits en lettres onciales carrées; les phrases et même les mots s'y suivent sans interruption, sans aucune ponctuation ou stichométrie; ils contiennent l'Ancien et le Nouveau-Testament. Le premier est du milieu du v° siècle, et l'autre de la fin du iva ou du commencement du vo.

A la seconde classe appartiennent le manuscrit de Cambridge. et celui de la Bibliothèque Bodléienne, connu sous le nom de Laudianus; le premier contient les Evangiles et les Actes des Apôtres avec une version latine antérieure à celle de S. Jérôme, le tout écrit très-nettement sur parchemin, en lettres onciales carrées. Ce manuscrit est de la fin du vr siècle, ou du commencement du vii. Le second ne renferme que les Actes des Apôtres, avec une version latine antérieure à celle de S. Jérôme; il est également écrit en lettres onciales, avec la division stichométrique, et paraît appartenir à la fin du vin siècle. On range dans cette classe le manuscrit de Clermont; celui de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, etc.

On range dans la troisième classe le manuscrit de Cypre,

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contenant les quatre Evangiles, écrits sur parchemin en lettres onciales oblongues. Ce manuscrit est du xe siècle; on y trouve des accens et une ponctuation dans laquelle le point indique la fin du stiche ou verset.

Le manuscrit de Bâle, du 1x siècle, en grandes lettres, avec une ponctuation conforme aux règles de la grammaire.

Ces divers manuscrits et plusieurs autres des x' et x1° siècles, et même des siècles postérieurs, ont été décrits par Montfaucon, Birch, Matthæi, Wetstein et Griesbach.

C'est d'après ces manuscrits et quelques autres que l'imprimerie inventée vers l'an 1440, a donné, vers le commencement du xvi siècle, les premières éditions du texte grec, qui s'est alors répandu dans toutes les parties du monde chrétien 1 (a). ́.

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• Le célèbre cardinal Ximénès fut le premier qui fit imprimer le texte grec, dans sa Bible polyglatte, en 1514. Cette édition fut suivie de celle d'Erasme, avec la version latine, de celle de Robert Etienne, et de celle de Théodore de Bèze, en 1565, plus correcte que les précédentes. Ce fut ensuite, d'après l'édition de Théodore de Bèze et les manuscrits trouvés depuis, que le texte grec fut souvent réimprimé en très-beaux caractères, à Leyde, par Elzévir, et à Amsterdam, par Wetstein, et put se propager ainsi de toutes parts.

Il fut imprimé avec plus de soin encore par Walton, dans la Polyglotte de Londres, avec des variantes. Mais une édition qui surpassa toutes les autres pour la correction et le nombre des variantes, fut celle de Mill, à qui elle coûta trente années de travaux et de recherches; Oxford, 1707.

On ne doit pas non plus oublier celles de Bengel, à Tubinge, 1734; de Wetstein, à Amsterdam, 1751-1752, quoique défigurée par un assez grand nombre d'erreurs; ni celles de Griesbach, à Hall, 1775, 1777, 1785 et 1793.

Chr. Frid. Matthæi, professeur à l'Université de Moscou, a bien mérité aussi du monde chrétien par son édition du texte grec du NouveauTestament, avec des observations critiques, 12 vol. 1782-1788.

Enfin nous croyons devoir citer la belle édition in-8° du NouveauTestament grec, avec des variantes, du professeur C. Alter, Vienne en Autriche, 1787, et le Nouveau-Testament publié en 1798 et 1800, à Copenhague, par le professeur Andr. Birch.

(a) Nous ajouterons que si le texte grec du Nouveau-Testament avait été substantiellement corrompu, on assignerait sans doute une époque à laquelle aurait eu lieu cette altération : mais on est dans l'impossibilité ab

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