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Traditions.

TOMBEAU DU PATRIARCHE NOÉ

ET SES ENVIRONS.

Traditions persanes sur ce tombeau.- Les corps de Noé, de ses fils et de cinq de ses petits-fils. - Tombeau de Darius. — Bas reliefs.

tères.

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- Statue de Salomon.

(VISITE AUX RUINES DE PERSÉPOLIS.)

Carac

« Le dernier jour de février, nous marchâmes dans une campagne stérile,et allâmes coucher dans un village nommé Mestzide. Le caravanserail où nous logeâmes était beau, spacieux et commode. Près de ce lieu est le tombeau de la mère du grand schah Soliman. Il est de fort beau marbre blanc, et n'excède pas la hauteur d'un homme de moyenne taille. Les femmes y vont en pélerinage; et, quelque mauvais tems qu'il fasse, il y a toujours des zélées qui y vont faire leurs dévotions. Nous trouvâmes dans ce village quantité de bons fruits, entre autres des dattes, des grenades et d'autres rafraîchissemens qui ne furent pas épargnés pendant les trois jours que le mauvais tems nous obligea d'y séjourner.

Le quatrième du mois suivant, après cinq lieues de mauvais chemin, nous nous arrêtâmes à Sira. De ce village, où il n'y a rien de remarquable, nous allâmes le lendemain à un autre nommé Mardasch. Nous y séjournâmes deux jours, pendant lesquels je liai partie avec un ami pour aller voir à deux lieues plus loin un tombeau fort renommé. On gravit six grandes marches de marbre blanc pour arriver à la porte de la mosquée; du vestibule, qui est aussi de marbre blanc, on entre dans la nef, dont la voûte, qui est formée de carreaux vernissés et de toutes les couleurs, est soutenue par dix énormes piliers, hauts en proportion. Je pensais que le cénotaphe était, comme les monumens de ce genre, au bout de la nef; mais il était dans

une cave qui était gardée par des hommes armés. Cet appareil de défense me parut suspect, et ne devinant pas la raison pour laquelle on dût cacher ce que la vue ne pouvait gâter, je ne fis nul fonds sur ce que c'était.

« Ces lampes que vous voyez suspendues là-haut, nous dit le >> Persan qui nous servait de cicerone, brûlent nuit et jour sur >> l'endroit qui renferme les saintes reliques qu'on ne peut assez » révérer ce sont les corps de Noé, de sa femme, de ses trois fils, Sem, Cham et Japhet, et des cinq fils de Sem qui peuplèrent l'Asie, et qui sont Assur, Arphaxade, Lud, Aram et » Elam. Il n'est rien de plus vénérable, et si personne n'entre où » ils reposent, c'est que nul mortel n'est digne de les appro>cher. Ces dix corps sont là tout entiers, excepté quelques os » d'Elam, le fondateur de Persépolis, autrefois appelée de son » nom, et quelques-uns aussi du bienheureux Noé, que l'on >> montre dans un plat d'or aux pélerins fidèles qui désirent les » voir. »

Après cette bonne instruction, dont nous feignîmes d'être satisfaits, par la raison qu'on ne pouvait nous en donner de meilleure, nous remerciâmes le Persan, et sortîmes aussitôt de l'illustre mosquée.

De là, nous dirigeâmes nos pas vers une montagne sur le pic de laquelle nous vîmes des colonnes qui formaient une espèce de carré. Nous poursuivîmes ensuite notre excursion jusqu'à Tchil-minar ou Tzilminar, c'est-à-dire quarante colonnes, nombre aujourd'hui fort diminué, tant par les injures du tems qui ne pardonne jamais, pas plus aux hommes qu'aux monumens, que par le peu de soin que les Persans ont d'entretenir leurs plus beaux édifices. Bien loin d'aimer les antiquités, ils les négligent de telle sorte qu'un fils n'achèvera jamais un bâtiment, quelque magnifique qu'il soit, s'il a été commencé par son père. Ces colonnes, dont dix-huit sont encore debout, ont à peu près trente-huit pieds de haut : quelques-uns disent que ce sont les restes du palais de Darius, et que Cyrus contribua aux frais de ce superbe ouvrage : d'autres prétendent que ce fut Schah Janischa qui le fit bâtir. Quoi qu'il en soit, ces ruines sont belles, et ont je ne sais quoi qui inspire une profonde vénération et une admiration que rien ne saurait affaiblir. On Ꭹ voit

encore deux escaliers, dont chaque marche, qui est de marbre, a trente pieds de longueur, et la plupart d'une seule pierre. Quand on en a monté trente-deux, on voit un espace carré dont le pavé est aussi de marbre. Il est entouré de troncs de lions, de griffons, de chevaux, d'éléphans, et de quelques autres animaux que leur vieillesse nous empêcha de reconnaître. De ce lieu on passe dans un autre plus grand que le premier. On peut y entrer par huit portes de trois à quatre pas de large, à côté desquelles il y a quantité de statues dont la beauté n'est pas encore entièrement effacée. On voit en beaucoup d'endroits de grands quartiers de marbre, des fûts de colonnes et des débris de frise et chapiteaux entassés les uns sur les autres; et dans un reste de muraille, où est enchâssée une pierre qui réfléchit les objets comme une glace de miroir, il y a quelques caractères qui approchent fort de la figure des lettres arabes; mais il faut bien qu'elles ne soient pas de cette langue, nul jusqu'à présent n'ayant pu les déchiffrer. Il y a des statues qui représentent des cavaliers armés, les uns d'un arc et d'un carquois, les autres de rondaches, de sabres et de massues. Leur coiffure n'a nul rapport avec la sesse ou toque particulière aux Persans.

Au-dessus de la grande porte, on voit une statue dont les cheveux tressés en triples nattes lui tombent jusque sur les épaules; elle a une robe flottante et le bandeau royal sur le front. Ce roi tient un sceptre de la main droite, et de la gauche une grosse boule.

Les voisins de Tchilminar nous dirent que cette statue était celle de Salomon ; mais je crois qu'ils se trompaient, car il est plutôt probable que c'était celle d'Alexandre, qui s'attribuait le titre de conquérant de l'univers. A côté de cette statue, il y en a d'autres sans ornement et dont les robes ne sont ni si amples ni si longues : les autres sont armées de lances, quelques-unes mènent par la bride ou des chevaux ou des mules; d'autres ont des vaches ou des moutons qui semblent tout prêts à être offerts en sacrifices.

Après avoir tâché vainement de trouver ce que signifiaient plusieurs statues qui sont pêle-mêle dans un coin, je passai dans une autre salle, où je vis l'image d'un roi qui, d'une niche où il était, semblait adorer le Soleil, le Feu, et un lézard re

présenté sur une muraille voisine, où il y avait aussi des jeux, des batailles et plusieurs sortes d'animaux. Il paraîtsur toutes les statues des restes de dorure, et partout des marques que ce palais était un des plus beaux de l'antiquité. Mais, si ces précieuses reliques ne suffisent pas pour le prouver, il ne faut que lire l'histoire. Après nous avoir dit ce qu'il était du tems d'Alexandre, elle nous apprend que sa chute est l'effet des excès et des débauches de ce prince.

Il est bien triste ce destin qui voua aux flammes une ville, l'œil de l'Orient, la porte de l'Asie et le siége de son empire, où allaient autrefois tant de nations emprunter des lois pour se policer, qui avait été l'unique terreur de la Grèce, et qui, ayant équipé une flotte de mille voiles, et assemblé ces armées prodigieuses, dont l'Europe fut inondée, avait couvert la mer de vaisseaux, percé les montagnes, et avait rendu navigables les plus petites rivières. C'est une chose digne de compassion que, depuis tant de siècles, cette malheureuse ville n'ait pu se relever de sa chute, et que quelques colonnes soient tout ce qui reste aujourd'hui de la majestueuse, de l'orgueilleuse Persépolis. Les rois de Macédoine ont tenu d'autres villes que tiennent actuellement les modernes Parthes, mais on ne saurait jamais découvrir la position exacte de Tchilminar ou de Persépolis, si l'Araxe n'en donnait l'adresse, car il ne passait pas loin des murs, et ceux du pays disent qu'il n'en était éloigné que de vingt stades: ce qu'ils croient plutôt par conjecture qu'autrement.

A deux lieues de Tchilminar, on voit encore des piédestaux de statues couchées par terre, entre autres celle d'un héros de Perse, nommé Rustan. Elle était armée d'une massue, et beaucoup plus grande que nature. Comme j'admirais cette lourde masse, on me dit que Rustan était le plus vaillant fier-d-bras qui ait jamais existé, qu'il s'était signalé par quantité de belles actions, et que sa mémoire était révérée dans toute la Perse '. (Irisch Rambler.)

1 Voir la description complète des Ruines de Persépolis dans le Cours de M. Raoul-Rochette, n° 68, tom. xi, p. 140.

Controverse religieuse.

LES SOCIÉTÉS BIBLIQUES

ET LES TRAVAUX DES MISSIONNAIRES CATHOLIQUES.

Résultats obtenus par les missionnaires Français et les missionnaires Anglais. Dans le nord de l'Amérique. Dans l'orient, et principa lement à la Chine. Leurs travaux personnels, - Comparés aux travaux des missionnaires Protestans. Revenus immenses des sociétés Bibliques. Nombre et personnel des missionnaires. — Mauvaise traduction de la Bible. — La lecture de la Bible toute seule éloigne les Indiens du Christianisme. Jugement d'un chapelain d'Angleterre. Jugement de M. Dubois, missionnaire catholique.

Nous avons parlé plusieurs fois dans les Annales, des Sociétés Bibliques et des missionnaires protestans; nous avons exposé la faiblesse des résultats obtenus par eux ; nous avons cité, en faveur de notre opinion, le témoignage des missionnaires catholiques qui sont en position de connaître l'inutilité de leurs efforts. Aujourd'hui nous nous appuierons sur des autorités d'un plus grand poids encore, nous laisserons parler des Protestans mêmes qui s'expriment avec une impartialité remarquable au sujet des travaux de leurs missionnaires. On comprendra toute la force de ces divers témoignages, quand on saura qu'ils n'ont point été contredits en Angleterre, que quelques-uns des auteurs de ces extraits ont été témoins oculaires de ce qu'ils racontent, et qu'ils n'ont jugé, que d'après ce qu'ils ont vu, la conduite de leurs missionnaires et les résultats de leurs efforts. On remarquera aussi l'opinion de sir Arthur Perceval; son jugement sur cet objet est d'autant plus important que, comme il est membre du clergé anglican et chapelain du roi d'Angleterre, on ne peut pas l'accuser de partialité. Il demeurera donc prouvé que les sociétés bibliques ne sont qu'un moyen d'industrie que la cupidité emploie pour faire fortune. Quant à la conversion des infi

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